vendredi 18 décembre 2020

Le retour de Julien (il est vivant, et il n'est pas content)



Deux jours après ma séance de micro-kiné, j'ai eu l'opportunité d'oublier provisoirement mes questionnements abyssaux et de m'occuper l'esprit : Julien m'a recontacté.

L'univers est moqueur.

S'il y a bien une personne dont je pensais ne plus avoir de nouvelles de ma vie, c'était Julien.
Et pourtant... A la lecture de son message, j'ai rapidement réalisé que c'était parfaitement prévisible.

Peu avant le début du deuxième confinement, j'ai reçu un message sur Messenger, de ce compte Facebook fantôme, avec un nom bidon aux sonorité écossaises, où il n'y a ni photos, ni amis, ni publication.
... A l'image de Julien, comme j'allais rapidement le découvrir.

Dans un long message confus et contradictoire, il m'explique avoir besoin de m'écrire, de jeter des mots, d'exorciser, de comprendre, sans attendre de réponse, juste parce que penser à moi lui fait "immédiatement penser à des insultes".
Plus loin, il exige toutefois une réponse de ma part.
Je crois comprendre qu'il a besoin d'une clôture - je n'ose supposer qu'il espère autre chose.

Je respecte et comprend parfaitement le besoin de clôturer - je suis la première à en avoir maladivement besoin. D'ailleurs une légère culpabilité émerge, à la lecture de ses mots : est-ce que je n'ai pas négligé une clôture ferme et définitive ?
Je m'attelle à répondre à cet appel au secours toute affaire cessante, estimant que ce message doit être traité en priorité, avec toute la prudence et le respect dont je peux être capable. Plus que jamais, chaque mot, chaque phrase doivent être réfléchis, pesés, précis.
L'exercice est bien sûr extrêmement compliqué.
Surtout lorsque surnage le doute quant à son état d'esprit - devrais-je dire sa santé mentale : est-il toujours dans le déni pathologique ? Est-il capable d'entendre mes mots ?

Car les nouvelles ne sont pas bonnes : Julien m'explique qu'il est seul, et au fond du seau. Il ne sait pas comment tourner la page. Ca fait plus d'un an qu'il ne pense qu'à ça, à moi, à notre histoire. Il dit que je l'ai abandonné - abandonné - au pire moment possible, en le quittant à sa sortie d'hôpital. Il n'a pas retravaillé, il ne sort plus, vis chez son père, n'a plus d'amis, ni de copine. En gros, il passe ses journées à ruminer notre histoire - notre histoire si brève, que pourtant il dépeint comme quelque chose de solide et de construit.
Il explique, dans un paragraphe teinté d'une certaine panique, qu'il semble voir mon influence partout sur lui ; il cite en exemple "tatouage, bouffe, religion". Si je peux comprendre le tatouage (vu qu'il s'était fait tatouer sur un coup de tête, et qu'il le voit chaque jour), et vaguement la nourriture (je suppose qu'il parle de mon végétarisme), je me demande bien de quoi il parle lorsqu'il dit religion, étant pour ma part la personne la moins religieuse qu'il soit possible de rencontrer.

Atterrée, je réfléchis à une réponse qui prendrait en compte l'estime que j'ai pour lui, qui lui témoignerait du respect sans condescendance, mais tout en expliquant fermement qu'il n'y a plus et n'aura jamais plus rien entre nous.

Je ne peux m'empêcher de ressentir l'agaçante gêne du doute : pourra-t-il entendre ? Intégrer ? Comment parler à une personne qui ne veut rien entendre ?!

Je décide de raconter factuellement l'histoire que nous avons vécu, mon point de vue, et ce que ça a fait naitre comme émotions en moi.
A la légère culpabilité face à son mail ("Est-ce que j'ai été faible dans cette rupture ? Est-ce que j'ai rompu salement ? Ai-je été injuste ?"), l'écriture, la réécriture de l'histoire me conforte toutefois : Je raconte les crises de jalousie. Le délire qu'il avait avec Mickael (qui n'est jamais plus revenu après ça). Les crises tout court - et cette fois où il m'avait crié "Mais tu es conne ou tu le fais exprès ?! Tu ne vois pas que tous les hommes ont une idée dernière la tête ?". Les vingtaines de coup de téléphone quotidien - parfois plus. La fois où il m'avait pisté, pour trouver par où je passais lorsque je rentrai du boulot.
Je raconte ce que ça provoquait en moi : impression d'être surveillée, suivie, prisonnière. De perdre complètement ma liberté. D'être jugée. La certitude que je ne pouvais pas accepter ça - ni vivre comme ça.  
J'explique les mots qu'il a dit et qui sont inacceptables, les situations invivables.
Je cherche à lui expliquer que ça ne veut pas dire qu'il n'a pas droit à l'amour - juste que ça ne sera pas avec moi.
Que, certes, sur le papier je l'ai quitté à sa sortie d'hôpital - mais parce que je n'ai pas eu l'occasion de le faire avant. Et j'avance la possibilité qu'il a senti ce détachement, cette décision de le quitter - et que c'est ça qui a provoqué sa crise.
Je lui demande si j'aurais dû rester avec lui par pitié. Ou lui mentir, le temps qu'il aille mieux, pour le quitter à peine la pente remontée. Je lui demande si ça aurait été plus respectueux de ma part - et répond à ma propre question : non, ça aurait été odieux. Et je lui explique qu'envers et contre tout, j'ai trop de respect pour lui - pour quiconque - pour trahir à ce point une personne.
Par ailleurs, mais ça je ne le dis pas, rien ne m'a jamais obligé à le soutenir ; il semble l'occulter, pourtant nous sortions ensemble depuis quelques semaines seulement, nous n'étions pas dans une relation construite, je ne crois pas qu'il était de mon devoir d'être un soutien et une accompagnante. Et en aucun cas je ne suis une sauveuse, même si j'en suis désolée ; j'ai bien assez de mal à me sauver moi même.

J'explique enfin nos différences, qui rendaient notre histoire caduque : mes amitiés masculines qu'il était incapable de gérer, le fait qu'une partie de mes collègues étaient des hommes et que ça le rendait fou, ma façon de vivre, le fait que j'aime sortir et boire (alors qu'il déteste les deux et qu'il est anti-alcool), mes locations airbnb qu'il désapprouvait,... qu'en gros tout ce qui fait ma vie et ma personnalité ne lui provoquait qu'angoisse et inquiétudes - je m'étonne même qu'il ai pu être attiré par moi vu nos caractères opposés.
Je conclu, le cœur lourd mais convaincue de la nécessité de l'exprimer sans fards, que je n'avais pas, n'ai pas eu et n'aurais jamais de sentiments amoureux pour lui.
Ce qui est vrai, même si c'est toujours infiniment triste à dire à quelqu'un.

Je lui rappelle également les 2h au téléphone où il a refusé d'entendre la rupture, puis son "Alors on reste ensemble, comme on a dit ?", la terreur et l'impuissance que j'ai ressenti, le déni, l'impossibilité de lui faire entendre quoi que ce soit. Que pouvais-je faire ?!
Je lui explique enfin, avec le sentiment de parler à un enfant, que les gens s'influencent les uns les autres, que c'est le principe même de la vie, et que mes "influences" ne sont que le fruits d'échanges qui ont amenés (ou non) une réflexion ou une évolution de pensée. Que c'est normal, humain... Et pas grave. 
Ecrire ce passage me donne un sentiment de surréalisme assez terrifiant - est-ce que c'est normal d'expliquer à un mec, psychologue de surcroit, que les gens sont la sommes de leurs partages et rencontres ? J'ai vraiment le sentiment que pour Julien, partager l'avis de quelqu'un, c'est être gravement altéré, c'est quelque chose d'insupportable pour lui.

Je termine en disant que j'ai répondu à sa question, que j'ai expliqué mon point de vue et ma vision de notre histoire, que je n'ai rien de plus à ajouter, et que je ne souhaite plus avoir le moindre contact avec lui.
Je lui ajoute tout de même qu'il a besoin de se faire aider, et que tant qu'il s'isolera du monde et de la vie, il ne pourra pas tourner la page - et que lui plus que n'importe qui devrait le savoir.

Il répond rapidement qu'il me remercie pour mon message. Il dit qu'il n'attendait rien et ne comptait pas me revoir, et plus loin me dit que c'est plus clair, qu'en effet il n'a plus d'espoirs à nourrir. Que lui il était persuadé que ça pouvait marcher. Que cette fois où il m'a insulté, ce n'était rien car "sous le coup de la colère, donc c'est normal". Il occulte mon invitation à se souvenir de ces fois où il me suivait, où il exigeait de lire mes textos, et la rupture qu'il a nié. 
Pire, il dédramatise : certes, il appelait "quelques fois par jour", mais certainement jamais autant que je l'affirme, et puis d'ailleurs c'est ma faute, je n'avais qu'à répondre au téléphone.
Qu'il a eu l'impression d'appeler quelqu'un qui ne voulait pas lui répondre, et de courir derrière une personne qui le fuyait. 
Mes doigts me démangent, mais je resterai silencieuse ; hors de question de se lancer dans un dialogue. Entre ses lignes, je lis qu'il espérait une porte (r)ouverte, et qu'en réalité il imaginait encore que ça pouvait marcher. Est-ce que ça fait plus d'un an qu'il se persuade que nous sommes en "pause" ?! 

Il réécrira le lendemain, sur un autre ton : cette fois c'est vraiment son dernier message, il trouve que je suis injuste, s'il était aussi insupportable que ça, pourquoi je ne l'ai pas quitté ?! Tout est ma faute, je l'ai "entrainé dans ma toile" puis jeté. Il devient virulent, et j'observe ce nouveau message avec tristesse. A nouveau, je décèle de la provocation, certainement dans l'espoir de me faire réagir. Il tente d'être agressif, pourtant je lis surtout de la detresse... Il ajoute "cette fois je suis méchant, mais c'est tout ce que tu m'inspires. Je vais te blesser, mais tant pis". 
Je suis triste moi aussi - triste devant sa détresse. Triste, car son message ne me blesse pas, et me laisse même complètement froide. Certes, je me demande s'il a raison : je n'ai jamais su, depuis cet été, quelle personne je suis. Suis je toxique et injuste ? Est-ce que j'attire les gens et je les brise ? Est-ce que je sème le chaos ? 
Peut-être.
Et pourtant, le concernant, je crois que j'ai plutôt fait preuve de patience. Il me reproche de ne pas l'avoir quitté dès les premières crises qui m'ont dérangés ; j'accepte silencieusement cette accusation : oui, pour lui mais aussi pour moi, j'aurais dû faire preuve de plus de fermeté, et m'inquiéter de ses débordements. Pourtant, comment aurais-je pu deviner qu'il finirait par ... Eh bien, littéralement flanquer sa bagnole au fond de la foret, marcher sur l'autoroute, agresser des gendarmes et finir à l'hôpital psy ?!
Par ailleurs, rien ne dit qu'il aurait accepté la rupture, tout comme il l'a refusé à sa sortie.
Y'avait-il une bonne réponse ? Une bonne solution ? C'est la question que je lui ai posé, et à laquelle il n'a pas répondu non plus. Je reste persuadée que je ne pouvais pas faire mieux, et qu'il s'agissait surtout de faire "au moins pire".

J'espère secrètement que dans cette colère, il trouvera à se relever, et à reprendre une place dans le monde.
Même si je suis de plus en plus dubitaive.

J'espère qu'il ne pètera pas les plombs à nouveau. Apprendre qu'il s'est terré chez son père depuis plus d'un an m'a provoqué une certaine angoisse - et la colère que j'ai provoqué chez lui par mon message, ne m'a pas trop rassuré non plus. Je crains énormément les personnes qui n'ont plus rien à perdre.
J'ai craint que son deuxième message "cette fois c'est vraiment le dernier" soit le premier d'une longue série. Au moindre débordement, à la moindre menace, j'étais prête à porter plainte sans hésiter.
Finalement, il n'a pas réécrit. Mon silence a peut-être achevé les choses.
Toutefois, j'ai commencé à être un peu plus prudente en rentrant chez moi. A prêter attention aux voitures garées devant la maison. Ca a été l'occasion de me faire une belle frayeur : mes voisins ayant changé de voiture pile à ce moment là pour une camionnette blanche, je me suis demandée si c'était Julien qui m'attendait dedans pour m'enlever et/ou m'assassiner avec une corde de piano.
J'ai commencé à fermer systématiquement les volets le soir, pour que mon intérieur soit invisible aux regards extérieurs.
Néanmoins, mon attitude est un peu vaine : après tout, il aurait pu débarquer n'importe quand ces derniers mois, quand je n'y pensais plus. Y-at-il plus de risque qu'il déboule aujourd'hui ?! C'est un peu tard pour flipper.

En tout cas, j'ignore si je dois considérer ce chapitre comme clos...

vendredi 11 décembre 2020

Cette douleur au dos (la microkiné et les hommes) (1)

 


Je trainais un mal de dos ces dernières semaines, jusqu'au jour où je n'ai plus réussi à faire comme si je pouvais vivre avec. Le diagnostique "à nouveau une sciatique" ne fonctionnait pas, et ni médecins, ni kiné, ni ostéopathes ne voyait d'où ça pouvait venir : mon corps est en parfaite santé !
Sauf que je n'arrive plus à marcher tellement j'ai mal.
Je me suis dit qu'il fallait absolument que je comprenne d'où ça vient, et ce que ça veut me dire.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue du voyage.

vendredi 27 novembre 2020

"Mais aussi, tu as une tête de victime"



Dans la série "Je dis ça pour ton bien", aujourd'hui je présente : « Tu es trop gentille, ça se voit, tiens d'ailleurs tu as une tête de victime ! »

Et paf ! Extraordinaire, non ?! Pourquoi avoir des ennemis quand on peut entendre ça de la part des gens qui (parait-il) ont de l'affection pour nous ?!

dimanche 22 novembre 2020

PMA or not PMA ? (1) : 3 bonnes raisons de ne pas faire d'enfants


 En proie à d'infinis questionnements, et toujours dans l'attente des résultats de mes analyses, je décidais de commencer par le commencement, et demander ouvertement à mes amis s'ils accepteraient d'être donneur pour que je fasse un enfant.

mardi 17 novembre 2020

"Votre analyse révèle des éléments à haut-risque oncogène"

Intéressant, l'abyme qui s'ouvre en soi lorsqu'on lit cette simple petite phrase surlignée en jaune, dans un courrier reçu le matin même.

vendredi 6 novembre 2020

Dix jours de congés et un couple heureux


C'était cet été.
 
Après le dernier chapitre de l'histoire avec Isaac, après les rencards étranges, j'ai décidé de prendre des congés. Et, pour une fois, de ne pas courir dans ma famille, ou me donner des dizaines d'objectifs inatteignables : cette fois, je passerai quelques jours chez moi à profiter de ma maison, avant de partir quelques jours, me reposer et voir des amis.

Je crois que c'était le moment le plus reposant, si ce n'est de ma vie, au moins de mon année !

mardi 27 octobre 2020

Le secret de Lara

Ca va faire dix ans que je connais Lara.
Ma relation avec elle est très étrange : ce n'est ni une amie, ni une connaissance, et c'est à la fois les deux en même temps. Nous échangeons des choses très intimes, puis nous ne nos parlons plus pendant des mois. 
Je connais quelques-uns de ses secrets. Elle connait certains des miens. C'est une des très rares personne de mon entourage qui sait que j'ai été attouché dans mon enfance - même Copine#1 ne le sait pas. En cas de problème, ce n'est pas vers elle que je me tournerai spontanément - pourtant, elle serait là.
Nous travaillons au même endroit mais pas ensemble, et je pense que si l'une de nous venait à partir, nous ne garderions pas contact.
Parfois on sort beaucoup, parfois on ne fait que se saluer de loin pendant des années. 

jeudi 1 octobre 2020

La salle de bain, ou "L'oie blanche et la valse des artisans, on remet ça !"


Je ne résiste pas à l'envie de raconter la fin suite des travaux.
Ou comment j'ai passé un temps considérable à me faire marcher dessus comme un tapis à franges.

lundi 14 septembre 2020

Isaac : Et maintenant ?

C'était l'année dernière. 
J'étais en sparing à la boxe, quand mon adversaire m'a décoché un direct dans le plexus. Mon souffle s'est coupé, j'ai eu quelques secondes de sidération, puis je suis tombée à genoux. J'avais une douleur terrible dans la poitrine, qui m'empêchait de respirer - c'était du moins mon impression. Des larmes roulaient malgré moi sur mes joues, et je cherchais vainement à inspirer de l’oxygène.
Panique animale : impossible de penser rationnellement.
Le coach hurlait « Redresse-toi ! Mets toi debout ! Respire ! ». 
Et moi je me recroquevillais au sol en position fœtale.
Deux boxeurs sont venues me redresser, m'obligeant à me déplier, à me tenir debout. Le coach répétait en boucle dans mon oreille « Tu dois te redresser pour que la douleur passe ». 
Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. 
« Détends toi, relâches tes muscles. Redresse toi. Détends toi. RESPIRE ».
Allant contre mon instinct premier, j'ai ouvert ma poitrine, acceptée la douleur, relâchée les muscles qui s'étaient crispées, et l'épouvantable douleur s'est volatilisée. 
En réalité, par ma crispation, j'entretenais le choc que mon corps avait reçu.
Psychologiquement, c'était abominablement perturbant.
Physiquement, c'était totalement sans conséquences. Dès que j'ai pu respirer à nouveau, j'étais fraîche et dispo, je ne sentais plus rien. Le coup n'avait même pas été très puissant.

***

Si la dernière partie de l'histoire de ma relation avec Isaac est paru il y a quelques jours, en réalité, tout cela s'est déroulé le 23 juillet. 

Plus d'un mois s'est donc écoulé depuis ce cauchemar.

...Et maintenant ?

lundi 7 septembre 2020

L'escalier (Ce qu'il s'est passé avec Isaac : 5/5)

Appel de l'office du tourisme, au sujet du spectacle offert à Isaac pour noël (annulé par le covid). Ils m'avaient déjà téléphoné au mois de mai, je n'avais pas récupéré la place.
La personne que j'ai au téléphone est agacée, pendant que je me décompose
- Je vous ai déjà appelé en mai
- Ah... oui... Heu... C'est à dire que j'ai offert la place et... heuu... Faut-il impérativement récupérer la place ? Est-ce que je ne peux pas vous laisser garder l'argent ? Parce que je m'en fiche, après tout..
- Non, c'est impossible
- Ah.... Et.... Bon, d'accord. Quel est le délai pour que je vous ramène le ticket ?
Elle rit un peu acidement :
- Eh bien... Maintenant ?!
- Ah....
- Je vous en avais parlé en mai
- Oui oui, je sais... Bon.... Eh bien.... Je... Je vais faire mon maximum... J'ai offert la place... Mais c'est à une personne dont je me suis séparée, et... je... je...
- Stop ! N'en dites pas plus ! Je comprends tout !
- Heu ?
- Ecoutez.... heu... Votre prénom c'est B., c'est ça ? Bien, B., ne vous en faites pas. Je vais imprimer un duplicata, m'occuper du remboursement, n'y pensez plus !
- Ah ?
- On va vérifier ensemble vos coordonnées, je vous fait tout parvenir chez vous.
- Oh ?
- Il y a eu de nombreux changement dans nos vies, en l'espace de quelques mois, n'est ce pas ?!
- Oui....
- Passez une bonne journée, bon courage, et laissez moi faire !
- Heu... Merci infiniment !

Je raccroche, tellement émue que je fonds en larmes.
J'ignore qui est cette personne, mais elle mérite une gerbe de fleurs (que j'ai très sérieusement envisagé de lui faire parvenir)

Quant au spectacle... Encore une chose atomisé par le covid, et dont les cendres s'envolent sans un bruit après la fin de notre histoire.
J'ai vu avec énormément d'émotion que le concert aurait lieu dans la ville d'à côté en 2021. J'ai envisagé de racheter une place, et de l'envoyer à Isaac, avec cette rage opiniâtre de ne pas laisser le covid gagner, de voir tout se déliter.
Et puis je me suis dit qu'il se ferait surement offrir ça par Victoria, qui pensera forcément immédiatement à lui en voyant la programmation.
Qu'il ira avec elle.
A quoi bon. Juste pour avoir le sentiment de prendre une revanche sur le covid ?

***
Je décide de chercher du travail ailleurs. J'adore mon job. J'adore ma maison. J'adore ma vie.
Mais....

Je m'inscris sur un site spécialisé, dépose mon CV, consulte les offres en cours.

***
Je vais le lendemain visiter une expo de peinture qui me transporte. Près du livre d'or, je tombe sur un petit carnet pour s'inscrire à un stage de peinture avec l'artiste, et je décide de m'inscrire.
J'ouvre, et tombe... sur le nom de Victoria.
Hébétée, j'envisage de ne pas m'inscrire. Puis change d'avis. Pourquoi est-ce que c'est moi encore, moi toujours, qui doit m'effacer ? Disparaître ?
Et puis comment ses coordonnées peuvent elles être là ?!
Je me dis que peut-être, il s'agit d'une homonyme.
Mais qu'en sais-je... Peut-être ferais-je un jour un atelier de peinture avec Victoria.

***

Le lendemain, acte manqué ? Je perd mon téléphone portable - enfin, plus exactement, je l'oubli sur une table de pique-nique en mangeant à midi, et lorsque j'y retourne, 20 min plus tard, il a disparu.
Une partie de moi se dit que j'arrêterai d'attendre des messages, si je n'ai plus de portable.

Mais soudain, je mesure la perte : mes photos, mes contacts, mes numéros. Tout n'était pas copié ou synchronisé.
Je me dis, naïvement, qu'un vieux Windows Phone à l'écran cassé n'intéressera personne, et qu'il sera déposé à la mairie, ou au commissariat.

Mais 36h plus tard, rien n'est revenu.

Pire, pour un temps indéterminé, je suis injoignable, et ne peux effectuer aucun appel.
Alors que les artisans doivent venir continuer les travaux - travaux qui prennent un temps infini, puisque ces derniers viennent une demi journée de temps en temps, quand ça les chante. De 4 jours de travaux, on est passé à un mois.
Alors que je veux prendre des nouvelles de mes grands parents.
Alors que je dois organiser un séjour de ma mère.
Alors que j'ai besoin d'appeler mes amis, tant ma tête est sans dessus dessous.

***

Le matin, lorsque je me suis levée, je me suis effondrée au sol : ma cheville ne me portait plus. 
Le soir, ma cheville me fait si mal que je peux à peine monter mes escaliers. 
Le pied est gonflé, les orteils ressemblent à des petits ballons.

***

Le lendemain, perturbée, je réalise qu'Isaac, que je pensais parti en vacances, est en réalité toujours là.

jeudi 3 septembre 2020

Premier rencard : Gérard-Nicolas

Un peu avant le déconfinement, je me suis (ré)inscrite sur Adopte un mec. 
C'était, au départ, un moyen comme un autre de ne pas trop m'investir dans ma relation avec Isaac, et de regarder un peu ailleurs, car son importance dans ma vie était bien trop dangereuse, vu les circonstances.  

Je reste très échaudée par mes précédentes expériences, et je garde une véritable anxiété face au temps que l'on passe à tenter de nouer des contacts, pour que finalement, soit la conversation s'arrête brutalement et sans raisons, soit que la première rencontre tourne au désastre. 
J'ai vraiment un très puissant sentiment de vacuité face aux sites de rencontres (au moins Wyylde, c'est que du cul, et c'est ultra easy pour une nana - beaucoup moins pour un mec, comme en témoigne Tabi)

J'ai peiné à écrire un profil pendant deux grosses semaines, puis je n'ai pas réussi à trouver l'énergie nécessaire à me relancer là dedans, et j'ai déserté le lieu pendant deux mois. Avant d'y retourner pour supprimer mon compte. 

C'est là où j'ai trouvé un charme envoyé par Gérard-Nicolas.

dimanche 30 août 2020

La Salle de bain (ce qu'il s'est passé avec Isaac)


C'était un lundi matin.


Isaac venait de partir de chez moi, je lui avais dit « Pourquoi on se revoit ? Rien n'a changé, non ? »

Il avait répondu « Si, tout, absolument tout a changé : je sais aujourd'hui que j'ai envie de te revoir ».
J'étais partagé, j'étais triste, j'étais perdue, j'avais envie de le croire, et mon téléphone a sonné.
C'était Laetitia.
Pour me dire « Vas y, démonte ta salle de bain, on vient te faire les travaux dès que c'est nickel ! »


Je partais en randonnée avec des collègues, j'avais une semaine surchargée, mais je lui ai assuré que tout serait prêt pour la semaine suivante.



mercredi 26 août 2020

L'escalier 2/3 (Ce qu'il s'est passé avec Isaac : 5/5)

J'ai déjà poncé quelques marches, par ci par là. De quoi me motiver, mais aussi me montrer ce qu'il me reste à faire. J'ai repris le travail à temps complet.
Je monte, je redescend. Il y a des marches plus belles que d'autres, certaines que j'arrive assez rapidement à ravoir impeccable, d'autres plus compliquées. Peut-être que certaines resteront tachées. Pourtant, le chêne, c'est incroyablement costaud non ? Si j'y passe suffisamment de temps, et que j'y mets suffisamment d'énergie, peut-être que je pourrais les rendre aussi belles qu'auparavant ? 



Le samedi, je sens que je commence à décompresser. Au travail, je passe une journée atroce, au bord des larmes. 
Le soir je m'offre un spectacle en visio au cabaret de Madame Arthur, qui propose donc cette option. Je me dis que ma tristesse ne pourra pas résister à Charly Voodoo, et encore moins à Martin Poppins. Surtout si Odile est là !
Ça commence avec "le soleil est mort".
Bon...
Je m'agite sur mon canapé, moi qui me dit justement qu'il fait moche (comme après Charles Henri), et qui voit (trop) de similitudes entre ces deux histoires. Sans parler d'un manque flagrant de respect pour mon cœur et mes sentiments. 
Ils continuent en interprétant  le Stabat Mater de Pergolese. POURQUOI ?! C'était censé être une soirée Niagara !! Et là ils chantent le morceau préféré d'Isaac, qu'il souhaite voir interprété à ses funérailles. Composition qui devait être joué dans notre ville, cadeau de noël pour lui, que nous devions aller voir ensemble (et puis il y a eu le covid).
La soirée me déprime plus qu'autre chose.
C'est réussi, tiens...

samedi 22 août 2020

La lettre (2/2)


J'ai prévenu ma mère que j'avais envoyé la lettre. C'était plus ou moins le deal, au cas où l'oncle décide de déchainer tous les feux de l'enfer contre moi. Elle était prête à le recevoir - et, comme Gandalf, dire « Vous ne passerez pas ».

mardi 18 août 2020

La lettre (1/2)


Après l'appel de ma mère, j'ai repris mes lettres. Recommencé. Encore et encore. Fait une version 3.
Puis une version 4.
Je bloquais sur la conclusion.

vendredi 14 août 2020

L'escalier 1/3 (Ce qu'il s'est passé avec Isaac : 5/5)



Le premier jour après la fin a été le pire. Je voulais faire bonne figure devant mon frangin, mais dès que je m'arrêtais vingt secondes, je commençais à pleurer. Alors je nous ai concocté un planning éreintant : nous avons changé mes pneus, vérifié la pression, creusé le jardin, planté des piquets, nettoyé la maison, peint les plafonds,... 
Il est parti se coucher à 20h, mort de fatigue.


Le lendemain, j'avais une visio avec ma mère. Je l'avais prévenu par texto.
- Comment tu vas ? me demande-t-elle
- Ça va.
Je fonds en larmes.
- Ah…. oui, je vois ça. Mais qu'est-ce qui lui a pris, à ton gus ?
- Il a choisi.
- Ah.
Je vois bien à son regard qu'elle pense que c'est une connerie sans nom. Que sa fille ne devrait pas être quitté. Nous n'en reparlerons plus.


Je décide de poncer mon escalier.
La première rupture, j'ai refait le salon. J'ai besoin de mettre ma rage quelque part, et gratter 17 marches me semble un excellente exutoire.

Je repense à ma cuisine, que j'avais entièrement démontée seule après l'affaire Charles-Henri
Et à quel point ça m'avait fait du bien. 
Cette maison est rénovée avec mes tripes, non ?



lundi 10 août 2020

La discussion avec ma mère (2/2)

J'avais écrit une lettre à mon oncle, après la discussion avec ma mère.
Puis une autre.
Puis une autre.
Aucune ne me satisfaisait. Aucune ne m'apportait soulagement, ni paix intérieur.

jeudi 6 août 2020

Ce qu'il s'est passé avec Isaac : la fin (4/5)



Après 2 mois de confinement absolument idylliques, où plus que jamais, je me sentais en phase avec lui, sereine et heureuse - si incroyablement heureuse - , où nous parlions quasi tous les jours en visio pendant des heures, explorions nos fantasmes, puis avons bravés les interdits certains weekend pour des moments de perfection absolue, le 11 mai est arrivée.

vendredi 31 juillet 2020

Le cas Buffy


Buffy contre les vampires, série que j'ai déjà évoquée ponctuellement ici, a indéniablement marqué mon adolescence - et probablement participé à la construction d'un grand pan de ma personnalité.
Il y a deux ans, lorsque je sombrais après l'histoire Miguel, j'ai regardé à nouveau les 7 saisons. J'y ai trouvé un vrai réconfort, à la fois pour l'aspect "doudou" d'une série qui avait marqué ma vie, à la fois par la profondeur et la modernité que je (re)découvrais, et à la fois par des questionnements qui me touchaient à nouveau, quoique différemment. 
Je m'aperçois aujourd'hui seulement à quel point cette série me parlait de moi, de celle que j'étais à l'époque, de celle que je suis aujourd'hui.

samedi 25 juillet 2020

Et Bouddha a dit "Sors toi les doigts"


Ou "Résumé en substance de ce que j'ai retenu de mon weekend dans un centre de retraite spirituelle" (et qu'il me faudrait garder en mémoire et/ou relire régulièrement).

dimanche 19 juillet 2020

Le vieil homme au sol


Cette histoire se passe au présent.
Copine#1 et moi revenons de quelques jours de vacances, profitant du pont du 14 juillet.
Je suis au volant de ma voiture. Nous sommes sur le chemin du retour, traversant la ville que nous venons de visiter. Le séjour touche à sa fin.

Je vois soudain un vieil homme couché sur le trottoir, qui tente de se relever. 

mardi 14 juillet 2020

Les petits bonheurs


C'était au départ une initiative de mon ami Stéphane : écrire, chaque jour, un petit bonheur du quotidien.
C'était sur Facebook, et apparemment ça se décline pas mal sur les réseaux sociaux (mais comme j'y suis très rarement, je découvre l'eau tiède après tout le monde, comme d'hab). J'ai trouvé l'idée super, très "gratitude du moment présent" prônée par le bouddhisme et la méditation... et peut-être un bon moyen pour affronter le quotidien plus sereinement.
En tout cas de son côté, il avait reconstruit sa vie et son estime de lui-même après son divorce brutal, et ce genre de petites initiatives mignonnes avaient contribué à lui redonner le gout de vivre.

jeudi 9 juillet 2020

Le monde est tout petit (bis repetita)


Je pratique désormais la méditation depuis deux ans, dans la MJC de ma ville. Le groupe s'est étoffé depuis l'année dernière, et il y a une cohésion qui s'est naturellement instaurée, inspirée par les initiatives de certaines personnes. 

Caroline, qui a commencé en octobre 2019, fait partie de ces personnes.

jeudi 2 juillet 2020

Weekend dans un Centre Bouddhiste


Par l'intermédiaire de mon groupe de méditation, j'ai découvert qu'il y avait un "Centre de retraite spirituelle" à 80 km de chez moi.

Je venais de vivre l'Apocalypse un mois plus tôt, j'avais l'impression d'être prête à tomber en morceau au moindre coup de vent, Isaac m'avait quitté (mais finalement pas tout à fait), lui et Victoria devaient passer le weekend dans ma ville et bruncher dans mon café préféré, et dans l'ensemble, mes émotions étaient incontrôlables... 
C'est dans ce contexte que j'ai vu, en allant sur la page de ce Centre, qu'il y avait un weekend sur le thème des émotions, et comment les comprendre.
Ça tombait très bien.

samedi 27 juin 2020

Ce qu'il s'est passé avec Isaac (2/5)


J'avais donc commencé mon deuil, et je m'étais persuadée qu'Isaac ne m'écrirait plus. Il m'avait quitté et était parti en vacances avec Victoria, n'avait donné aucune nouvelle... et moi j'avais décidé de rénover entièrement mon salon.
Et puis à la fin de sa semaine de vacances, il me proposait qu'on se voit.
Comme s'il n'y avait pas eu la rupture.
Comme s'il n'y avait pas eu 8 jours de silence.
Comme si de rien n'était.

lundi 22 juin 2020

Pulsions de mort... pulsion de vie ?


Après l'Apocalypse, il me fallait m'interroger sur tout ce qui avait pu provoquer cet épuisement nerveux, cet effondrement psychologique. 
Si j'ai pu identifier certaines choses, j'ai aussi décidé de m'attaquer à l'interrogation de mes pulsions morbides.