mardi 22 septembre 2020

Premier rencard/Fast date : Martin

First Fast Date avec "Numéro deux".

Parmi les 3 personnes qui m'avaient contactés lors de ma réinscription sur Adopte, il y avait Martin. 
Profil agréable, présentation amusante, pas de quoi fondre non plus - néanmoins, les messages qu'il m'envoie sont charmants, spirituels et très bien écrits. (On connait ma faiblesse face aux belles plumes).
Je me prête donc au jeu.
Ma méfiance n'est toutefois pas éteinte, surtout qu'il devient assez grossièrement séducteur, au point que ça en devient abscons : « Tu aimes Buffy et Heilung,... Es-tu réelle ????! »

Les messages sont sporadiques, il est clairement très (trop) occupé. 
Moi aussi, ça tombe bien : Histoire d'en finir, je fais comme avec Numéro Un et propose une rencontre rapide. Je dois prendre le train, je passe dans sa ville (il habite la ville d'à côté), nous pourrions aller boire un verre. 
Je le préviens 5 jours avant mais il me répond le jour même, et je n'ai le message que le lendemain - de toute façon, j'avais déjà blindé ma journée, voyant d'autres amis.

Je lui propose qu'on se voit entre mes deux trains de retour, où j'ai à peu près 1h de battement. Rdv hautement chronométré sans débordement possible : la technique me convient.
Il est lui aussi pris par le temps.
Je rejoins le bar qu'il m'a indiqué en sortant de la gare, et n'y trouve personne. J'attends 10 min, pas de nouvelles, je file retirer du liquide, m'acheter des bonbons, et m'installer en terrasse seule, et plutôt satisfaite. 
Je commence à rédiger un message poli : « Je crois que tu n'as pas l'espace mental nécessaire pour t'impliquer dans une rencontre, ça tombe bien, moi non plus...», lorsqu'il m'écrit qu'il arrive, qu'il devait préparer un déménagement, que c'est un peu la folie pour lui en ce moment.
Je remballe donc mon message avec un petit « Merde, raté ! ».

Lorsqu'il arrive, il est décontracté et souriant. Plutôt agréable, mignon dans son genre, sympathique.
Il me reste vingt minutes avant mon train. 

Ce sera un rencard express.

Je passe un bon moment, même si clairement, en vingt minutes, autant dire qu'on fait à peine connaissance.
Lorsque je pars, il m'envoie presque aussitôt un message pour me dire qu'il est frustré de ce temps trop court, qu'il ne pense qu'à me revoir, et qu'il faut qu'on organise ça.
Il emploie des mots très (trop) forts : « Tu occupes mes pensées en quasi permanence et d'une façon inattendue ». 
Qui peux dire une chose pareil après quelques messages et vingt minutes de discussion ?!
Mes signaux d'alerte s'allument.

Et puis plus de nouvelles de lui pendant 4-5 jours.
Je réalise que les messages qu'il m'envoie sont toujours pendant la nuit : 2h ou 3h du matin, jamais en journée.
Le délai de réponse est long.
Et lorsqu'il écrit, c'est de façon enflammée.
La suspicion commence à faire son chemin dans ma tête.
Suis-je devenue parano ? Je trouve que ça ressemble au rythme de quelqu'un qui a déjà une femme dans sa vie : écrire la nuit quand elle dort, ne pas toujours réussir à envoyer des messages, être dispo certains weekends.

Je le reverrai environ deux semaines plus tard. Nous irons boire un verre dans la ville de ma mère, où je passerai quelques jours de congés.
On se retrouve à 22h. Là encore, le choix de l'heure pour "un apéro" me semble complètement décalé.

Nous resterons ensemble jusqu'à environ 2h du matin. Je passerai un moment agréable, mais sans être charmée.
D'une part parce que je suis sans doute complètement indisponible pour qui que ce soit dans ma tête. Pire, côtoyer un homme me rend nerveuse : lorsque, charmeur, il est arrivé en posant sa main sur mon bras, je n'ai pas pu maitriser ma crispation, et j'ignore quelle expression j'ai arboré, mais il s'est reculé, les deux paumes levées, en disant : « Je suis désolé ! Je suis désolé ». (Ne pas penser que je ne me remettrai jamais d'Isaac, non, ne pas penser cela) 
D'autre part parce que l'homme est insaisissable - et pas dans le bon sens : je remarque qu'il esquive toujours subtilement les questions trop personnelles, et qu'il parvient avec un certain talent à laisser sa vie dans le flou. Après quelques heures de discussions, je ne sais toujours pas dans quoi il travaille, ce qu'il a fait, ses hobbies, où il habite. Tout semble mouvant, "pas sûr", "en cours de changement", "à définir".
Et pourtant, j'ai posé les questions ! Le peu que j'ai appris, c'est qu'il travaille "plus ou moins en lien avec l'informatique". ...Ce qui veut tout et rien dire.
Il est très attentif à ne pas se dévoiler, mais m'incite en revanche à tout lui raconter à mon sujet.
Les signaux d'alertes se mettent à clignoter furieusement.
Une petite phrase étonnante retient mon attention et illustre parfaitement ce sentiment d'esquive qui plane sur notre rencontre : « Plutôt que de se demander si on a des enfants, parlons de nos princesses Disney préférées ! ».
Dans l'absolu c'est drôle et j'approuve, mais il me semble que nos situations respectives nécessitent aussi d'être définies, c'est la moindre des choses ! 
Apparemment non.
Il aura aussi une petite phrase un peu tordu sur la liberté dont il a besoin, et qui, là encore, fera un son et lumière détonnant dans la partie "alerte rouge" de mon cerveau. Isaac me reprochait d'être trop attentive aux détails ; ce sont pourtant dans les détails que les gens se loupent et se dévoilent, et qu'on peut éclairer des zones d'ombre. Clairement Martin est un beau parleur, qui se donne certainement l'impression d'agir en gentleman avec ses belles phrases, mais qui n'est pas là pour être sérieux. La façon dont il tourne sa phrase me laisse penser qu'il peut mener (ou qu'il mène) de front plusieurs relations et que ça lui convient très bien comme ça.

A vrai dire, je commence assez rapidement à m'ennuyer. Les conversations superficielles ne m'intéressent pas, et le brouillard dont Martin s'entoure me fait perdre tout intérêt pour sa personne. 
Moment gênant lorsque, me surprenant en train de contenir un énième bâillement, il dira : « Tu sais, tu as le droit de bailler, je ne le prendrai pas mal ».

Pire, je devrais plusieurs fois lui définir les mots que j'emploie dans la conversation. Situation un peu surréaliste, et qui posera une autre question : vu le niveau apparemment élevé des mots qu'il utilisaient dans notre conversation écrite, comment ne peut-il pas connaitre un mot comme "béotien" ?  Ou d'autres, du même acabit ? Et que nous avons peut-être déjà employés par écrit ? 
Je m'interroge : Est-ce lui qui écrit ses messages ? Ou utilise-t-il des phrases toutes faites ? Ou se fait-il écrire ses messages par quelqu'un d'autre - ce qui expliquerait le délai de réponse ?

Il trouvera tout de même le moyen de me vexer, en me disant : 
- Ah, ça fout un coup lorsqu'on s'aperçoit qu'on a passé son bac il y a 20 ans ! 
- Je n'y suis pas encore !
- .... Ah bon ?
Me fixe avec insistance.
- ... Tu es sûre ?
Sûre d'avoir 33 ans, et pas 38 ? Ouais, un peu mon neveu. Je répond, glaciale :
- Certaine.
- Ah bon, dit-il d'un air peu convaincu.
Je fulmine.

Lorsque nous nous séparerons, il me dira qu'il espère me revoir, et que s'il le faut, il peut aussi venir dans ma ville « Juste pour toi ».

Il enverra ensuite un message superbe (et complètement excessif) lorsqu'il sera de retour chez lui, enchanté de notre rencontre, etc etc, me dira que je suis une "délicieuse créature", et... silence radio pendant dix jours.

Au bout d'une dizaine de jour, il me réécrira, un long message mignon et séducteur, où, sachant que je serai dans sa ville pour une fête avec mes amis (reconnaissons-lui qu'il se souvient parfaitement de mon agenda à long terme) il propose de m'inviter à dîner.
Je ne donnerai pas suite, par manque de temps.
Il m'enverra ensuite une photo d'arc-en-ciel, me disant que ça lui a fait penser à moi.
Mon portable (le 2e depuis le vol) lâchera peu ou prou à ce moment là, et je perdrai mes numéros non enregistrés (dont le sien, que je refuse d'entrer dans mon répertoire).
De fait, je ne pourrais pas lui répondre.
Il renverra un message, disant que visiblement, nous sommes tout deux très occupés.
Je profiterai de ce message pour lui écrire, et mettre fin à cette parodie.
A nouveau, il m'enverra un message excessif, qui me mettra affreusement mal à l'aise tant ça me semble décalé et hors de propos :

Je te remercie d'avoir pris le temps de me répondre, et de braver ainsi les déboires électroniques jusqu'à moi.
Pour expliquer un peu ma réaction, je supposais que tu avais préféré disparaître sans un mot, et préférais alors t'accompagner dans ta décision, malgré mon aspiration à nous recroiser.
Les perturbations imprévues, rencontrées depuis nos premiers échanges et responsables de cette absence de réactivité, furent pour moi exclusivement sur le plan géographique et professionnel, et bien-sûr temporaires. De ton côté, tu semblais plutôt avoir attrapé un rythme de croisière, j'ignore donc ce qui t'incita à garder de la distance.
Malgré notre asynchronie actuelle, je trouve qu'il est rare de rencontrer une âme avec laquelle on se sente suffisamment transporté pour ne pas se poser la question de l'envie de poursuivre la découverte. Pour ma part, j'ai ressenti ce bien-être lors de nos discussions et sorties, si peu fréquentes furent-elles, et te l'ai un brin formalisé me semble-t-il.
Tu es une fort chouette damoiselle, des jolis yeux aux baskets, de l'intelligence à la douceur. J'aurais rêvé que tu m'attrapes par la main pour découvrir ta bourgade, ou que je t'embarque après le boulot pour filer marcher dans la forêt.
A cette époque où il est si simple de tirer un trait sur l'autre, je n'en ai pas l'envie, mais peut-être est-ce selon toi plus adapté d'abandonner. Je suis du genre à m'accrocher lorsque le coeur me souffle que ça en vaut la peine, mais ne souhaitant pas être désagréablement insistant, je m'en tiendrai là.
Toutefois, si j'avais un souhait, ce serait celui de nous revoir, nous laisser le temps de nous libérer de nos contraintes, regarder où nous mène la ballade, caler des croisements à l'envie. Disons qu'il s'agit d'un unique arbre-souhait composé de plusieurs branches à définir.
Je me garderai bien de parler en ton nom sur ces questions, et serais évidemment ravi d'en discuter encore avec toi.
Tu n'auras qu'à écouter ce que t'inspire le maître Univers prochainement, dans deux jours ou deux semaines ou deux mois, et m'envoyer une bête à plumes si cela a finalement un sens pour toi.
Puisses-tu pardonner ces mots déposés avec maladresse mais sincérité.
Sois heureuse.
Bisouilles

Sincérité ? Mensonges ? Est-ce que c'est moi qui suis parano ? Est-ce que je vois le mal partout ? 
Très mal à l'aise face à ses mots, je déciderai de ne pas répondre. D'une part car je garderai en tête que je me suis ennuyée pendant notre rendez-vous. D'autre part parce que, si cette situation m'angoisse et me rend parano, inutile d'insister, ce n'est pas le moment.
Je couperai également les ponts avec Gérard-Nicolas, et déserterai (avec soulagement) Adopteunmec. Tout en essayant de ne pas penser que je suis "cassée".

4 commentaires:

  1. Ah ! Intéressant !!
    "Je suis cassée" => difficile de se sentir en mode waouh en sortant d'une rupture, d'une relation qui a durée plusieurs mois. Ça prendra du temps.
    Que tu voies des hommes c'est déjà nice en soit, que tu ne sois pas dispo émotionnellement, c'est une autre chose. Mais tu passes un cap et c'est vachement bien.
    D'ailleurs, en parlant de cap, t'en as passé un ÉNORME : à présent, tu sais et tu captes les red flags... bah je te le dis, c'est pas donné à tout le monde !

    Même si une histoire se termine et que c'est tristoune à mort pendant un temps, on en ressort avec plein de choses positives : tu connais les signes qui ne te conviennent plus VS avant, tu aurais ptre été sous le charme. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, tu sais ! Et ça bordel... bah c'est un sacré bon point. On en apprend tous les jours, on en ressort toujours plus grand et plus fort.

    Force et honneur ma gueule. C'est pas facile mais quelle avancée !!!

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    1. J'avais pas vu les choses sous l'angle du bright side of life.
      Bon sang, mais t'as raison !!
      Merci sister ! Force et honneur à toi, la gladiator de la rencontre amoureuse <3

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  2. Ce qui m frappe dans son texte, c'est la prose enflammée, lyrique, en contraste total avec le "bisouilles". C'est drôle...

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    1. Oui hein, c'est très bizarre. Ya un décalage assez dingue chez ce type, entre ce qu'il écrit, ce qu'il dit, et comment il apparait/est.
      C'est trop louche pour moi tout ça...

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