Décembre commence, et j’ai décidé que c’était le début de ma nouvelle année,
de ma nouvelle philosophie, ou du moins d’une nouvelle façon de penser, d’agir,
et… Bref, de mes bonnes résolutions.
Oui, je décide arbitrairement que je ne vais pas attendre janvier, juste
parce que c’est officiellement la nouvelle année.
Et puis je vais pas repousser d’un mois mes bonnes résolutions, juste pour
coller au calendrier.
Et j’ai pas envie d’appeler ça autrement que « bonnes résolutions ».
Bref, tout ça n’a aucun sens, mais je me comprends.
(Fin de l’intro)
J’ai vu Monsieur Sophrologie. Qui est vraiment sophrologue,
finalement. Dingue : pour une fois que je comprends du premier coup.
J’ai donc fait mes 141 kilomètres pour y aller, c’était long et crevant,
j’avais reçu un texto avant de partir « la séance est à 55€, je te la
fais à 45€ », et pendant 141 km je me disais « Putain, tu roules 2h pour voir
un mec à qui tu vas lâcher 50 boules, tu vas ruiner ta voiture, ça va te couter
une putain de blinde en essence, qu’est-ce que tu fous bordel ?! T’es en train
de prendre toutes les pires décisions possibles pour te foutre toujours plus
dans la merde ?! T’es vraiment une grosse naïve. Et une quiche. Ouais, t’es une
foutue quiche, voilà ! ».
(C’est marrant comme je pourrais jamais laisser personne me causer sur ce
ton, alors que je le fais allégrement avec moi-même)
Arrivée sur place, pile à l’heure, j’étais donc anxieuse, à me demander si
je n’étais pas en train de faire une connerie. A me demander si je me sentais
vraiment prête à parler, là, maintenant, tout de suite. Ca faisait des jours
que j’attendais cette séance, et pourtant j’étais prête à me dégonfler. Je
savais plus ce que je voulais raconter. Et par quoi commencer. Et en quels
termes. Et…. Et puis bon, j’avais roulé 141 km, j’étais devant la porte, je
n’allais quand même pas repartir !
J’ai sonné.
J’ai ré-envisagé l’idée de repartir.
Je me suis dit que j’étais une quiche – d’être venue, et aussi de vouloir
repartir. Une quiche, une quiche, une qui… ça a ouvert.
En fait, j’étais immédiatement contente de le revoir. Souriant, toujours
prêt à éclater de rire, et qui déborde d’énergie positive. Une personne hyper
solaire.
On s’est installé dans une pièce aménagée bizarrement, mais
confortable ; il m’a expliqué la genèse de la pièce, la genèse du « cabinet
», son parcours, pourquoi, comment….. Et là je me dis : « Oh, cool, c’est lui
qui parle. Bon, ça me va. Bon, hé, cela dit, si je paie 45€ et que c’est lui
qui cause, c’est quand même un peu l’arnaque. Mais merde, jsais même pas par
quoi commencer. Et puis je vais l’emmerder avec mes atermoiements idiots. Raah,
putain, mais tu le PAIE pour ça, guichoune ! Bon, n’empêche que j’ai pas trop
envie de parler en fait…. L’angoisse…. Ah ben je suis bien barrée comme ça ».
[Ce n’était pas très polie de ma part, ce monologue intérieur pendant qu’il
me parlait – tant que j’y étais, je pouvais aussi sortir mon portable hein,
allez, j’aurais pas été moins attentive]
Bref, au bout d’un moment il y a quand même bien fallu que je parle.
Pour résumer, la séance a duré 1h30. C’était juste du délire. Et en sortant,
j’ai arrêté de me dire que j’avais fait un mauvais choix. Non, j’ai vraiment
fait un premier pas vers du mieux.
Je ne sais même pas trop comment en parler.
Qu’est-ce que j’en retire ? Pour l’instant, j’ai causé plus d’une heure, et
déjà ça m’a fait du bien.
Ensuite, j’ai réalisé quelques trucs rétrospectivement :
- J’ai beaucoup parlé de mecs (normal, je suis obnubilé par ça ces
temps-ci), mais sans trop comprendre comment, je suis remontée à mon père
biologique (qui s’est tiré à ma naissance - les responsabilités, c’était pas
trop son trucs), puis à mon beau-père (qui m’a foutu dehors à 18ans – les
personnes qui lui tiennent tête, c’était pas trop son truc).
Et là je me dis qu’il y a ptetre un truc a creuser, parce que je vois pas le
rapport entre ma vie affective et ça (enfin, à priori, je voyais pas le
rapport)
- J’ai pas arrêté de m’excuser. D’être là, de parler, de le déranger, de pas
savoir à qui parler parce que je ne veux pas déranger les autres, … Bref, au
bout d’un moment même moi j’en avais marre de m’excuser d’exister (parce que,
bon, c’était un peu ça). Mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Alors que je
vais le payer, cet homme, c’est un professionnel. Mais non, j’arrive encore à
m’excuser d’être là. Je ne comprends pas. Mais sérieux, je me dis que c’est
quand même hyper révélateur. D’autant plus que je vais le voir parce que je
sais pas à qui parler parce que je suis persuadée que j’ai saoulé tous mes amis.
- J’ai un peu pleuré pendant que je parlais (Ah ben dit donc, j’y croyais
plus, je ne suis donc pas un caillou, bonne nouvelle). J’ai vite ravalée tout
ça. Un peu de honte. Je crois que c’est ça, qui se passe depuis trop longtemps
: je ravale. J’enfouis. Et peut-être un peu trop.
- Il m’a demandé ce que je faisais pour moi. Vêtements, soins,… Qu’est-ce
que je faisais pour prendre soin de moi, me faire du bien.
J’ai été absolument incapable de donner une réponse à cette question.
Qui donc pourrait être « je fais du rien ».
(J’avais bien envie de dire « Je m’envoie en l’air de temps en temps
avec un homme magnifique qui me fait oublier que la terre tourne. Et sinon j’ai
un vibro », mais pas sûre que c’était vraiment une réponse… heu…
appropriée)
Ou alors une justification fumeuse du genre « J’ai envisagé de
m’acheter de nouveaux vêtements et me réapproprier ma féminité, mais j’ai plus
une thune, et de toute façon j’ai perdu 7 kg, je nage dans tous mes vêtements,
et j’attends de retrouver un poids normal pour faire du shopping plutôt que
m’acheter des fringues qui ne m’iront peut-être plus dans 3 mois ».
Ce qui est vrai. Mais est-ce que ça implique que du coup, je lâche complètement
l’affaire ? Nan parce que c’est bien beau de dire « Bah, on verra ça
quand j’aurais repris un peu de poids », mais c’est quand même repousser à
plus tard, il faut être honnête.
Lui m’a dit qu’il m’avait entendu, et compris. Qu’il allait intégrer tout
ça, et réfléchir à comment on va travailler. Qu’il lui parait important de
travailler sur le fait de laisser le passé dans le passé, et d’arrêter d’en
être blessé. Entre autre.
Que quoiqu’il arrive, je ne devais pas me désengager. Il a beaucoup insisté
sur ce mot (que j’aime bien, pour le coup). Je me suis vaguement sentie
coupable, moi qui ai hésité à sonner en arrivant (est-ce qu’il m’a vu, hésiter
et fulminer devant sa porte ?!).
Mais aussi de ne pas arrêter d’y croire, en général : à propos des
hommes, de l'amour, de la vie en général. Que j’avais des tas de choses qui
sont « en chemin » pour moi.
Que parfois, on obtient quelque chose, et ce n’est pas exactement ce qu’on
attendait.
Il est beaucoup dans un schéma de « arrive ce qui doit arriver, tout à un
sens ».
C’était aussi mes croyances, il n’y a pas si longtemps. J’avais l’impression
que tout avait une raison – et j’avais l’impression que tout convergeait vers
la réussite du concours : super préparations, du temps, le-mec-de-la-salle-de-sport
qui s’éloignait et donc me brisait le cœur mais du coup me donnait la volonté
de m’absorber dans des révisions qui me faisaient l’oublier… Et pourtant je
l’ai raté. Du coup je me dis que tout ce qui me semblait avoir du sens n’en a
pas, et que je suis perdue dans un monde absurde, gouverné par le hasard. Et ça
me fout une putain de trouille (chacun sa religion hein).
En cours de route, il m’a dit « Tu viens de loin. Je pense qu’il n’y a pas
de hasard si tu viens me voir moi – il y a d’autres sophrologues plus près,
mais c’est ma mission de m’occuper de toi. On va partager les frais de séances
: tu me donneras 25€. Je prends le reste à ma charge ».
Et en fin de séance, il m’a dit « Là c’était la prise de contact,
l’anamnèse. Tu ne me dois rien aujourd’hui ».
(Une de mes copines, à qui j’ai raconté ça, a levé un sourcil
incrédule : « T’aurais dû rester 20 min de plus, c’est lui qui
t’aurais filé de l’argent ! ‘’Allez, tiens, 10€ pour le
déplacement !’’ »)
Bon j’avoue, c’est un soulagement.
Mais les prochaines séances, je souhaite le payer, même un montant
symbolique. Sinon j’aurais cette impression dérangeante d’exploiter sa
gentillesse, sa lumière. Et je risque de continuer à m’excuser à chaque phrase.
(Et personne n’a envie de ça)
Il m’a dit que j’avais fait le premier pas, que je m’investissais, que je
faisais de la route pour venir, que j’ai la volonté d’aller mieux, que je veux
aller mieux, et que c’est le plus important, que c’est le plus dur. Et donc que
c’est fait.
J’avoue que j’oscille entre « oui, ça va le faire ! Je lui fais
confiance ! », et « Pfffff, est-ce que c’est vraiment possible,
un monde où je vois pas tout en noir ?! ».
Je le revois le 13 décembre. La veille de mon départ en Afrique. Et on va
essayer de caler des rdv toutes les 3 semaines. Il veut qu’on prenne le temps.
Et j’aurais des « exercices » à faire entre chaque séance.
Pour l’instant, mon objectif c’est mon voyage, dit-il. (Il a raison, je pars
dans une semaine et je ne sais toujours pas où je vais dormir)
Ensuite, je dois réfléchir à la personne que je veux être, et ce que je veux
garder comme qualités, ce que je veux abandonner comme défauts.
Je dois me dire le soir « Je vais y arriver ». Autant le dire tout
de suite : je suis moyen convaincue quand je me dis un truc pareil :
- Mais…. Comment je
peux me dire ça alors que je n’y crois pas une seconde ?!
- Mais tu vas y croire
!
- …. Non, je ne pense
pas.
- Tu te le dis quand
même. Tu t’adresses à ton inconscient. Ton inconscient l’entendra. C’est
important. Et tu te le diras jusqu’à ce que tu y croies.
- …………… Mouais
(Il va vite comprendre qu’il accepte de s’occuper d’une grosse relou – et en
faisant les séances à moitié prix, qui plus est)
Il a toutefois bien aimé mes deux idées de listes, dont je
parlais ici : Les aspects positifs de 2016 (ceux que je n’arrive plus à
voir ces temps-ci parce que je vois tout en noir), et 12 projets pour 2017.
Je dois travailler là-dessus pour notre prochaine séance, et ébaucher un
truc. Ce que je trouve assez sympa à faire, pour le coup.
Ce qui m’amène à ce que je disais en introduction : j’ai décidé que mon
« début », mon renouveau, ça sera dès décembre. Dès maintenant.
Puisque j’ai déjà commencé :
- J’ai vu Monsieur Sophrologie, j’ai décidé de reprendre ma vie en main.
- J’ai chouiné auprès de mon médecin pour avoir des séances de kiné
(courbatures permanentes à force de stress et d’angoisse… Et envie de me faire
masser, au frais de la sécu. Si ça c’est pas prendre soin de soi…)
- Je pars en voyage dans une semaine, à la rencontre (bon, ce sont des
retrouvailles en fait) de l’Afrique. J’espère me redécouvrir, apprendre sur
moi-même, m’enrichir en tant que personne… Et genre découvrir le sens de la
vie, soyons foufous. (J’ai peut-être de trop grandes aspirations à propos de ce
voyage)
- Et surtout, avoir des vacances. Me reposer. Parce que je pense que je suis
surtout très très fatiguée, moralement, mais aussi physiquement. Mes dernières vacances remontent à début juin (et mon voyage catastrophique avec l'Homme-de-ma-vie), et depuis, j’ai quand même grave mangé. Et ça se trouve… Bah peut-être
que les choses me paraitront moins compliquées quand je serais reposée et que
j’arriverai à prendre du recul.
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