mercredi 1 mars 2023

"L'envie de plaire : c'est terminé" (affirme-t-elle sourcils froncés)

 Je suis apaisée depuis de nombreux mois : d'une humeur plutôt égale, appréciant ma solitude, et totalement détachée d'une éventuelle vie amoureuse, sentimentale ou sexuelle.
Maxence, qui était le premier gars qui s'intéressait à moi IRL et hors rendez-vous Agence, a douché l'éventuelle envie que j'aurais pu avoir de faire entrer quelqu'un dans ma vie - ou dans mon lit. 

Comme dirait une philosophe des années 2000 :
(C'est cadeau)

Comment expliquer ce calme émotionnel ? 

Je tourne la question dans tous les sens, et je ne vois qu'une réponse : Me tenir éloignée des envies de plaire/séduction/relations, me protège de toutes les émotions négatives associées.
Ou peut-être que la vraie affirmation serait  "Me tenir éloignée des hommes hétéros me protège de toutes les émotions négatives associées".

Oui, je suis une femme qui se considère féministe, et qui ne vis pas comme la plupart des femmes hétéros de son âge. J'ai souvent entendu à mon sujet que j'étais bizarre, ou pas comme tout le monde - "anormale" n'était pas loin, juste sur le bout de la langue. J'ai beau fustiger le principe abscons de "normalité", je suis capable de savoir ce qu'on entend (attend ?) par là. 
J'en suis révoltée, mais pourtant, si un homme de mon âge, plutôt mignon selon mes propres critères, vient me parler, je n'agirais pas de la même façon que si c'était une vieille femme. Certes, mon orientation sexuelle m'amène à être *aussi* bien plus sympa avec une jolie fille (toujours selon mes propres critères, qui ne sont assurément pas les mêmes que ceux de Cosmopolitan).

Mais je m'égare.

Malgré mon indépendance, je peux être un caneton, et suivre le premier canard (pour ne pas dire connard) venu. C'est ainsi que je me suis fait arnaquer par un faux représentant de l'Anah, que j'aurai flairé comme une embrouille si je m'étais concentré sur autre chose que sur sa barbe et ses tatouages - nul doute que j'aurais claqué la porte si j'avais eu un Justin Bieber sur mon seuil. 
Maudit soit nos hormones !!! Voilà qu'en plus de mes soucis avec l'Agence, je dois porter plainte, contacter les impôts, contrôler mes comptes bancaires, et tenter de me défaire d'un système d'arnaque bien rodé. Sans parler de mon adresse mail nominative "propre", désormais pollué chaque jour. C'est ingérable, et j'envisage de la supprimer, et même de changer de numéro de téléphone.

Mais outre cette arnaque, qui me coute beaucoup de temps et d'énergie, je suis plutôt apaisée : je vais au boulot, au théâtre, au ciné, au bar ou à la salle de sport en me fichant royalement de mon apparence.
Je m'habille comme j'en ai envie, me coiffe quand j'en ai envie, et me contrefout d'avoir l'air crevée quand je le suis. Plaire ? Pour quoi faire ? Je me considère officiellement comme une vieille fille, je dors avec un bonnet de nuit (de la marque Slip, et j'ai un fou rire chaque soir en me disant que je dors avec mon slip sur la tête),  j'ai tiré un trait sur le principe même de chercher à être attirante. Je n'ai jamais perdu le poids que j'ai pris après Isaac, et puis après tout quelle importance d'être désormais difforme ?! Peut-être que plus personne ne me fera de mal comme ça : on ne blesse pas les gens qui ne nous attirent pas. Et moi j'aime mes soirées solo, mes sorties en ma seule compagnie où je peux silencieusement plonger dans mes pensées, les petits moments entre collègues ou entre amis, avant de rentrer chez moi - où je loue beaucoup moins souvent sur Airbnb, pour le simple plaisir d'être tranquille.

Combien de temps ça durera ? Je sais que la sérénité, tout comme le bonheur, n'est pas un état permanent. 
Mais je souhaite que ce sentiment d'apaisement dure le plus longtemps possible.

Je repense sans aucune nostalgie aux émotions cataclysmiques que faisaient naitre les relations que j'ai pu avoir ces dernières années. Oui, des euphories vertigineuses, et des joie incommensurables. Mais aussi des peurs, des doutes, des questions sans fins -parfois des drames. Je n'ai pas l'énergie pour ça - ni pour les joies, ni pour les peines. Ni l'un ni l'autre, c'est tellement plus simple et reposant !
Les émotions positives ne valent sans doute pas leurs pendants négatifs.

Je suis retombée sur un de mes articles sur le mec-de-la-salle-de-sport. Je l'ai revu, il y a un mois peut-être : en arrivant à la caisse d'un supermarché, je fixe quelques secondes le type devant moi « Putain son visage ne m'est pas inconnu, je connais ce mec... Mais d'où ? ».
Souvent je blague en disant « si ça se trouve, j'ai couché avec ! », comme si ma vie sexuelle était si frénétique.
En l'occurrence, c'était bien ça : c'était le-mec-de-la-salle, qui a bloqué à peu près de la même façon en me regardant. Sauf que lui était accompagné d'une fille, et qu'il a rapidement perdu son sourire, et détourné le regard. 
Question intéressante : Qu'est ce que j'ai ressenti en le voyant ? 
A l'instant où je l'ai reconnu, je me suis dit « Vache, il a grossit ». 
Et aussi, je me suis étonnée que son sourire ne soit plus "10 000 volts", comme je m'en souvenais. Ce n'était plus vraiment le même. Peut-être parce que son odeur, qui m'envoutait tellement, ne parvenait pas jusqu'à moi. Ou peut-être juste parce que, ça y est, le sortilège est rompu.
Dieu merci !
Je repense avec un poil de nostalgie aux nuits avec lui, ces instants de sexe magique,  de sexe joyeux, entrecoupés de fou-rires, de sa voix, et puis son odeur, et cette alchimie incroyable. J'ai relu quelques uns de mes articles à son sujet, et je me suis souvenue à quel point ces moments étaient sublimes. 
Ah, si je pouvais me repasser le film de ces moments, sensations incluses ! Et pourtant, les souvenirs sont bien où ils sont - je ne souhaiterai pas revivre les émotions négatives qui allaient de paire avec lui.

Mais je digresse : tout ceci ne devait être qu'une intro, disant que Mademoiselle B. s'est détaché de ses envies bassement humaine de plaire et d'être aimé.

Hum hum. Une intro, donc.

.... Mais ?

Mais, dans ma nouvelle salle de sport, il y a eu ce garçon qui m'a parlé. Qui est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, pendant que je prenais ma caisse de légumes. Un type de mon cours, hyper sportif, mais avec des serviettes Assassin's Creed, en apparence geek et renfermé, qui évite le regard de gens et qui a un physique qui m'a toujours interrogé : est-ce que je le trouve très mignon, ou pas du tout ? Impossible de trancher, c'est peut-être les deux en même temps : c'est l'effet Schrödinger.
Je n'ai jamais réussi à déterminer son âge non plus : est-il très jeune, moins de vingt , ou plus ? 25 ? 30 ?! Impossible à dire.
Mais après tout quelle importance, puisque je ne m'intéresse plus aux hommes, ni aux relations ? 
Sujet évacué.

Sauf qu'il est donc venu me parler recettes de cuisine, recettes végé, mais aussi lieux végé en ville. Envolé, le regard fuyant : il me regardait bien en face, et se tenait un peu trop près de moi pour que je me sente totalement sereine. Son sourire attire mon regard ; le paradoxe de Schrödinger vient de trouver son dénouement : définitivement mignon.

Je me suis demandé s'il me draguait. Était-ce important ? Qu'on soit d'accord : je m'en fiche, n'est ce pas ?!
Malgré tout, ça fait super plaisir. Existe-t-il un mot qui désigne le plaisir (totalement narcissique) de plaire à quelqu'un, la flatterie, les peut-être ?
C'est vrai que c'est agréable, cette sensation ! Mais d'expérience, je sais aussi que ça amène rapidement des nuages noirs.

J'ai décidé dans un premier temps de faire comme si j'avais mal compris - car c'était sans doute le cas, n'est ce pas ? 
Après tout, j'étais en pyjama dans ma salle de sport, avec une caisse de légumes dans les bras, d'où dépassait d'imposants poireaux.
Tu trouves ça sexy, toi ? Moi non plus.

Et puis la semaine suivante, le type avait attendu (m'avait attendu ?!) après ma douche, et m'a lancé une phrase maladroite pour engager la conversation. Et nous voici à nouveau a tchatcher 20 bonnes minutes.
J'envoie un texto à Pomme. Que penser ? Le type m'attendait après la douche, a engagé la conversation, on a parlé de plein de trucs, il m'a dit que j'avais une très jolie peau (le dernier qui m'a dit ça, je l'ai laissé me tatouer - et je n'ai aucun regret), bref, la question se pose franchement. 
Il est peut-être juste très très très sympa.
Et sensible à ma peau saines, comme les vendeurs de chez Lush. ("Quoi, un scrub pour le visage ? Vous, la peau grasse ? Mais allons, votre peau est supeeeeerbe !")
Sauf qu'il n'est ni esthéticien, ni vendeur chez Lush.
Restait la possibilité qu'il soit gay.
Mais après quelques recherches, je l'ai trouvé sur Instagram, et il n'est clairement pas gay.

Pomme : « Mais arrête, c'est justement ton naturel et ta spontanéité qui fait ton charme ! »
Moi : « Je portais un sarouel rouge à fleurs, mes bottes de neige, et un pull de Noël vert avec des bonhommes de neige dorés. Il n'y a AUCUN univers dans lequel je peux séduire comme ça ! Si le bon goût était une personne, elle serait venu me gifler ! »

Désormais, j'ai envie d'aller à la salle pour le voir.

Et revoici le caneton : hé, tu es  mignon et tu es gentil avec moi, est-ce que je peux te suivre un moment en dandinant mes plumes ?
Et les ennuis risquent de recommencer à nouveau.

La dernière fois, on a discuté longtemps. Il m'a parlé de ses projets, ses envies d'être coach sportifs. Le fait qu'il s'entraine pour ça depuis mars - qu'il était en surpoids, et qu'il est passé de 90 à 70 kg. Son tee-shirt est dézippé jusqu'au plexus, et la vue est vertigineuse. On parle ceinture cardio, il m'explique comment marche la sienne, ouvre un peu plus le tee-shirt trempé qui colle à sa peau, et mon regard est attiré par un adorable téton tout brun qui pointe joliment. 
Je n'ai aucune idée de ce qu'il m'expliquera sur cette fameuse ceinture cardio, je peux juste dire que je mettrai bien ma langue par là.
Et je comprend que mon cerveau a court-circuité.
J'essaie de rationaliser : il est en transe, il dégage certainement des phéromones, mon instinct animal parle tout seul, et mon corps réagit. C'est naturel, c'est l'instinct, c'est bêtement animal. ...C'est très emmerdant !

Lorsque je pars, je lui dis que je ne viendrai pas le lendemain, mais surement le surlendemain. 
Il répond "avec plaisir".
Ce qui ne devrait *vraiment* pas me faire rougir à ce point.

2 commentaires:

  1. Coucou !
    Je voulais juste dire que ce n'est pas parce qu'on a de l'embonpoint qu'on ne peut pas être attirant !
    Et oui même habillée comme un sac, on peut l'être aussi !

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    1. Je suis parfaitement d'accord ! Mais comme souvent (et peut-être comme tout le monde), quand ça me concerne, j'ai un regard impitoyable : je m'enterre toute seule, après m'être auto-fusillée. (Une vieille habitude qui a la peau dure).
      Et vraisemblablement, être habillée comme un sapin de noël ne fait effectivement pas fuir tout le monde non plus ^^°
      Pourtant, j'y ai mis beaucoup de bonne volonté !
      Sans doute que je continue à ne rien piger au monde qui m'entoure. Mais peut-être que pour une fois, c'est une bonne nouvelle.

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