Pourquoi j'ai arrêté Badoo - et autres sites de rencontre

Suite à l’article de Young Matka sur les rencontres, où elle disait être incapable de rencontrer « dans la vraie vie » des mecs, j’ai réfléchis à mon tour. Le constat est le même : je suis introverti, avec un supplément timidité, une carapace en acier trempé, une approche difficile et une confiance en moi vacillante. Le mélange n’est pas très heureux.

Mais clairement, les sites de rencontres ne résolvent pas pour autant mon problème. Après plusieurs mois sur Badoo (et avant ça sur Adopte un mec), j’ai tout arrêté.

Dans un premier temps, parce que j'en ai eu ras le pompon des complications avec les Mâles (Merci Hector)

Mais aussi pour toutes ces raisons qui m’ont conduite au Burn-Out des sites de rencontre :

Le fossé entre l’image et la réalité :

Tu vois la photo, tu rencontres le gars. Et tu réalises qu’il s’est passé quelques années entre les deux.

Ça m’arrive à chaque fois.

Hector lui-même : sa photo officielle a clairement des années - et des kilos en moins. Il y en a bien une qui est plus récente… La dernière, tout au bout du diaporama.

Anecdote qui m’a fait froid dans le dos :

Je discutais avec un mec pas trop vilain, qui avait clairement des problèmes de compréhension du tchat (les hommes ne comprennent pas que « oui » ou « non », ça n’entretient pas la conversation). Mais il faisait des efforts et me relançait, et même si nous n’avions pas de grandes envolées lyriques, ce n’était pas désagréable.

Un jour au boulot, un type me dévisage longuement. Vraiment longuement. Il est gros, habillé comme un clochard, à peu près aussi crasseux et il pue franchement. Mal à l’aise, je le regarde me regarder. Il me sourit. Je suis un peu révulsé, et je détourne le regard, bien décidé à l’ignorer.

Et puis au bout de 10 secondes, je réalise : Oh mon dieu, c’est  Jean-Jacques de Badoo !

Enfin, il y a deux solutions : soit Jean-Jacques a un grand frère obèse qui n’est pas trop porté sur l’hygiène, soit Jean-Jacques a une photo de 10 ans, 20 kg de moins et une douche en plus.

Je décide immédiatement de ne plus lui parler sur Badoo, pour ne pas entretenir d’illusions.

Quand je pense qu’une fois il m’a proposé un massage, j’ai envie de me laver le corps à l’éponge à casseroles.

Depuis, je l'ai recroisé et il me jette des regards franchement mauvais.

Dans la vraie vie : C’est moins compliqué. Dans la vraie vie, le mec crasseux, tu ne t’en approche même pas. « What you see is what you get », comme dirait la grande philosophe Britney Spears.

Cela dit, le mec canon, tu t’en approche pas non plus, parce que ça fait trop flipper.

Le fossé entre écrit et oral :

Tu parles avec un mec, il écrit mal, tu zappes direct. Et pourtant :

Le-mec-de-la-salle-de-sport écrivait mal, et je dirai même qu’il était totalement inintéressant à l’écrit.

Je l’ai rencontré. En 2h j’étais amoureuse de lui.

Ok, le reste de l’histoire est compliquée et j’ai pas encore vraiment tout digéré, mais j’ai passé des moments extraordinaires avec lui, et clairement ce mec m’a fait planer.

A l’inverse, tu parles avec un mec qui est intéressant, tu te dis qu’il le sera forcément à l’oral. Et tu rencontres Franky. Et tu pleurs.

Dans la vraie vie : idem, c’est moins compliqué. Dans la vraie vie, le mec qui peut t’accrocher parce qu’il est intéressant, ou drôle, ou qu’il dégage quelque chose, tu le vois.

(Mais t’es trop timide pour lui parler)

Le fossé avec la réalité :

Tout est faux. Hypocrite. On en fait des tonnes, parce qu’on cherche à pécho (pour la nuit ou pour la vie : peu importe, de toute façon tu sauras jamais ce que veut vraiment celui d’en face). Et du coup les mecs en font des tonnes.

Genre « Tu dois recevoir plein de messages vu comme t’es belle, j’espère que tu verras le mien ;) ;) ;) »

Nan mais s’teuplé : du calme hein.

Alors ouiiiiii, Copine#1, excédé, me disait « Mais c’est un compliment putain ! Tu voudrais qu’il dise quoi ?! C’est le jeu !! ».

Ouais ben le jeu, il pue !! C’est débile. Moi je trouve ça crétin, et faux, et pas crédible. En plus on parle d’une photo, merde.

Ensuite le mec s’est enflammé tout seul « J’ai grave envie de toi ». Oh la laaaaaaa ! Nan vraiment, moi ça me fait soupirer d’ennui et partir. Je suis peut-être désabusée, mais merde, ya quand même une suite logique normalement, non ?!

Dans la vraie vie : Les mecs ne te sortent pas des remarques à deux balles de ce genre. Ou alors tu les relègues au statut de dragueur de comptoir, et tu ne perds pas ton temps. 

Ou alors ça ne t’arrive pas dans la vraie vie. Parce que tu es moins bien qu’en photo/que ta photo est fausse/que ton vrai visage affiche « Me faite pas chier ».

Les psychopathes :

Ils te cherchent et te trouvent sur FB. Où ils t’écrivent. Mais pas sur Badoo (qui est pourtant gratuit).

Et donc là c’est clair et net que tu seras bloqué partout, mec : on n’entre pas dans mon cercle privé sans demander la permission, merci.

Ou alors ils t’écrivent 10 fois par jour. En dernier, j’avais répondu au salut de Jean-Etienne . Un sobre petit : « Bonjour, comment vas-tu ? »

Et Jean-Etienne : « Salut, je vais bien.

Tu es d’où ?

Tu fais quoi ?

Passe une bonne soirée.

Passe une bonne nuit

Bisous

Bonjour, tu as bien dormi ?

Tu ne me réponds pas ? lol

PUTAIN NON : j’ai une vie mec, et là tu me fais juste flipper.

J'ai aussi discuté assez longuement avec un type qui était soit con, soit naïf, soit qu’il me prenait pour une godiche (auquel cas il était donc con ET naïf).

Ça commençait bien, il aimait bien lire. On parle un peu bouquins. Et puis un soir il se lâche un peu, et sans trop de transition, il parle sexe hard, orgies, etc etc. Et il essaie, avec une subtilité toute masculine, de savoir si ça me brancherait. Je le rembarre. [C’est moi qui suis collé-monté, ou discuter "orgie" avec une personne que tu n’as jamais rencontré, c’est quand même hard ?!]

Jean-Kevin se rattrape donc tant bien que mal aux branches, en  disant que lui non plus n’aime pas ça. Et là, le tchat Badoo est bien fait, parce qu’en haut de la fenêtre de conversation, le site te propose des sujets en lien avec ce que l’autre a mis dans ses centres d’intérêts. Et donc grâce à un (subtil) algorithme, le site me dit « Brise la glace avec Jean -Kevin, et parles lui de Libertinage, 50 nuances de Grey et domination ! ».

Voilà voilà.

Sachant que, plus tard, Jean-Kevin m’envoie une photo de lui nu. « J’aime bien me montrer, et si ça fait plaisir c’est encore mieux ».

Non merci, remballe moi tout ça s’il te plait, on ne se connait pas.

Dans la vraie vie : Là par contre, pas de différences. Tu peux te faire agresser, suivre, harceler. C’est pareil – les psychopathes ne sont pas *que* derrière les écrans.

La différence, c’est que t’as pas l’option « bloquer cet usager » dans la vraie vie.

Les demandes particulières :

Il y a aussi eu Jean-Rémi, qui ne mérite pas d’être dans le paragraphe des psychopathes. Il est gentil Jean-Rémi, il écrit très bien, il est hyper poli... Et il a flashé sur moi pour une raison pas banale : il verrait bien en moi sa Dominatrice. Lui ce qu'il aime, c'est d'être soumis - au sens purement sado-masochiste du truc : il vit cette tendance à fond. Il me l'explique d'ailleurs très bien, et en détail.

Faut croire que mon visage qui affiche « Me faite pas chier » peut plaire dans certain cas. Mais de là à faire de moi une maîtresse dominatrice...

Quelque part il est touchant. Et vraiment sincère. Mais c'est juste pas possible, je ne suis pas fait pour être "Maitresse B."

Dans la vraie vie : Je doute que ça arrive ailleurs que dans des Clubs spéciaux (et sur internet). Mais notez que je peux me tromper. 

Ça marche, et puis pfuit :

Tu parles avec un type, et ça accroche bien. Tu discutes beaucoup et c’est intéressant.

Et puis du jour au lendemain, il ne répond plus ou se désinscrit. Bam, sans prévenir.

Le nombre de fois que ça m’est arrivé !!

En dernier, je discutais avec 2 mecs sympas :

Jean-Jean le sportif, agent immobilier et plutôt sympa. Bon, un jour il y a eu un grand couac : il m’a dit la veille pour le lendemain « On pourrait prendre un café demain matin avant que tu bosse », sauf qu’il ne répondait plus le soir pour fixer une heure.

Mais pas démonté, le mec me téléphone à 6h du matin.

Me réveiller avant 8h : l’erreur ultime.

Pfuit.

On n’a pas été prendre de café.

Et y’avait Jean-Nature, un peu bobo-bio comme moi, qui aimait le calme, la nature, les animaux. Du jour au lendemain il supprime son compte, alors qu’on était franchement en train de se dire qu’on se ressemblait beaucoup et tout et tout (ça virait même presque niaiseux, pour dire comme je me lâchais).

Ok, je le prends mal.

Deux semaines plus tard il réactive son compte l’air de rien.

Mais sans me recontacter.

Je le prends encore plus mal.

Pfuit.

Dans la vraie vie : C’est plus compliqué de disparaître, dans la vraie vie. Tu ne peux pas être là, puis pfuit.

Cela dit, le-mec-de-la-salle-de-sport l’a fait. A sa manière : arrêter d’écrire, puis se pointer à la salle avec une nouvelle meuf, sans prévenir.

A la réflexion, ça aurait été moins douloureux de vivre ça de derrière un écran.

Ça marche, et puis pfuit (2) : La conversation qui fout tout par terre

Ça marchait pas mal avec Jean-Guy. On parlait beaucoup et c'était intéressant. Bon, Jean-Guy souffrait d'un manque flagrant de confiance en lui (comme la plupart des mecs sur ces sites), et c'était clair qu'il n'y aurait rien d'autre que de l'amitié entre nous. Mais, hé, c'est déjà très bien !

Et puis on a parlé de politique.

Pfuit.

Dans la vraie vie : Allez, ça peut arriver à n’importe qui.

Quoique dans la vraie vie, je ne préfère pas parler de politique. Quand j’étais gosse, j’avais l’impression que 80% des divorces venaient d’une discussion sur les opinions politiques – alors que tu penses pouvoir tout dire à ta moitié. Aujourd’hui, même les gens que tu ne connais pas t'informent de leur vote, y compris quand c'est Extrême Droite, alors que t’as rien demandé.

La vexation ultime :

Jean-Lou, une vingtaine d'année commence à discuter avec moi. Je ne sais plus comment il m’accroche, mais je le trouve intéressant, même si je me dis qu’il sera surement bien trop immature pour que la conversation me passionne. Essayons tout de même – là je suis dans un mode « tchat », hors de question de m’imaginer quoi que ce soit avec un type de 19 ans. On papote, il me fait « Tu cherches quoi ici ? ».

[Ah, tiens, ben ça aussi ça me faisait ultra chier, les « Tu cherches quoi ici ? », et les mecs qui ne te répondent plus quand tu as dit ce que tu cherchais. De toute façon la réponse est forcément binaire : soit ils cherchent du cul, soit ils cherchent la femme parfaite. L’un dans l’autre, t’es baisé]

Je lui retourne la pareille : « Et toi, tu cherches quoi ? »

……

Je cite :

« Je cherche à m’amuser sexuellement avec une femme mature ».

Ok, j’ai lu ça, j’ai pété un boulon. Quelle sale petit merdeux ! Je ne suis ni mure, ni mature ! Je suis trentenaire, merde !

J’ai répondu un truc du genre « Désolée, mais moi ça ne m’intéresse pas de coucher avec un gamin ». Sérieux !

Dans la vraie vie : Alors là je sais pas. Déjà que j’aurais jamais pensé qu’un truc pareil m’arrive… L’humiliation est encore cuisante, vous ne vous rendez pas compte.

Conclusion : Beaucoup d’énergie et de temps utilisé à rencontrer « au hasard » des hommes. « Au hasard » parce qu’au final la réalité est toujours différente de la page internet. Tu es encore plus dans le flou.

Et j’ai plus envie de prendre ce temps-là, à discuter pour être déçue, remballée, ou soudainement lâchée. Est-ce que ça en vaut la peine ? La succession d’expériences décevante est décourageante.

Et parlons du quota : Honnêtement, j'ai dû lancer plus d'une centaine de conversations. Si je devais faire un pourcentage à la louche, ça donnerait 50% qui ne répondent pas, 40% qui répondent et qui ensuite arrêtent de parler ou se désinscrivent sans prévenir. Et dans les 10% restant, soit j'ai réalisé moi même que ça n'irait pas, soit la conversation est devenu chiante, soit j'ai rencontré et ça n'a pas marché.

Mais je sais qu'au bout d'un moment, après quelques mois, je souffrirai de nouveau de mon célibat, et je serai de nouveau tenté par l'option "Site de Rencontres", par dépit. 

Ce qui est sûr, c’est que je n’irai plus sur Badoo. Je pensais que les sites payants se faisaient de l’argent sur la tristesse des gens : Ok, c’est le cas, mais au moins ça force le « tri ». On sait pourquoi on est là et les comptes seront vérifiés.