La Chute de la maison Usher / Jean Epstein (1928) |
Vendredi : Je suis au travail, et je reçois un message de ma notaire, qui m'informe que la banque a refusé le préfinancement.
Que du coup la vente de la maison est en train de capoter.
Qu'elle va essayer de faire intervenir les avocats de la
saisie pour faire un report d'audience. Elle ajoute du bout des lèvres : « Il n’y a pas de raisons qu'ils
refusent… »
Ouais... Mais y’avait pas
de raisons que la banque traite mon dossier avec autant de négligence, et y’avait
pas de raison que le préfinancement
soit refusé (surtout que Le Caïd avait assuré que la banque m'avancerait les
fonds).
J'ai donc fini la journée au bord des larmes, à me dire que
ça fait 3 mois que je me projette dans un chez moi qui ne le sera peut-être jamais.
Que les heures passées à dessiner ma cuisine, à rêver mon jardin, à regarder
des vidéos de travaux, à aller à des rendez-vous à la banque ou ailleurs, à
faire des devis, à arriver en retard au taf,
à faire des cours de bricolage et à m'imaginer vivre là-bas, tout ça
pourrait bien être juste de l'énergie dépensée inutilement.
Tout ça parce que ma banquière n'a absolument RIEN foutu en
deux mois.
Mon premier rendez-vous datait du 25 aout.
Cette conne a édité les offres de Prêt le 9 Novembre.
Non mais qu’est-ce qu’elle a bien pu branler pendant tout ce
temps ?!
Surement le Caïd, me direz-vous, qui l’a défendu hardiment
lorsqu’il en a eu l’occasion quelques jours plus tard lorsque j’ai été
(inutilement) péter un câble à l’agence - mais je ne veux même pas parler de ce moment gênant
où j’ai eu clairement le sentiment de me ridiculiser.
J’exècre les banques et les banquiers.
J'ai donc franchement déprimée, à me dire que tout est
toujours ultra compliqué avec moi, que même lorsque ça s'annonce simple, il
faut que des difficultés s’accumulent. C'est comme pour le concours : le jour
où je l'aurai, je ne serais pas contente de l'avoir, je serais soulagée
*d'enfin* l'avoir obtenu. Là c'est pareil : si la vente se fait, je serais
soulagée. Et ça obscurcit franchement la belle victoire de la femme indépendante
et forte.
Et si la vente ne se fait pas... Je n'ose même pas y penser.
D'autant plus que j'ai déjà donné mon préavis, et que je suis sensé déménager
dans un mois.
Charles-Henri m'a appelé dès qu'il a reçu la mauvaise
nouvelle. Je rentrais d'un resto avec Copine#1 qui avait tenu à me noyer sous
des pizzas et des profiteroles que j'ai englouties goulûment, arrosant le tout de lampée de Lambrusco. J'étais un peu mieux, mais j'avoue qu'on était loin de l'extase que
me procurent habituellement le gras et le vin.
Lui, il était en soirée, une énième fiesta entre internes. Et il a décidé de passer
après, pour pouvoir me serrer dans ses bras "parce que tout va toujours un
peu mieux avec un câlin".
Il est arrivé à 4h du matin. Je dormais, et j'ai titubé
jusqu'à la porte pour lui ouvrir.
On a un peu discuté. Là il se met à me raconter :
« Yavait mon ex ce soir. Bon, on est resté en bons
termes hein. On a pris des nouvelles, et puis en cours de soirée, on a dansé.
On avait des lunettes offertes, des gros trucs clignotants. Et puis j'ai vu
qu'en fait, pendant qu'on dansait ensemble, elle pleurait. Je l'ai pas vu tout
de suite, à cause des lunettes ».
Interlude Copine#1 : « Mais bordeeeeeel pourquoiiiiiii
ils se sentent obligés de nous raconter ça ?! Pourquoi ?! Est-ce qu'ils réalisent
à quel point ça nous fait mal, à nous ?! »
Malgré la réaction épidermique de Copine#1, je ne sais pas
si je préfère le savoir ou pas. Mais ce
qui est sûr, c'est qu'en effet, ça m'a fait un mal de chien. Et vu que je
culpabilise pour tout, et bien bingo : j'ai culpabilisée comme une dingue, à me demander si moi j'étais une méchante dans l'histoire, et si je devais être triste moi aussi.
Alors pour la consoler, il l'a prise dans ses bras (Copine#1
: « Bah et puis il ne voudrait pas lui faire l'amour aussi ? Jsuis sûre
qu'elle se sentira mieux consolée encore ! » [Copine#1 est de très mauvais poil en ce
moment, ça exacerbe son sarcasme. Ce que je trouve personnellement irrésistible. Ça doit être mon côté misanthrope]).
Je ne sais même pas trop ce que j'étais sensée répondre à
Charles-Henri. On répond quoi, à ce genre de déclaration ?
Alors, blessée et sans savoir quoi faire, j'ai dit « Ben
moi ya Hector qui est revenu ».
Et ensuite j'ai eu le sentiment qu'on était bêtement là, tous
les deux avec notre cœur à vif, et qu'on avait merdé quelque chose.
Il enchaînait 4h plus tard 48h de garde (oui, il fait la fête
et picole la veille de 48h de garde, merci beaucoup) (Comme beaucoup
d'internes) (plus je vois les dessous inavoués de tout ça, et plus ça décuple
ma terreur des hôpitaux).
Il a dormi un peu, de son sommeil de chaton où il arrive à recharger ses batteries en pointillés, avant de partir prendre sa garde.
Moi évidement, après ça, je n'ai pas réussi à dormir avant
une bonne heure.
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