Comme je suis vive comme l'éclair et surnaturellement clairvoyante, je n'ai rien compris, et le doute subsistait.
Le spectacle de fin d'année a eu lieu. Moment de grande excitation pour tout le monde... Mais pas vraiment pour moi. Danser devant 200 personnes ? Aucun problème. Je ne connais pas les chorégraphie ? Bah, détail ! On m’embrigade à la dernière minute et je n'aurai peut-être pas de costume ? Rien de grave.
Pas une once de trac.
Je suis une machine.
Pas une once de trac.
Je suis une machine.
Rien de caractéristique lors de cette soirée. Le prof me
demande si ça va. Aucun problème. « Tu sais, le trac, ça passe ».
Ah non mais t’inquiète choupinou, ça va nickel.
« On ne t’entend pas, Mademoiselle B. ». Bah un
peu comme d’habitude en même temps, je suis loin d’être la personne la plus
extraverti du groupe !!
Lorsque je suis partie, il a failli dire quelque chose.
Il a regardé autour de lui. S’est ravisé. M’a juste dit « Bonne soirée,
rentre bien ».
Et puis ça m’est sorti de la tête.
La semaine suivante, avant-dernier cours. J’arrive un peu
en retard, je fonce au vestiaire (MJC = à l’autre bout du bâtiment, après 3
escaliers et 5 embranchements). Je me change, je repars en vitesse à la salle de danse (Avantage :
l’échauffement est déjà fait). Prof-de-danse m’attendais dans le couloir, avec
une flamboyante chemise rose bonbon. J'hésite entre « Nom de Dieu c'est ROSE ! » et « Bonjour ». J'opte pour la seconde option, nettement plus poli.
« Je tenais à te dire merci pour le
spectacle, tu as assuré, c’était vraiment super que tu viennes ».
Ah heuuuu, d’accord.
Je suis prise de court. Je trouve ça même un peu
disproportionné. Non parce que bon, j’étais derrière, à suivre tant bien que
mal les autres, je me suis très souvent gourée, il n’y avait rien d’extraordinaire là dedans : j’ai pas fait un
solo enflammé de Showgirl.
Mais admettons.
On discute un peu.
Et puis le cours commence.
On ne danse qu’environ 1h, pour ensuite aller voir le
spectacle de danse orientale « pour soutenir la prof ». Je vais m’asseoir
dans un coin, et je regarde pendant une vingtaine de minutes. A un moment,
Prof-de-Danse est venu regarder un bout du spectacle. J’ai eu l’impression qu’il
regardait plus dans ma direction que vers les danseuses. Et puis il est
repartit.
Lorsque je suis partie, Prof-de-Danse attendait dehors. Il me fait signe d’approcher.
Il me dit que la semaine prochaine, on va s’écrire.
Ah. D’accord alors.
Qu’on va essayer de se voir.
Ah.
Je ne sais pas ce qui se passe sur mon visage, mais il me
dit « N’ai pas peur hein ! C’est juste pour faire connaissance ! ».
Ah, heu, oui, d’accord.
Il doit sentir que je suis encore complètement apeurée,
parce que du coup il se met à parler sans s’arrêter « Je veux faire
connaissance avec toi parce que tu me plais. Tu me plais vraiment beaucoup. Et
j’aimerai qu’on se voit, et qu’on discute. J’espère que je ne me ferais pas
casser la gueule. Peut-être que tu as un copain. Mais voilà, je suis très
attirée par toi, ça ne se contrôle pas ».
Ah.
Oh.
Bordel.
Non vraiment, je n’ai pas du tout vu arriver ça.
D’ailleurs je lui dis : « Je suis très surprise ».
« Ah bon ?! » Et il rigole. Hum, il doit y
avoir une histoire derrière cette réaction (genre tout le monde a déjà remarqué
sauf moi ?)
Cela dit, je suis très embarrassée, j’ai du mal à
intégrer toutes ces informations, et pour l’instant j’ai juste envie (et
besoin) de rentrer chez moi, prendre du recul, et y réfléchir. Je prends donc
congé, et il se lève pour me faire la bise. Il pose sa main sur mon bras, et je
le sens presque soulagé d’avoir pu dire tout ça, et ne plus avoir à faire
semblant avec moi.
D’ailleurs il ne fait tellement plus semblant qu’il
me propose de passer chez moi boire un verre un peu plus tard. Oulah, tout doux
coco !! Mais c’était une petite blague (cela dit, ça reste un homme :
j’aurais dit oui, il serait venu)
Moi, comme toute femme du XXIe siècle, je sors mon
téléphone à peine arrivée dans ma voiture pour prévenir Copine#1.
« Mais c’est vachement bien ! …. C’est bien non ?! »
« Je ne sais pas… C’est mon prof. Et puis il est noir : ça se trouve, il a un pénis
gigantesque, et j’aurais pas le bon format >_< »
« C’est génial, tu vas pouvoir vérifier
scientifiquement ces rumeurs !! »
Formidable. J’ai toujours eu envie d’être un cobaye. Surtout si ça implique mon délicat p'tit minou.
« Ça n’empêche que ça reste mon prof. J’arrive pas à
le voir autrement que comme ″Le Prof″ »
« Oh la la, moi j’ai le fantasme du prof : n’importe quel mec
peut m’exciter s’il est prof »
« …. Moi je crois que j’ai la mentalité d’une écolière de
primaire »
Bref.
Me voici fixée.
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