dimanche 25 septembre 2022

L'Agence Matrimoniale : Attaques et contre-attaques

A la suite de mon mail très énervé, le Directeur ne tardera pas à me répondre... Une réponse pour le moins inattendue, mais finalement dans la lignée délirante de tout ce que j'ai déjà pu vivre avec eux.
Je reçois donc un mail foutraque et bordélique, où il m'explique qu'il travaille beaucoup, il a 4 agences, il fait plus de 1000 km par mois pour naviguer de l'une à l'autre, ses employées sont parties [perso, quand on me dit qu'il y a un gros turn-over quelque part, j'ai immédiatement toutes les sirènes d'alarme qui se déclenchent], ça fait longtemps qu'il n'a pas eu de vacances, et puis c'est lui qui a mis en place le prélèvement, mais aussi c'est compliqué, il a 8 comptes (!), et puis il travaille beaucoup (etc etc). 
D'ailleurs si je pouvais lui prouver mes dires (!!) et lui donner les références, histoire qu'il voit comment faire pour annuler le prélèvement parce que normalement c'est pas lui qui fait ça.

Bref : "ouin ouin, j'ai beaucoup d'argent à gérer, c'est compliqué".
Mais sinon moi je t'ai filé un mois et demi de salaire, et j'apprécierai que tu ai la délicatesse de t'apercevoir qu'on n'a pas le même niveau de vie.

Il explique également : 
« J'espère que vous comprendrez aussi que j'ai accès à tous les mails de mes collaboratrices et de mes agences, en tant que responsable ainsi qu'à tous les dossiers et je réponds parfois à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit (pour un mail cela n'a aucune importance), donc surtout en l'absence des conseillères (qui, elles, ne travaillent que 39h /semaine) ». 
Ma question : est-ce que ça lui donne le droit de se faire passer pour l'une d'entre elle ? Car si la cnil autorise les chefs à regarder les mails de leurs employés, je n'ai rien trouvé au sujet d'une usurpation d'identité...

Et mon passage préféré : 
« Cela étant je n'aime pas mais pas du tout la tournure qu'a pris votre attitude récemment envers L'Agence » 
Je lui répondrais qu'en effet, je conçois qu'on se fait généralement de moi l'image d'une oie blanche un peu cruche, et que c'est toujours une surprise désagréable lorsque je montre qu'en fait je ne me laisse pas marcher dessus. 

Question subsidiaire : Dois-je être tenue responsable de l'image que les autres se font (ou souhaitent se faire) de moi ?
(La réponse est non).

Il ajoutera enfin que je devrais être contente car il m'a fait un tarif préférentiel (donc je dois attendre un service au rabais, et dire encore merci ? C'est la question que je lui pose - il n'y répondra jamais).
Il termine en m'ordonnant (oui oui, il m'ordonne) de lui téléphoner pour "éclaircir tout ça", car sinon "j'aurai une surprise désagréable". 
Et il termine par ce magistral : « Bref, j'attend votre appel avant de répondre à vos autres demandes et vous prie de recevoir mes salutations les plus laborieuses »
Laborieuses, rien que ça ! 

Je répondrai point par point à son message, pointant notamment le fait qu'il ne s'exprime pas du tout au sujet des fiches profils, et, en gros, au sujet de mes récriminations contre leur absence de professionnalisme. Ce que j'appelle "les faits", en somme.

Un peu plus d'une semaine s'écoule, sans que je reçoive la moindre nouvelle.
Je dois bien avouer que la situation me dévaste : j'ai claqué un mois et demi de salaire, pour me faire rouler comme une gamine - et traitée comme telle. 
Une idée m'obsède : je ne peux pas laisser faire ça. Je ne peux juste pas, c'est trop. Trop énorme, trop injuste, trop malhonnête.

Je prends une après-midi pour (re)lire entièrement mon contrat. 
Vérifier mon éligibilité à l'aide juridictionnelle. 
Chercher des avocats près de chez moi. 
Chercher des infos sur internet.
Ca me rassure. 
Enfin, un tout petit peu.
Sauf la partie qui dit que l'Agence peut employer des acteurs pour tromper ses clients - bon sang, après tout ce qu'ils m'ont fait, ils en seraient capable ! 
Je suis plus épouvantée que jamais.

Je trouve, dans mon contrat, l'ordre à respecter pour les litiges : 
En premier lieu, s'adresser à l'Agence. 
Been there, done that, Next Level.
En cas de non aboutissement, je peux contacter un cabinet de médiation. Et/ou un conciliateur de justice.
Ca me rassénère. 
Je me renseigne sur la procédure : il faut décrire le plus précisément possible le problème, apporter des preuves, constituer un dossier. Ça tombe bien, j'ai tout gardé. Y compris les fiches profiles incriminées, que j'ai eu la présence d'esprit de scanner, avant de les renvoyer à l'Agence. Bénie soit ma psychorigidité, et mon rapport obsessionnelle à la vérité et aux détails ! 
J'envoie donc un mail ultra détaillé, avec une annexe, et des notes de bas de pages renvoyant aux "preuves". Les mails de l'Agence feront également foi - notamment celui de Christina, qui m'avoue que son patron a répondu en son nom (+ un texto qu'elle m'a envoyé de son téléphone perso pour s'excuser... Alors qu'elle n'avait rien à se reprocher, la pauvre !)... Et un mail du Directeur qui reconnait, lui aussi, avoir écrit à sa place.

Le cabinet de médiateur annonce avoir 3 semaines de délai pour examiner le dossier. 
Je m'arme donc de patience, me demandant s'il serait judicieux que je contacte en même temps le conciliateur de justice.

Le lendemain, je reçois un mail de l'Agence. 
Hasard ? Coïncidence ?  
En tout cas, je sens mon cœur s'accélérer. Si je pensais être en colère jusque-là, je réalise que ce n'était pas DU TOUT le cas : c'est en lisant ce mail, que j'expérimente la vraie rage, la pure haine, et le plus abjecte mépris dont je suis capable (et ça me fait peur) :

Le courrier commence ainsi : 


Suite à votre courrier, nous avons pris bonne note de votre volonté de rompre le contrat qui nous lie (*).


Truffé d'astérisques, il dit, en gros, que mon précédent mail "indique clairement une volonté de mettre un terme définitif au contrat". Et que donc ils accèdent à ma demande, et qu'il n'y aura aucune conséquence sur les honoraires, qui sont forfaitaires et non révisables. Par ailleurs, "concernant [ma] recherche matrimoniale, ils considèrent le dossier comme archivé, et sont délivrés de toute obligation à mon égard".


Après une partie très formelle, qui rappelle le contrat, il y a environ deux pages d'astérisques, et là on n'est plus du tout dans le formel. C'est... incroyable. Puant d'arrogance et de condescendance. 


Extraits : 
Sachez que les menaces ont l’effet inverses à celui escompté … nous avons pignon sur rue depuis si longtemps :  les autorités compétentes nous contrôlent régulièrement, elles connaissent exactement nos procédures.  
[...]
Si cette situation ne vous convient pas vos pouvez [...] faire appel à notre médiateur gratuitement, si vous avez des arguments juridiques substantiels à faire valoir.
[...]
Il apparaît que plus on vous explique les choses et plus vous vous obstinez dans votre vision étroite et partiale.
[...]
2)     Ce que vous jugez comme des humiliations répétées et des erreurs impardonnables paraissent en réalité bien loin de ce qu’il se passe en Ukraine, au Yémen, au Congo … ou en Chine par exemple… ou même au regard de fusillades aveugles dans des écoles aux USA ou ailleurs. 
[...]
Nous espérons que la raison va l’emporter [...] Vous pourriez désormais apprécieriez votre situation différemment, après avoir lu ce qui précède. Dans ces conditions, comme aucun remboursement n’aura lieu, si vous pensez qu’il serait mieux ou en tout cas intéressant de bénéficier à nouveau de nos services [...] nous pourrions sans frais et très simplement vous le permettre : un simple RDV à l’agence pour une signature (impérative) peut suffire… avec la conseillère de votre choix et elle seule si vous voulez.

- Tentatives d'intimidations (les menaces ont l'effet inverse, "Nous avons pignon sur rue depuis longtemps"...)
- Condescendance : "Vous vous obstinez...", "Vous êtes partiales et en colère...", "Revenez à la raison..." (ne manquait que le petit "pauvre petite femelle hystérique, soumise à ses pulsions féminines incontrôlables)
- Paternalisme odieux : "Maintenant gamine, tu vas t'incliner devant ma toute puissance, rentrer dans le rang, venir signer un nouveau papier la queue entre les jambes (pour bien montrer ta soumission), et être honorée d'avoir le privilège que je m'occupe encore de ton cas"
Un rappel des faits ? Une reconnaissance de leurs erreurs ? Un rappel de ce que je leur reproche ? Que nenni ! Ah, si : "Ta gueule bichette, et soit contente de vivre en France, dans un pays qui n'est pas en guerre, y'a plus grave dans la vie !". 

Je réponds donc que, avant de recevoir son message, j'ai déjà pris la liberté de saisir le cabinet. Et que j'ai bien noté que j'ai le droit de saisir un conciliateur.
Je précise tout de même que je suis ébahie devant cette réponse, et cette absence de reconnaissances de leurs fautes.

Les jours passent.
Le doute s'installe.
Et puis s'il avait raison ? Si mes faits ne sont pas assez solides ? Si c'est vrai qu'ils sont contrôlés si souvent, et s'en sortent si bien ?! Je regarde les avis Google. Dans le dernier, c'est lui-même qui poste un avis sur sa propre agence, pour dire qu'ils existent depuis longtemps et qu'ils sont gages de qualité. C'est légal ça, de vanter son propre lieu ?! Sérieusement, ils n'auraient fait de la merde qu'avec moi ? Ou auraient eu affaire à des gens moins virulents que moi ? Qu'en penser ? Que faire ?

Deux semaines et demi plus tard, je recevrais un mail du cabinet de médiation /

Après examen de votre dossier, il s’avère que votre réclamation entre bien dans le champ d’application de la médiation de la consommation, et que votre dossier remplit toutes les exigences de recevabilité.
Le médiateur est donc saisi.

L'immense sensation de soulagement, puis les larmes, me feront réaliser à quel point j'étais sous tension.
Mon dossier est recevable.
Je ne suis pas folle.
Ce qui veut dire aussi que la pique du Directeur, qui soulignait que j'avais besoin d'éléments juridiques substantiels à faire valoir, était peut-être une énième tentative d'intimidation.

Si je suis soulagée du mail du cabinet, je crains que l'histoire soit loin d'être terminée.

2 commentaires:

  1. Malheureusement, ce n'est guère surprenant cette réponse (et la précédente).
    Ces gens sont capables de tout et n'importe quoi plutôt que s'avouer vaincus.
    Ils font de l'intimidation, racontent n'importe quoi en espérant que le gogo mordra à l'hameçon (en gros, soit tu reviens et on en parle plus, soit on te pique ton fric), sauf que.. c'est pas légal.
    J'ai déjà connu des choses dans le genre (avec une auto-école, qui a "coulé" du jour au lendemain) sur le forcing et le côté totalement dingue de cette attitude qui joue cranement sa chance.
    Quand j'ai lu que ta demande etait recevable, j'avoue avoir été content pour toi ah ah

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    1. Néanmoins, ils ont le pouvoir, car... ils ont l'argent. Et surtout [spoiler alert] un "contrat explicitement à leur avantage, avec des clauses vagues pour leur permettre de laisser les choses à leur propre appréciation" (je cite les conclusions de mon avocate). J'ai appris que ce genre de contrat est très commun, (c'est un nom genre "contrats à la consommation"), et c'est fait en gros pour niquer le consommateur et avantager le vendeur (je cite l'avocate, avec un langage un peu plus personnel) ; de toute façon c'est simple : soit tu signes, et tu "acceptes" te faire avoir, soit tu ne signes pas - mais tu ne fais quasi plus rien. Conclusion ? Les dés sont pipés. Mes options ? [spoiler alert] Laisser tomber ou mettre à peu près la même somme dans les frais de mon avocate en espérant qu'un Juge va interpréter leur contrat très vague à mon avantage. [ce qui me permettrait alors sans doute de simplement rembourser les frais engagés - du moins si je gagne]
      Ca laisse pantois ^^°

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