jeudi 7 décembre 2017

Week-end de l’extrême : Fatigue et mini-drames

Vendredi : Le jour où, dans le meilleur des cas, je connaissais le fin mot de la vente de la maison.
Résultat : Pas de nouvelles du Notaire et encore un week-end d'incertitudes.


Je retrouvais Charles-Henri le soir pour un spectacle de théâtre, joué par un ami à moi. Je lui en avais parlé depuis longtemps, et lorsqu’il y a eu de nouvelles représentations, Charles-Henri a dit « Réserves tout de suite ! ».
Le spectacle lui a beaucoup plu, et, durant toute la représentation, notre peau était en contact permanent : on ne pouvait pas s’empêcher de se toucher les bras, les poignets, la main...
Après le spectacle, nous sommes rentrés, non sans mal : Charlhenriville, la ville où, à 22h30, tu es coincé une demi-heure dans des bouchons. Je devenais folle, moi je voulais juste rentrer et faire l’amour. Une fois parvenu jusqu’à sa rue, il a encore fallu trouver une place, avant de pouvoir enfin se poser à la Colloc.
Charles-Henri était exténué, et partait très tôt à Paris le lendemain pour sa formation d’ostéopathe. Il m’a tout de même déshabillé, et m’a serré fort contre lui. « Il faut que je dorme ».
Mais c’était plus fort que moi : je n’ai pas pu m’empêcher de le caresser, de le prendre dans ma bouche et de le faire gémir. Puis je l’ai chevauché, trempée de le sentir si excité. Il s’est interrompu, car, comme souvent, l’excitation était monté trop vite. Il a fini par s’occuper intégralement de moi, me caressant jusqu’à l’orgasme, que j’ai dû étouffer dans son épaule pour ne pas ameuter toute la Colloc. Je suis restée toute pantelante, dans ses bras satisfaits. Il est ensuite revenu en moi quelques secondes, juste avant une jouissance quasi accidentelle.
Et il a dit « Il faut vraiment que je dorme maintenant »
J’ai très mal dormi, me réveillant souvent, dont une fois parce qu’il me serrait contre lui, rassurant, pendant que je me débattais dans mon sommeil.

Au matin, il se levait avant moi. Il a pris 5 min pour m’étreindre, puis s’est levé, en me glissant d’une voix joyeuse, quoique encore ensommeillée « A ce soir ? ».
Puis avant de partir, il a embrassé mes épaules en murmurant « Bonne journée Baby Girl ».

1h plus tard, je partais à mon tour : 1h de route, une journée interminable, et puis de nouveau 1h de route pour retourner chez Charles-Henri. J’ai fait la connaissance du mec du Colloc Gay (pendant que Charles-Henri articulait silencieusement derrière son dos « Je hais ce mec ! »), puis on s’est couché, on a fait l’amour, j’ai de nouveau mal dormi et je me suis réveillée exténuée.
Mais Show Must Go On, comme dirait Freddy : on est parti rejoindre les autres membre de l'Association à la salle de spectacle à 9h30, pour l’organisation d’un concert de jazz façon Big Band (a.k.a Grosse journée de méga ouf).

Depuis mes débuts dans l’Asso, Président essaie de me caser avec le Trésorier. J’ai déjà expliqué plusieurs fois à Président que, non, ça ne marcherait pas du tout entre Trésorier et moi, mais Président se fiche un peu de ce genre de détails.
Président, qui a une fâcheuse tendance à balancer les secrets des gens entre la poire et le dessert, sur le ton de la conversation. Ce qu’il a donc fait pendant que nous préparions le repas, et que je disais à Trésorier « Ah tu m’as fait un sandwich végé ? Cool ! Heureusement qu’il y a quelqu’un qui pense à moi ici ! »
Président : « Oh mais oui, si tu savais comme le Trésorier pense beaucoup à toi ! Surtout la nuit ! ».
Président était très fier de sa remarque, Trésorier était cramoisie et sifflait « Mais ta gueule Bon Dieu ! », et moi j’étais ultra gênée. J’ai balancée une vanne pour essayer de dédramatiser le truc, et ensuite je me tenais le plus loin possible de Charles-Henri pour que rien ne vienne trahir notre relation aujourd’hui.
Oui parce que, petite anecdote : Charles-Henri m’a raconté que, durant leurs études, Trésorier et lui avait eu une période de guerre froide, car Trésorier était amoureux d’une fille, que Charles-Henri a tringlé quasi à la vue de tous pendant une soirée.
« Je savais pas ».
Trésorier l’a mal vécu, forcément.
Mais ce sont des hommes, donc ils n’en ont jamais parlés.
Aujourd’hui, je me dis que c’est une bien cruelle redite, et qu’il faudrait faire attention au cœur et aux émotions de Trésorier.

Sur ces entrefaites, le mec de Sharon est arrivé (appelons-le Teddy): Secrétaire de l’Asso, et fraîchement sorti de l’Hôpital psy, il n’avait pas l’air du tout d’aller mieux.

Nous avons eu beaucoup de travail jusqu’à 15h, heure à laquelle le spectacle commençait.
Vers 15h30, j’ai été m’asseoir dans la salle, et par le plus grand des hasards, je me suis retrouvée entre Charles-Henri et le Trésorier.
Malaise.
Charles-Henri a voulu prendre ma main, comme pendant le spectacle de vendredi, mais je ne voulais pas que Trésorier apprenne notre relation comme ça, alors je l’ai repoussé. Charles-Henri a dit « C’est pas grave », mais tout son corps criait « Je suis vexé comme un pou », et il était franchement chiffon.
J’étais mortifiée.
Et au bord de la crise de nerfs. 
Et crevée.
Au bout d’un moment, je suis reparti dans les loges : il y avait trop de monde, trop de bruit, j’étais trop mal à l’aise, trop fatiguée, trop à bout. Je me disais que j’allais essayer de me trouver un coin calme pour être seule, souffler et peut être faire une sieste, quand j’ai croisé Teddy, notre Secrétaire, qui partait s’enfermer aux toilettes.
Prise d’un mauvais pressentiment, j’ai surveillé.
Dix minutes plus tard, il n’était toujours pas sorti et je paniquais : Qu’est-ce que je dois faire ?! Est-il en train de pleurer ? De lutter contre ses idées noires ? De se suicider ?
Il est ressorti au bout d’un quart d’heure, presque en courant, et a disparu.
Morte d’inquiétude, j’ai décidé d’en parler à Charles-Henri : il a embarqué le Trésorier, et tous deux sont partis à sa recherche. Ils sont revenus vingt minutes plus tard « Ça a l’air d’aller ».
Ils y sont allé frontalement : « Bon mec, comment ça va ? Tu as inquiété Mademoiselle B. ».
Formidable stratégie : Comme on peut s’y attendre, j’ai passé pour la cafardeuse, et Teddy m’a ensuite évité comme la peste.

Après l’entracte, je n’ai même pas tenté de retourner dans la salle : j’ai préféré ranger le bordel laissé dans les loges, car comme on le sait, ranger, ça détend (même si, en même temps, je jurais entre mes dents que les musiciens étaient des porcs).
A la fin du spectacle, tout le monde est remonté dans les loges, et je soufflais : « Cette journée pleine de mini-drames touche enfin à sa fin ! »

Et là, Charles-Henri déboule de nulle part, et, devant tout le monde, Asso et Musiciens, il m’embrasse.
Woookay.
Je me dis que je viens d’assister à un pur comportement de marquage de territoire : c’était ça, ou il me pissait sur la jambe (et vu sa taille, ça aurait tourné à la Golden Shower).
Très gênée, mon regard se pose immédiatement sur le Trésorier : il est en train de fixer ses mains, mâchoire contractée, ses sourcils tellement froncés qu’ils se rejoignent. Je me dis que, ça y est, malgré tous mes efforts, tout ce qui pouvait mal tourner a effectivement mal tourné ; j’ai le cœur serré.

On termine de ranger, puis on part boire un coup dans le restaurant le plus huppé de la ville. Charles-Henri est tout fou « Attends, attends, laisse-moi faire un truc ! J’ai toujours rêvé d’emmener une fille ici, et lui ouvrir la porte en lui posant une main dans le dos ! »
On doit être une cinquantaine. Il n’y a plus trop de places. Charles-Henri veut se mettre près de Trésorier, qui est là avec un ami – moi je voudrais qu’on foute la paix à cet homme pour aujourd’hui. L’ami en question lance d’une voix forte, en me déshabillant du regard « Alors comme ça c’est ta meuf, ça ?! ».
Je classe donc ce sous-produit de déjection dans la case « Pauvre merde », et je lui jette un regard chargé de mépris qui, je l’espère très fort, lui exprime tout ce que je pense de lui et de sa façon humiliante de parler de moi. Ce qui ne semble pas l’émouvoir le moins du monde, bien au contraire. Je pense très fort « Gros Porc », et lui trouve d’ailleurs un air de ressemblance avec la famille des suidés.
Finalement, Charles-Henri s’installe avec eux, et moi je me mets un peu plus loin. Je prends le verre de vin le moins cher de la carte, qui coute déjà le prix d’un repas, et le miracle viticole a encore lieu : je me sens immédiatement détendue, sociable et sereine.
Une heure plus tard, Président de lancer l’idée « Hé, on pourrait manger ici ! ». Je pensais qu’il blaguait, mais pas du tout. Charles-Henri vient me demander ce que je veux faire. Je lui dis que je n’ai absolument pas les moyens de manger ici, et que de toute façon,  entre le plateau de fruits de mer et le foie gras, il n’y a aucun plat végétarien à la carte. Je lui dis de rester s’il le souhaite, que j’irai manger avec Lisa, qui  n’a pas non plus les moyens de manger ici. Finalement lui et Président reviennent 2 min plus tard : « Les filles, on vous invite. Et toi Mademoiselle B., ils peuvent te faire une assiette végé sur demande, pas de soucis ! »
Donc nous restons.

Est-ce les suites de mon alcoolémie, mais je réalise à ce moment-là, dans cet endroit ultra chic, en regardant une pouf à frange faire les yeux doux à mon mec après une journée cauchemardesque, que je réalise que je suis amoureuse de Charles-Henri (même s’il m’a symboliquement pissé sur la jambe il y a quelques heures). C’est seulement à ce moment-là que je prends la mesure des choses, et j’ai peur, soudain : car jusqu’à présent, je me disais que je pourrais survivre s’il me quittait. Mais désormais, je vivrais avec la peur de le voir partir. La peur de l’entendre me dire « Je ne me vois pas d’avenir avec toi ». La peur que ses sentiments ne soient pas de la même nature que les miens. La peur que lui, contrairement à moi, ne soit pas amoureux.
  
Vers 23h30, on part tous ensemble. Charles-Henri pâlit franchement quand il voit la note, puis me dit « Il va falloir que je fasse des gardes en plus, pour pouvoir faire des soirées comme ça », et je m’énerve : « Nous n’étions vraiment pas obligé de rester, bon sang ! ».
Nous rentrons en étant distants, du moins c’est l’effet que j’ai. A la maison, lorsque je vais prendre ma douche, il ne vient pas avec moi. Il ne me déshabille pas. Il ne me regarde pas.
Je suis triste.
Je me dis que c’est peut-être la fatigue.
Je me dis qu’il est peut-être déçu : au lieu de le remercier pour le repas, je l’ai engueulé parce que c’était trop cher.
Lorsque je sors de la douche, il est endormi dans la chambre. Il se réveille, et décide d’aller prendre une douche lui aussi.
Lorsqu’il revient, il se couche avec moi, et me serre contre lui. A la faveur de l’obscurité, je le remercie pour le repas et pour la soirée.
Puis nous nous endormons dans les bras l’un de l’autre.
Malgré ma fatigue, je passe encore une nuit épouvantable. Je me réveille au matin encore plus fatiguée que la veille. Charles-Henri et moi faisons l’amour avant de nous lever, puis je vais prendre une douche.

Nous prenons un petit dèj, nous discutons mollement. Je suis fatiguée. Je suis triste que le week-end soit fini, triste de partir. Pas prête à reprendre mon quotidien. Nous n’avons pas décidé de notre prochaine fois ensemble. On se pose dans sa chambre avec un thé, au son d’un vinyle. Juste dix minutes. Et puis il faut partir. 

Show Must Go On encore...

(Freddy, un philosophe parti trop tôt) 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire