Je ne me suis pas reposée depuis des jours, je ne me souviens pas de ma
dernière grasse mat' et je suis fatiguée au point que m’asseoir par terre et
pleurer me semble être une option raisonnable.
Je sais que le quotidien est là, a m'attendre a la porte, cette porte qui s’appelle
« Dès demain ».
Mais aujourd'hui, je me suis levée (indécemment) tôt pour intervenir brillamment
dans une conférence pro.
Rires de l’assemblée à mes blagues.
Félicitation de ma Big Cheffe.
Et le regard de personnes hautes placées qui soudain se posent sur moi,
comme s’ils me voyaient pour la première fois, et que ce qu’ils voyaient leur
plaisait.
La fatigue est tombée comme une chape de plomb en milieu de journée, pendant
que je faisais infructueusement le tour de la ville pour trouver un sandwich
végétarien. Fatigue de cette difficulté habituelle, de ce véritable chemin de croix, de ces regards d'incompréhension. Et puis une
insidieuse jalousie vis-à-vis de Copine#1, devant qui tous les hommes se
retournent (ce qui fera l'objet d'un post futur).
Et puis très vite, j'ai assisté a des conférences, osé prendre le micro pour
poser des questions, trouvé des pistes de réflexions intéressantes.
Envie de faire plein de choses au boulot.
Possibilité de faire plein de choses dans ma vie.
Richesse.
Et des tas de rencontres, des connaissances croisées et saluées qui
contribuent à cet exaltant sentiment de reconnaissance.
Chaud au cœur.
Merci Prof de Danse, que j'ai croisé avec surprise et plaisir, toi qui est
une personne douée d'une extraordinaire gentillesse, d'une grace et d'une
lumière que j’admire. Et d'un courage exemplaire. Toi qui m’avait chuchoté à
l'oreille « Relève le menton, tu auras l'air plus sûr de toi. Ce n'est
pas grave si ce n'est pas vrai, le principal c'est que les autres le croient ».
Clin d’œil, grand sourire entendu et pression sur le bras – toi aussi tu as
connu le doute et les complexes.
Merci à vous qui semblez si heureux de me croiser.
Merci à vous que je n'avais pas vu et qui êtes venu m’interpeller. Sentiment
que vous aviez envie d'échanger avec moi - et vous n'imaginez pas a quel point
ça me touche.
Merci a ma Big Cheffe qui m’a présenté avec fierté à des tas de gens, qui a comblé la succinct présentation
que j’ai fait de moi-même et de mes compétences « Vous avez omis de dire que vous faites ça
aussi. Et ça. Et ça ».
Oui, c'est vrai.
Merci de m’empêcher de me rendre invisible, c’est un vieux réflexe pas très
glorieux.
Merci de m’avoir pris sous votre aile aujourd’hui, de m’avoir traité en
égale.
Merci à ceux qui ont retenu mon visage, qui m'ont dit « Mais oui, on se
connait ! ».
Désolée, j’ai trop souvent la certitude d'être invisible.
Merci pour ces moments, ces discussions, ces conférences, ces réflexions.
Je crois que j’adore assister à des conférences.
Merci pour ce beau temps, qui sublime une journée déjà très belle. Comme si
tout concordait à rendre ces moments merveilleux et inoubliables.
Merci pour ces superbes boucles d'oreilles que je me suis trouvée. Parce que
repartir avec un petit souvenir, et un petit achat plaisir, c’est encore un
petit bonus de plus.
Merci surtout pour cette place au milieu du monde, ce sentiment si fort d’exister
– que j’ai ressenti comme une vraie surprise.
Je me dis que je pourrais vraiment être une personne dynamique, cheffe de
file et de projets, si seulement j'avais plus confiance en moi.
Et puis demain, la routine reprend.
Demain le quotidien se remet en route. Retour au boulot, contrôle technique
de la voiture, sport...
Et l’effrayante solitude.
Malgré Hector qui a réécrit, et qui veut qu'on se voit pour discuter – mais il
n'y a pourtant plus rien a dire.
Demain ces trente ans de plus en plus proche, comme un couperet, comme si tout
changera après ça.
Demain la monotonie du quotidien et cette (fausse ?) impression que rien ne peut arriver, rien ne peut me
surprendre.
Demain je redeviens une employée comme
les autres.
Et toujours pas de repos, pas de grasse mat’, pas de pause.
Mais aujourd'hui, ça va.
Alors marquons d’une pierre blanche (ou pailletée, c’est plus fun) ce jour,
pour pouvoir y repenser les jours de pluie. Et profitons de cette incroyable sérénité.
Qui termine par l’écriture de ce texte, avec mon chat ronronnant sur les genoux,
une tasse (avec écrit « Avec amour, Maman », offert par celle-ci) de
soupe chaude à la main – le bonheur est dans les détails.
Une marche après l’autre.
Demain, c'est demain.
Et aujourd'hui je me sens bien.
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