jeudi 14 septembre 2017

3 jours over the rainbow (1/2)

Samedi, je devais aller manger chez Président, qui recevait une amie écrivain qu’il souhaitait me présenter. Ma semaine avait été foutrement longue, j’étais épuisée, Président habite à 70 km de chez moi… et je comptais les heures jusqu’au moment où je reverrai Charles-Henri.
Et accessoirement, j’avais les intestins en vrac suite à un resto que j’avais fait la veille et qui était visiblement mal passé.


Vers 16h, je prenais une petite pause au boulot, et j’ai vu que j’avais reçu un texto de Charles-Henri.  Où il me dit « Je rentre dans une heure, ça se passe comment pour toi ? ».
Je passe sur nos messages stupidement pudique « On peut se voir si tu as envie », « te force pas », «seulement si toi tu en as envie aussi », qui sont d’autant plus étouffants que nos précédents messages devenaient torrides.
Bref, une fois qu’on a bien pris le temps de s’excuser d’avance de notre audace respective (#excusemoid’exister), il a répondu « J’ai carrément envie de te voir ».
J’ai donc prévenu Président que finalement, je ne dormirai pas chez lui.
Président m’a fait une mini-crise de jalousie : « Ah ouais ? Tu dors chez qui ??? »
« Heuuuu… Chez un… un…. Pote… que je n’ai pas vu depuis quelques temps, alors c’est l’occasion » (Il fallait comprendre : « Chez Vice-président, ton bras droit, que je n’ai pas vu depuis 10 jours et on va faire l’amour toute la nuit »)
« Et moi je ne suis pas un pote, c’est ça ? »
« Non, Président. Toi tu n’es pas un pote, tu es un ami ».
*silence*
*Tension palpable*
*Grand sourire* « Bon d’accord alors ».

Le repas a été infiniment long : on a commencé à manger vers 23h, j’étais encore barbouillée de la veille,  et l’amie écrivain en question n’était pas super causante.
Et j’avais très, très, très envie de voir Charles-Henri.
A minuit et demi, n’y tenant plus, j’envoie un message à Charles-Henri « On commence seulement le dessert. Je suis au bout de ma vie. Tu es toujours réveillé ? Je te propose de venir me chercher dans 20 min. Et planque toi si tu ne veux pas prendre le risque de croiser nos amis communs ».
« Moi je m’en fous. C’est toi le chef. A tout à l’heure ».
Oh. Il s’en fiche ?!

Lorsqu’il m’a envoyé un message « Je suis là », je me suis levée de table aussi sec : « Bon. Eh bien moi, je m’en vais ! ». Pas très poli, mais à 1h du matin avec l’envie folle de le voir, j’avais plus rien en stock.
Il m’attendait dehors, on s’est embrassé, on est vite rentré chez lui. Il touchait ma cuisse, il souriait. En sortant de la voiture, il a passé son bras autour de mes épaules, puis dans l’immeuble il nous a fait prendre l’ascenseur pour un étage, juste pour le plaisir de se bécoter dedans. L’appart était vide, et à peine dans sa chambre, il m’a mise nue. J’ai voulu prendre une douche, il est venu avec moi. On s’est embrassé sous l’eau (ce qui est idiot : j’ai manqué me noyer) puis on s’est lavé les cheveux mutuellement. Bon, c’était un peu déséquilibré, moi j’avais les bras tendus pour pouvoir gratouiller sa tête, et lui gratouillait la mienne qui lui arrivait sous le menton. Mais qu’importe : c’était un moment très érotique. Et j’adore ses cheveux, bouclés, comme les statues de Dieux grecs.
On est resté sous la douche jusqu’à ce qu’il n’y ai plus d’eau chaude, puis on est retourné dans la chambre, et avons repris aussitôt nos caresses.

Moment de rage intense lorsqu’il a fallu ouvrir la boîte de capotes : Le film plastique autours de boite était tellement fin et sans  accroches qu’on a galéré comme des fous à réussir à l’ouvrir. Surtout que nos préliminaires ayant été torrides, on avait TRES envie (Je crois qu’on aurait eu un lance-flamme, on aurait ouvert la boite comme ça)
J’ai fini par réussir à exploser la boite, et on a enfin pu continuer.
(Durex vient de perdre deux bons clients)

Après l’amour, je l’ai serré dans mes bras, ma poitrine contre son dos, mon nez dans ses cheveux. En me caressant, il m’a doucement demandé « Qu’est ce qui est arrivé à ton bras ? »
J’ai soupiré. J’ai réfléchi à ma réponse. Longtemps.
« Une période de désespoir ».
« Je m’en doutais ».
Il n’a pas demandé comment j’avais fait ça. Ni pourquoi j’avais fait ce choix. Il m’a demandé ce qui n’allait pas, à ce moment-là, dans ma vie.
« C’était justement ça le problème : Tout allait bien. Sauf moi. Ma situation s’était améliorée, j’avais tout ce que j’attendais. Et pourtant j’étais toujours malheureuse ».
« Tu as souvent ces très hauts et ces très bas ? »
« ….Oui, plutôt. Mais j’essaie de travailler dessus. Mon bras, c’était il y a 8 ans. Je ne l’ai pas refait depuis. Je ne dis pas que je n’ai pas été tenté – mais je ne l’ai pas fait ».
« C’est une grande victoire ».
« Sans doute… Tu sais, j’ai commencé à 14 ans. C’était ma seule façon de supporter ce que je vivais chez moi, à cause de mon oncle. Ca donnait corps à ma souffrance. Ça m’a vraiment aidé. Même si… c’est… bizarre… »
« Non, je comprends. Tu as une histoire pas facile. Tu devrais être d’autant plus fière de lutter contre ça »
« Oui… J’ai lutté jusqu’à présent. Mais qui sait, peut-être qu’un jour, ça me rattrapera. Je n’en sais rien »
« Peut-être. Mais en attendant tu as tenu sans »
« Cette monstrueuse cicatrice m’a calmée, ça m’a servi de leçon. Elle est là chaque jour pour me rappeler que cette fois-là, j’ai été trop loin »
« Elle n’est pas monstrueuse. Crois-moi. Ce n’est pas une cicatrice monstrueuse » [Il a fait 6 mois de stage en psychiatrie]
« D’accord »
On s’est serré très fort. J’étais à la fois impressionnée par sa compréhension, et morte de peur. J’avais envie de dire « Je t’en supplie, ne pense pas de moi que je suis folle. Par pitié, ne me juge pas ».
Je n’ai rien dit.

Vers 3h du matin, son téléphone a sonné.
Il est sorti de la chambre, j’ai entendu qu’il disait, au moment de refermer la porte « On est ensemble ».
Il est revenu 30 secondes plus tard.
C’était son ex.
Elle badait.
J’étais extrêmement gênée. « Mais…heu… elle va bien ? Enfin… heu…. Peut-être que tu aurais pu parler un peu ou… je sais pas… ».
Qu’on soit clair : je trouve cette situation surréaliste, et  pour ma part, hors de question de rester en contact avec mes ex – et encore moins de les appeler quand ça va pas.
Mais je refuse d’être la « nouvelle greluche », je refuse de faire la garce qui ricane à propos de l’ancienne… Et surtout, je suis triste pour elle si ma présence la blesse. C’est une culpabilité mal placée, mais j’estime que je lui dois un minimum de respect et de compréhension.
Charles-Henri me coupe « Je me suis assuré qu’elle était chez elle, qu’elle était en sécurité, que ça allait, et je la rappellerais demain. Je veux bien être compréhensif et la soutenir, mais il y a des limites. Il est trois heures du matin, et je suis avec toi ».

Nous étions bien réveillés après ça, alors on a parlé. De nos ex. De nos façons de voir les choses. Moi qui coupe complètement contact avec eux, parce que ça me semble plus simple. Lui préfère rester amis.
Et puis il m’a demandé combien j’avais eu d’hommes dans ma vie. De lui parler de mes ex.
Puis sur ma demande, il m’a parlé de ses ex.
Il a une façon très sincère de présenter les choses. D’une certaine façon, c’était difficile à entendre. Il m’a parlé de la dernière, en disant « Elle me faisait mourir de rire. Mais elle avait un côté très extraverti que d’habitude, je déteste chez les filles. Elle était touchante. J’étais un peu sa petite infirmière. Elle était trop jeune dans sa tête, c’était un problème. Mais on a passé de supers moments. Pourtant, je ne sais pas trop pourquoi je me suis mis avec elle. Je ne me l’explique pas vraiment, c’était évident que ça ne marcherait pas. Ça a duré deux ans et demi ».
« Avant elle, il y a eu Machine. Elle était incroyablement belle. Vraiment belle. Une vraie chieuse par contre –certainement parce qu’elle savait l’effet que son physique avait sur les hommes. On vivait les choses à fond. On s’engueulait souvent, on se réconciliait. C’était intense. Et puis un jour elle est partie faire ses études ailleurs, et elle a juste dit « On arrête là ». Et elle est partie. Ça a été ma relation la plus romantique et la plus passionnelle ».
« J’ai récemment revu une ex d’il y a 5 ou 6 ans en arrière. On s’est retrouvé dans le même stage, j’appréhendais beaucoup. Finalement ça s’est très bien passé, on s’apprécie beaucoup d’un point de vue professionnel, et j’ai bien envie de faire un resto avec elle à l’occas’. Tu n’as aucun souci à te faire à ce propos, vraiment »
« Je faisais beaucoup de Criterium au début de mes études (Big beuverie/orgie d'étudiants en médecine de France), et de fêtes en tout genre. Il y avait un truc que j’adorais faire : Bien bourré, je repartais avec une fille, je la mettais nue, je restais habillé, je jouais avec elle, je la faisais un peu crier, et ensuite je m’endormais. Je cuvais ma cuite, et au matin, je repartais. J’enlevais pas mes fringues, je ne faisais rien – de toute façon je doute qu’avec l’alcool que j’ingurgitai, je sois capable de tenir quoi que ce soit. C’était juste le plaisir de jouer avec la fille, et je la laissais toujours satisfaite ».

Quand il s’est endormi, moi je n’avais plus du tout envie de dormir. Pour une raison qui m’échappe, cette discussion m’avait complètement perturbée. Je suis resté longtemps les yeux ouverts, à regarder le plafond. Avec l’envie de m’écarter de lui, ou de changer de pièce.
Qu’est ce qui m’avait choqué à ce point ?
Impossible à dire.
Consciemment, j’ai même apprécié sa sincérité, et la façon dont il parlait d’elles. Je l’ai trouvé sensible, touchant et lucide.
Et pourtant, quelque chose m’a bouleversé.
Je ne peux qu’émettre des suppositions, car j’ai beau y réfléchir, je n’y vois pas plus clair : Peut-être était-ce l’effet « liste », et que j’ai eu le sentiment d’être « le nom suivant ». Peut-être que je me suis demandé où je me situais là-dedans – étais-je ou allais-je devenir une fille qui compte dans sa vie ? Est-ce que j’ai eu mal au cœur en me disant que je ne serais pas « une relation passionnelle et romantique » ?
Peut-être aussi que « la nuit » fait ça : Parfois, tout est plus disproportionné à la lueur de la lune.
Et puis peut-être que la soirée avait été plus riche en émotions que ce que je voulais bien m’avouer.

En tout cas, au matin, si je me demandais toujours pourquoi j’avais eu cette réaction, je n’avais plus du tout ce sentiment de « rejet » de lui.
En fait, j’avais même plutôt très envie de lui. Dommage, il dormait encore.
J’ai innocemment sucé son doigt, et en 10 secondes il me sautait dessus, bien réveillé.
Il m’a mené au bord de l’orgasme, mais a jouit avant moi. « Tu veux que j’essaie de te finir ? » (Présomptueux). Il a voulu me porter pour me mettre dans une autre position, mais à mal estimé les distances, je me suis violemment cogné dans le mur « Pardon pardon pardon je suis désolé, ça va ?! ».
« Je crois que c’est bon, je suis fini ».
Il a voulu essayer quand même, mais pour un spécialiste de l’anatomie féminine, Charles-Henri néglige pourtant un endroit essentiel – ou alors il pèche par excès d’orgueil. J’ai donc fini par dire « Non, tu n’y arriveras pas, arrête »
« Hé ! Je dois prendre ça comment au juste ?! »
« Chhhh, viens faire un bisous ».

J’étais censé retrouver Copine#1 à 11h45 pour un festival à CharlhenriVille, elle m’envoie un message à 11h « Oups, je pars seulement ! »
« Tout va bien : moi je suis nue »

On a petit déjeuné ensemble, et il a tenu absolument à m’amener en voiture au festival. En me disant qu’il me rejoindrait peut-être.
De toute façon, on se retrouvait le soir pour aller chez moi. Lui : « On y va avec ma voiture ? »
« Oui, je ne résiste pas à l’envie de  te regarder conduire pendant 1h »

J’ai passé l’après-midi avec Copine#1. On s’est raconté nos derniers potins, elle m’a fait promettre que si ça devenait sérieux avec Charles-Henry, je ne l’abandonnerais pas. Je lui ai promis qu’on se ferait toujours des week-end et des vacances. Et je lui ai demandé de me prometre de me dire si je devenais trop « Lui et moi ne sommes plus qu’un » : je veux continuer d’être là pour mes amis. Elle a promis.
Nous étions contente d’avoir fait ça.

J’ai rejoint Charles-Henri, qui m’a murmuré « Ce soir, tu ne fais rien : je m’occupe de tout : je ramène ce qu’il faut et je te fais de bons petits plats ».
Et puis il m’a tendu une boite en forme de maison.
« C’est quoi ? »
« La boite à cookies »
« Oh ! »
« Ils sont encore tiède. Et tu vas voir, ils sont Chunky as Fuck »
Le trajet vers chez moi a été joyeux et paisible. On a mangé des cookies, on a parlé. Je lui ai raconté le festival. Il m’a parlé de son frère qui est passé, et qui ne va pas très bien.
Chez moi, à peine arrivée, il m’a déshabillé et allongé sur le lit. On a fait l’amour passionnément.

Ensuite il a été faire à manger. J’en ai profité pour ranger mon appart. C’était paisible et agréable. Comme si on vivait ensemble.
On a mangé.
« Tu as l’air complètement éteint »
« Oui, j’avoue. Un cookie et au lit ? »
« Faisons ça »
« Je vais tout de même tacher de te faire l’amour, sache le ».
« Parfait ! »

Je ne sais même plus combien de fois on l’a fait. Je crois que j’ai eu envie de le prendre dans ma bouche, et d’aller jusqu’au bout. Il a eu une jouissance presque effrayante, avec des soubresauts convulsifs. Et sans éjaculer. Déjà la dernière fois ça avait fait ça. Très bizarre.
Il était dans un état incroyable, tout son corps semblait incroyablement sensible.
Puis on a remis ça, il m’a caressé, cette fois il a commencé à s’intéresser aux aspects plus extérieurs de mon anatomie, et ça a commencé à devenir très intéressant pour moi. On a bougé (pour chercher une capote il me semble – mes capotes qu’il galère à mettre, parce qu’elles sont beaucoup trop petites, évidement. Il faudrait presque une formation de boucher pour arriver à saucissonner mes capotes sur son pénis. C’est ridicule – mais il refuse d’utiliser la taille « Large » parce que ça fait prétentieux.
Lorsqu’on a eu fini l’exercice « Faire rentrer du L dans du S », je lui ai dit, voyant qu’il se relançait dans de l’exploration géologique « Refait plutôt ce que tu faisais avant »
« Faire quoi ?! Explique moi, ça m’intéresse »
Je l’ai guidé, et j’ai passé un très, très bon moment. J’ai eu mon premier orgasme avec lui, j’étais ravie.
Après l’amour, et nos petites discussions sur l’oreiller, j’ai sombré dans un sommeil incroyablement profond. J’ai dormi comme un loir.
Au réveil, lorsque je lui ai demandé s’il avait bien dormi, il m’a dit « Toujours, lorsque je dors avec toi ».

Nous nous sommes quittés en nous disant « A demain ».

Demain, pour notre journée dans sa maison secondaire familiale.

2 commentaires:

  1. Mais pfffffffffff mais j'en soupire... Mais j'adore te lire décidément
    Cette histoire est dingue.

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    1. C'est ce que je me dis tous les jours. C'est un truc de dingue, et c'est trop bon !

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