jeudi 17 novembre 2022

L'Agence Matrimoniale : Entretien avec le médiateur

 Après le mail de réponse qui disait que la médiation était légitime et acceptée, il y a eu un petit délai. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait du temps nécessaire pour qu'ils contactent l'agence, et leur fassent passer un entretien.

Ce fut ensuite mon tour - mais j'ignorai alors que le directeur de l'Agence avait donné sa version des faits.

Une femme m'a téléphoné, très posée, avec un côté formel mais extrêmement bienveillant qui m'a beaucoup plu. Une voix légèrement rauque, qui m'a donné envie de voir son visage. Nous avons repris un par un chaque élément de ce que j'ai dénoncé, dans un entretien de près de 3h. 
Il me serait impossible de synthétiser cet entretien, qui a été d'ailleurs épuisant à bien des égards. J'ai dû commencer par re-raconter toute l'histoire, avec mes mots. Puis tout ce que je reprochais à l'Agence.
 Toutefois, c'est à force de discussion que j'ai compris (et qu'elle a fini par avouer carrément) ce que le directeur avait opposé à mes accusations.

Je m'attendais à de la mauvaise foi, bien sûr. Et j'étais résolue à garder mon sang froid, et rester agréable envers la médiatrice, qui, d'une part n'avait pas à subir mes foudres car elle n'y était pour rien, d'autres part aurait eu toutes les raisons de ne pas me prendre au sérieux si je m'emportais. 
Et en plus, bon sang, j'adorais sa voix.

A la suite donc de mon mail, ils avaient pris bonne note de mes récriminations, et sont allé demander des comptes au directeur d'Agence. Il y avait donc, pour rappel :
- Les fiches fausses, c'est à dire la distance ahurissante d'Eric, les fausses infos de Daniel, les enfants d'Alexandre (où, sur la fiche il était écrit en toutes lettres : zéro enfants), et Gregory l'éleveur de bétail.
- Le mail envoyé en se faisant passer pour sa collaboratrice
- et désormais, ses mails à la limite de l'insulte.

- Au sujet des informations sur les fiches, le directeur dit qu'il n'est pas responsable de ce que les gens écrivent... Excusez-moi, une petite question : c'est donc vous, en vous inscrivant dans l'agence, qui remplissez vous-même votre dossier ? 
- Oh non, pas du tout, c'est un entretien individuel ! 
- Hum, le directeur avait omis de me dire cela. C'est peut-être différent selon les personnes ?
- Peut-être, je ne pourrais rien affirmer sur ce sujet. Néanmoins, il me semble que sur le site, il est bien dit que la plus-value de l'agence, c'est le contact, et qu'il y avait forcément un entretien.
- Je n'ai pas été voir le site, c'est une bonne remarque, merci beaucoup ! Alors, concernant la distance, le directeur n'a pas vraiment donné de réponse. 
- Ah...
- Pour la fiche d'Alexandre, il s'est défendu en disant qu'il fallait comprendre "pas d'enfants à charge".
- Mais... Comment aurais-je pu deviner ? Et d'ailleurs, quelle importance, si de toute façon je ne souhaite pas rencontrer quelqu'un qui a des enfants ?
- Je suis d'accord avec vous. Les familles recomposées, c'est rarement facile, et je comprends tout à fait que vous ne souhaitiez pas, à première vue, rencontrer une personne avec enfants. C'est de toute façon votre choix, et personne n'a à juger. Apparemment, c'est son logiciel qui formate les fiches de cette façon, et il admet que ça peut prêter à confusion, et qu'il va modifier cela à l'avenir. Et cela, grâce à vous !
Son ton optimiste est désarmant.
- Tant mieux pour les suivants, mais j'aurais tout de même appréciée qu'il reconnaisse ses erreurs, et qu'il m'en fasse part. C'est bien qu'il l'ai fait avec vous, mais de mon côté, il n'a jamais reconnu aucun de ses torts. Ah, si, vaguement, juste une fois, pour me dire qu'il y avait plus grave dans la vie, comme le Congo ou l'Ukraine.
- Je vous demande pardon ? Vous m'avez envoyé une copie de ce mail ?
- Non, je l'ai reçu juste après vous avoir envoyé le dossier, alors je ne savais pas si...
- Envoyez moi une copie. 
Son ton laisse désormais transparaitre un peu moins de neutralité. D'ailleurs on discute un peu, l'entretien dérive, et elle en vient même à me demander les raisons de mon passage dans cette agence. Quand je lui dis que c'était ma dernière action pour essayer de rencontrer quelqu'un, elle s'indigne "J'espère que vous n'allez pas faire une croix sur votre vie sentimentale à cause d'un connard - excusez moi le terme - qui a clairement mal fait son travail !". Je ne peux m'empêcher de rigoler devant sa véhémence, et le fait qu'elle a clairement pris parti - il faut dire, le bonhomme est vite percé à jour.
On revient à l'affaire :
- Concernant Gregory, il dit qu'il ne comprend pas : un éleveur de bétail, ça aime forcément ses bêtes !
Je ne peux qu'admettre amèrement que certaines personnes peuvent penser cela... Même si de nos jours, avec tout ce qui a déjà été dénoncé au sujet des abattoirs en France et en Europe, il me semble impensable qu'on puisse encore penser que l'industrie de la viande n'est qu'amour et bienveillance. Et, si on peut l'occulter par amour de la cuisine omnivore, peut-on réellement oublier que les végétariens n'en sont pas capable ?! Mais que dire ? J'insulte très vulgairement le directeur dans ma tête, à base d'orientation politique, de richesse et de valeurs 
Ce que je dis donc à la médiatrice (pas que je pense que le directeur est un connard, mais le fait que ne peux qu'exprimer un peu de doute à ce sujet). Et j'ajoute d'ailleurs que je suis quasi certaine d'avoir précisé que j'étais végétarienne, et donc qu'il valait mieux éviter de me faire rencontrer par exemple un boucher, ahahah. Ou un chasseur, ohohoh.
- Le Directeur dit que vous n'avez jamais précisé cela. Êtes vous sûre de l'avoir dit ?
- Que ?
- Vous étiez végétarienne.
- Absolument certaine, c'est une part de moi. Et je préfère éviter les mauvaises surprises, j'ai déjà trop entendu des discours vaseux à ce sujet. Autant donc annoncer la couleur tout de suite.
- Bon, j'attends qu'il m'envoie votre fiche, ça fait déjà plusieurs fois que je lui demande. Vous n'en avez pas une copie ?
- Non, je ne l'ai même jamais vu.
- D'accord. Sinon, concernant le mail envoyé à la place de sa collaboratrice, ce pourrait être la signature qu'il n'a pas pensé à changer.
- Hum, admettons, mais je crois vraiment me souvenir que ce n'est pas un mail avec signature, mais en texte brut. Je pourrais vous envoyer ça, pour avis.

L'entretien se poursuit. Elle me lâche tout de même, un peu malgré elle, que le directeur a dit que "pas un sou ne sortirai de sa poche pour cette histoire, il faudra aller au tribunal". Je suis accablée - mais pas surprise. Epuisée, je lui dirai "de toute façon puisqu'il n'y a rien à faire, terminons cette médiation, et puis..."
Sa voix change, à nouveau cette voix posée, analytique :
- Je vous arrête. J'ai dit que dans le cadre de cette médiation, il risque de refuser. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait rien à faire. Si vous refusez son offre [à savoir retourner à l'agence et resigner un contrat], je réexaminerai le dossier, cette fois avec un œil d'avocat et de juriste.
- Oh. D'accord.

Quelques semaines plus tard, elle renvoie un dossier synthétique, qui reprend les deux entretiens en exposant les faits, objectivement et avec neutralité. J'y lis notamment que le directeur n'a jamais fourni ma fiche, ni répondu aux sollicitations suivantes. Face à mon refus de retourner dans l'agence, elle propose ce compromis : qu'il me verse la moitié de la somme que je lui demande.
J'accepte, sans toutefois être dupe : je sais qu'l va refuser.
Bingo, dix jours plus tard, je reçois un mail m'informant de sa réponse négative. La médiation à l'amiable a donc échouée.

J'interroge toutefois la médiatrice : est-ce que j'ai des éléments solides pour tenir un procès ?
Elle me répondra qu'elle me le déconseille, car je n'ai pas respecté la procédure de désinscription (courrier avec accusé réception). 
Je suis abattue.
En plus, je ne comprend pas à quel moment j'ai été officiellement désinscrite : pour moi, la procédure de médiation mettait tout sur "pause". Justement, l'intéret, c'était de garder la porte ouverte pour ne pas me faire (complètement) avoir. Merde. Qu'est ce que j'ai loupé ? Comment me suis-je fait avoir ?  

Néanmoins, sur les conseils de mon ami Papa Ours, je prend rendez-vous avec une avocate.

Et, étonnamment, quelques jours avant mon rendez-vous avec celle-ci, je reçois un texto de ... Gregory. Qui me demande si j'ai trouvé quelqu'un via l'agence. Il me raconte qu'il ne rencontre personne, toutes ses demandes sont refusées, et l'agence ne lui propose pas grand chose. Je n'entre pas dans les détails, au cas où il puisse être envoyé par l'agence (je suis clairement devenu parano), mais lui dit que pour moi, c'est une expérience qui  a tourné au vinaigre. Et d'ailleurs, tiens, par hasard, n'aurait-il pas gardé une copie de ma fiche ? Juste pour vérifier.

Il m'envoie aussitôt une photo, pas hyper net mais enfin on voit le principal. 

Merveilleuses photos, où je n'ai pas du tout l'air tarte, avec mon plat dans la main


On voit que la fiche est vraiment dégueulasse, et tellement à l'arrache qu'il y a des répétitions (sur 4 lignes, c'est quand même un exploit).
Et surtout, il est écrit en toute lettre "végétarienne". 
Voilà pourquoi il ne l'a jamais fournit, cette fichue fiche.  

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