jeudi 7 septembre 2017

Charles-Henri à la veille de ses vacances


Nous avions prévu de nous voir jeudi soir. Il pouvait être là à 19h, mais je préférais aller au sport avant – tentative un peu futile de me donner l’impression que je vais pas tout lâcher pour lui, et surtout pas ce qui me permet de garder mon équilibre
J’ai donc dit « Plutôt 20h15 ».
Les deux jours précédents étaient longs, le jeudi était infiniment long, et mes cours de sport m’ont à peine distrait de mon impatience.
A la fin du cours, ma douche expédiée, je fonçais jusqu’à chez moi pour terminer vite fait de ranger et préparer à manger.

A 20h08, il me téléphone : « Je suis déjà là, est-ce que tu es rentrée ? Si oui, acceptes-tu mon arrivée avec 7 min d’avance ? ».
Tu parles si j’accepte !


Lorsqu’il arrive, nous nous sourions niaisement une demi-seconde avant de nous sauter dessus et de nous embrasser sauvagement.
Après un petit flottement où l’on ne sait pas trop comment enchainer après cette entrée en matière, on va s’assoir sur mon canapé et on se raconte nos journées, pendant que mon chat se blottit sur moi en savourant les caresses de Charles-Henri.
Jusqu’à ce qu’il me dise « J’ai envie de te prendre dans mes bras, mais je sens que ton chat n’est pas d’accord… ».
J’adore mon chat, mais faut pas déconner non plus : je la prends et je la pose à côté de moi…. Et avant que j’ai eu le temps de bouger, Charles-Henri m’attrape, me porte et me serre contre lui. « Ah oui, me prendre dans tes bras comme ça ! ».
- « Je suis quand même venu pour te faire des bisous après tout ! ».
Je rigole : « Ah ben c’est sympa pour ma personnalité ça, tiens ! »
- « Mais j’ai aussi envie de faire des bisous à ta personnalité tu sais ! »

Je n’ai qu’une envie, c’est d’aller au lit. Mais on n’a pas encore mangé, alors je me dis que je vais expédier tout ça fissa – et il m’accompagne dans la cuisine parce que ça lui semble inimaginable de rester dans la pièce à côté.
Dans la cuisine, petit moment d'éternité lorsqu’il se tient derrière moi, enfouissant son nez dans mes cheveux « Mmh, tu sens bon ».

Il se promène dans mon appartement avec un air à la fois émerveillé et curieux. Il va dans mon atelier, juste pour le plaisir de s'imprégner de l'ambiance, d'observer ce qu'il appelle "le désordre artistique". Il regarde mes placards de cuisine avec hilarité, découvrant des produits dont il n'a jamais entendu parler - et il semble adorer ça. Il farfouille dans ma salle de bain en reniflant mes cosmétiques, et en ouvrant tous les pots comme un enfant. 
Et j'adore qu'il fasse tout ça.

Pendant que nous mangions, je lui racontais les déboires que je rencontre malgré moi à propos de mon logement, et il a eu l’air tellement effondré que c’en était presque drôle – et incroyablement touchant. 
Lorsque je me suis brûlée sur ma casserole , il m’a dit, sur le ton de la conversation « C’est bien, ça me rassure, je vois qu’il n’y a pas que moi qui suis maladroit. Et quelque part, je vois que tu as aussi des défauts, je commençais à m’inquiéter de tant de perfection ».

Lorsque je me suis levée pour débarrasser la table, il m’a fauché dans ses bras et m’a jeté sur le canapé en m’embrassant. J’ai dû rompre le charme et annoncer qu’il allait falloir être sage, car j’étais en fin de règles. S’est ensuivi une discussion un peu surréaliste, où il m’a dit que ce n’était rien du tout, puis « Tu pourras tout de même dormir en culotte s’il te plait ? ». J’ai roulé des yeux : « Non mais sérieux, le contraire est inenvisageable ! », puis j’ai dit que ça me mettait mal à l’aise et que je ne voulais pas le dégoûter, ce qui l’a fait beaucoup rire « Tu sais que je bosse aux urgences gynécologiques n’est-ce pas ?! ». J’ai grogné que moui mais bon, j’ai pas spécialement envie qu’il me compare à ses patientes. Je ne suis pas sa patiente ! Et j’ai mis fin à la conversation , très mal à l’aise, en disant que je préférais qu’on arrête de parler de ça. Ce qui l’a encore plus fait rire : « Moi je trouve ça intéressant d’en parler, tu es toute gênée, c’est très  drôle ». Je groumpf pour la forme.
Il ajoute : « En tout cas, j’apprécie que tu n’aies pas fait comme ton notaire, et que tu m’informe des détails de forme avant le… heu… contrat de…heu… je suis en train de complètement foirer ma métaphore filée là, non ? ». Je ris. J’adore son humour, j’adore sa culture, j’adore qu’il puisse utiliser le mot ″métaphore filée″ pendant nos préliminaires, même si je ne suis pas absolument convaincue qu’on parle de la bonne figure de style.

On a recommencé à s’embrasser, puis soudain, sentiment d’être observé, il a levé le visage et s’est retrouvé nez à museau avec mon chat, qui venait regarder d’un peu plus près ce qu’on faisait. J’imagine qu’il avait oublié jusqu’à son existence, et il a eu plus ou moins la peur de sa vie, suivi d’un fou rire incontrôlable – le tout sous l’œil circonspect de ma Lilith.
Ça l’a tout de même pas mal refroidit, et il m’a proposé qu’on débarrasse, qu’ensuite il prenne une douche et qu’on se mette au lit et « on pourrait se faire des massages, t’en dis quoi ? Comme ça on passe quand même un moment très agréable et tu en profites un peu ».
Oh que oui !
Et moi, pour accélérer un peu tout ça, je fais la contre-proposition : « Sinon je débarrasse pendant que tu prends une douche, et on va se coucher »
« Ca ne te dérange pas ? »
« Pas le moins du monde ! »
On reste encore tout de même 10 min debout dans mon salon, à se caresser. Il m‘enlève mes vêtements, et je suis plus ou moins en train de fondre. « Si tu termines avant moi, tu me rejoins dans la douche ? ». (Mais ma douche est microscopique, ça ne marchera pas)

Je débarrasse et je range vite fait pendant qu’il se douche. Je remarque avec malice qu’il a tout de même des habitudes de mec de base : il laisse toutes les lumières allumées, se brosse les dents dans mon évier de cuisine (je suis le genre de personne qui trouve que c’est une infamie), et laisse sa serviette en boule dans la salle de bain.
Je trouve ça mignon.
On se couche, on se caresse un moment, puis on passe aux massages. Je lui dis que je veux commencer, il sursaute : « Quoi ?! Mais pourquoi ? »
- « Parce que tu es un gentleman et que tu laisses la priorité aux femmes  ».
- « Mais… Mais… Ce que tu dis n’a aucun sens ! ».
J'adore sa façon de s'exprimer.
Finalement je le laisse commencer, et j’avais oublié un truc essentiel : outre le fait qu’il a des mains gigantesques et puissantes, il a (aussi) une formation d’ostéopathe.
C’était.
Absolument
Parfait.
Et lui s’émerveillait : « Oooooh, ton dos est une véritable planche anatomique, on voit tous les muscles et les os !!! Trop bieeeen !!! » (#dateadoctor)
J’ai passé un moment divin. On a suivi ce massage d’un petit moment de tendresse, il m’a dit « Reste comme ça le temps que tu veux », et il m’a fait plein de bisous.
Puis ça a été mon tour
Ca faisait un moment que je me disais que j’aimerais pouvoir le masser. C’est un très bon moyen de découvrir le corps de l’autre – et le regarder. J’avais massé avec adoration le-mec-de-la-salle-de-sport, ce qui m’avait justement fait réaliser l’érotisme de la chose. Ici, premier problème : Charles-Henri est grand. Je pouffe discrètement et cherche comment je vais m’en sortir : si je m’assois sur ses fesses, je galère à masser les épaules. Si je m’assois à côté de lui, je n’ai plus un angle agréable pour masser sa colonne. Mes mains cote à cote ne font même pas la largeur de son dos, et j’ai besoin de mes deux mains pour masser l’une de ses épaules. Ça me fait mourir de rire intérieurement.
Je le masse donc tant bien que mal, un peu frustrée par mes bras trop courts, mes mains trop fines. Et puis au détour d’un geste, il tressaille : « Je suis chatouilleux des côtes supérieurs. Les paumes ça va, les doigts ça me chatouille ». Je ris. Vraiment, cet homme est fascinant. Il ajoute « Si tu utilises cette information à des fins militaires meuf, tu le paieras cher ! ». Je n’en peux plus.
Je masse ensuite ses jambes, puissantes mais étonnamment sveltes. Il soupire de contentement. J’essaie de voir si n’importe quel endroit de son anatomie peut être enserré entre mes deux mains, mais non : son mollet, ses genoux, qu’importe, mes deux mains n’en font pas le tour. C’est très drôle. J’embrasse l’arrière de ses genoux, puis je remonte masser ses épaules et embrasser son dos. Je reste couchée sur lui, à regarder son visage aux paupières fermées écrasé sur le matelas, dans un état d’extase absolu. D’ailleurs il me dit « Là c’est le moment où tu peux me demander n’importe quoi et ça marchera ». Je ris. Il continue « Bien que je trouverais ça un peu inquiétant que tu aies déjà quelque chose à me demander alors qu’on ne s’est vu que trois fois ». Il réfléchit. « Si tu devais changer quelque chose chez moi, ça serait quoi ? Qu’est ce qui pourrait être amélioré ? ».
« Absolument rien ».
Qui a-t-il à changer ?? Il a un corps naturellement parfait. Je le soupçonnais depuis longtemps, mais je n’imaginais pas à ce point – s’il s’habillait autrement, ce serait juste une bombe sexuelle.
« Peut-être ma petite barbe de quelques jours qui n’est pas assez longue ? ».
Je pouffe : « Oh, si ce n’est que ça !! Ça pousse, ça s’enlève et ça repousse, ces choses-là ! ». Ses cils sont longs et clairs, sa bouche est toujours aussi sexy – je me fais la réflexion que le jour où il rencontrera mes amis gays, ils diront « ce mec a une bouche de suceuse ». Et c’est carrément le cas.

Son souffle ralentis, et, doucement, je pose ses lunettes sur la table de nuit, puis je rebouche l’huile de massage. Je me couche tout discrètement a côté de lui, pensant qu’il dort – mais il m’agrippe et me saute dessus.
« Est-ce que je peux te demander quelque chose qui va peut-être heurter ton côté féministe ? ».
(Huhuhu, voilà qui n’est pas du tout inquiétant)
« Pourrais-tu t’occuper de moi et ne pas me laisser sur la béquille ? ».
Je ris : « Je ne t’aurais pas laissé, t’inquiète. Tu as perdu une occasion d’éviter la question antiféministe. Non non mais j’ai bien compris que tu étais un beauf déguisé ».
« Absolument ! »

Après quelques caresses, j’éteints la lumière et je descends. Je le lèche, me raisonnant « Allez, il n’est pas si grand que ça, ça va le faire ». Je reste très impressionnée.
Je lui fais un effet délirant : au bout d’environ 15 secondes, il halète, et me repousse « Arrête, attends, pause ». Puis « Tu es très forte à ce jeu-là, on te l’a déjà dit ?! ».
Il se calme, pendant que je le caresse encore. « Ok, vas-y, je suis prêt ».
Je rigole : « Tu as le calme intérieur de Monsieur Miyagi ? ».
Il pouffe.
Cette fois il tiens environ 25 secondes, se cambre, gémit, me dit « Si tu veux t’enlever, c’est maintenant », puis me repousse, et souffle « Mais c’est pas possible ! Mais c’est dingue ! Ça m’a jamais fait ça ! ». On se serre l’un contre l’autre. « Il faudra qu’on le fasse plein de fois pour que je m’entraine ! ». Je ris. « Eh bien nous ferons cela ! »

On s’endort plus ou moins, nos phases de sommeil (ou somnolence ?) entrecoupés de caresses. Il me dit « Je peux te poser une question ? Est-ce qu’il y a des choses que tu ne veux absolument pas faire ? *il chuchote dans mon oreille : c’est une question sur le cul hein* Parce que tout à l’heure tu as éteint la lumière avant de t’occuper de moi, et ça m’a interpellé… »
Je prends tellement le temps de réfléchir qu’il me demande s’il a fini sa phrase où s’il s’est endormi entre temps. Je lui explique que c’est juste une question de temps, que je ne suis pas à l’aise avec mon corps, et que j’ai besoin de faire les choses petit à petit. Et pas forcément tout de suite en pleine lumière. J’hésite, puis me dit que c’est l’occasion de m’ouvrir à lui :
« J’ai également… un peu… peur de toi. Enfin, « peur », ce n’est pas le mot… »
Il me coupe « Je peux l’entendre, je comprends ».
Je me détends aussitôt. « Ah, oui, très bien. J’ai le sentiment que je dois apprivoiser ton corps ».
 Il me demande à quoi ça tient, d’où ça vient « car souvent je passe plutôt pour le nounours inoffensif ». J’ai juste envie de lui répondre « Les gens qui pensent ça n’ont jamais vu ta bite, mon chéri », mais j’opte pour une explication plus soft et je lui dis qu’il est grand de partout, et que ça m’inquiète. Mais que ça va, c’est juste que je n’ai jamais eu quelqu’un comme lui dans ma vie, et que je dois m’habituer.

Plus tard, sur le matin, il dira « Je peux te poser une question ? Oui, encore. Tu as dit tout à l’heure que tu n’étais pas à l’aise avec ton corps. Qu’est-ce que tu n’aimes pas chez toi ? ».
Je fais la moue « Hum… A peu près tout ? ».
Il s’exclame, impérieux « Excellent ! ».
Je ris. J’ajoute : « Je n’ai aucune formes, c’est d’un triste… »
« Je ne suis pas complètement d’accord avec ça ».
Hilare, je reprends ses mots : « Pas complètement ?! ».
« Tu as des petites fesses que j’aime beaucoup ». Il m'embrasse dans le cou. « Et ça se voit que tu fais du sport »

 Je soupire : « C’est fou, il y a une semaine, nous étions juste amis. Et là… Voilà »
« Je ne regrette pas d’être venu manger avec toi et ta mère, il y a deux semaines » (un truc complètement improvisé, il a proposé qu’on se voit, ma mère et mon frère étaient là, j’ai dit « Viens quand même », et on a passé une super soirée)
« Quel rapport ? »
« On ne se serait pas revu aussi vite si je n’avais pas dit oui »
« Oui, sans doute… Et moi je n’aurais pas forcément pensé ou osé t’inviter boire un coup pour fêter mes bonnes nouvelles »
« Tu avais une idée derrière la tête lorsque tu m’as dit de dormir avec toi ? »
« Pas vraiment non… Je ne pensais pas que c’était possible…. Je ne pensais pas que tu pouvais me voir comme ça… »
Il rit doucement.
Je me dis que ça pourrait être le moment d’aborder les choses, de demander comment il nous voit, s’il nous imagine un avenir ou si c’est juste « Du bon temps ». Et puis je me dis que je préfère laisser venir les choses : notre « relation », quelle qu’elle soit, est en constante évolution, et je trouve ça plus intéressant de regarder les choses prendre forme.

Mais il part en vacances le lendemain, et on ne se verra pas pendant 12 jours.
Du coup, avant de nous lever le matin, on a sorti nos agendas pour caler notre prochain rdv (#soadult): il est de repos de garde le 12 septembre. Je vais me débrouiller pour avoir un congé d’une journée ou une demi-journée, afin que l’on puisse en profiter – enfin une journée tous les deux ! (Par texto, il m’avait dit « Attends-toi à ne pas rester habillé très longtemps »).
Ces 12 jours vont me paraitre très longs. J’ai commencé une To-do List pour être overbooké. Je me suis permise de dire « Pfiou, ça va être long jusqu’au 12 ! ».
« Mais nooon tu verras !! ».
Je ricane : « Tu parles, c’est facile quand on est en vacances et quasi bourré en permanence ! »
« Hum, pas faux »

Mais je sais aussi que, si on veut entamer quelque chose de durable, je dois me faire à l’idée que nous n’aurons pas une relation "conventionnelle" : il n’envisage pas une carrière où il travaillerait seulement 35h. Pour lui, le minimum ça sera du 50h/semaine, ou 70h/semaine. Il veut travailler comme médecin, et être là pour ses patients. Je comprends et j’admire ce choix. Cela dit, je me demande si je peux réussir à vivre comme cela – d’un côté, ça me plait parce que ça m’oblige à être indépendante et pas trop fusionnelle. D’un autre côté, je me demande si ce schéma est viable à long terme, et surtout où sont ses limites… Notamment lorsqu’il y a des envies de famille. 


Il est parti de chez moi très en retard - à 7h40, alors qu'il devait être au boulot à 8h, et qu'il avait 30 km de route. On s'est caressé très longuement alors que son réveil avait sonné depuis longtemps, je l'ai pris dans ma bouche une dernière fois, puis pendant qu'il s'habillait je lui ai servi un jus de fruits et fait un petit sandwich pain-confiture qu'il pourrait boulotter dans la voiture plutôt que d'aller bosser le ventre vide. Il a remarqué, sidéré « Oh, c'est trop mignon, tu as couru pour me préparer un truc à manger ! T'es adorable ! »

Et moi, rougissante, de grogner « Mais j'ai pas du tout couru voyons, ça n'a rien à voir ! »


Aujourd'hui il ne travaillait que le matin, l'après-midi il devait aller dans le département voisin pour choisir son prochain stage d'interne. Un choix de missions, avec des spécialités différentes... Et dans plusieurs départements différents. Il lui reste encore deux mois à travailler à 30 km de chez moi... Ensuite, il peut tout aussi bien être plus près... Ou beaucoup, beaucoup plus loin, à 150 ou 200 bornes.

Il m'a confié ne pas trop savoir ce qu'il voulait choisir (sans aborder du tout ce problème de distance, car j'imagine que ce n'est pas ce qu'il réfléchis en premier), et j'avoue être un peu inquiète à ce propos. Mais bon... j'estime ne pas avoir à influencer sa décision, et surtout pas alors qu'on se voit depuis juste une semaine... 

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