Je passais déjà parfois par cette route avant de déménager, donc elle
m’a aussi accompagnée dans ce grand changement de vie. Je ne l’emprunte pas
chaque jour pour aller travailler, ce qui l’a rend encore un peu plus spéciale.
Elle m’a accompagné lors de mon retour de sortie avec Sharon, lorsque
j’ai appris que mon ex, Charles-Henri, m’avait quitté pour une autre (et non
pas parce que tu es végétarienne (slash)
ta façon de vivre est différente de la mienne (slash) je ne sais pas
vraiment). Cette route m’a entendu crier, pleurer, hurler, manquer d’air, et
avoir envie de mourir.
Je crois que cette route restera à jamais marquée par cet ouragan d’émotions
violentes que j’ai ressenti ce jour-là. J’y repense parfois, et je me dis, calme
et un peu effrayée « J’étais dans un état terrible, comme rarement ça a pu
m’arriver ».
Mais ça restera notre secret à toutes les deux.
Mais ça restera notre secret à toutes les deux.
Une autre fois où j’ai eu une envie terrible de tuer, mourir, hurler à
en prendre le ciel à témoin, j’étais sur une autre route – les routes, toujours
les routes… Je repense avec nostalgie à cette route qui allait de Sète à
Marseillan, et qui, à l’époque, longeait la plage. J’étais saisonnière pour l’été,
c’était il y a plus de dix ans, et cette route, que j’ai arpenté peut-être 5
mois de ma vie, restera associé à des moments très forts de mon existence, au
rythme des CD que j’écoutais à ce moment-là et sur lesquels j’ai gravé des
émotions indélébiles. Cette route n’existe plus – ou, tout du moins, elle ne
longe plus la plage.
Déjà à l’époque, j’aimais à en mourir et je souffrais à en crever – je n’ai
jamais été une personne de nuances.
Après la crise, j’ai pu reprendre le sport, que j’avais dû arrêter
après une blessure, et je rentrais en passant par cette route. J’ai commencé à
faire de la boxe, et je crois que ça a été le début de ma remontée. Je me
souviens de cette première séance, où je suis rentrée à plus de 22h, un 14
février, et je me sentais vraiment bien. « Galvanisée », m’étais-je
dit.
Cette route a été témoin d’instants de sérénité, où je me disais « Je
me sens bien. Je crois que là, tout de suite, je suis heureuse ».
Jusqu’à mon voyage à la Nouvelle-Orléans, et son lot d’imprévus et de
rencontres, et notamment celle de Miguel. Cette route – et dans l’ensemble tout
ce qui formait ma vie – n’avait plus vraiment d’importance pour moi. Je
l’empruntais sans la voir, je l’arpentais sans y faire attention, pendant
quelques mois, jusqu’à mon voyage au Brésil, pour revoir Miguel.
Un voyage que j’ai idéalisé, une vie que j’ai voulu réinventer… Mais
pas lui.
Au retour, j’ai déserté cette route, car ma salle de sport fermait, les
cours de boxes étaient suspendus, et dans l’ensemble, j’ai sombré dans une très
profonde déprime.
Lorsque la vie a repris son cours, que la rentrée a eu lieu, j’ai
repris ma routine – travail, sport, boxe, la route m’a vu haineuse et
désespérée. Elle m’a vu rentrer de soirées où rien ne me semblait avoir de
sens, elle m’a vu m’interroger sur la possibilité d’y mourir. Ça ne semblait
pas si fou, de laisser cette route me prendre, et me garder pour toujours.
Vivre était tellement insupportable.
Et puis j’empruntais cette route pour aller chez ma psy – et surtout en
revenir. Car c’est toujours le retour qui est important, que l’on parle de
sport ou de séance chez la psy : quand je reviens plus riche, plus
songeuse, plus détendue, meilleure qu’à l’aller. Et que la sérénité du lieu
exacerbe mes réflexions.
En été je vois le soleil s’y coucher, bas, orange et éblouissant.
Parfois la pluie me cache une grosse partie du paysage.
En hiver, j’y attends la neige, qui sublime le paysage, et recouvre
tout d’un manteau encore plus silencieux que d’habitude. J’aime les tempêtes de
neige, aux flocons tourbillonnants. Je prends alors mon temps pour rentrer ;
par sécurité, et aussi pour la beauté intemporelle du moment.
Sur cette route, je me sens parfois seule au monde ; la route et
moi, au volant de ma petite voiture, et au son de la musique que j’ai pu
écouter cette année, et qui a coloré mon histoire. Ces musiques que je
réécouterais plus tard, et qui feront remonter les émotions de ces instants
disparus.
La proximité de la foret fait que j’ai croisé également d’autres
habitants de cette route : un cerf, une portée de renardeaux dont les
yeux luisaient dans le noir. Et autres lapins et mulots. Nous nous croisons
sans nous connaitre, mais toujours sur cette même route.
C’est aussi sur cette route que j’ai arrêté de vouloir mettre fin à mes
jours. Je guéris de mon rêve fou de partir vivre à l’étranger pour suivre un inconnu que j'ai trouvé beau comme s'il avait été créé pour moi ; je le fais en observant la
beauté du paysage, et en me disant que cette route, parfois dorée sous le
soleil, parfois blanche de neige, parfois juste noire de nuit, m’aurait manqué.
Elle et moi avons partagée trop de choses, et ce n’est pas encore fini.
J'essaie de réapprendre à vivre, et j'expérimente sans me soucier de la morale ou du qu'en-dira-t-on, Une transe sous LSD, une soirée qui dérape gentiment entre amis, du sexe pour le sexe en soirée libertine. Et la décision salvatrice de couper court avec ce qui m'empoisonne, mon dernier lien avec mon ex.
C’est sur cette route que je me dis, un peu nostalgique « J'espère que je saurais regarder mes folies avec tendresse, et être heureuse de mes choix - qu'importe la finalité, juste me dire "J'ai été au bout des choses". Peut-être qu’un jour, je ressentirai à nouveau cette sérénité, ce sentiment que je vais bien et que je me sens heureuse, comme j’ai pu parfois le ressentir cette année ».
J'essaie de réapprendre à vivre, et j'expérimente sans me soucier de la morale ou du qu'en-dira-t-on, Une transe sous LSD, une soirée qui dérape gentiment entre amis, du sexe pour le sexe en soirée libertine. Et la décision salvatrice de couper court avec ce qui m'empoisonne, mon dernier lien avec mon ex.
C’est sur cette route que je me dis, un peu nostalgique « J'espère que je saurais regarder mes folies avec tendresse, et être heureuse de mes choix - qu'importe la finalité, juste me dire "J'ai été au bout des choses". Peut-être qu’un jour, je ressentirai à nouveau cette sérénité, ce sentiment que je vais bien et que je me sens heureuse, comme j’ai pu parfois le ressentir cette année ».
C’est ce que je me souhaite pour l’année qui arrive, et c’est ce que j’attends,
patiemment, en faisant comme si j’étais sûre que ça arrivera.
En attendant, Bonne Année à tous, et (faites) que vos vœux se réalisent !
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