mercredi 24 janvier 2018

J'habite nulle part, j'habite partout #2


Semaine 3 :


Lundi soir, de retour de chez ma maman, je dors chez Président (qui habite à mi-chemin entre chez elle et chez moi).
Je fais un créneau hasardeux en me garant devant chez lui, et  j'emboutis violemment le coffre de ma voiture dans un poteau. Je pète un plomb : je suis sensé vendre cette voiture, c’est tout à fait le moment de lui éclater la gueule.
Toutefois, je réalise quelques jours plus tard que mon coffre (qui ne se déverrouillait plus avec la centralisation automatique des portes) re-fonctionne à nouveau. Coïncidence ?!

Président propose et repropose de m’héberger autant de temps qu’il faut. Pendant la semaine, ça me reviendrait beaucoup trop cher (il y a quand même 1h de route jusqu’au boulot, soit 2h de voiture par jour), mais j’y songe pour les week-ends, très sensible à sa proposition réaffirmé. Il a une chambre d’amis avec salle de bain, et il propose même que je rapporte mes lessives. Je suis hyper touchée.
On mange ensemble, avec également un ami à lui que j’ai déjà croisé et que je trouve bizarre (appelons le Gontrand, ça lui va bien), mais qui est en fait plutôt sympa. On discute travaux, comme 4 ouvriers du bâtiment à la cantine.
Je me surprends à plutôt bien manger.
Je kiffe la chambre d’amis, et le chat de Président qui dort avec moi : contrairement à l’autre pourriture de la semaine passée, celle-ci se blottit contre ma poitrine en ronronnant, elle me tient chaud et on s’endort toute les deux, l’une contre l’autre.
Petit pincement au cœur : quand est-ce que je dormirai à nouveau avec mon chat, dans ma chambre à coucher à moi ?


Je repars le mardi matin pour aller bosser.



Mardi soir, je dors chez Copine#3, après avoir été travailler dans ma maison, et démolit tous le carrelage mural : Mon Papy tablais sur une semaine de travail, mais après réception d'un mail de Charles-Henri qui m’a foutu dans une rage folle, j’avais tout cassé en 2h top-chrono. J'ai repris mes esprits comme on se réveille d'un rêve, les mains en sang, et pas vraiment de souvenir de ces deux heures. J'étais vidée, physiquement et mentalement... Et ça faisait du bien.
[J'ai eu quelques échanges avec Charles-Henri à la suite de mon mail, mais dont je n’ai pas parlé parce que je n’y arrive pas, parce que de toutes façons ces mails ne disent rien, n’expliquent rien, et surtout m’ont fait plus de mal qu’autre chose. Je préfère donc ne plus parler de Charles-Henri pour l’instant, et essayer de me recentrer sur moi uniquement]


Nouvelle réorganisation de la voiture à la suite des travaux :

La B.Mobile, V.3 : Horaires de la déchetterie (collé sur mon tableau de bord) ; Carrelage à emmener à la déchetterie ; Plintes (à jeter) ; Encore du Carrelage ; Toujours du carrelage ; Linge sale ; Linge propre ; Papiers importants ; Sac à livres ; Sac à ordi ; Sac à bouffe 
Copine#3 est superbe – je suis le genre de personne à trouver les femmes enceintes magnifiques -, son copain est adorable, et on a passé une bonne soirée. J'ai tenu à faire bonne figure, j'ai bien mangé (Copine#3 avait discrètement préparé un repas léger et très peu consistant, et en insistant beaucoup sur "Tu laisses si tu n'arrives pas à finir").
J'ai dormi dans la chambre du futur bébé, en essayant de ne pas faire de crise d’angoisse « Toi tu n’auras jamais de famille, jamais d’enfant ». J’étais transie de froid, et j’ai dormi enroulée comme un rouleau de printemps dans la couette.

Mercredi, je dors chez Copine#1. Elle me propose de rester avec moi, ou d'aller dormir chez son mec : « Je sais qu'on est pareil, et que tu dois beaucoup souffrir de ton absence d'intimité. Tu préfères que je ne sois pas là ? »
Finalement, comme elle sera absente le lendemain on décide de passer la soirée ensemble. On mange tranquillement, et on va se mettre au lit avec un livre. On arrive à s'accorder, et j'ai soudain l'espoir qu'on peut y arriver, et cohabiter un mois sans mettre en péril notre amitié malgré notre identique besoin d'intimité et d'indépendance. Il faudra être diplomate, et surement parfois prendre sur soi, mais ça peut marcher.
Je me couche, je tremble de froid, comme toujours. Copine#1, en silence, me recouvre d'une seconde couverture.

Jeudi matin, je file à la maison pour recevoir le chauffagiste, qui voulait tenter de lancer l'ancienne chaudière en attendant d'installer la neuve. Je fonde tous mes espoirs là-dessus, ne cherchant pas où je dormirai les jours suivants : il FAUT que ça marche. Ne serait-ce que pour continuer les travaux (impossible d'enduire s'il n'y a pas de chauffage, ni poser le sol, donc impossible de poser la cuisine, etc etc).
Mais le couperet tombe : Le ballon est percé. Il n'y a rien à faire.
Et il ajoute : « Il faudra attendre mars »
« Mars ? Mais... On m'avait dit mi-février ! »
«  Ah non, maintenant c'est mars »
Je suis anéantie.

Je prépare mon calendrier, je créé carrément un nouvel agenda "Hébergement" pour organiser au mieux les prochaines semaines. Plus le choix, plus d'espoirs, il faut se rendre à l'évidence : il va falloir chercher de nouveaux Plan B, et prendre sur soi.


Vendredi et Samedi, je dors chez Copine#1. Nous ne faisons que nous croiser, et dormir ensemble, car je vais boire un verre avec Copine#2 le vendredi soir, et elle va au resto le samedi soir.

Dimanche, je me lève vers 10h, après une nuit de 12h. Je vais travailler dans ma maison, et j'en sors à 19h, d'où je file chez Président.
Je suis couverte de poussière, et j'ai pris son invitation au pied de la lettre : j'apporte mon linge à laver.
Lorsque j'arrive, je suis accueilli par un de ses meilleurs potes qui est plus ou moins au bout de sa vie : en caleçon, enroulé dans un plaid, un rouleau de pq à la main, il croasse un bonjour avant de filer aux toilettes.
Sur ce, je vais prendre une douche, je passe le reste de mon flacon de shampoing a retirer le plâtre de mes cheveux (avec un résultat mitigé), et je me dis que, vu que l'autre autochtone se balade en calbute, je peux bien faire péter le pyjama pilou-pilou.

Ce que je fais.
J'habite nulle part, j'habite partout, et ce soir j'habite ici.

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