Je parlais ici de l'arrivée de nouveaux voisins - et de l'enfer que mon quotidien était devenu. Cette histoire a duré presque un an. Un an de fêtes quasiment toutes les nuits, de bruit, de cris, de musique, de bagarre devant la maison, de déchets jetés dans le jardin (couches de bébé, emballage de bonbons, de gâteaux, enveloppes,... Sans parler des jouets des enfants).
La mairie était informée, et m'avait juste dit : "c'est bien triste, la propriétaire de cette maison est une marchande de sommeil qui loue à n'importe qui".
J'ai appris que leurs chiens avaient été emmenés par la fourrière. Que les chèvres avaient été embarqué par la SPA. Que les poules étaient mortes.
J'ai appris, plus tard, que les enfants étaient constamment affamés, et que l'école les nourrissaient de pain. La secrétaire de mairie m'a raconté ça, et des tas d'autres histoires avec le plaisir évident de la rapporteuse de ragots. Mais derrière, ont-ils dénoncé les mauvais traitements ?!
Mes relations avec les voisins étaient de plus en plus tendus. Nous nous étions copieusement engueulés quelques semaines auparavant, j'avais pété les plombs devant la déchetterie qu'était devenu mon jardin, et les fêtes incessantes. Ils m'avaient répondu que j'étais une connasse asociale et aigrie.
Ce qui, en soi, n'est pas faux.
Mais ce n'est pas une raison.
Un jour, ils se sont mariés. Le maire m'avait prévenu, me disant qu'il y aurait surement beaucoup de bruit et "je vous souhaite bon courage". Ils avaient modifiés quotidiennement le nom des témoins (au fur et à mesure qu'ils s'engueulaient avec les uns et les autres), jusqu'à ce que, exaspérée, la secrétaire de mairie leur dise que ce n'était plus possible.
Heureusement, ils avaient loués une salle, et la fête se déroulait là bas. Merci aux averses qui ont empêché qu'ils le fassent dans leur jardin. Mais ils revenaient environ toutes les heures chercher de l'alcool. Ils revenaient en voiture, de plus en plus bourrés, et chargeaient le coffre de bouteilles. Ils klaxonnaient systématiquement en arrivant et en repartant.
A un moment, ils étaient tellement bourrés qu'ils ont laissé la porte de la maison grande ouverte.
Une anecdote parmi tant d'autres...
Les autres voisins avaient peur, personne n'osait signer de pétition, et comme j'étais la seule à l'ouvrir, j'étais en première ligne.
Et puis il y a eu ce soir là.
Ce soir là je rentre après minuit, après une soirée très agréable au bar avec des amis. Comme d'hab, c'est la grosse fiesta à côté.
Je descends de ma voiture en soupirant, je monte mon escalier.
Leur porte s'ouvre, et 7 gaillards en sortent, qui m'entourent. L'un d'eux se met à me dire qu'ils vont faire du bruit, mais "pas trop tard".
Je suis blasée : "ouais comme d'hab quoi. Je connais".
Il répond que de toute façon, ils m'emmerdent. Qu'ils feront ce qu'ils voudront. Et que si j'appelle encore une fois la police, il viendra péter ma porte d'entrée, pour me jeter dans l'escalier.
Tous les mecs autour de moi se marrent.
J'ignore où je trouve mon sang-froid, mais je hausse simplement les sourcils : "Oh, c'est intéressant, vous me menacez maintenant ? C'est bien ça, n'est-ce pas, c'est une menace ?"
Il rigole et me répond "Tu pourras rien prouver ! Allez, bisous !".
Et ils rentrent tous en rigolant grassement.
Je rentre chez moi sans montrer que je suis au bord de la crise, et je m'enferme - tout en me demandant "Ca met combien de temps à se forcer, une porte ? Assez longtemps pour laisser la police arriver ?". (Probablement pas).
Et donc j'appelle la gendarmerie, qui débarque moins de 10 min plus tard.
Le type qui m'a menacé est partie sur les chapeaux de roue il y a 5 min, et tout le reste de la viande saoule fait silence complet, lumières éteintes. Je sors dire aux gendarmes que c'est du flan, et que je jure qu'ils étaient vraiment en train de faire la fête. Ils me demandent de rentrer. Et au sujet des menaces, ils ne sont guères rassurants, puisqu'ils disent "ouais bah vous pouvez porter plainte, ce sera une plainte de catégorie 3, ça n'ira pas bien loin".
Ils tambourinent à la porte jusqu'à ce que les voisins ouvrent finalement. Ils prétendent environ une seconde et demi que tout est faux, avant de se mettre à hurler sur les flics, à insulter tout le monde, et à leur dire qu'ils vont me choper et me calmer.
Je passe la nuit debout.
Je laisse la lumière de ma cuisine allumée - ce qui éclaire ma voiture, au cas où il leur serait venu l'idée d'aller s'en prendre à elle. Et ça me permet également de pouvoir surveiller la rue depuis la fenêtre de l'étage en etant invisible.
J'avais vérifié que ma cave etait bien verrouillé et qu'on ne pouvait pas entrer par l'extérieur.
La nuit m'a paru infinie.
Le lendemain quand je vais porter plainte à la gendarmerie, la personne à l'accueil me dit "Ah, on vous attendait, nos collègues nous ont prévenu".
Ils prennent ma plainte, qu'ils sont obligés de prendre en main courante car c'est la première fois que ce sont des menaces (et parce que j'ai fait l'erreur de ne pas déposer de mains courantes avant ça, y compris pour les déchets dans le jardin). Je sens que ça les frustre énormément. Le Brigadier vient me voir, et il me dit qu'au moindre doute, je dois absolment les appeler. Qu'ils vont mettre une sorte d'avertissement sur cette adresse, pour que je puisse être secouru le plus vite possible en cas de pépin.Ils prennent cette affaire très au sérieux, et j'en suis soulagée et rassurée.
Ce que j'appendrais beaucoup plus tard, c'est que les voisins ont d'autres affaires en cours, et des convocations auxquelles ils ne se rendent jamais.
Je complèterai ce passage à la gendarmerie par un courrier recommandé à la propriétaire. Et une visite impromptu dans le bureau du maire, pour lui raconter. Il me dira qu'il va téléphoner à la gendarmerie et appuyer ma plainte.
Mais si j'ai le sentiment de faire tout ce qu'il faut sur le papier, la réalité c'est que je suis seule lorsque je rentre de mon travail.
Que je marche seule de ma voiture à la porte de ma maison, et que tout peut arriver.
Je prend l'habitude d'enclencher mon magneto chaque fois que je rentre, "juste au cas où". Comme ça s'il y a de nouveaux des menaces, j'aurai une trace.
... Mais si c'est autre chose que des menaces, qui sait ce qui peut m'arriver...
Je me demande si je vais mourir, tabassé à mort par mes voisins, devant chez moi. Ou peut-être forceraient ils ma porte, comme ils l'ont dit, et me tueront chez moi.
Dans le même temps, papy est hospitalisé, et je ne suis plus beaucoup là les weekends. Ca me permet de limiter la casse - mais je ne suis jamais certaine de ce que je vais trouver en rentrant chez moi.
Environ un mois et demi après cette histoire, la propriétaire d'à côté (qui avait fait une réponse à mon courrier via son avocat - avant de m'appeler et de s'excuser : "oups, on peut peut-être échanger de façon plus diplomate que cela !") m'annonce qu'a priori, ils vont partir. Elle a su de manière détourné qu'ils ont trouvé une maison ailleurs. Elle me charge de surveiller si/quand ils s'en vont.
Situation surréaliste.
Et en effet, je rentre un soir du travail et je les vois bourrer des affaires dans les voitures de leurs potes.
L'espoir est si grand !
S'ensuit 1 mois de bonheur absolu : plus de fêtes, de bruits, de musique ou de pleurs d'enfants toute la nuit.
Je retrouve le plaisir d'habiter chez moi.
Puis, au bout d'un mois, la propriétaire m'envoit un message : finalement ils ne se plaisent pas dans leur nouvelle maison, et ils voudraient revenir habiter là.
J'apprends au passage qu'ils n'ont jamais rendu les clefs. Jamais fait de démarches non plus pour le préavis. La trève hivernal a commencé, et s'ils reviennent, la propriétaire ne peut pas les expulser.
Ce que je ne sais pas encore, c'est qu'ils n'ont pas non plus de bail : la proprio magouille, prend des gens "qu'elle connait", et puis les loge "pour aider", mais il n'y a rien de très officiel là dedans.
Quitte à ne pas être dans les clous, elle décide de forcer la porte, et de mettre d'autres locataires dans la maison. Un peu comme le coucou avec le nid des autres oiseaux.
Elle m'apprendra plus tard que la maison était encore meublé. Qu'il y avait des déjections animales partout - et des bons alimentaires CAF qui baignaient dedans. Que la salle de bain avait été pété au marteau.
Elle me dira "Je loge un couple qui a besoin d'un endroit où habiter, d'autant plus que la femme est enceinte. Mais j'suis pas comme ça, vu l'état de la salle de bain, je vais leur faire installer une vasque".
... Une vasque ?
C'est là où je comprend qu'elle a les locataires qu'elle mérite - et que ça sera toujours comme ça.
Plusieurs mois plus tard, un homme viendra sonner chez moi, pour savoir si j'ai des infos sur les anciens voisins, et notamment où ils sont partis. Ils sont recherchés, et il leur court après depuis un moment. "Si vous saviez à quoi ça ressemble chez eux...". Il est abattu. Je lui dis qu'il fait un drôle de métier, et je lui demande s'il ne perd pas un peu foi en l'humanité.
Il répond "le monde va mal, madame".
(c'est un oui : il a carrément perdu la foi)
Encore un peu plus tard, j'apprendrai que la voisine, qui doit avoir 23 ou 24 ans, maintenant, a accouché d'un 5e enfants, et qu'elle est à nouveau enceinte.
Qu'il y a des démarches enclenchées pour leur retirer la garde de leurs enfants. Mais pour ça, faut-il réussir à les retrouver...
Moi j'ai de nouveaux nouveaux voisins qui sont arrivés.
La propriétaire a dit "Ils sont très corrects, et puis ils travaillent ! ...Bon, Agnès-Josiane a le verbe un peu haut, mais au fond, elle est très gentil ! Ah, et une dernière chose : si les anciens voisins reviennent, et que ça s'envenime Ou que vous entendez des cris... Pouvez vous me rendre service, et ne pas appeler la police ?"
Et là, j'ai compris que je n'étais pas au bout de mes peines...
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