mercredi 5 décembre 2018

Et démissionner de l'Association

Suite à mes états dépressifs assez profonds, je suis suivie de près par une psychologue. Si nos premiers contacts m'ont laissés dubitative, et peut-être un poil haineuse ("cette femme n'a aucune empathie. Je crois qu'elle me hait. Je suis sûre qu'elle me juge. Je pense que je vais arrêter"), il s'avère en fait que cette femme n'a peut-être pas d'empathie, n'a certainement aucune pitié, est absolument tyrannique et m'oblige à me confronter à mes pires failles, mes hontes, mes traumatismes. Et elle ne me laisse pas ressortir tant que je n'ai pas été au bout des choses.
Bref : je l'aime.
Mais cette thérapie est un putain de chemin de croix quand même. 


En peu de temps, j'ai affronté beaucoup de choses. Je crois que je suis fragile comme jamais - parce que je déconstruit tout, pour, j'espère, reconstruire mieux.
J'ai pu comprendre beaucoup de choses, grâce à elle.

Mon rapport au sport, par exemple. 
Auparavant je gérais mes émotions en me scarifiant, ou en me faisant mal, d'une manière ou d'une autre. Aujourd'hui je fais 20h de sport par semaine.
Elle insiste sur le fait que c'est tout de même mieux, et que c'est juste un autre moyen de gérer.
Moi, bornée, je retiens que le sport n'est qu'un moyen de me faire mal plus fort que mes émotions. Ça m'a beaucoup refroidit, et j'ai drastiquement ralenti la cadence.


Mes peines actuelles, qui me revoient à mes peines passées, et qui trouvent leur origine dans mon enfance merdique, et dans la violence que j'ai subit étant ado.
Qu'elle me fait revivre à en crever, m'obligeant à affronter la petite fille sous le bureau, et elle me tient la main pendant que je pleure toutes les larmes de mon corps.

Ma colère actuelle, mon désespoir, qui me renvoie à la haine à laquelle je m'accroche. 
Cheminement tordu : 
"Si je vais mieux, c'est comme si je pardonnais. Miguel, dans une moindre mesure, puisqu'il n'en saura jamais rien - c'est devenu une tristesse sans objet, une douleur qui se fane par la force des choses. Mais pas Charles-Henri, que je croise trop souvent - et qui a été le summum de l'irrespect envers moi. Si je pardonne, je le laisse aller. Mais si je laisse aller, je légitime ses actes. Or il n'y a aucune légitimité possible à ses actes. Donc je ne dois pas aller mieux".
Tout comme je ne peux pas laisser aller ce que j'ai vécu étant enfant. 
Et tout ça s'entrechoque, et les uns font échos aux autres, et me laissent exsangue. 
Ma psy a exulté : "Oui, vous mettez le doigt dessus !"
En effet, je mets le doigt sur le fait que je suis foutrement têtue, bornée… Et ça doit s'appeler "rancune", également. Une foutue rancune qui ne fait du mal qu'à moi.

Je ne sais pas comment venir à bout de cela, mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que ce n'est pas en continuant à aller à l'Association que j'irais mieux. 
Après cette séance, j'ai réalisé que je n'irais pas mieux tant que je risquerais de croiser Charles-Henri, car une partie perverse de moi voudra être au plus mal juste pour qu'il se sente coupable (ce qui est stupide. Et indigne de moi. Et qui n'arrivera pas). Bien sûr, je pourrais m'entêter et dire que je surmonterais ça, ça serait plus glorieux (parce que vaincre sans péril, c'est triompher sans gloire - je suis Corneille si je veux).
...Mais ça fait deux ans que c'est terminé avec le-mec-de-la-salle-de-sport, et c'est toujours une putain de souffrance de le croiser chaque semaine à la salle - et il ne m'a pas fait la moitié du mal que m'a fait Charles-Henri. 
Conclusion : Je ne suis pas douée, avec le laisser-aller.
Et maintenant, écouter "Let it Be" des Beattles me rappelle Miguel.
Ça n'arrange rien.

Aller à l'Asso se résume à flipper avant d'y aller, paniquer en y étant, et pleurer en repartant. Mon échelle d'appréhension sera "Vais-je pleurer ou pas ?". Dans le meilleur des cas, je repars en me disant "Au moins je n'ai pas pleuré". 
Et jamais "J'ai passé une super soirée !".
J'étais bénévole pour m'engager, me changer les idées, m'amuser, faire quelque chose de positif. Désormais, je cherche un instant de grâce dans toute une soirée de torture... Et ça n'est pas le but. Le bénévolat ne devrait pas être une souffrance.
Sans parler du fait que je ne me sens plus à l'aise avec personne, à l'Asso, ayant continuellement l'impression que tout le monde est gêné en ma présence. Mais peut-être que je suis la seule à être mal à l'aise, et que tout est dans ma tête... Mais finalement, n'est-ce pas suffisant pour dire stop ?

J'ai donné ma démission par mail. Dans ma tête, j'étais déjà partie. J'ai écrit un message que je ne voulais d'abord envoyer qu'à Président. Puis je me suis dit que ça concernait les autres. Sauf Charles-Henri, peut-être. Et puis merde : je l'ai envoyé à tout le monde, point barre. Ça concerne tout le monde, ça explique pourquoi je pars, ça explique pourquoi l'Asso est devenu une telle épreuve pour moi, et pourquoi je pleure aux réunions.

Lisa m'a écrit dès qu'elle a lu le mail. "C'était très courageux de ta part de t'ouvrir à nous comme ça. Merci de l'avoir fait. Je te souhaite d'aller mieux car tu le mérites".
"Courageux", non, ça ne l'est pas. C'est juste ce que je ressens depuis presque 1 an, et je n'ai pas honte de ce que je ressens - c'est là, je n'y peut rien. 
Je n'ai pas non plus le courage d'affronter ça, ni de laisser aller, de pardonner, et visiblement je n'ai pas le courage d'aller mieux.
Mais maintenant je le sais.
Et en lâchant du leste, j'espère me donner la place et le temps de me recentrer, et de pardonner, non pas Charles-Henri, mais moi même. Parce qu'au final, en le haïssant lui, c'est moi que je blesse.

2 commentaires:

  1. Se couper des choses/personnes qui t'envoient quelque chose de négatif était la meilleure chose à faire.
    Bien que tu adorais (je parle au passé car les dernières fois c'était une épreuve pour toi d'y aller) passer du temps au sein de cette association, rien ne t'empêchera dans le futur de trouver un autre terrain pour t'épanouir.
    Entoure-toi de personnes bienveillantes/positives et coupe-toi des sources de stress/anxiogènes.
    Et c'est une chouette nouvelle de savoir que cette psy sache te parler et te faire réagir sur plein de sujets.
    Prends soin de toi <3

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    1. Tu as sans doute raison ! Une partie de moi trouve ça un peu "facile", car c'est une fuite, mais j'ai besoin de me simplifier la vie... Et je pense effectivement que ça passe par se couper des sources de stress.
      Je crois que je chercherai une autre association dans laquelle m'investir, car finalement, j'ai beaucoup aimé le bénévolat. Mais c'est vrai que j'y restais parce que je l'adorais AVANT, je continuais à y aller pour ce que ça avait été pour moi AVANT... C'est un peu une relation où tu réalise que la seule chose qui reste, c'est les souvenirs passés.

      J'ai de la chance, j'ai trouvé une psy qui me convient vraiment bien. C'est hyper compliqué financièrement, je suis complètement fauchée, mais j'ai le sentiment d'avancer. En plus elle m'explique comment on travaille, comment je réagis, pourquoi, ce qui m'aide à comprendre mes schémas mentaux et qui m'aide à avancer bien plus vite. Je pense que j'en parlerais un jour, car c'est passionnant et je suis sûre que ça pourra parler à plein de gens, et peut-être en aider certains ! ... Mais quand j'aurais un peu plus de recul et que je serais capable d'en parler sereinement.
      En tout cas merci pour ton soutien, tes petits mots et ta présence ici. Ça me fait toujours autant chaud au cœur :) <3

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