vendredi 21 décembre 2018

Soirée en Club Libertin (2/2)

Première partie : Soirée en Club Libertin (1/2)

L'entrée du Club est du genre porte blindée et sonnette.


Une femme nous ouvre, très gentille. Nous allons au vestiaire ; Les portables et autres appareils photos sont formellement interdits, et nous devons laisser toutes nos affaires.
Ce que je trouve plutôt rassurant.

On rentre dans la grande salle, où il y a moins d'une dizaine de personnes.
Petite gêne.
La lumière est tamisée, la musique pulse. Il y a des banquettes et un petit buffet où l’on peut se restaurer à volonté.

On décide de faire le tour des lieux. Il y a plusieurs étages, des "coins câlins", qui sont des banquettes/lits recouverts de skaï, une salle de douche magnifique, le tout dans une ambiance très feutré.
L'organisatrice est au fumoir et discute avec des habitués – j’avoue être un peu déçue qu’elle ne nous accueille pas et qu’on doive visiter par nous-même. J’aurais aussi aimé qu’on puisse aborder les règles de la soirée, le déroulé… J’aime savoir où je mets les pieds – mon cavalier d’un soir en revanche, préfère la découverte.

On finit par s’installer près du bar, sans trop oser regarder les autres, sans trop savoir quoi faire. Du coin de l’œil, on jauge les gens présents, qui sont un peu plus nombreux que tout à l’heure : deux couples, quelques hommes seuls, un groupe d’amis. Peu de femmes. Ils sont tous plutôt quarantenaires voir quinquagénaires, et l’on se dit qu’on voit la réalité derrière le fantasme.

D’autres personnes arrivent. On commence à discuter avec un couple, qui doit avoir la trentaine. C’est facile de briser la glace finalement : « Vous êtes déjà venu ? Vous venez souvent ? ». Le garçon est plutôt bel homme, et la fille est une superbe métisse aux jambes interminables.

Plus tard, on discute avec un autre couple, cette fois plutôt d’une soixantaine d’années. L’homme me fait penser à un gentil pharmacien. Sa femme, qui affiche discrètement son âge par des rides d’expressions, a un corps à tomber par terre, sublimé par une robe très ajourée.

Mon cavalier retourne discuter avec le couple de trentenaire, et au bout de quelques secondes, ils montent tous les trois.
« Ah ouais, simple comme ça ?! » me dis-je.
Je rage un peu de ne pas avoir saisi ma chance - moi aussi elle me plaisait, la jolie métisse.


 Je panique un peu : Je me retrouve seule et je ne sais pas trop quoi faire de moi. Il y a un mec sublime, genre 25 ans, chemise impeccable qui laisse deviner une musculature entretenu, mais je n’ose pas l’aborder – et là je me sens superconne : je suis là pour consommer, on est tous là pour ça, et je n’ose pas lui dire « Hé salut ! ».

Je retourne voir mon couple de pharmaciens soixantenaires bienveillants (que j’ai décidé de considérer comme des mentors), en leur demandant concrètement « comment ça marche ? ».
Ils m’expliquent qu’il n’y a pas de règles : ça peut être formulé frontalement (« on monte ? »), ça peut passer par des regards, des gestes. Ça peut aussi être en haut : aller voir un couple qui s’ébat, caresser la peau, se laisser inviter.

J’essaie de rassembler du courage, mais finalement je n’oserai jamais aller aborder ce bel éphèbe – une partie de moi, je crois, crains et le refus, et la déception.
Je retourne m’installer au bar, et je reprends un verre – peut-être que ça me donnera du courage ?

Un homme arrive, et me dit qu’il était assis sur ce siège. Je m’excuse, et redescend. Il se précipite : Non, je ne disais pas ça pour ça, je vous en prie, restez assise.
Il m’offre un verre de champagne. On commence à discuter. Jonas est un homme trapu, aux épaules larges et au coup épais, très élégant, et au sourire absolument charmant. Je réalise que tout le monde regarde tout le monde du coin de l’œil, car il est capable de retracer tout ce que j’ai fait de ma soirée, et quasiment l’heure exacte où mon cavalier est monté avec l’autre couple.
Une femme se joint à nous, et nous discutons. Sylvie est tactile, douce et très gentille.

Et puis l’organisatrice regroupe les troupes : allez, tout le monde en haut !

Que va-t-il se passer ?

Je comprends bien vite qu’elle organise une orgie et que, tel un chef d’orchestre, elle donne à chacun un rôle. J’observe avec fascination. Il y a ceux qui veulent participer, et ceux qui veulent juste regarder. Elle déshabille Sylvie, avec qui je discutais tout à l’heure ; elle interpelle son mari, très occupé à me caresser doucement les bras : « Hé François, qu’est-ce que tu fous ?! Rejoints nous ! ».
Et puis, jaugeant les hommes présents : « Bon, qui est-ce qui lui bouffe la chatte ? »
François me regarde, mi-navré, mi-rigolard : « C’est tout elle : la grande classe ! »

Jonas, qui me caresse également, me propose de redescendre, car il n’est pas à l’aise. On laisse donc l’orgie suivre son cours, et on repart prendre un verre.
Et Jonas parle.
Parle.
Parle.
Parle.
Parle.
Parle.
Jonas me fatigue un peu, j’avoue. Il prétend adorer lécher les femmes, être très bon à ça, adorer embrasser, être doux, sensuel, blablabla.
Comme il me saoule, et que je trouve qu’on a suffisamment parlé (enfin, lui en tout cas), je pose mon verre et je l’embrasse.
Mais à peine nos lèvres se sont-elles quittés, qu’il s’exclame, plein d’emphase : « Oh c’était merveilleux ! Je plane complet ! J’adore ! ». Et puis il se colle contre moi, et me dit « Laisse-moi te respirer ». Ce que dans l’absolu, je trouve sexy. Sauf que là encore, il en fait trop, et plonge dans mon cou, en beuglant « Je veux te humer ! ».
Et puis « Tu es tellement jolie. Aux premiers abords, on ne s’en rend pas compte. Et puis tu as l’air timide, presque effacée, et sage – on se dit que tout tes tatouages là, c’est une erreur. Mais en fait quand on te regarde vraiment, on se dit que tu es naturellement belle, juste tout simplement belle ».
Il s’enflamme, il cri presque.
Si le compliment me fait plaisir, l’attitude m’exaspère un peu. Et j’ai surtout envie de voir si les compétences qu’il se prête sont véridiques.

Je lui propose de monter. On se trouve un coin câlin à l’écart, pendant que l’orgie suit toujours son cours. On s’allonge, on s’embrasse, on se caresse. Au bout de quelques minutes, on relève les yeux : une dizaine de personnes sont là, debout, à nous regarder, dans un silence absolu, le visage dissimulé par la semi-obscurité. C’est un peu déstabilisant.

Jonas décide de bouger « pour voir s’ils nous suivent », et on redescend au bar, avant de remonter dans un autre coin câlin. Rapidement, nos préliminaires se voient affublés d’une dizaine d’observateurs. Jonas continue de beaucoup parler, et quelqu’un me caresse très doucement les jambes – je pense qu’il s’agit d’une femme, tant le toucher est doux, mais non, c’est un homme aux traits asiatiques et au visage doux. Jonas parle, pose des questions, rit, dit des conneries, bref, il me fatigue, et je n’arrête pas de lui demander d’être plus doux, mais il ne peut pas s’empêcher de m’empoigner trop fort. Il voudrait que je cri, que je lui dise que son corps me plait, que je le supplie de continuer…. Ouais, ok, bon, stop. C’est relou là, je n’ai plus envie.

On redescend, je suis un peu blasée, et en même temps frustrée de n’avoir pas été jusqu’au bout. D’un autre côté, je préférerai me trouver quelqu’un d’autre – mais il m’a fait promettre que « cette nuit, c’est juste lui et moi », et me voilà coincée [Note pour plus tard : ne jamais promettre une connerie pareille].
L’orgie est fini, tout le monde est redescendu et danse à moitié nue. Jonas prend l’organisatrice à parti, lui disant « N’est-ce pas que j’ai la plus belle femme de la soirée à mon bras ? Elle est belle hein ? ». Elle me regarde, un peu décontenancé, et je lui retourne un sourire embarrassé. Ouais, ce mec n’a pas trop compris où il se trouvait. Je me dis que, pour une fois que je cherche du sexe sans possibilité de voir intervenir des sentiments, il fallait que je tombe sur un type qui s’attache à moi. C’est quand même un comble.
Il boit encore, et continue de parler.
Je soupire.

Je retrouve mon cavalier, qui est officiellement « mon mari », comme le qualifient les autres participants (notre histoire s’étoffe malgré nous), et il me propose de rentrer : il est 2h du matin, lui a un baptême demain matin et prend le train à 8h.

Je suis un peu frustrée de ma soirée, mais je rentre avec lui. Jonas insiste pour prendre mon numéro de téléphone, que je lui donne [Note pour plus tard : ne jamais refaire une connerie pareille].
Sur le chemin qui mène au métro, on débriefe. Clairement, il a bien mieux géré sa soirée, et il a évolué dans ce monde comme un poisson dans l’eau.

Moi, je ne sais qu’en penser. J’ai le sentiment d’avoir fait des tas d’erreurs, et d’avoir très mal abordé cette soirée : Je me suis sentie obligé de tenter quelque chose avec quelqu’un, j’ai paniqué, je n’ai pas abordé les personnes que je voulais vraiment, il y avait finalement très peu de monde à cette soirée (une trentaine maxi à l'apogée de la soirée) et très peu de femmes, ce qui a amené un très fort déséquilibre. Ça n’était pas très festif non plus, malgré la musique, personne ne dansait, ce qui accentuait cette impression de « devoir faire quelque chose ». J’ai suivi Jonas et ses pérégrinations et ses emphases, et, du coup, je me suis empêchée de voir d’autres choses. Je n’ai rien vu de l’orgie, pourtant ça m'aurait plu - et y participer, peut-être. J’ai le sentiment d’être passé à côté de ma soirée.

J’ai pu en discuter après coup avec Clarissa Riviere, un peu plus familière que moi des soirées libertines, et identifier ce qui m’a gênée. Au final, je pense que j’ai mal choisi la soirée, j’aurais dû opter pour quelque chose de plus grand, de plus festif, de plus dansant.

A charge de revanche, donc !

PS : Et concernant Jonas, il m’a noyé sous les messages pendant plusieurs jours : « La soirée n’a plus été la même après ton départ » ; « j’espère te revoir » ; « Je renouvelle mes messages même sans l’influence de l’alcool : tu me plais beaucoup ».
C'était vraiment, vraiment, vraiment pas une bonne idée de lui laisser mon numéro.

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