Happy Birthday, Les hommes de ta vie sont des connards

J'ai eu 30 ans.

Etonnamment, la terre ne s'est pas ouverte sous mes pieds, l'apocalypse n'a pas eu lieu, le monde ne s'est pas arrêté de tourner.

D'ailleurs il ne s'est tellement pas arrêté de tourner que le jour même, le site de la scnf avait déjà noté « Mademoiselle B., 30 ans ». 
Je les hais.

24 mai, Minuit :

Je suis au téléphone avec Hector, qui propose de passer la nuit chez moi. Je ne veux pas, pour de multiples raisons. L'une d'elle étant « Mais combien de fois devra-t-on rompre et se bousiller l'un l'autre ?! ».

Et donc même s'il a posé la question, ce n'était que pour la forme, parce que mon refus l'a fait exploser, et me pourrir, encore.

Jusqu'à ce qu'à 1h30, j'explose à mon tour, dans un mélange de crise de sanglots, d'angoisse et de colère, pour lui hurler «  Merci, mais MERCI, Joyeux Anniversaire Mademoiselle B., j’ai trente ans aujourd’hui, ça fait des semaines que je dors maximum 5h par nuit, mais vas-y, continue à me faire chier, c'est cadeau, c'est ça ?! »

Ensuite je n'arrivais plus à respirer, et je haletais désespérément pour essayer de trouver de l'air, pendant qu'il n’arrêtait pas de s'excuser et qu’il répétait « Ok, ok, je raccroche ». J’ai fini par réussir à articuler « Je ne veux plus te parler ».

Alors il m'a dit Adieu (encore), et il a raccroché.

24 mai, 9h du matin :

Après 5h de sommeil, je vais au boulot.

Copine#3 (qui est aussi une collègue) : « Joyeux Anniversaire !!!!! ........ Ça va pas ? »

Je fonds en larmes.

24 mai, Midi :

Je mange dehors, loin de tous ces collègues qui m'ont vu craquer au boulot et qui hésitent entre me souhaiter mon anniversaire et m'éviter. Ambiance ambiance.

Je me dis que la dernière fois que j'ai mangé à cet endroit, c'était le lendemain de ma première nuit avec le mec-de-la-salle-de-sport. Je n'avais pas dormi (trop occupée à passer une des meilleurs nuit de ma vie) et je m'étais endormie la tête dans mon Tupperware.

Je suis au même endroit, dans le même état de fatigue, toujours à la suite d’un mec… Sauf qu’à l’époque j'avais des étoiles dans les yeux et des papillons dans le ventre, et que là je suis juste putain de triste, et affreusement épuisée.

Je n’imaginais vraiment pas mes trente ans comme ça.

24 mai, 16h :

Je vais faire le plein de ma voiture pour aller à la soirée avec mes amis, à 70km de là.

Je suis moyen confortable avec l'idée de prendre ma B.Mobile, vu que mon contrôle technique n'est pas passé. Et que je suis vraiment très fatiguée.

Soudain, mon clignotant me lâche. Pour prendre l’autoroute, c’est carrément moyen.

Je laisse tomber la B.Mobile, je prends le train.

24 mai, 18h :

Vautrée dans l’herbe d’un parc, je profite du soleil, je kiffe l’herbe qui chatouille mon cou et mes pieds, et je respire l’odeur des fleurs et des plantes. Mister Perfect me rejoint, me fait un gros câlin, et m’offre un carnet. Ça tombe hyper méga super bien, je cherchais justement un carnet à glisser tout le temps dans mon sac pour… Heu….. Plus ou moins essayer de positiver et éviter de sombrer dans la dépression (pour résumer).

Super synchronicité, je suis scotchée.

On discute, ça fait du bien de le voir, de parler avec lui. On parle de la soirée qui approche, et aussi de ce qu’on fera le lendemain : Il y a une fête des associations Africaines, ça tombe bien, on revient du Sénégal ! Et puis où on mangera, et où on ira se balader.

24 mai, 20h :

On se tape une fondue savoyarde. Il fait 30°C dehors, mais rien à foutre c’est mon anniversaire (il y a deux ans, j’avais demandé à Copine#3 une Galette des Rois d’Anniversaire).

Je me régale, et j’essaie d’oublier que sur les 12 invités, seulement 3 sont venus. Et il n’y avait pas beaucoup de bonnes excuses à ces absences – quand mes amis ont daignés se justifier.

J’ai la gorge un peu nouée tout de même, sentiment d’abandon et de déception.

Mon père téléphone – et là je suis scotchée, parce que ça fait genre 4 ans qu’il ne me le souhaite pas. J’ai été tellement bluffée que j’ai accepté de réfléchir à sa proposition d’aller passer quelques jours chez lui cet été, dans le sud.

…. Malgré le fait qu’il m’ai horriblement vexé lorsque je lui ai dit « Non, ça ne va pas trop en ce moment », en répondant « Ouais, bon, comme d’habitude en fait ».

Ca m’a tellement énervée que j’ai répondu méchamment « Père Adoptif est mort. Je le vis très mal. C’est lui qui m’a élevé tout de même, j’ai perdu un père ce mois-ci ».
Bah du coup il a passé le téléphone a son mari, et fin de la conversation.

24/05 22h

J’ai réservé une table dans notre bar habituel.

Sauf qu’en fait aucune table ne semble réservée.

Nous ne sommes plus que 3.
Le patron tire la gueule, alors que c’est un pote, et d’habitude on a droit à de gros câlins en arrivant. Là il nous calcule à peine.

C’est soirée « Spéciale Céline Dion », et je ne savais pas – mais c’est drôle, parce que j’étais ultra fan de Céline Dion quand j’étais gosse, et ça a été mon tout premier concert (j’avais peut-être 8 ou 9 ans). Bon, là au bout de 2h on en pouvait plus, mais quand même, j’ai trouvé ça drôle.

Le bar est orné de Céline Dion grandeur nature et autres cœurs en carton avec le visage de Céline. (A ce stade du récit, ai-je besoin de préciser que c’est un bar gay ?)

24/05 Minuit

Mister Perfect réapparait après 45 min d’absence (il était censé commander à boire). Il me dit brutalement « Je rentre chez moi ».

Je ne comprends pas. En plus on avait prévu de tous dormir sur place, et de se balader le lendemain, et manger ensemble, et… « Non, je rentre, je suis fatiguée, et puis je dois ranger mes affaires chez moi ».

Furax, je lui dis « Ben ok, rentre, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? ». Et je ravale mon « C’est pas comme si c’était mes 30 ans, ni que j’ai grave besoin de mes amis en ce moment ».

Il s’en va.

Les autres amis qui doivent nous rejoindre au bar se décommandent tous les uns après les autres. Personne ne viendra, on n’est plus que deux, j’ai envie de pleurer. A ce stade, je n’espère même plus que tout ça est une vaste comédie pour me faire une big surprise.

Le patron de la boite nous vire de la table où on était parce que « Ya des gens qui ont pris une bouteille, EUX ». Et je décide que ça suffit, rentrons. Je suis triste et hyper déçue. Mister Perfect s’est tiré sans payer, on récupère la note. Merci Mister Perfect. Le cadeau était génial, mais là tu as sérieusement chié dans la colle.

Entre nous, je ne crois pas une seconde à son excuse bidon. Il s’est trouvé une nouvelle copine depuis la veille (il s’est séparé il y a deux semaines d’une fille au nom improbable qui lui "faisais ressentir pour la première fois des choses qu’il n’avait plus ressentie depuis « The One », celle qui a vraiment réussie à l’accrocher" (mais ça ne fait que la 4^e fois qu’il me fait le coup depuis le début de l’année), et il était très très malheureux environ une semaine, mais heureusement il a rencontré Machine, tout est oublié, et si vous voulez mon avis c’était l’appel de la bite, et il a été assez intelligent pour me le cacher – mais assez naïf pour penser que je croirais à tout ça.

On rentre.

Arrivé chez mon pote et ancien colloc, autre mauvaise surprise : la chambre d’ami est en bordel, mais pas grave, tu peux dormir sur le canapé. Il est trop petit pour toi ? Pas grave, tu dormiras pliée en deux, ah ah !

Et encore une nuit à dormir peu, et mal.

Pendant qu’Hector me réécrit, inquiet « Tu es bien arrivé ? Tu ne t’es pas vautré en voiture ? Vu que tu étais très fatiguée… ». Ouais, merci Hector. MERCI.

Et Happy Birthday Mademoiselle B.

C’était surement la soirée d’anniversaire la plus pourrie que j'ai eu. Et pourtant, ça aurait dû être génial ; j'ai eu trente ans, merde.