Ah merde, c'était carrément pas ce qui était prévu

Charles-Henri et moi devions nous retrouver dimanche après-midi, sous un soleil radieux. J’avais insisté pour qu’il arrive tôt, et nous nous sommes retrouvés vers 16h chez moi. J’étais zen et détendue parce que je venais d’aller nourrir les chats de mes amis médecins, et que j’avais profité d’avoir le temps pour ouvrir les bais vitrés et m’installer au soleil avec un livre, en regardant les chats faire les foufous et courir après l’automne virevoltant. Un coup de vent a fait danser une pluie de feuilles cuivrées, et j’ai eu le souffle coupé par ce spectacle enchanteur.

Lorsque Charles-Henri est arrivé, je l’ai serré dans mes bras, je l’ai embrassé, et il a ri « Ah oui, à ce point ?! »

On a discuté pendant environ deux minutes avant qu’il ne me retire mes vêtements et m’emmène jusqu’à mon lit.

Malgré mon envie de lui, notre étreinte m’a été pénible : J’étais trop sensible, certaines parties de mon corps douloureuses, j’étais mal dans ma peau, bref, j’allais bientôt avoir mes règles et je le sentais.

Fort heureusement (du moins pour cette fois-là), Charles-Henri n’est pas très endurant, et encore moins lorsqu’on ne s’est pas vu depuis plusieurs jours. J’ai donc tout fait pour lui faire perdre la tête.

Puis nous avons été nous promener, profitant des dernières chaleurs avant l’hiver. Il voulait que je lui fasse découvrir ma ville et ses endroits remarquables. Je lui ai donc fait faire un tour de plusieurs kilomètres, alliant urbanisme et nature. Avant de finir par la Fête Foraine, dont c’était le dernier jour. Le soleil commençait à se coucher, laissant place à une fraicheur qui nous a rappelé que nous étions déjà en octobre. Nous avons mangé une portion de frites (parce que les frites et moi, c’est une longue histoire d’amour), et sommes remontés chez moi tranquillement.

En rentrant, nous avons ouvert une bouteille de vin, en bavardant l’un contre l’autre. L’ivresse m’est rapidement montée à la tête, et lorsque j’ai lancé la cuisson du repas, Charles-Henri m’a de nouveau entrainé sur le lit, où il m’a fait l’amour – mais mes sensations étaient toujours désagréables, à ma plus grande frustration.

Lorsqu’on est retourné dans la cuisine, mon chat avait mangé la moitié de notre repas. Charles-Henri a fait une blague nulle sur le fait que dans deux semaines, nous ne nous verrions plus car il sera en internat beaucoup plus loin (1h de route, contre 20 min en ce moment). J’ai été très blessée, et je lui ai dit. Il n’a pas vraiment compris sur le moment, et puis au moment d’aller se coucher, il m’a dit, en déposant un baiser sur mon épaule « On va parler un peu toi et moi, d’accord ? Parce que je sens que tu as besoin d’être re-assurée ». J’ai rougit et bafouillée, il m’a juste dit « Arrête de parler pendant que tu te brosses les dents », et j’ai donc admis que les postillons de dentifrices sur mon miroir de salle de bain, ce n’était pas terrible.

On s’est couché, il m’a serré contre lui, et il m’a dit

« On ne se l’est jamais dit vraiment, mais je crois qu’on peut considérer qu’on est en couple, non ? On se voit régulièrement, on est bien ensemble, on n’a pas été voir ailleurs... Ça me parait clair ! »

« Qu’est ce qui a changé, pour que tu dises ça ″officiellement″ ? »

« Ma brosse à dents est chez toi… Tu m’as proposé tout à l’heure de laisser des vêtements chez toi si je voulais… Ce n’est pas anodin. Ce n’est pas un simple plan cul »

« Ca l’était, au début ? »

« Non. Ca ne l’était pas. Si ça l’avait été, il aurait fallu le dire dès le début de toute façon ».

« … »

« Tout ça pour dire que ça ne changera pas grand-chose que je parte plus loin. On se verra un peu moins, mais ce n’est pas si loin. J’habiterai dans ma maison familiale, j’aurais mes week-end, tu pourras venir quand tu veux… »

« Tu sais, je suis prête à venir tous les week-end moi.. Bon enfin, sauf ceux où je travaille bien sur »

« Et moi je pourrais venir chez toi également »

« Oui, aussi »

« Ca va aller. As-tu des raisons de penser que ça n’ira pas ? »

« Non, c’est juste… bêtement de la peur »

« Est-ce que j’ai fait quelque chose qui aurait pu nourrir cette peur ? »

« Non…. Non…. Mais c’est vrai que là, on habite assez près – bon enfin, 30km de distance – et on se voit une fois par semaine, je me dis que lorsqu’on sera deux fois plus loin, ça sera pire. Je me dis parfois qu’on n’en a pas assez profité… Même si c’était prendre le risque de prendre des habitudes qui nous feront ensuite souffrir »

« … »

« Et puis vu que tu connais plein de monde, que tu as des milliards d’amis et à peu près autant de trucs à faire, j’ai peur que, lorsque tu reviendras de ta semaine de boulot, tu sois hyper pris »

« … »

Et là je me suis aperçu, à sa tête trop lourde et à son bras mou, que Charles-Henri avait sombré. Il a une façon digne d’un chaton de s’endormir : ça ne prévient pas, et il s’écroule comme une masse d’un seul coup.

J’ai donc soupiré, amusée, et je me suis blottie contre lui pour dormir.

Le lendemain matin, nous avons fait l’amour au réveil, puis parlé un peu. « Quelles sont tes zones érogènes ? »

« Ben, heu… Je suis un homme : la bite, la bite, la bite »

« Pfffff ! N’importe quoi ! »

« Et les tiennes ? »

Puis il s’est levé, à pris une douche, et on a pris un petit déjeuner ensemble. Nous avions le temps, le soleil jouait au travers de mes rideaux, et la journée promettait d’être superbe. Nous avons organisés ensemble différentes dates où nous nous verrons (notamment pour un spectacle que nous irons voir ensemble le mois prochain). Il m’a aussi parlé de son Diplôme d’ostéopathe qu’il prépare, un week-end par mois à Paris. Timidement, j’ai proposé « Tu crois qu’un jour je pourrais venir avec toi ? La journée j’irai voir des expos, et on se retrouve le soir pour en profiter… »

Il m’a regardé, surpris : « Oh ben oui ! ».

J’étais enchantée de cet hypothétique programme, même si ça ne sera pas pour tout de suite – mais qu’importe, Paris en amoureux, c’est un beau projet à rêver !

Et puis il a dû partir. L’après-midi, il devait avoir la réunion de validation de choix du prochain internat.

Nous nous verrons dans une semaine, pas avant.

J’avais prévu d’aller marcher avec Copine#1. Le temps était toujours radieux, et nous marchions le long du canal, en nous extasiant du fait qu’il ai « officialisé » notre relation, lorsqu’il m’a téléphoné :

« Je suis dans le département Machin »

« Mais… Qu’est-ce que tu fais là-bas ? »

« Tu ne comprends pas : Mon choix d’internat n’a pas été validé. Ils m’envoient dans un département paumé, à 2h de route de chez toi »

« Oh bordel… »

« J’ai envie de pleurer »

« Oh bordel… »

Donc nous voici à tenter de nous rassurer, de nous dire que, boooooon, certes, c’est ultra loin, c’est ultra paumé, c’est pas du tout ce qui était prévu et c’est la merde, mais ça va le faire.

Copine#1 : « Ecoute, c’est aussi un moyen pour voir comment va évoluer votre relation. Pas le plus agréable, je te l’accorde. Mais ça va tester votre attachement, et ça c’est une bonne chose… »

« Admettons »

« Bon, et puis ça tombe pile sur la période où mon mec part 6 mois à Paris, donc on se fera des soirées toutes les deux, à parler manque&frustration en descendant des bouteilles de vin. C’est bien, au moins on est synchro ! »

« Deal ! »

Mais quand même : c'était pas du tout ce qui était prévu.