jeudi 28 septembre 2017

La Brosse à dents (2/2)

La Brosse à dents (1/2)



Charles-Henri et moi devions nous revoir 3 jours plus tard, mais quelques heures à peine après l’avoir quitté, il me manquait déjà. Après sa demande à propos de la brosse à dents, et ma résolution d’agir avec lui comme j’agis avec mes amis, j’ai décidé de lui faire part de cette envie – et de lui proposer qu’on se voit. Il a dit :
« Ce soir je fais une soirée avec des collègues. Demain si tu veux ? »
 « Oui☺ »
Alors comme ça, les choses peuvent être aussi simples ?!


Il faisait un temps radieux et il m’a proposé d’en profiter, mais j’avais prévu d’aller voir une conférence sur l’économie sociale et solidaire. J’ai été tenté d’annuler, mais j’ai finalement maintenu : parce que le sujet m’intéressait, parce que je veux continuer à avoir une vie culturellement et humainement riche et parce que cet aspect de moi lui plait aussi, même si ça ampute nos heures ensembles. 
Tant pis pour les derniers jours d'été. Nous aurons d'autres occasions.

Je le rejoins à son internat, à 30 km de chez moi, où il a l’appartement pour lui tout seul ce soir. Je m’excuse d’arriver 1h plus tard que ce que j’avais annoncé, et il balaie ça d’un geste « Ça veut dire que cette conférence était intéressante ? ». Oui, elle l’était, et j’étais ravie d’y avoir été. Je lui en ai un peu parlé, en admettant que c’était encore un truc de hippie idéaliste et il a beaucoup ri « Ah oui, une conférence d’islamo-gauchiste. Ça m’étonne pas de toi ça ! ».
J’avais ramené de quoi faire à manger, il nous a fait un cocktail, et on s’est assis dans la cuisine, nos genoux l’un contre l’autre, nos mains qui ne pouvaient s’empêcher de chercher l’autre à intervalle régulier, le toucher, le caresser.
L’alcool m’a assommé en un temps record, et il s’est soudain exclamée « Tu as l’air épuisée ! ».
J’ai retiré mes lunettes, j’ai frotté mes yeux, j’ai remis mes lunettes, j’ai repris une gorgée de cocktail, j’ai cherché frénétiquement mes lunettes, j’ai réalisé qu’elles étaient sur mon nez. Fou rire. Et lui qui me demande « C’est bon tu as fait le point où tu as besoin d’un indice ? ».
« Je crois qu’on va aller se coucher sans tarder ! »

Après le repas, petit passage éclair dans la salle de bain. On brosse nos dents, et il me tend une brosse à dents neuve « Je te la laisse pour mettre chez toi ? »
Déjà ?! J’acquiesce, ravie.
« Tu voudras ton propre verre à dents Petit Poney ou nous partagerons le même ? »
« Ah, si tu en as un autre, je kifferai ! » *Il sort en chantant le générique des Petits Poneys, 90’s Style*
[Depuis, j’ai regardé sur Internet pour lui en trouver un, mais j’ai fait une overdose d’arc-en-ciel et j'ai abandonné]

Petite douche à deux, il s’aperçoit que nous n’avons pas de serviettes, et il sort en chercher une dans sa chambre. Il fait horriblement froid dans le couloir, et il lâche un énorme juron.
Je reste interdite « Tu as dit QUOI ? »
Il revient, hilare : « Quelque chose de vraiment très grossier »
Je hausse un sourcil
« J’ai dit ″Pute nègre″ »
« Waouw. Je pensais être d’une vulgarité inégalable en disant ″Pute borgne″, mais tu me surpasse ! J’adore ! »
On se regarde, et on se marre, incrédules. Un ange passe. Je me dis qu’on s’est vraiment bien trouvé : Je ne peux qu’aimer un homme qui a des jurons plus vulgaires et originaux que les miens.

Lorsqu’on se couche, on se serre l'un contre l'autre sous le fin drap qui recouvre son lit. J'ai peur d'avoir froid. On éteint la lumière, et j'adore deviner les contours de son corps dans la pénombre, et l'explorer avec mes autres sens : mes doigts, ma bouche, mon nez. On se caresse. Il se met au dessus de moi, embrasse mon cou, et soupire « Je ne sais pas quoi faire, j'ai à la fois envie de te prendre tout de suite, de te faire crier un peu en te laissant languir, et m'endormir en toi... ». Je ris doucement, et enroule mes jambe autour de sa taille. Il me demande de le sucer "juste quelques secondes" pour l'aider à mettre le préservatif - et il m'attrape et improvise un délicieux 69 qu'il brise trop vite pour me faire l'amour. J'exprime une petite déception - nous n'avons jamais fait de 69 et c'est une de mes position préférée - mais la suite des événements ne me déçois pas. Nous faisons l'amour doucement, et je le sens en moi, avant de le sentir jouir. Et lorsqu'il reste en moi, épuisé, le cœur battant, je le sens encore se contracter à intervalle régulier - et je tressaille à chaque fois, hypersensible.

Nous nous endormons, et je passe une assez mauvaise nuit : j'ai froid, comme je le craignais. Je tremble, et instinctivement, il me serre contre lui pendant son sommeil. 
Lorsque son réveil sonne, je décide de me lever en même temps : je n'ai pas envie de dormir sans lui. Il m'étreint une dernière fois, son corps au dessus du mien, me chuchotant « J'ai rêvé que je te faisais l'amour.... ». Je ris doucement « Ce rêve ne sera pas compliqué à réaliser, c'est une bonne nouvelle ! » « Oui... Mais pas aujourd'hui, on n'a pas le temps... »
Petit déjeuner rapide, puis nous sortons. Il part à l’hôpital, nous croisons une de ses collocs qui rentre de garde. Il s'affiche à mes côtés sans gêne - et moi j'ai ce stupide réflexe hérité du mec-de-la-salle à vouloir me cacher. 
Je rentre chez moi, sous un ciel bleu et gris, comme mon moral, à la fois épanouie et déjà en manque de sa peau.

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