Premier rencard : Francky

Je discutais depuis plusieurs mois avec un type plutôt sympa, et capable de tenir une conversation – ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Militaire, il était en mission, c’est pourquoi nous avons mis 4 mois avant de nous voir.

Vu les dernières crises d’Hector, j’avais plus que jamais envie de voir autre chose, et me changer un peu les idées.

Nous avions prévu de nous voir quand je sortais du boulot, à 19h. Je lui ai donné un lieu de rendez-vous, il a dit ok, et qu’il appellerait en arrivant.

19h07, j’ai froid, je rentre dans le café.

19h11, j’envoie un message pour dire que je suis rentré. Pas de réponses.

19h20, par culpabilité devant l'oeil inquisiteur des serveurs, je commande un verre.

19h33, il appelle : « J’arrive au café ».

Pas un « désolé du retard », pas d’explications, rien. Je bous.

« Tu as déjà commandé ? »

Oui, visiblement. J’ai même presque fini, et tu étais à 2 gorgées que je me casse.

Ses yeux sont continuellement à me déshabiller du regard, ils se perdent sur ma poitrine (alors que, bon, du calme mec, je fais du 85A hein !), j’ai l’impression d’être assise avec un mec qui n’a jamais vu une fille de sa vie. Je suis ultra mal à l’aise.

On ne trouve rien à se dire. Il me raconte son boulot en long en large et en travers, et, Mon Dieu, je m’ennuie terriblement. Ensuite il y a de grands silences gênants, où aucun de nous ne trouve de choses à dire. Au bout d’un moment, je n’arrive même plus à cacher mes bâillements. Je me fais vraiment chier.

Il me demande si je prends un autre verre.

Putain surtout pas.

« On mange quelque part ensuite ? »

Putain surtout pas.

« Je suis attendue à 21h, je pars maximum à 20h30 »

« Oh déjà ? » dit-il d’un air déçu.

« Je pensais qu’on se voyait à 19h, c’est ce qu’on avait dit, du coup ça aurait fait moins court… » (Sous-entendu : si tu avais été à l’heure)

« … Désolé pour l’attente ».

ENFIN des excuses !! Je n’y croyais plus. 
Mais c’est un peu tard, mec.

20h30, je bondis comme un diable de sa boite : « Ah, je dois y aller ! ».

Même moi je réalise tout le soulagement qu’il y a dans ma voix.

Il insiste pour payer nos deux verres. Je ne bataille pas, mais j’avoue que j’aurais préféré qu’on paye chacun nos trucs de notre côté, et qu’on oublie à jamais nos existences communes.

En sortant, il me dit « J’espère qu’on se reverra ! ». Je fais un bruit de gorge à mi-chemin entre l’effroi, la plainte et le rire nerveux. C’est tout ce dont je suis capable, et je m’en veut un peu tout de même. Ensuite je m’enfuie aussi vite que mes talons me le permettent.

Je rentre chez moi avec bonheur, le plaisir d’être chez mois multiplié par le soulagement d’avoir échappé à cet enfer. Ça n’a duré qu’à peine 1h, mais ça m'a paru bien plus.

Je réalise que je ne sais même pas comment s’appelle ce mec, il ne s’est même pas présenté sous son vrai prénom. On va l’appeler Francky. (Mais inutile de le retenir, c’était un one-shot).

Dans la soirée, il m’a envoyé un message : « Ça m'a fait plaisir et j'étais ravi de te rencontrer. J'ai bien aimé discuter avec toi. Bonne soirée et à bientôt... ».

Heuuuu… Mec, on n’a PAS discuté, c’était une succession de moments gênants et de détails techniques sur ta vie de militaire. Il s’est trompé de numéro là, ou on parle bien du rencard qu’on a eu ?!
Et ce "à bientôt" suivi de points de suspensions : putain, surtout pas.

Au départ je ne répondais pas, j’étais un peu dans l’optique de faire la morte (enfin sérieux, il ne peut pas avoir le sentiment que ça s’est bien passé !), mais Copine#1 m’a engueulé en disant qu’elle détestait que les mecs lui fassent ça, et que je ne devais pas le faire. Grrrmmmbbbllll. Elle n’a pas tort. 
Alors j'ai envoyé un message (puisqu'il a insisté, comme on peut s'y attendre), pour dire que personnellement j'avais trouvé qu'on avait pas grand chose à se dire, et que je n'avais pas envie de revoir une personne qui se pointe une demi-heure en retard sans même s'expliquer. Et que je souhaitais qu'on en reste là.
J'ai cru qu'il ne répondrait pas (cela dit, ça m'allait très bien). Finalement le lendemain il m'a écrit pour me dire qu'il ne s'est peut-être pas expliqué, mais qu'il s'est excusé (moui... L'aurait-il fait si je n'en avais pas parlé ?). Mais que bref, c'est mon choix et qu'il le respecte. (C'est un peu mélodramatique là, ou c'est moi qui m'énerve pour rien ?)

Conclusion : Fin de l'histoire, merci, au revoir.