mercredi 18 mars 2020

Stop ou encore ? L'avenir du blog

J'avais écrit ce texte avant la période de confinement. C'est drôle, je commençais cet article par "Après l'Apocalypse, après ma décision de faire un break avec Mademoiselle B., la question était de savoir si ce break serait temporaire ou définitif".
"L'Apocalypse" prend désormais un tout autre sens !! ... Même si, comme dirait ma cousine, nous attendions tous une Apocalypse zombie et l'anarchie, et on se retrouve avec du télétravail et une pénurie de PQ. (La vie n'est qu'une succession de déceptions).

J'avais écrit ce texte en me disant "Je le posterai plus tard". Et "Je me laisse le temps d'y réfléchir". "Je le posterai au plus tard le 30 mars". 
Vu les événements, vu que je suis confinée seule chez moi, à me demander si un jour ou l'autre je devrais aller "au cas où" enterrer tous mes couteaux au fond du jardin, je me dis que c'est peut-être le moment (et au pire, ça m'occupe un peu)
...Même si soudain, parler de ce qui s'est passé il y a un mois (seulement un mois !!!) me semble complètement déconnecté de la réalité et presque insensé.

Cela dit, il faut bien rattraper ce qui n'a pas encore été raconté. 



J'ai beaucoup réfléchi à l'avenir de ce blog, au futur de Mademoiselle B. Dans un premier temps, l'arrêt devait être définitif : tout stopper, tout arrêter avec la fin de l'histoire d'Isaac, comme j'avais pu l'annoncer ; après lui, le déluge. Arrêter le massacre, récupérer du temps pour moi, couper un lien qui devenait trop addictif à mes écrits et au blog, et surtout stopper l'engrenage blog-Isaac-conflits-commentaires.
Plus que jamais, j'étais persuadée que nos blogs doivent rester anonymes, intimes et hors de notre "vraie vie" - car ils sont écrits sans filtres, sans diplomatie, c'est du ressenti brut, et ça ne peut, au bout d'un moment, qu'être violent ou blessant pour le ou les intéressés.

Puis j'ai nuancé : si j'ai un rapport trop addictif à mon blog (... comme à tout ce que j'entreprend finalement : il suffit de voir mon rapport obsessionnel au sport), il me fait indéniablement du bien. Il est cohérent. Il raconte quelque chose. Il m'a permis d'évoluer, d'un point de vue personnel, mais également en terme d'écriture. Je peaufine ma plume, j'essaie d’acquérir un style. J'aime ce que je fais.
De plus, il est le gardien de mes expériences de vie. Il est témoin de mon existence, depuis maintenant trois ans et demi. Il me permet de me replonger dans des souvenirs passés, et de voir l'évolution des choses.
Mieux : je peux relire d'anciens événements douloureux, et me dire « La vache, j'étais vraiment au fond du fond... Et je suis remontée ». 
C'est le témoin qui me permet de constater que j'ai survécu. Que j'ai avancé. Quoi que j'en pense.
C'est ma mémoire.
C'est un lieu qui accueille des lecteurs, que je ne connais pas, pour la plupart. Des personnes qui me lisent, qui me suivent, qui me soutiennent parfois. J'ai déjà rencontré des personnes qui me lisent (je pense notamment à Young Matka, excellent moment passé en sa compagnie à Paris) - et je trouve ça formidable : nous serions nous rencontré dans la "vraie vie" autrement ?! Il y a peu de chances. On se rencontre en ayant déjà l'impression de se connaitre, on ne s'est jamais vu et pourtant c'est un peu rencontrer un.e ami.e. C'est d'ailleurs l'histoire de mon amitié avec Morgueil : nous nous sommes "rencontrés" par l'intermédiaire de nos Live Journal respectifs. C'était en 2005. Notre amitié fête ses 15 ans.
C'est dans l'ensemble un lieu où les gens sont bienveillants - envers moi, du moins. Et ça fait infiniment chaud au cœur. Est-ce que c'est tordu ? Est-ce que c'est sain ? .... Est-ce que c'est différent d'appeler sos amitié ou de raconter sa vie à la bibliothécaire de l'établissement du coin de la rue ?!
Peut-être, peut-être pas.
J'ai mal vécu les commentaires agressifs envers Isaac, les choses m'ont dépassées, ont échappées à mon contrôle, et je crois que le fait qu'il lisait le blog a provoqué des réactions très violentes - qui m'ont fait du mal. Les choses auraient-elles été différentes s'il avait fait entendre sa voix ? Peut-être. Car derrière l'entité, le pseudo, l'ombre, il (re)devenait un homme, qui vit et qui ressent. 
C'est désormais chose faite avec son propre lieu, L'oeil d'Isaac, où il peut donner sa version de l'histoire.

J'hésites encore à rouvrir les commentaires, ou à complètement fermer cette fonctionnalité.
Au moment où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore pris ma décision.
D'un côté j'ai désormais peur de ce que je vais découvrir en commentaires, je crains une avalanche comme j'ai pu en voir, ça me prend de l'énergie, du temps, et... peut-être aussi une forme d'addiction malsaine qui ne me plait pas trop.
De l'autre ça m'a permis d'échanger avec différentes personnes, qui, certes, restent un nom au dessus d'un commentaire, mais pour qui j'ai ressenti de l'affection et dont la "présence" m'a fait plaisir.
Me fait plaisir.

Le blog de Mademoiselle B. est un lieu qui me permet de tout faire : 
Je peux m'y défouler si besoin, un peu comme une panic room où je peux hurler sans que personne ne m'entende.
C'est aussi un lieu où je peux chuchoter mes histoires intimes.
C'est mon lieu. Ma maison. Ma panic room. Ma safe place. Mon témoin. Ma mémoire.

Pourquoi écrire ?
Pour garder une trace.
Pour se souvenir.
Pour construire.
Pour donner de l'importance - ou évacuer les choses.
Parce que ça fait du bien.
Parce que c'est nécessaire.

Et le blog ?!
J'ai écrit sur un coin de feuille, un soir : "C'est l'héritier de la correspondance du XXe siècle, envoyé au monde et à personne".
Donner des nouvelles.
S'astreindre à une discipline, à une cohérence d'ensemble.
Construire une histoire.
Donner à voir et essayer de susciter l’intérêt.
Se dire que peut-être, cet ensemble pourrait m'amener à plus grand, et oser, enfin, franchir le pas de l'écriture d'un livre. [J'ai commencé, d'ailleurs. Reste à savoir si j'arriverais au bout]

Alors, Mademoiselle B., stop ou encore ?

Encore.

2 commentaires:

  1. Encore ;)
    Je suis contente de lire de tes nouvelles, quand on suit un blog rien à faire on "s'attache" à son auteur, on sait qu'il y a une vraie personne derrière.
    Je ne me souviens pas vraiment de ce que j'ai pu laisser comme commentaire, c'est certain que quand on lit quelqu'un qui manifestement souffre , on a envie de s'en prendre à l'autre, ou raconter son expérience, essayer "d'ouvrir les yeux"... c'est encore une fois humain... mais c'est aussi donner un avis qu'on ne nous demande pas, je comprends.
    Là, tu risques d'avoir le temps de l'écrire, ce livre. Et nous, on a du temps pour lire...
    Je te souhaite courage et inspiration en cette période particulière :)

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    1. Etonnament, j'ai du mal à écrire. Comme si le monde (qui me semble être en "pause") rendait l'exercice... absurde.
      C'est bizarre (et je me trouve bizarre de penser que c'est bizarre)
      Je pense que je comprends ce que tu veux dire lorsque tu dis que suivre un blog conduit à s'attacher à l'auteur. Je crois que je ressens ça vis-à-vis des blogs que je lis ; c'est un peu entrer dans l'intimité d'une personne, et lui vouloir du bien.
      Et je comprends aussi la volonté de vouloir "aider", "conseiller". D'ailleurs je l'approuve ! ... Mais je ne peux pas approuver les insultes à l'égard d'une tierce personne.
      Cela dit, choisir de laisser les commentaires ouverts, c'est finalement donner la possibilité aux lecteurs de donner leurs avis ! Je pense donc que je ferai du cas par cas : les articles où je ne souhaite pas provoquer de réactions, je fermerai les commentaires. Tout simplement.
      En tout cas si ça peut te rassurer, je t'ai toujours trouvé très juste et très mesuré dans tes commentaires. J'aime beaucoup recevoir des messages de toi :)
      J'espère que le confinement se passe bien (ou pas trop mal) pour toi ! Prends bien soin de toi et de tes proches.

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