vendredi 19 octobre 2018

Adieu été, Adieu Brésil, Adieu Miguel



Miguel était à l’hôpital.
J'ai appris ça brutalement par une notification Facebook, et j’ai soudain cru comprendre que son silence n’était pas dû à moi, mais plutôt à un accident, voir une catastrophe. Quel égoïsme de ma part ! Alors qu’il était à l’hôpital, peut-être blessé ? Très malade ? Ou même dans le coma ?!


J’ai écrit, j’ai paniqué, je m’en suis voulu, je me suis excusée.

Ça faisait un bon mois de silence, qui avait suivi un autre gros mois de silence, à peine entrecoupé de « ça va ? » « Oui », et plus rien.

Il m’a envoyé une photo : il s’était ouvert le front, et avait une petite plaie de quelques centimètres. 
Ça avait nécessité quelques points.
… Et probablement pas plus d’une demi-journée à l’hôpital.
« Oh. C’est tout ? » ai-je dit, décontenancé.
On était bien loin du coma, et de la famille éplorée qui le supplie de se réveiller.
« Hé ! C’est grave ! Ça fait très mal ! » a-t-il répondu.

Alors certes, je sentais bien que j’étais étonnamment revêche depuis le matin, étrangement prête à me transformer en furie au moindre prétexte. Je savais que c’était les signes incontournables de jolis PMS, et que ce n’était pas le moment de faire un truc que je risquais de regretter.
Katy Perry know
Je savais aussi que ça faisait deux mois que Miguel faisait le mort, après tout ce qui avait été dit et ce qu’on avait partagé. Que je me suis sentie coupable en voyant qu’il était hospitalisé, puis complètement stupide en voyant qu’en réalité, ça n’était rien. Il avait juste « cherché du wifi » pendant qu’il attendait son tour.
Et moi, ça faisait deux mois que je me demandais ce que je ne comprenais pas, à osciller entre « Il m’a demandé ce que je suggérais pour notre relation », et « il ne te répond pas, Mademoiselle B., do the maths ! »
Que je cherchais comment faire.
Que je m’étais dit « Je peux peut-être trouver le moyen de me faire muter 1 an ou 2 au Brésil, et ensuite on avisera ? ».
Que j’avais commencé à regarder ce qui était réellement possible.
Bref, que j’avais espérée, que j’avais mis toute mon énergie à y croire, et à chercher une solution.
Parce que ça me semblait en valoir la peine.

Finalement, je ne cherchais qu’un moyen de retourner à Narnia, alors que Narnia ne voulait clairement pas de moi – sans explications, l'armoire est redevenue une armoire, c'est fini !
Narnia n’avait pas disparu, ni n’avait vacillé. Narnia allait très bien, merci, tu n’es juste plus la bienvenue là-bas. 
Pourquoi ? Bah. On s'en fout, c'est fini, c'est tout.

J’ai été dévastée par une furieuse vague de rage.
J’ai tenu quelques heures, en me disant « Ne fait pas quelque chose que tu vas regretter demain. Ne lui rentre pas dedans comme un tsunami en broyant tout sur ton passage ».

Et puis j’ai craqué.

J’ai littéralement explosée, et j’ai tout cassée. J’ai dit stop. Ça suffit, je ne peux plus. Je ne sais pas comment ça fonctionne au Brésil, mais ici en France, quand tu te détaches de quelqu’un, ou quand tu veux arrêter, tu le dis. Et on a même inventé un mot pour ça, on l'appelle la communication et le respect. Ça tombe bien, c'est des mots qui existent aussi en anglais, donc tu peux les comprendre.
J’ai dit que j’y avais cru. Que ce qu’il avait dit, j’y avais cru. Que lorsqu’il avait parlé de « Nous »… Eh bien j’avais cru qu’il y avait un « Nous ». Mais apparemment je me suis trompée, et j’ai été assez bête pour ne pas comprendre que le silence avait une signification – mais, bah, moi je comprends les mots, les mots ont un sens, ya même des dicos pour aider, mais le silence, je parle pas sa langue. Et qu’en voyant qu’il avait été à l’hôpital, j’ai cru qu’il lui était arrivé un truc grave, parce que ça arrive, et que la dernière fois que mon petit frère n’avait plus donné de nouvelles, c’était parce qu’il était à l’hôpital avec une commotion cérébrale. Mais que ce n’était pas le cas, et que je me sentais stupide, stupide, stupide.
J'ai dit que pour moi tout ça avait un sens – notre rencontre, le temps passé ensemble. On avait ri, tous les deux « L’Univers nous a mis sur la route l’un de l’autre ». Et j’y croyais sincèrement, à ce signe de l'Univers.. 
Et je croyais que lui aussi - c'est ce qu'il avait pourtant l'air de dire - mais apparemment non. Sauf que je ne peux pas y croire pour deux. Je ne suis pas assez forte pour ça.
Alors stop. J'ai dit je ne peux plus, et c’est stupide, et c’est du gâchis, mais fuck it, puisque c’est ce que tu veux, j’arrête, j’arrête d’attendre, d’y croire, d'écrire. C’est fini. Je ne peux plus.

Il n’a pas répondu.

Evidemment.

Ma valise est toujours pleine, dans ma chambre, avec les vêtements que j’avais pris là-bas, les souvenirs que j’ai acheté, les boucle-d’oreilles que je ne porterais peut-être jamais.
Je n’arrive pas à la vider.
Ça fait depuis juillet.
C’est stupide, non ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire