vendredi 27 juillet 2018

Je suis partie au Brésil retrouver un homme que je connaissais à peine (4/7) : Ambivalences


Nous ne devions passer qu'une nuit ici, finalement il choisit d'en passer une deuxième. 
J'ai compris qu'il changeait d'avis toutes les 5 min, et je ne m'en étonne plus. 
On n'a toujours pas trouvé de wifi, et on ne sait toujours pas où est le campement qu'il avait vu en premier. 

Après ma nuit épouvantable, j'ai décidée d'arrêter. D'arrêter d'aller vers lui, d'arrêter d'y croire. D'arrêter d'en pleurer. 
Je n'essaie pas de le câliner au réveil. 

Nous petit-déjeunons à l'extérieur, et je regarde d'un œil rond la quinzaine de poules qui s'ébattent à quelques mètres de là. A intervalles réguliers, elles partent toutes en courant dans une même direction en glougloutant furieusement. 
« Crazy chickens » 

Après le petit déjeuner, on va explorer un autre chemin de randonnée.  


Celui-ci suit la rivière, mais par en haut. 
On arrive à un à-pic rocheux qui nous donne une vue très dégagé sur la rivière. 
« This is the place where we were yesterday, right ? » 
« Noooooo ! » Je regarde plus attentivement. « Hum... Maybe... Yes... I think it is » 
« Oh. So maybe someone have seen our white naked ass, yesterday !» 
Si c'est le cas, en effet, ils avaient une vue plongeante. 
Mieux vaut ne pas y penser. 

"Tiens ? C'est là en bas qu'on a fait l'amour hier !" "Ah tiens, oui. On voit bien, dit donc...."

« Where is your flower ? », dit-il en regardant mes cheveux. 
« I don't wear it today » 
Il cueille une fleur, et la glisse dans mes cheveux. 
« Now, it's better » 


On arrive à une "piscinas" - une sorte de bassin naturel 



On pose nos affaires, et on se met en maillots. Pas de baignade nu aujourd'hui. 
Je mets une éternité à plonger. 
Je suis une piètre nageuse, et le courant – pourtant faible – m'effraie. Je galère à rejoindre la crique rocheuse dissimulée plus loin. 


J'explore les environs, je regarde les anfractuosités, les trous d'eau, les insectes, je joue avec l'eau et les ombres, et les reflets sur la roche. 
Et puis je vais m'asseoir – pas trop près de lui, et sans tendresse, conformément à ce que j'ai décidé. 

Il se met nu. 
Mais finalement, il a peur d'être vu. 
Puis de prendre un coup de soleil sur ses parties intimes. 
Au bout d'un quart d'heure, il remet son short. 
Ses lubies me font rire – et m'attendrissent. 

Il propose de méditer un peu. Je suis complètement novice en méditation - et mes essais se sont soldés par des échecs. Mais qu'importe, je me cale dans une position confortable, je ferme les yeux, et je profite du soleil sur ma peau.  
C'est aussi une forme de sérénité.

Et puis il me caresse la jambe. Me demande comment je gère mes poils. « Did you shave ? ». Il a l'air plus étonnée que je le fasse, que l'inverse. Il est fasciné par les fins poils blancs que je laisse sur mes cuisses. Je ressens le besoin de me justifier. Mais il hausse les épaules « Ils ne se voient pas ». Prudemment, je dis que je suis gênée, parce que toutes les brésiliennes qui étaient là dimanche étaient épilées de près.  
Il soupire « Les brésiliennes sont si ennuyeuses ! Elles ne s'intéressent qu'à leur look, tu ne peux pas partir à l'aventure parce qu'elles ne savent pas lâcher prise, et de toutes façons elles ont peur des insectes. On ne pourrait jamais faire tout ça avec une brésilienne ! » 
J'ai ce sentiment dérangeant au creux de la poitrine ; cet espoir lié au fait qu'il est heureux de ce qu'on fait ensemble, et cette impression qu'il est en train de dire, comme avait dit Mister Perfect avant lui « J'aimerai trouver quelqu'un comme toi ! … Mais pas toi »
Je repousse mes réflexions. 
Il me caresse toujours, et murmure « This nature-thing 'kinda turn me on » 
Je ne sais plus quoi penser. 
« Here ? Now ? » 
« Hum... Maybe not... » 
Il a trop peur qu'on nous voit. 
Même s'il me reparle d'hier, en disant que c'était quand même un endroit atypique – une partie de lui est excité d'avoir fait ça, l'autre partie n'est pas à l'aise avec cette idée. C'est comme pour le bureau de son frère : il était tout fou d'avoir fait l'amour sur une table « C'est très inhabituel, c'est vraiment intéressant ! ». Mais.... Enfin ! Tu restes toujours traditionnellement dans la chambre ?! Avec ton corps de Dieu Grec, et tes compétences de Dieu du sexe ?!  
D'ailleurs nous convenons que son frère, qui utilise beaucoup son bureau – pour manger et pour travailler – n'a pas besoin d'apprendre ce que nous avons fait dessus. Pour son propre bien. 

Il s'assoit devant moi, et je le masse un peu – juste pour le plaisir de voir rouler les muscles sous sa peau bronzé. 
Je le trouve tellement beau que j'en ai la gorge nouée. 

On reste au soleil. Il caresse mes cheveux – ce qui me plonge dans une délicieuse torpeur. 

On se fiche du temps qui passe, on est bien. 


Et puis à un moment, je commence à sentir la brulure du soleil.  
L'écran totale ne doit plus être si total que ça. 
Miguel acquiesce : ok, rentrons. 
De toute façon, nos estomacs commencent à gargouiller. 


On rentre se changer, et on repart en ville. 

On trouve un autre restaurant-buffet où ils pèsent les assiettes. Il y a plein de crudités, beaucoup de fruits et de légumes, et c'est super facile pour moi de manger. Je prends un petit peu de tout, et organise mon assiette. Miguel est admiratif, il trouve mon assiette très jolie, pleine de couleurs. 
Je ris : « Yay, I think the pleasure of eating start with a beautiful plate ! » 

Je vois d'autres personnes à côté de nous, qui sirotent un grand verre de jus de quelque chose. Je lui demande s'il sait ce qu'ils boivent. « Some kind of juice ». Je lui demande de m'en commander un.  

Je lui propose de nous promener dans la ville ensuite. J'ai repéré quelques boutiques, et j'aimerai aller y faire un tour. Il y a beaucoup d'artisanat local – et beaucoup de très belles choses. 


Je veux notamment aller voir un petit stand d'attrapes-rêves à la sauce Chapada Dos Veadeiros, avec des lianes tressées et des pierres minérales - qui semblent être une spécialité ici. 
L'homme nous offre à chacun une pierre. La mienne est blanche, et je m'absorbe dans la contemplation de ses éclats brillants. 
Je regarde les dreamcatchers, qui sont toutefois assez piteux, vu de près. Le soleil les a décoloré, et aucun ne m'attire vraiment. 
On repart. 
Miguel sort de sa poche deux bracelets. Tous les deux sont tressés autour d'une pierre de jade ronde. L'un est tressé de vert, l'autre est tressé de brun. « Which one do you prefer ? » 
Je réfléchis, et lui montre l'un des deux « I think I prefer this one » 
Il me le tend. 
Incrédule, je le regarde : « It's for me ?! » 
Plus que jamais, je n'arrive pas à comprendre ce garçon ; pourquoi m'offrir un bracelet ? 
Mes questionnements sont balayés lorsque je le vois se détourner, un sourire satisfait et timide rehaussant ses pommettes, ses fossettes creusant une adorable petite ombre juste au dessus de sa barbe – je crois que je me souviendrais toute ma vie de ce sourire absolument craquant. Mon cœur se gonfle – c'est stupide, et pourtant, je suis extrêmement touchée, et je ressens un incroyable élan d'amour pour lui. 
Je l'embrasse – il me retient, et fait durer le baiser. 
L'un des bracelet est pour lui, l'autre pour moi. 

On se promène encore, avant d'aller faire quelques courses pour le repas du soir. Il veut faire un feu, et nous faire du pain à l'ail et des pomme de terre à la braise. 


Je commence à me sentir mal.  
Vraiment très mal. 

A peine arrive-t-on au chalet que je me rue aux toilettes. 

Ce que je pressentais arrive : il me semble que je pisse des lames de rasoirs. 
J'ai mal aux reins, et je me sens nauséeuse. 

Voilà la situation : nous sommes perdu au milieu de nulle part, il n'y a que la jungle à perte de vue, je n'ai aucun traitement, aucun médicaments, il n'y a pas de pharmacie dans le coin, et je viens de déclencher une violente cystite. 

Je réfléchis intensément.  
Je n'ai pas beaucoup d'options. 
Je prends deux Dafalgan, tout en sachant que ça ne servira à rien – mais je n'ai que ça ; comment ai-je pu oublier le paracétamol ?! 
Je regroupe toutes les bouteilles d'eau qu'on a – car oui, je vais devoir faire au mieux avec les bouteilles d'eau, je ne peux pas boire au robinet. Il y a 3 bouteilles à moitié vides.
Dans mes affaires, il me reste deux lingettes intimes apaisantes à la fleurs de bleuet.

Je commence à boire très régulièrement de grandes rasades d'eau - tout en essayant de rationner. 

Miguel s'occupe du feu. 
Je m'occupe de préparer la mixture pour le pain à l'ail. 
Je ne sais plus si je suis mieux assise ou debout.
Je suis fiévreuse.
Toutes les 10 min, je cours aux toilettes. 
Parfois pour rien. 
Parfois non. 
Une fois sur deux, je ne parviens pas à me retenir – et je dois me laver et me changer. 
J'ai mal comme si mes sous-vêtements étaient en papier de verre. Je sens que mon visage est contracté. Je grimace à intervalles réguliers. 
Je ne sais pas comment je vais me sortir de ça. 
Miguel m'observe, et ne dit rien. 
Je ne sais pas trop comment aborder la chose. 
J'aimerai que sa mère soit là ! 
Pire, je me dis qu'il doit penser que je fais la tête - il doit être content de m'avoir fait un cadeau tiens ! Tout ça pour récolter une boudeuse. 


On mange en silence. Je quitte la table 4 ou 5 fois. 
Je continue de boire de grandes rasades d'eau. 
Je réfléchis. L'ail est un antiseptique et un anti-inflammatoire, il me semble. Ça pourra peut-être booster mes défenses immunitaires ? 
Je sens qu'en tout cas, mes rasades d'eau ont un effet positif. 


Je peine sur ma bière - et me demande si c'est recommandé d'en boire dans mon état -, Miguel doit en être à sa troisième. Il ouvre également une bouteille de vin rouge d'Uruguay – qui s'avère être une ignoble piquette. 
« On retourne le long de la rivière ce soir ? » 
Je souris. « Si tu veux » 

Après le repas, nous prenons donc nos lampes, nos plaids, et l'affreuse bouteille de vin, et nous partons.  
Je prie pour que ma vessie se tienne tranquille. 

On s'installe. La nuit est très claire. Je le sens plus confiant. Je suis contente de voir qu'il commence à dompter sa peur. Il me détrompe « I think it's because I'm drunk » 

Je n'avais pas l'impression qu'il était saoul.

Mais je vais rapidement le comprendre.

Il me propose un bain de minuit. Je ne sais pas trop si je suis partante – on va crever de froid. Je lui dit que s'il le fait, je le fais. 
Il dit non.  
Finalement, il se déshabille. 
Il ne me propose pas de le suivre - soulagée, je ne bouge pas, et garde la position dans laquelle je suis, et qui n'est pas trop douloureuse.  
Il va se baigner, en poussant des petits cris.  
Je ris. 
On est bien. 
Il sort de l'eau, y retourne, puis met sa lampe frontale et se balade un peu partout, toujours nu.

Puis, face à la lune, il écarte bras et jambe et hurle à plein poumon : « I am the Chupacabraaaaaaaaaa ! »

Je le regarde, interloqué. Ah, tiens, oui, finalement, il est plutôt pété.

Quand enfin il se calme, remet ses vêtements et s'assois, il est bien. Et il est prêt à rester encore un peu, à regarder les étoiles. 
Il babille joyeusement. 
Je suis bien. 

Et puis à brule pourpoint, il lance « You know, I was afraid when you came, because you seem to have a lot of feelings » 
Surprise, le cœur serré, je lâche spontanément « Oh... And it's a bad thing ? » 
Un grand silence répond à ma question. Et puis il lâche un petit : « …........ No... » 
Et fin de la conversation. 
Je ferme les yeux, et lutte contre la tristesse. Je me demande si je veux approfondir la discussion. Est-ce que je veux vraiment qu'on ait une conversation qui me brisera le cœur, alors que je reste encore 4 jours ? 
Je décide que non. Qu'on en reparlera plus tard - à mon départ, ou par écrit. Quand je serais en mesure de pouvoir gérer cette conversation. 
Mais le découragement s'abat sur mes épaules. Tu t'es encore fait des idées, ma pauvre fille. Cette douleur dans la poitrine est familière - trop, familière. Pourquoi ça se passe toujours comme ça ? 

Il finit par parler d'autres choses. Il gazouille. 
Je regarde le ciel, et tache de profiter de l'instant, malgré ma tristesse. 
Et une étoile filante passe. Je sursaute, et j'essaie d'attirer son attention « Shit ! It's a star ! A star which … I can't remember the name !! » 
Pendant que je me débats, l'étoile à filé depuis longtemps, et Miguel délire sur tout autre chose, son visage dans mon cou et sa main sur mon ventre. 
Il est  trop tard pour faire un vœu - et de toute façon, en ai-je envie ? 

Il demande, un peu timidement « On prends notre douche ensemble tout à l'heure ? J'ai envie de la prendre avec toi ». 

On rentre tard. Je suis contente qu'on ai pu rester si longtemps dehors. 
A la maison, il prend une douche, mais ne me repropose pas de le rejoindre – et il a repoussé la porte. J'hésite. Finalement, je reste 10 min derrière la porte sans oser entrer. 
Je ne sais plus comment me comporter avec lui. 
Je vais prendre ma douche après lui – j'en ai bien besoin, le retour a encore été compliqué, je n'ai pas réussi à me retenir correctement de faire pipi.  
J'ai tellement honte. 
Lorsque je sors de la salle de bain, il a fait le lit, et me dit que je ne dois pas dépasser la limite centrale. 
Je prend un air indigné et lui dit que je resterai de mon côté. 

Il s'étale en travers du lit, et me regarde par en dessous, avec un petit sourire. 
Et puis il dit « Do your thing, please. The massage »
Je m'installe sur lui, et commence à le masser. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, et se serre. Je le trouve si beau.  
Il garde les yeux ouverts, et ça me dérange ; n'apprécie-t-il pas ? Je n'ose pas demander. 

Au bout d'un temps assez court, il dit « It's okay ». 
Est-ce que ça ne lui plait pas ? 

Et puis évidement, ça dérape, et il commence à me caresser. Vu mon état, j'envisage de le repousser et de lui expliquer. Mais je suis en feu bien avant d'avoir eu le temps de trouver mes mots, et j'oublie. 
Tant pis, on verra demain. 
Je me cambre sous ses doigts. 
Désormais, il parvient à me faire jouir à coup sûr. 

Je m'endors contre lui, à la fois désespérée et heureuse. 
Quelle drôle de combinaison.

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