Pour réussir à concilier gestes barrières, liberté de s'exprimer et confidentialité, ma psy m'a proposé d'aller marcher en forêt. Ainsi pouvions-nous garder 1 mètre de distance, retirer les masques, et parler sans que personne ne puisse nous entendre. Par ailleurs, je trouve naturel de se livrer en marchant, et le faire au milieu des arbres est plutôt rassurant.
Elle a également insisté sur le fait que la marche est un très bon antidépresseur, et nous voici donc parties à faire des séances d'une heure de marche en forêt.
Initiative qu'elle a peut-être un peu regretté lorsqu'elle s'est aperçu que j'ai tendance à marcher plus vite lorsque je suis énervée, ce qui est arrivé de nombreuses fois en une heure, et elle devait cavaler à mes côtés pour tenir mon rythme en haletant.
C'est là où, entre deux cavalcades, elle m'a lancé : « Mais… pfffff…. pfffff…. Sinon….. Pffff….. Quel bilan…. hhhhhh….. Tirez-vous..... de ce confinement….. ? Pfffff pfffff. Qu'est-ce que ça….. vous…. a.... appris sur…. hhhhh…. vous même ? »
Je m'arrête, saisie.
Elle s'arrête aussi, bienheureuse, et reprend son souffle.
- Ah ben ça, c'est une bonne question !
Je repars.
Elle me suit, à l'agonie.
Puis ose un petit :
- Vous marchez vite, tout de même.
- Oh pardon.
Je me souviens soudain qu'elle a plus de soixante ans, et peut-être pas forcément envie de faire un footing à mes côtes.