Le Bilan 2022. Au seuil d'une nouvelle vie ?

Une année se termine, une nouvelle va commencer. 

Parfois je me dis que la vie est une succession d'échéances, de dates anniversaire, de chiffres. 

C'est aussi, obviously, des changements.

Ceux qu'on subit, ou ceux qu'on provoque.

Est ce que le passage à une nouvelle année revêt une réelle importance ? Qu'est ce que le Nouvel An, sinon un symbole, qui nous permet d'apprécier l'illusion d'un nouveau départ, l'impression de contrôle,  ou simplement l'opportunité de mobiliser notre volonté pour effectuer des changements - également nommés "résolutions" ? 

Certains de nos rituels sociaux me laissent vraiment perplexe. 

Je suis néanmoins la première à apprécier l'exercice du bilan.

(D'où peut-être cette soudaine interrogation quant à son utilité).

Et donc, la vie serait-elle une succession de chiffres, disais-je : 

J'ai 35 ans. 

J'en aurai 36 en 2023.

Ca fait 5 ans que je suis propriétaire.

J'écris présentement mon 6e bilan sur ce blog (!).

Ca fait 10 ans que je travaille au même endroit.

Ca fait un paquet de temps que je ne m'épanouis plus dans mon travail.

Ca fait 4 ans que j'ai changé de chef, et que les relations sont tendues.

Ca fait deux ans que certains jours, je m'engueule très violemment avec ma cheffe et que je pleure régulièrement au travail.

Cet été, j'ai pu tenir en me persuadant qu'une opportunité allait se présenter, et qu'à la fin 2022, je ne serai plus là. [Spoiler alert : fin 2022, je suis toujours là]

Mais cette croyance m'a fait tenir - malgré la partie de moi qui vociférait « Arrête de te persuader d'un truc que tu ne peux pas savoir, la chute va être rude ! » 

Et puis une offre est parue, mi-novembre. 

Un job où je serai compétente, un lieu différent, une autre ville, d'autres conditions de travail (bien plus avantageuses), un salaire un peu plus élevée. Géographiquement plus proche de ma famille.

Je connais la boîte : j'y ai travaillé il y a 13 ans.

L'un de mes pires boulot.

J'avais 22 ou 23 ans, je sortais de l'école, les collègues me parlaient mal et se moquaient de moi, personne ne me laissait rien faire, je devais attendre que le temps passe. J'étais extrêmement malheureuse, et au bout de mon CDD de 6 mois, j'étais en dépression.

Aujourd'hui, les radasses sont parties en retraite, mais surtout, je ne suis plus la même personne : j'ai conscience de mes compétences, et je n'autoriserais plus personne à me dire « reste assise là, et surtout ne fait rien ». Je ne suis pas plus compétente qu'une autre, je ne suis pas irremplaçable - mais, comme tout le monde, je mérite d'être respectée.

J'ai postulée.

Bien sûr, j'ai des doutes : et si je m'emmerde, sur ce poste ? Si l'ambiance est dégueulasse ? Et si je faisais une énorme connerie ?

Je quitte un job que je connais, une équipe que j'apprécie (en grande partie), des copines, une fiche de poste sur-mesure, une certaine forme de (très grande) reconnaissance professionnelle, et même un nom qui commence à se forger dans le milieu.

Ce qui m'a permis d'assurer à mes proches, avec une certitude qui pouvait sans doute ressembler affreusement à de l'arrogance : « Je ne m'inquiète pas, je serai forcément sélectionnée pour aller à l'entretien. Le reste, en revanche, on verra ! ».

Je sais aussi ce qui œuvre sournoisement dans ma tête : la peur du changement, la crainte de changer de routine, et puis bien sûr la froide certitude que l'herbe est rarement totalement verte ailleurs. La vraie question est toujours de peser ce qu'on gagne - et surtout ce qu'on perd.

Je passe l'entretien d'embauche le 4 janvier. 

Pour contrer la peur, et surtout me rassurer, j'ai prévu une liste de questions à poser pendant l'entretien. Autant avoir une idée précise de ce pour quoi je postule, avant de faire le choix décisif.

2023, peut-être une nouvelle vie ?

En attendant le fatidique 4 janvier, voici 2022 qui s'achève. Beaucoup d'amis me disent : « Tu dois être soulagée, tu as vraiment passé une année de merde ! ».

Alors déjà : Sympa. Merci.

En réalité, je suis comme tout le monde, il m'arrive des trucs bien, et des trucs nuls. 

C'est vrai, j'ai commencé l'année avec le Joueur d'Echecs, qui me quittait par texto pendant que j'étais en quarantaine chez moi avec le covid. 

C'était moyen-bof sur l'échelle de l'estime de soi. 

(En plus je croise régulièrement Petit-chiot-fou qui me regarde avec un air de chien battu, et me dit à chaque fois « T'inquiète, tu vas trouver le bon j'en suis sûr ! », alors que je ne lui ai rien demandé et que je me contrefiche de ses certitudes à la con,  et ça me fiche en boule à chaque fois)

L'affaire de l'Agence Matrimoniale m'a également causé beaucoup de soucis. Je ne parviens pas à écrire les articles pour raconter la suite de l'histoire, tellement ça me plombe. Pour résumer : j'ai pris une avocate, et nous engageons une procédure. Néanmoins, elle m'a averti : le contrat que j'ai signé est totalement à l'avantage de l'Agence, qui se couvre grâce à des formulations vagues et floues. Il y a clairement des éléments à charge contre eux, et notamment un préjudice moral très net, mais si le Juge souhaite se baser uniquement sur le contrat, je perdrai tout - et je devrai payer, en sus, les frais de défense de l'Agence. 

Très très moyen-bof. Je préfère ne pas trop y penser.

J'ai également passé les trois derniers mois très malade, sous cortisone et antibiotique, à la suite d'un abcès à la dent, qui s'est surinfecté (pour résumer brièvement trois mois de péripéties). Il est possible que je doive avoir une greffe d'os pour réparer ma mâchoire, et peut-être des implants. 

J'étais même pas moyen-bof quoi que ce soit : J'ai cru crever, et j'ai mangé liquide pendant trois mois.

Cerise sur le gâteau : après trois mois à bouffer de la soupe et des yaourts nature, le repas de noël a été beaucoup trop riche pour mon organisme (évidement). 

J'ai passé un temps considérable aux toilettes après ça (et sinon joyeux noël).

Mais j'ai aussi trouvée une forme d'équilibre, et je me sens plutôt bien. Depuis l'exposition de peinture, je m'accorde beaucoup de temps, et du repos. 5 mois après, j'ai l'impression d'être encore vidée par cette expérience. Je ne sais toujours pas si j'ai appréciée ou non - mais je commence à me dire que l'épuisement émotionnel n'en vaut pas la peine !

Cela étant dit, je reste très fière d'avoir relevé le défi.

Mes articles sont rares, mais reflètent ce repli vers moi-même, qui me fait beaucoup de bien. Je réfléchis beaucoup à la suite de mon existence.

Posément.

Mademoiselle B. est toutefois toujours dans la place, bro ! J'ai de nombreux articles à finir, et a partager :

- J'ai une nouvelle salle de sport, et elle est géniale pour plein de raisons.

- Je crois que je me fais draguer par un mec qui a dix ans de moins que moi et qui trouve que "j'ai une peau superbe". [c'est peut-être une des raisons évoquée précédemment]

- Je me suis fait arnaquée par un faux représentant de l'anah, et je passe un temps considérable à faire rentrer les choses dans l'ordre [Confession : si ça avait été un insipide golden boy plutôt qu'un barbu-tatoué en chemise à carreaux, je ne l'aurai jamais fait rentrer chez moi]

- J'ai de nouveaux voisins, qui font de ma vie (et celle de tous les voisins du quartier) un véritable enfer. [le cosmos m'envoie le signe - assez peu subtil - qu'il est temps de changer de vie ?] En revanche, ça fait la joie de mon entourage, qui se réjouit d'anecdotes surréalistes.

Bonne année à tous !