lundi 8 octobre 2018

Soirée à L'association avec mon Ex, sa Meuf, et une folle envie de tout nettoyer

Après la dernière réunion, je n'avais aucune envie de participer à quoi que ce soit - dans l'ensemble de toute façon, mon état d'esprit était plutôt sur la case "Je ne veux parler à personne, laissez moi seule je veux rentrer chez moi" du Monopoly de la vie.
Mais je m'étais engagée, on avait une animation où l'on attendait dans les 150 personnes, et je ne voulais pas planter les autres.

C'était un samedi, j'avais enchaîné 9h de boulot (après une nuit d'environ 4h et une inondation chez moi pour cause de pluies trop abondantes sur les coups de 6h du matin) avant de rentrer, accueillir des locataires qui venaient loger chez moi en Airbnb, enfiler une robe, des escarpins, commencer à essayer de me maquiller, avant de renoncer devant la largeur de mes cernes, et filer 70km plus loin pour une soirée chic-cocktail.

Bref, dès le début, je sentais que je mettais toutes les chances de mon côté.


Je suis arrivée, la soirée avait déjà commencé, et tout le monde était stressé.
Mais genre OVER MEGA STRESSE. 
J'ai pas très bien compris - parce que, certes, il y avait du monde, mais c'était pas l'émeute, et les gens étaient là pour s'amuser. Bref, pas de quoi paniquer !
... 
Président m'a à peine laissé le temps de poser mon sac, et m'a fourré un plateau dans les mains « Tiens, il faut amener ça au Bar. Et ramener les bouteilles vides. Et regarde s'il manque des trucs ».
Sur ce, Charles-Henri me lâche un « Bonjour Mademoiselle B. » très posé, qui me donne immédiatement envie de lui arracher les yeux. Je ravale in-extremis un « Ta gueule, ne m'adresse pas la parole », qui est monté tout seul. Je réalise que ce n'est pas demain la veille que je ne serais plus en colère contre lui

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Déjà énervée, je m'occupe donc du service. Je cours partout pendant environ 1h, ce qui me calme beaucoup, jusqu'à ce que Président me dise « Dis donc, tu as bu quelque chose depuis que tu es arrivée ? Tu as profité un peu de la soirée ? ».

Il m'a donc fourré un verre de vin dans les mains, avant de m'obliger à m'asseoir.



Là dessus, Sharon est venu me voir : « Eh bien ! Ca faisait longtemps ! Comment tu vas ?! ».

Comme la réponse oscille entre "mal" et "très mal", j'élude la question. De toute façon, je dois repartir en urgence chercher je-ne-sais-quoi qui manque au Bar. Les mecs sont tellement stressés qu'ils ruissellent de transpiration. Je ne sais pas si j'ai du sang-froid, ou juste l'habitude (j'ai été serveuse pendant mes études), mais je suis complètement scotchée de les voir comme ça.



Je continue de servir, de débarrasser, de remmener. La cuisine est dans un état épouvantable ; les mecs sont incapables de bosser proprement. Lorsqu'ils déballent les choses, ils jettent les emballages par terre - alors que la poubelle est à côté des plans de travail. Les assiettes et verres sales sont éparpillés aux quatre coin de la cuisine. La soirée est à peine débutée que c'est déjà une porcherie. Moi qui ai bossé en restauration (et qui m'attache, quoiqu'il en soit, à maintenir un endroit propre lorsque je cuisine ou prépare quelque chose), ça me rend folle.

Lorsque je reviens dans la grande salle, je commence à sentir le malaise s'installer. Sharon revient me voir « Bon, alors, comment tu vas ?! ». Je la regarde, saisie. Et je lui demande « Mais bordel... Qu'est ce que je fais là, au juste ? »



Je retourne en cuisine, à la limite du malaise. Je commence à ranger et à nettoyer. Je fais la vaisselle. Je regroupe les poubelles.

Je sens que ça me fait du bien.
Une part de moi se dit « Et donc tu relâches la pression en briquant une cuisine qui n'est même pas la tienne. Félicitation. Tu atteint un nouveau pallier dans la névrose ».



Au bout d'une demi-heure, Président m'oblige à aller dans la grande salle « Mais profite de la soirée, bon sang ! Tiens, prends un verre de vin ».

J'avale un verre de vin.
Je vois soudain que Charles-Henri est sur le balcon avec une fille. Je plisse les yeux. Ah, tiens, il semblerait que ça soit sa copine - on dirait que tout le monde considère que je dois être guérit, et qu'on peut désormais venir me mettre sa meuf sous le nez. Je réalise d'ailleurs qu'elle est assise à côté de Sharon le reste du temps - mais oui, c'est vrai, elles sont devenue BFF, j'avais oublié.

Bordel, qu'est-ce que je fais là ?!

Je me resserre un verre de vin, en parlant toute seule « Allez Mademoiselle B., rappelle toi que l'alcool résous bien des problèmes, et surtout le malaise dans une soirée très pénible ».
Je vide mon deuxième verre, et regarde le balcon en soupirant. 
Et je réalise un truc capital :
Je ne ressens rien.
Je ne suis pas ivre, je suis à fleurs de peau, j'ai l'esprit au bord du désespoir depuis des semaines, mais regarder Charles-Henri et sa copine ne provoque rien en moi.
Je cherche un peu - un pincement au cœur ? Une boule à l'estomac ? De la colère ? De la tristesse ?
Non, rien : les regarder me laisse complètement froide.
Je suis guérie de mes sentiments pour lui.
Mais alors quid de ma colère de tout à l'heure, lorsqu'il m'a parlé ? (me dis-je en me resservant un verre)
Je sirote mon troisième verre en réfléchissant, et en cherchant à analyser.
Finalement, la réponse est plutôt évidente, et je la découvre grâce aux messages reçus de mon ex : je suis guérit de mes sentiments, mais je ne pardonne pas les actions. Je ne pardonne pas le mensonge, l'irrespect, la trahison. Le fait qu'il m'ai menti, puis menti à nouveau lorsqu'il a prétendu dire la vérité.
Pire, je me sens comme une enfant qui découvre l'injustice du monde : il me manque de respect, il bafoue mes sentiments, mais c'est lui qui va bien, c'est lui qui est entouré, amoureux, heureux.
Où est la justice divine ? Où sont les Érinyes ? Némésis ? Est-ce le monde dans lequel je veux vivre ?!



Le malaise revient, malgré l'alcool, et je retourne en cuisine pour nettoyer les surfaces. Entre temps, il y a eu de nouveaux plats à envoyer, donc la cuisine est de nouveau un champs de bataille.

Je reste une bonne heure à nettoyer, et je sens que je recommence à reprendre pied.
C'est finalement Trésorier qui m'oblige à sortir de la cuisine : « Mais va profiter de la soirée, bon sang ! ».
Je retourne en soupirant derrière le bar, en me disant que je n'y arriverait pas.



Et puis arrive un mec, plutôt beau gosse, qui me dit « Hé Salut Mademoiselle B. ! Comment tu vas ? Tu te souviens de moi ? ».

Alerte rouge : "Tu te souviens de moi" = Je suis censé connaitre ce mec.
Je sens que j'ai l'air de paniquer. 
Je panique.
Brièvement, je me demande si j'ai déjà couché avec ce mec ; j'évacue la question : c'est évident que non, parce que si ça avait été le cas, je serais tombée amoureuse, et blablabla, drame et dépression.
Cela dit, je ne serais peut-être pas contre coucher avec lui, tiens.
Zut, zut, zut, concentres-toi !
Il connait mon nom, donc ce n'est pas quelqu'un que j'ai juste croisé, comme les habitués de l'Asso avec qui je suis très chaleureuse, et qui sont ravis parce qu'ils ont le sentiment que je me souviens d'eux (en réalité, je ne suis pas du tout physionomiste).
Je balbutie un « ...Ton....ton visage ne m'est pas inconnu... », tout en pensant « Bravo, voilà une réplique lamentable ».
Il ne m'en tient absolument pas rigueur - en fait il a l'air particulièrement heureux de me voir - et précise : « On s'est vu chez Président en début d'année, j'étais au bout de ma vie... Et toi aussi. J'étais très malade ».
Illumination : « Ah mais ouiiii, je me souvienstu avais une gastro de ouf !! ». 

En effet, (appelons-le) Pascalou, avait non seulement une gastro de foufifou, mais surtout il venait de se séparer depuis une ou deux semaines (il pensait d'ailleurs que cette gastro était surtout symptomatique), et devait retourner chez lui -enfin, chez eux- pour prendre ses affaires, et, bref, il était très mal. Moi j'étais séparé depuis 1 mois, je gobais des médocs comme des Smarties et je pleurais à longueur de temps. Bref, c'était ambiance-ambiance, mais finalement c'était reposant, on savait qu'on était dans le même état, deux écorchés vifs, et quelque part, on était sur la même longueur d'onde. Il était en calbute avec un rouleau de PQ à portée de main, et moi je portais un pull moumoute qui lui avait fait croasser « Ton pull a l'air tout doux », avant d'aller vomir tripes et boyaux.
Et, surprise, le voilà 8 mois plus tard, tout content de me voir, me demandant si je vais bien. Lui, a l'air d'aller beaucoup mieux, et ça me fait plaisir.
Je me dis soudain « bordel, ça fait 8 mois... Et j'en suis un peu au même point, en fait ».



On tchatche un peu, on prévoit d'aller prendre un petit dèj ensemble quelques jours plus tard avant qu'il ne reparte dans sa ville, et lorsque je lui dis, mi-figue, mi-raisin : « J'ai eu beaucoup de compassion pour toi, en janvier quand on s'est rencontré », il est immédiatement devenu très sérieux, et m'a répondu gravement « Oui, je l'ai ressenti. Et je te remercie beaucoup ».




Il repart, et je repars nettoyer la cuisine.

Je me dis que je suis contente d'être venue, ne serait-ce que pour l'avoir revu, et voir qu'il va bien mieux.



Le malaise remonte tout de même au bout d'un moment, et je réalise que j'ai oublié mes clopes.

Je jure entre mes dents.
Finalement, j'avise le mec de Lisa, fumeur invétéré. Je vais lui demander s'il peut me dépanner.
Je ne sais pas si c'est mon visage, ou s'il se rend compte de quoi que ce soit, mais lorsqu'il revient, il me dit « J'ai plutôt roulé un joint ».

Au point où j'en suis...



On part donc s'installer sur le balcon, surplombant une grande place (où il y a d'ailleurs un car de flics, ce qui nous fait glousser), et on fume tranquillement. Si le vin ne m'avait pas étourdie le moins du monde, le shit me fait en revanche un bien fou. Je suis détendue, j'ai plus de recul, je plane un peu. Je me sens bien. Comme si mes pensées étaient plus lointaines, et qu'elles ne pouvaient plus me blesser.


Je vais pouvoir finir la soirée.



Sharon revient me voir, cette fois elle va partir. « Tu sais, j'ai pensé à toi. La PMA va être autorisé pour les femmes célibataires. Tu voiiiiiis ! Tout n'est pas perdu ! ».

Je grimace un sourire, et ravale mon envie de pleurer.
Le pire, c'est que je suis certaine qu'elle pense me remonter le moral.



En cuisine, c'est la ruine, puisque les mecs ramènent les assiettes de la grande salle, et les éparpillent partout.

Les restes n'ont pas été mis au frigo.
Bref, c'est un champ de bataille.
Et encore, si je n'avais pas passé la soirée à ranger au fur et à mesure, ça serait encore pire.



Je descend les poubelles (ce qu'on aurait pu faire au fur et à mesure, par exemple), et Trésorier m'interpelle « Hé, tu as 1h de route ! Rentre va ! Il est déjà 3h du matin ».

Je lambine un peu, puis décide de partir.



Je ne suis pas totalement mécontente de moi ; j'ai tenu la soirée, j'ai fait illusion, les participants adorent que je leur demande comment ils vont, une chanteuse que j’idolâtre m'a tchatché (et ensuite m'a ajouté sur FB - OMG elle connait mon nom), et j'ai eu une sorte de petit sentiment de reconnaissance.

Bon, qu'on soit clair : je suis également très, très contente de m'en aller, et ravie que la soirée soit finie.
C'est juste que je suis encore plus ravie de n'avoir pas fini en boule dans un coin ou à me balancer au bout d'une corde.



La semaine suivante, il y avait une autre soirée hyper VIP. Président voulait que j'y aille ; j'ai rit « Ahahah. Jamais de la vie ! ».

Je suis restée chez moi, à soupirer d'aise en songeant que j'échappais à la foule, aux autres, au couple Charles-Henri-sa-meuf-leur bonheur, et à me dire que, peut-être que ma vie serait plus facile si je quittais cette Association.

Le compagnon de toute bonne ménagère névrosée

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