J'étais déjà relativement peu confiante sur le fait de pouvoir poursuivre ce projet dans mon pays ; comme l'exprimait ma gynécologue, le temps que la loi passe, qu'elle soit mise en place, et que les banques de sperme soient prêtes à faire face à la demande, il fallait compter une réelle mise en application deux ans plus tard.
Pourtant, sans doute que je l'espérais...
Ne pas être hors la loi.
Ne pas devoir aller en Belgique.
Etre une des pionnière de cette loi en France.
Bénéficier du droit de le faire.
Douche froide, pourtant : cette loi est repartie d'où elle est venue, avec, au passage, la suppression de l'autoconservation des ovocytes (cela nécessite également d'aller en Espagne ou en Belgique, et d'avoir un portefeuille bien garni).
Bref, nous restons donc encore en status quo, rien ne bouge, et surtout, le temps passe.
Je note que cette loi est examinée "juste avant que la séance ne soit suspendue pour le dîner". On peut se demander à quel point elle l'a été sérieusement.
J'observe également, non sans angoisse, les déambulations haineuses des Manif pour tous, qui m'avaient déjà horrifié lors des manifestations anti-mariage gay. Mon père avait été le premier de son département à se marier lorsque la loi était passé (dix ans qu'ils attendaient ça, avec son compagnon), et le mariage avait été célébré sous haute tension, le maire (ayant tenu à célébrer le mariage en personne), craignait des esclandres ou agressions. La presse avait été interdite de couvrir l'événement pour éviter d'inciter les rageux à venir.
Je m'étais demandé, impuissante, pourquoi les gens trouvaient aussi intolérable ce qui se passait dans la vie des autres.
Pire, lorsque ça vient à toucher aux enfants, plus personne ne semble savoir agir sans émotions.
Cette personne, visiblement plus au fait que les autres de ce qu'il faut faire, peut-elle affirmer être un bon père, et donner d'excellents repères à ses enfants ? |
Je me demande aujourd'hui si la pression de ces personnes a pu faire pencher la balance, et retarder l'arrivée de cette loi. De quoi se mêlent ces gens ? Comment peuvent-ils être convaincu de détenir la vérité absolue ? Pourquoi inciter au mépris et à la haine ? Et eux, est-ce vraiment cela qu'ils veulent transmettre à leurs enfants ?
Ou est-on juste, encore une fois, les observateurs d'un patriarcat agonisant, qui juge intolérable que les femmes puissent être totalement libres, et s'émanciper jusque dans la maternité ?
Est ce que la vraie question, ce n'est pas "Que vont devenir les enfants ?", mais "Que vont devenir les hommes ?" ?
N'est-on pas, encore, à diaboliser la femme célibataire, la "Sorcière" que l'on pouvait bruler au Moyen Age (généralement les femmes trop désirables ou trop libres, c'était forcément l'œuvre du diable), la femme qui n'est pas soumise et refuse d'entrer dans le moule ? Est-ce qu'on n'est pas, finalement, toujours au même point ? Car lorsque des médecins ont l'outrecuidance de lâcher à leurs patientes "Oui enfin, vous feriez mieux de vous trouver un homme et de rentrer dans le rang", n'est-ce pas un humiliant rabaissement ?
A ce genre de remarque, je pense que la seule réponse à donner, c'est celle-ci : "Justement, à trop rencontrer d'hommes comme vous, je préfère rester seule".
Bref, la PMA en France, ce n'est pas pour demain...
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