Les funérailles ont eu lieu dans l'église où j'ai fait ma communion. Peut-être même y ai-je été baptisé. Mon école primaire était juste à côté - et j'adorais aller faire du patin à roulettes (oui, on disait encore "patin à roulettes") sur le parvis de l'église, qui était super lisse et qui roulait bien mieux que les trottoirs irréguliers - mais le curé ne voulait pas, parce que ça abimait les marches, alors je me faisais chaque fois houspiller.
Mademoiselle B.
samedi 10 août 2024
dimanche 7 avril 2024
Mamie est à l'hôpital (7/8)
A partir de ce moment, après ces minutes à l'entourer dans un silence de cathédral, c'est un branle-bas de combat : les infirmières entrent, le médecin arrive et nous demande de sortir, et, hébétés, nous nous retrouvons dans le couloir, choqués, dépassés. Aucun de nous ne dit rien. On sait. Et pourtant, c'est seulement lorsque le médecin - le grand dadais, comme disait mamie - ressortira, et nous serrera la main en nous présentant ses condoléances, que nous laisserons éclater notre tristesse.
lundi 18 mars 2024
Mamie est à l'hôpital (6/8)
Le jour de l'anniversaire de mariage, mamie n'était déjà plus vraiment consciente.
Les jours qui suivirent, elle ne le fut plus du tout.
Nous continuions à l'entourer, à la masser quand elle gémissait dans son sommeil, à lui tenir la main. Mais désormais, nous n'avions plus d'échanges avec elle.
lundi 4 mars 2024
Mamie est à l'hôpital (5/8)
J'ai le sentiment que l'on marche sur un fil. Nous vivons des moments suspendus, et ça ne durera pas longtemps : le fil, c'est mamie. C'est la vie avec elle dedans. Et bientôt, ce fil va casser. Et le monde qui existera alors, ce sera un monde que je ne connais pas. Un monde sans elle.
lundi 12 février 2024
Mamie est à l'hôpital (4/8)
Nous étions donc désormais au complet - moins mon oncle, qui a préféré bouder... Au grand soulagement de tout le monde, il faut bien l'avouer.
C'est aussi là où l'état de mamie s'est mis à se dégrader très vite. Les médecins n'étaient guère surpris : toute sa volonté était tournée vers le fait de revoir ses enfants une dernière fois. Désormais, elle pouvait lâcher prise.
C'est à ce moment là que nous avons commencé à dormir à l'hôpital. L'arrivée des deux garçons nous a simplifié un peu la vie : ils logeaient chez papy, s'occupaient de lui faciliter la vie et de le soutenir.
Ca nous rassurait beaucoup - et je n'avais plus à ajouter un détour de 30 min pour le déposer, avant de rentrer dormir un peu.
dimanche 21 janvier 2024
Mamie est à l'hôpital (3/8)
A partir de ce moment, je flotte quelques pas au dessus de ma tête. Lorsque je le lève pour aller à l'hôpital, j'ai l'impression que mon corps fonctionne en pilote automatique, comme une marionnette, et que mon esprit en tire les fils, loin au dessus, quelque part.
Je me souviens d'un matin où je descendais l'escalier de l'immeuble de ma mère. Le soleil tombait paresseusement sur les marches, m'éblouissant à demi, et j'avais l'impression qu'à tout moment, quelqu'un couperait mes fils, et que j'allais juste m'effondrer comme une poupée de chiffon.
Je ne comprenais pas comment je tenais debout. Comment c'était juste possible.
Et pourtant, je ne suis jamais tombée.
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