lundi 17 avril 2023

Le 3e date avec Schrödinger

Jusqu'à présent, tout se passait très bien.
Nous avions eu un premier date, où je l'ai emmené boire un chaï dans un nouveau café qui a ouvert dans notre ville. Super moment - et il est tombé amoureux des chaï.

Le deuxième, nous devions aller faire du shopping de sport pour moi (mes fringues ont quelques années, et j'étais à 1 squat de me retrouver en culotte).
Je me retrouve néanmoins embarqué chez Schrödinger par sa mère, qui veut absolument m'inviter boire un thé avant et après le shopping. Je lui ai fait visiter mon lieu de travail, et il semblerait qu'elle m'adore. Hem, pardon : qu'elle M'A-DO-RE.
Je me suis demandée aussi si Schrödinger avait préféré la faire venir pour me mettre à l'aise.

Bon, soit.

3e date.
On se chauffe depuis des jours au sujet d'un shopping de maillot de bain. 
Objectif : Schrödinger n'a pas de maillot, et on voudrait aller dans des thermes ensemble. (oui, on n'a pas été plus loin que se presser brièvement la main, mais on envisage une sortie super romantique).
On se prévoit donc une séance de shopping - cette fois, pour lui. Il me demande si je souhaiterais regarder pendant qu'il essaie, me dit que je peux toucher si je veux.
Ça m'excite à mort.

Le jour J arrive.
Et là il me dit "Ça t'embête si ma mère vient avec nous ?".
Bordel de merde.
C'est vraiment une vraie question ?!
On va boire un golden Mylk chez moi. Je me dis "on arrivera bien à la renvoyer chez elle pour pouvoir aller flirter tranquillou"
Mais elle s'incruste.
TOUTE 
LA 
PUTAIN 
DE 
JOURNEE
Je sens bien qu'il est emmerdé, tiraillé entre nous deux. Il n'ose même pas lui dire qu'on prévoit d'aller dans des thermes. D'ailleurs, quand il commence à évoquer le sujet, elle affirme "bah, tu ne vas pas aller aux thermes ! N'importe quoi ! Et puis c'est pas la saison !". Il me jette un regard implorant. Je hausse un sourcil : Oh, non ! Alors là mon gars, tu te débrouilles ! Je ne rentrerai pas là dedans ! J'ai passé l'âge de demander l'avis aux parents !
Je comprends au passage qu'elle ne sait pas qu'on a prévu un shopping tous les deux. D'ailleurs quand il évoque Decathlon, elle le coupe "Ah ben ça tombe bien, tu m'emmènera lundi ! J'ai besoin de baskets !"

Wokay !
Je me lève et prend congé.
Chacun sa croix, mec !
Il me lance un petit "On se prévoit un shopping lors de ton retour de Paris ?"
J'éclate d'un rire sans joie. "Ouais... ouais c'est ça".
Honnêtement, je n'y crois plus.

Il m'écrira "Désolé pour maman, elle est un peu collante, ahah"
Un peu ?!
AHAH ???!!!

Je suis folle de rage, énervée, et surtout, extrêmement frustrée.
On s'est comporté toute l'aprem comme des ados, à s'effleurer l'air de rien, à se tenir trop près, à entrer maladroitement en contact l'un avec l'autre, pendant que sa mère avait les yeux ailleurs. 
Sauf que je n'ai plus l'âge de demander les avis des parents. 
Et pour rien au monde je ne voudrais y revenir.

Ouais, ok, 90% de ma colère est dû à ma frustration, et j'ai juste une folle envie de lui. 
Mais n'empêche !

Je suis fin énervée, et je ne parviens pas à redescendre. Je mobiliserai donc les copines - puis les rejoindrai au bar, où doit commencer un concert de death metal.
Exactement l'ambiance qui s'accordera à mon état d'esprit.

Lorsque j'arrive, il y a Pomme, Sakura (une amie en commun), et ses deux meilleurs amis.
Tous sont partagés entre compassion et fou rire.
Sakura me tend son verre "Tiens. Boit"
Et Pomme de me mettre un coup de coude : "Tu vois pourquoi c'est ma meilleure amie ?"

Oh, j'ai tellement bien fait de venir !

On entre dans le bar.
J'ai rendu son verre à Sakura. 
Je vois le Joueur d'Echecs.
Manquait plus que ça.
Il est avec une de mes collègues. Je tire la gueule. 
Celle-ci vient me saluer, avec une autre fille, amie du Joueur D'échecs, qui me salue un peu de haut. Et ma collègue "Mais tu connais Mademoiselle B. ?!"
"Oui, on se connait".
Je ne peux pas m'empêcher de grimacer.
Fou rire des autres : "Tu peux plus passer inaperçu hein ?"
Putain !
C'est là où je croise le regard du Joueur d'Echecs.
Qui... me regarde, lève son verre, et...  me fait un signe de tête.... ?!
What the... ?
Je lève mon doigt. 
Le majeur, évidemment.
Sakura me redonne son verre : "Tiens, finis le. Vraiment. J'insiste".

Je vais me prendre une pinte de Delired, et je reprends un verre à Sakura.

C'est quoi cette journée ?!

Le concert commence.

Je me laisse embarquer par la musique. Que c'est BON.
Et je bois.
Et donc je suis bourrée.
J'écris à Schrödinger, qui m'a réécrit entre temps, inquiet de mon silence.
J'ai bu, mais j'écris sans doute le message le plus direct et le plus correct dont j'étais capable. Du moins au vu de mon état, et du contexte.


Il y a un des mecs que j'ai rencontré au speed-dating. Je suis à deux doigts de lui dire "Est ce que tu accepterai qu'on s'embrasse juste devant mon ex pour le faire chier ?"
Et parce que je pue la frustration.

Schrödinger me répondra une vingtaine de minutes plus tard.

Réponse plus qu'acceptable, qui, je dois l'avouer, me soulage - et surtout, fait naitre une myriade de papillons dans mon ventre.
Validée à l'unanimité, du groupe qui soupire de soulagement devant cette issue heureuse. 
Je les soupçonne de se dire qu'avec un peu de chance, je ne reprendrai pas un verre de plus, et qu'on s'en sortira sans que j'aille péter sa gueule au Joueur d'Echecs. (En réalité, ils peuvent dormir tranquille : aucun de mes ex ne mérite que je finisse au tribunal pour coups et blessures. Et je ne suis pas assez bête pour les laisser avoir ce pouvoir sur moi).

Mais qu'on soit clair : je suis totalement torchée. 
J'ai le verre de Sakura + une pinte de Delired (8 degrés) dans le ventre - à jeun. 
En rentrant, je décide de me faire une couleur au henné, en mélangeant les poudres complètement au hasard. (Spoiler alert : Incroyable, le résultat est vraiment canon ! ... Dommage, je ne saurai pas le refaire)

Finalement, cette journée ne finit pas si mal.

.... Putain, moi aussi j'ai tellement, tellement, tellement envie de lui.
Il est plus que temps qu'on passe une étape.

dimanche 9 avril 2023

Schrödinger

Schrödinger a provoqué une véritable bataille en moi : une guerre nucléaire entre deux adversaires qui s'opposaient. Problème : les deux, c'était moi.
Alors c'était un peu compliqué.
Mais il s'agissait sûrement de l'aboutissement logique à rencontrer un mec qui s'appelle Schrödinger.

Rappel des épisodes précédents :
J'ai rencontré Schrödinger à la salle de sport. J'étais, habillée d'un sarouel rouge et d'un pull de noël avec une caisse de légumes dans les bras. Nous avons parlé de soupes, et de notre passion commune à ce qu'elles soient bien épaisses, surtout en hiver. (Véridique)
Mais, comme habilement précisé plus haut, j'étais vêtu comme un sapin de noël. Je me suis donc dit qu'il ne pouvait pas être intéressé par moi. 
Le fait est que je me trompais.
Sauf que je ne me sentais pas prête : ni à reproduire l'habituel chemin de croix avant de m'ouvrir à un autre, ni à prendre le risque de me tromper.
Et puis il y a eu la pièce de théâtre que j'ai été voir, et qui m'a bouleversé, et qui m'a fait me demander si la seule chose qu'il ne me restait pas à faire, c'était juste : vivre.

Et si c'était juste à moi, de choisir de m'ouvrir au monde ? Juste comme ça, en le décidant ?