Cet article n'est pas une attaque contre les belges.
J'ai reçu une réservation de 3 nuits pour un couple. Ils ne rentrent pas dans les détails lors de nos premiers échanges, mais j'apprends rapidement qu'ils sont tous les deux belges, que lui travaille en Suisse, et que s'il rentre voir sa femme, il doit ensuite observer une quatorzaine stricte de retour en Suisse - bref, c'est impossible.
Du coup leur solution, c'est de se retrouver pendant quelques jours parfois dans un autre pays, parfois à mi-chemin de chez eux.
Ainsi ai-je accueilli dans un premier temps le mari, arrivé avant sa femme (et qui m'expose donc leur situation). Nous l'appellerons Freddy, au regard de sa moustache.
Il fait très chaud, il arbore un tee-shirt rouge vif inondé de sueur, une moustache foncé, et son crâne aux cheveux fins, longs et rares, dégouline. Bien sûr il a un accent belge à couper au couteau, et il me fait des blagues que je ne comprend pas, pendant qu'il s'esclaffe en disant "c'est de l'humour belge ! Ahahah! !". Je me demande si c'est raciste de considérer qu'il y a un humour spécifiquement belge (surtout si ça plonge l'autre personne dans des abîmes d'incompréhensions et une véritable tétanie du sens de l'humour), ou si ça peut rentrer dans le cadre des fiertés nationales.
Son utilisation du terme "ça joue" pour acquiescer (je suppose que c'est l'équivalent de "ça roule") achève de me plonger dans le désarroi.
Je le laisse s'installer et se rafraîchir, après qu'il se soit extasié devant la chambre, la salle de bain, la cuisine et le jardin. Je le trouve un peu excessif tout de même - et sa blague sur les cotes de veau, juste pour me faire pâlir parce que je suis végétarienne, m'a laissé un peu raide.
Je vais couper des trucs dans mon jardin (ma deuxième passion, après "planter des trucs") et il me semble entendre des cris, ou des éclats quelconques, mais les sons sont emportés par le vent, et je ne parviens pas à isoler la source. Je hausse les épaules, et me dit brièvement que c'est encore mes voisins qui s'envoient en l'air à grand bruit - ou qui s'engueulent ; la seconde solution étant malheureusement devenu la plus fréquente ces derniers temps.
Je n'y pense plus, tout à ma satisfaction d'avoir accueilli une nouvelle personne, mon accueil bien rodé et impeccable, puis d'avoir taillé au sécateur plein de trucs dans le jardin, et je remonte tranquillement ma lessive propre, que je vais étendre dans ma chambre.
Toutes les portes et les fenêtres de la maison sont ouvertes pour aérer.
C'est la fin de l'été, le vent fraichi agréablement et porte déjà l'odeur de l'automne. Les oiseaux pépient joyeusement, et je chantonne du Metallica, une pince à linge dans la bouche, pendant que j'accroche mes petites culottes, quand il me semble réentendre ce bruit.
C'est plus un gémissement aiguë, en fait.
Je me penche à la fenêtre, en me disant que, tout de même, ils exagèrent, ils pourraient fermer leur fenêtre... Et je réalise que le bruit viens de l'intérieur.
Plus exactement de la chambre d'amis, dont la porte est, comme je le disais, restée grande ouverte.
Ébahie, je réalise que la seconde personne est visiblement arrivée, et qu'ils se sont indubitablement jeté l'un sur l'autre immédiatement.
Les gémissements suivants ne font plus aucun doute.
Extrêmement gênée, je laisse ma lessive en vrac, et file me réfugier dans le jardin, non sans faire craquer le parquet, me disant, horrifiée, qu'ils vont entendre et comprendre que j'étais à quelques mètres d'eux.
Dans le jardin, j'entends tout de même leurs ébats, malgré le fait qu'ils soient au 2e étage.
Je tâche de rester optimiste, et me dis que ce sont leurs retrouvailles. Qu'ensuite ça ira mieux, et qu'ils fermeront les portes.
Grave erreur.
Plus tard, je retourne dans la maison et me prépare à manger, bien décidée à ne pas me laisser intimidé par cette maladresse.
Ils redescendent, le type est toujours aussi suant (probablement, cette fois, pour d'autres raisons), et la fille est une mignonne petite trentenaire à la peau hâlé, qui arbore un immense sourire extatique et des joues roses.
"Tu m'étonnes...", me dis-je en moi même.
Ils me proposent de partager une bière, et j'accepte, même si je déteste la bière, me disant que c'est l'occasion de dépasser ce mauvais départ. Ils échangent un regard ennuyé, et je réalise qu'ils attendaient plutôt que je refuse.
Nous trinquons donc plutôt rapidement, et échangeons vaguement sur nos vies. C'est poussif, et je suis plus mal à l'aise que jamais - tout en m'efforçant de ne pas grimacer à chaque gorgée.
Ils me disent qu'ils vont sortir boire un verre, qu'ils vont chercher leur veste et ressortir. Ils remontent en gloussant, et redescendent 40 min plus tard, les joues roses et les vêtements froissés.
Je m'enfuis dans ma chambre, désespérée.
Ces trois jours vont être longs...
Et je ne crois pas si bien dire :
Ce n'est qu'une succession de moments où ils descendent boire une bière ou un café (ils réalisent l'exploit de me flinguer toute la réserve de café en une journée et demie) et où ils remontent baiser toutes portes et fenêtres ouvertes.
Mortifiée, je n'ose plus croiser mes voisins.
Je me dis que je devrais dire un truc, faire une remarque... Mais je ne sais pas comment aborder le sujet, et je n'ai pas franchement envie de me lancer là dedans. Je préfère attendre lâchement qu'ils partent - après tout, c'est quoi, 3 jours ?!
Réponse : c'est LONG.
Je ne dormirai que quelques heures ces 3 nuits.
Lorsque je fermerai ouvertement toutes les portes, espérant qu'ils comprennent, ils les rouvriront. J'en arriverai à me demander ce que je dois comprendre : ils ont besoin d'un "public" pour l'excitation ? Ou alors c'est une forme d'invitation ?!
Ou sont ils juste complètement con et sans gêne ?
Je ne comprend pas pourquoi ils ont choisi une chambre chez l'habitant. Je trouve ça extrêmement irrespectueux pour moi.
Un jour, la fille me dira "le weekend prochain, nous nous sommes trouvés un petit chalet isolé, entre la Belgique et la Suisse"
Je répondrai sincèrement "Ah ben c'est super, au moins vous serez tout seuls !"
Elle me jette un drôle de regard.
Le 3e et (merci mon dieu) dernier soir, ils sortent boire un verre à l'extérieur - non sans être remontés 3 fois avant de partir, ça a bien dû prendre 2h.
Je savoure ma tranquillité, et vais prendre une douche. Ils sont parties depuis 30min, et, confiante, je me dis que je peux retourner à ma chambre en serviette.
C'est bien évidemment à ce moment là qu'ils entrent.
Je retourne vivement dans la salle de bain, pendant qu'ils ressortent précipitamment.
Je me dis que vraiment, fallait que ça m'arrive avec eux.
Ce dernier soir est le pire. Ils font plus de bruit que tous les autres soirs réunis, et j'entends même la fille moduler des "oh mon dieu ouiiiiiiiii".
Dépitée, je me dis que ma voisine fait aussi ce genre d'exclamation, et que, tout de même, ça fait plus "spectacle de magie" qu'ébats passionnés. Mais qu'en sais-je après tout, peut-être que le gaillard est en train de sortir un lapin de son chapeau ?! Ou d'un autre endroit d'ailleurs ?!
A nouveau toutes les portes sont ouvertes, et je dois attendre 2h du matin pour pouvoir m'endormir.
Je me débrouille pour les esquiver lorsqu'ils repartent, tellement être gréable et souriante avec eux est désormais au dessus de mes forces.
Dépitée, je calerai devant mes remarques Airbnb : Qu'est ce que je dis ? Ils ont tout laissé en l'état, ils n'ont rien cassés. Bon, les draps sont couverts de taches blanches, mais je ne peux pas les épingler pour ça - en plus ça part à la machine.
Lachement, je déciderai de ne pas laisser de commentaires. Je préfère ne rien dire plutôt que de mentir, et je ne me vois pas écrire "Sympas, mais passent leur temps à baiser bruyamment avec un accent belge".
En revanche ils me laissent un commentaire. Plutôt sympa et consensuel, des notes assez moyennes toutefois, et en commentaire privé :
Et pas de très bonne humeur.
Tous les belges n'ont pas l'accent assorti à un humour gras ;) j'imagine que ça a dû être très très long... et le com' à la fin, sans commentaire justement!
RépondreSupprimerJ'espère !!!!
Supprimer...
Hum....
Tu es belge ?
XD
Non, en réalité, j'ai déjà eu d'autres belges en location, et je n'ai pas eu de problèmes. Je pense que cette mésaventure aurait pu avoir lieu avec n'importe qui ; le respect (ou l'irrespect) des lieux et des personnes, ce n'est pas l'apanage d'une nationalité ! En tout cas, en 2 ans de locations, c'est la première fois que je vis un truc pareil (ce qui est finalement assez rassurant)