
Le lendemain,
nous avions prévu de nous retrouver à 9h30 chez moi. J’avais proposé que l’on prenne le petit déjeuner ensemble avant de partir, et je
prévoyais de l'éblouir avec des pancakes à tomber.
Finalement, les
choses ne se sont pas déroulées comme je l’espérais puisque lorsque que j'ai été nourrir les chats de mes nouveaux amis médecins – qui sont propriétaires d’une maison d’architecte au milieu de la
forêt à 25 ans, merci beaucoup- l’un d'eux s’est échappé. J'ai crapahuté 45 min dans la forêt sous la pluie pour
tenter de le récupérer, avant qu'il ne rentre de lui-même en ronronnant sous mon regard indigné. Il était 9h20 et c’était mort pour les pancakes.
Qu'importe, Charles-Henri est arrivé avec des croissants parce que c’est un Perfect Boy.
On a petit
déjeuner chez moi, puis on est parti. On s’est aperçu que le patelin était
bien plus loin que ce qu’on pensait – on comptait 30 min de route, en fait il y
avait une bonne heure.
Dans le même temps, on a réalisé qu’on avait oublié d’embarquer des capotes, et on s'est dit qu’on irait faire des courses, parce qu’évidemment, c’était impossible de faire sans.
Et là il me dit :
Et là il me dit :
- Après, si on
voit que ça marche bien entre nous, on peut aussi faire un dépistage et se
passer de capotes…
Je reste
interdite. Wow. Il a vraiment dit ça. Wow. Il pense à ça. Wow.
Je laisse
s'installer un silence, trop occupée à canaliser mes pensées. Je suis béate. Toutefois je me demande ce que ça
recouvre : est-il sérieux ? Ou est-ce une forme de confort ?
Lorsqu’il m’a parlé de son ex, j’ai été effrayée par le fait qu’il a pu passer plus
de 2 ans avec quelqu’un pour qui il n’avait que de l’affection, et pas de
projets à long terme. S’est-il posé la question de ce qu’il veut avec moi ?
Prendre un contraceptif, ce n’est pas une action anodine : je
sais que ça va bouleverser mes hormones, peut-être me rendre un peu mal, et le
jour où j’arrêterai, ça sera l’enfer. La dernière fois que j’ai arrêté la pilule, j’ai mis un an et demi avant que mes cycles redeviennent
réguliers et que je n’ai plus d'acné. Donc l’homme pour qui je
reprendrai la pilule devra avoir des intentions louables.
Une fois que j’en
étais arrivée à cette conclusion, il était bien évidement trop tard pour
rebondir sur sa remarque, mais je me suis dit que de toute façon on en
reparlerait, et que je me sentais suffisamment en confiance avec
lui pour lui expliquer les choses exactement de cette façon.
Je me sentais
bien.
Arrivé dans le
village, il a fallu aller chercher les clefs chez les voisins. Des
agriculteurs- éleveurs dont le terrain est gardé par deux chiens aveugles très agressifs.
J’ai laissé Charles-Henri y aller seul, et lorsqu’il est revenu, il était très
pâle, et a lâché entre ses dents « Je déteste ces putains de chiens de l’enfer.
Je les hais. Ils me foutent les miquettes ».
On a mis un
temps fou à sortir de la propriété parce que les chiens couraient autour de la
voiture en mordant les pneus. Mais à peine étions nous sortis des limites de la
propriété qu’ils repartaient vers la maison - et nous poussions un soupir de soulagement.
Nous sommes
donc arrivés à la maison des Charles-Henri's, une ancienne ferme aménagée, sur un
grand terrain. Je ne sais pas ce que j’imaginais, mais j’étais surprise d’entrer
dans cette véritable maison de campagne à la déco désuète et au papier peint
douteux. L’ensemble donnait une ambiance chaleureuse et hors du temps – par contre
il faisait horriblement froid.
Charles-Henri,
que j’ai commencé à appeler « Fils de bonne famille » juste pour l’entendre
bougonner, a relancé le chauffage, en disant « Dans 10h, on devrait avoir
18°C », puis m’a jeté sur le canapé et a commencé à m’embrasser. Ses yeux
brillaient « On a 24h pour nous tout seul ! »
On a fait l’amour
en se serrant l’un contre l’autre dans la fraîcheur de cette maison silencieuse
– jusqu’à ce que nos corps deviennent brûlants d’excitation et que la
température des pièces ne nous pose plus aucun problème. Nous avons utilisé ma
capote de secours (toujours avoir des protections hygiéniques et des capotes
dans son sac à main), et nous avons pris notre temps. Parfois il s'arrêtait en pleine action, et caressait mon visage en murmurant « Attends, attends, laisse moi te contempler ». Puis, après la jouissance, nous nous sommes effondrés l’un contre l’autre, et
nous sommes endormis.
Nous avons
émergés vers 14h30 et décidé d’aller faire des courses. Avant de partir, nous n’avons
pas résisté à l’envie de nous reblotir l’un contre l’autre. Sans capotes, j’ai
décidé de le prendre dans ma bouche. Petit à petit, j’apprivoise sa taille, et
je gagne en confiance. De nouveau, il n’a pas éjaculé. Je lui demande
innocemment s’il simule, ce qui est d’autant plus drôle qu’il est secoué d’espèces
de soubresauts très impressionnants qui sont l’antithèse absolue de la
simulation. Il ne comprend pas ce que je dis : On réalise rapidement que,
pour lui, les sensations sont exactement les mêmes, mais que je peux témoigner
que « rien ne sort ». Il me demande plusieurs fois « Non mais t’es
sûre ?! », et fini par me jurer qu’il ne simule pas. Ensuite il ronchonne misérablement que, « voilà, je ne suis qu’un incapable, une espèce de fils de bonne
famille même pas foutu de te jouir dans la bouche ». Ce qui m’a fait mourir
de rire.
Puis nous
sommes partis faire des courses, et acheter de quoi manger : il était 15h,
et on avait toujours le ventre vide.
J’adore faire
les courses à deux. C’est une perte de temps incroyable, et certainement le
meilleur moyen de dépenser deux fois plus que ce dont on a réellement besoin, mais
j’aime passer de rayons en rayons en se disant « Ça te plairait, ça ? »
et « On pourrait faire ça, et ça avec ça ».
Arrivée à la
caisse « On n’a rien oublié ? ».
« Non…
Ah, mais si ! Les capotes ! On a oublié les capotes ! »
« Oh bon
sang ! Heureusement que tu y as pensé ! »
On s’est donc
retrouvé un peu désemparé devant un rayonnage multicolore et aguicheur. Pour ma
part, je n’avais jamais achetés de capotes (mon stock disparate étant dû à mes amis gays
et leurs goûts exubérants en la matière), et je suis assez dubitative
quant aux promesses affichées sur les paquets. On a fini par choisir la boîte la
moins ostentatoire, et je me suis
demandé à quoi pensait la caissière en passant des nuggets végétarien, une barquette de champignons et une boîte de 24 capotes.
Ensuite on a
fait un détour par la boulangerie pour prendre un dessert dégoulinant de sucre
et de gras en se tenant par la main, puis nous sommes rentrés.
En mangeant,
nous avons discutés de plein de choses. De cette maison, aux rideaux qu’il exècre,
où ses parents passent en tout et pour tout deux semaines par an depuis vingt
ans. Lui il adore cet endroit, et aimerait qu’elle soit à lui, un jour. Ce qui
pourrait arriver car ni son frère ni sa sœur ne sont intéressés. De la maman de
Président, qui a une personnalité très extrême, passant de l’euphorie à la
dépression plusieurs fois par jours. Nous avons dérivé sur les différentes
personnalités, d’un point de vue psychiatrique, et la discussion a commencé à
me mettre mal à l’aise, parce que les symptômes de la maman de Président me semblaient
ressembler aux miens sur certains points, et je n’aimais pas la tournure des choses – surtout qu’il
avait commencé la conversation par « J’ai beaucoup de mal avec sa mère ».
« S’il te
plait, ne pense pas de moi que je suis folle » (Mais je n’ai rien dit)
Je me suis
senti obligée de défendre la maman, et tous les gens avec un caractère
mélancolique prononcé. Il s’est défendu en disant « La beauté du monde
réside dans la richesse et la différence de nos personnalités »
Ça m’a un peu
rassurée.
Il a proposé
que l’on aille faire une petite sieste avant d’aller marcher dans la foret
environnante, avant de se souvenir qu’il avait fait de la bière artisanale et
qu’il fallait la transvaser. On a donc galéré un petit moment et renversé de la
bière sur la moquette antédiluvienne, et j’ai beaucoup rigolé. Du coup la
sieste est passée à la trappe. Il m’a fait visiter les extérieurs de la maison,
dont un petit étang avec une pierre au centre et une mini cascade qui m’a
enchantée : Si les fées existent, elles habitent incontestablement ici.
La grange, les
dépendances en pierre, le terrain… C’était magnifique.
Puis on a été
marcher en forêt, une très belle foret sauvage très verte, à la mousse
moelleuse sous nos semelles. Des petites fleurs en forme de cloche mettaient
une touche de violet dans ce paysage idyllique.
Comme il n’y
avait pas de chemin tout tracé, on a suivi les souvenirs de Charles-Henri.
Ceux-ci nous ont menés vers une bute avec des ronces, mais, confiante, je
propose à Charles-Henri de crapahuter au-dessus.
« Tu crois ? »
« Mais
ouiiii ! Fastoche ! »
« Mais
faudrait que j’évite de salir mon pantalon blanc…. » (Oui, Charles-Henri
mets un pantalon blanc pour aller randonner)
On a escaladé
la bute, évidement il a torché son
pantalon blanc, évidement c’était une
idée de merde parce qu’une fois sur la bute, il y avait encore plus de ronces et
elles nous montaient jusqu’à la poitrine, et bien évidement on ne pouvait plus faire marche arrière. Nous avons
donc trouvé une astuce de survie : il me soulevait au-dessus des ronces,
et je les écrasais pour nous frayer un passage.
Il riait :
« J’ai jamais fait ça, c’est n’importe quoi ! »
« Mais ça
marche ! »
Et on a fini
par s’en sortir et rejoindre un chemin un peu plus praticable. La foret était
toujours aussi belle, et j’ignore si elle l’était parce que j’étais avec lui ou
si, objectivement, l’altitude faisait qu’elle était différente de mes
randonnées habituelles.
Nous avons
marché une petite heure avant de rentrer. Il m’a pris la main comme un enfant,
et je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si quelque chose avait changé entre
nous. Pourquoi n’a-t-il pas entrecroisés nos doigts ?
En rentrant,
il a proposé que l’on s’installe ensemble pour lire, et finalement nous n’avons
jamais ouvert un seul livre : on a fait l’amour, avant de s’endormir dans
les bras l’un de l’autre. Lorsque je me suis réveillée, il faisait nuit. J’ai
caressé son visage jusqu’à ce qu’il se réveille, en chuchotant « Il faudrait
peut-être que l’on mange quelque chose… »
Nous avons
décidé que je ferais une pizza (j’avais déjà préparé la pâte) pendant qu’il
allumerait le feu pour que l’on puisse dormir devant. Si moi je n’ai pas eu de
mal à nous faire un très joli repas, il a beaucoup galéré à allumer un feu. Et
quand il a enfin réussi, la cheminée ne tirait pas, et toute la maison s’est
retrouvée enfumée. Il a fallu ouvrir les fenêtres… Et faire retomber la
température de la maison, qu’on avait eu bien du mal à réchauffer.
Il était très
agacé, parce qu’apparemment c’est tous les ans la même histoire, et que ça
irait mieux si ses parents entretenaient un peu mieux cette maison.
On a mangé, on
a bu, on a préparé nos affaires pour le lendemain parce qu’il fallait partir à
6h du matin vu la route. Il était morose, et disait « La journée est déjà
fini… ». J’ai proposé qu’on prenne une petite douche, et finalement on a
même pu prendre un bain, dans une salle de bain tapissé jusqu'au plafond.
On a été se
coucher vers minuit, il n’y avait plus que des braises vaguement rougeoyantes
dans la cheminée, au temps pour mon fantasme de faire l’amour devant les
flammes. On a toutefois refait l’amour avant de dormir, du moins on a essayé :
il était épuisé. Il m’a caressé, il m’a léché, et, mon dieu, si seulement il
avait cette idée plus souvent, parce que sa bouche est magique. Il n’a pas
réussi à être assez dur pour pouvoir me pénétrer, alors j’ai joué avec ma
bouche. Il est venu très rapidement, son corps tendu de sursauts involontaires,
son cœur battant la chamade.
« Et là,
il s’est passé quelque chose ?! »
« Non,
rien »
Donc il s’est
mis à flipper et à s’imaginer des problèmes médicaux, et j’ai eu l’impression
de me retrouver face à un forum Doctissimo. Il a tout de même fini par conclure
que c’était aussi peut-être parce qu’on avait passé la journée à faire l’amour.
On s’est
endormi.
J’ai très mal dormi, faisant des rêves étranges, puis le vent m’a réveillé. Une véritable tempête faisait rage dehors – et ce bruit, comme celui de la pluie, me fait adorer le fait d’être au chaud dans un lit.
Lorsque le
réveil a sonné, on a rassemblé nos affaires, fermés les volets, et sommes
partis, le cœur lourd. Il faisait nuit, le vent était violent et la pluie
giflait le parebrise. Des arbres étaient tombés, et il y avait des branches un
peu partout sur la route. Et puis au détour d’un virage, un lapin apeuré
tournait en rond sur la route, puis a subitement couru sous les roues de la voiture. Un
bruit sourd. J’ai lâché un hoquet de surprise. Charles-Henri aussi. Il a posé
sa main sur ma cuisse, puis a murmuré, penaud « Je me sens complètement
béta…. ». Sauf qu’il n’aurait rien pu faire, et si j’avais été au volant,
ça aurait été pareil. Je l’ai rassuré, mais le reste du trajet s’est fait dans
le silence. On a grignoté notre petit dèj, et puis il m’a déposé chez moi avant
de repartir très vite à son travail, parce qu’on était limite au niveau du
temps. Moi j’avais encore 1h devant moi, et je me suis endormie sur mon canapé,
en essayant de me réchauffer. Je suis allé travailler avec un sentiment d’irréalité
et beaucoup de nostalgie. Nous n’avons pas déterminé le prochain jour que nous
nous verrons, et ça m’a un peu déprimé. J’ai envoyé un message le soir, pour le
remercier pour la journée. Il m’a remercié pour mon message, et m’a dit qu’il m’embrassait
fort.
Il me manque
déjà.
Et je lis inlassablement ton (votre) histoire.
RépondreSupprimerC'est tellement romantique, tellement doux et sincère entre vous. J'adore te lire (c'est redondant ce que j'écris je sais)
<3
Qu’importe que ce soit redondant, ça me fait plaisir :)
SupprimerParfois je me demande si c'est "juste" que j'ai cette chance ; pourquoi moi je vis une histoire aussi belle, et toi tu passe des tas de rencards sans trouver le bon... ? Je me sens presque un peu coupable.
Mais si au moins tu prend plaisir à me lire, alors ça me rassure au moins un peu !
Love you Matka <3