vendredi 6 octobre 2017

Bulle éphémère pour Charles-Henri et moi

Comme toujours, entre deux moments où je ne vois pas Charles-Henri, il me manque, je me languis, je doute, j’ai peur d’être trop invasive dans mes messages, et au final je me monte la tête toute seule. Je sais qu’il a des jours de congés, mais nous ne nous voyons pas. Et à part de tendres messages pour se souhaiter bonne nuit, nous communiquons peu.
(Donc je flippe).


Mon histoire commence 5 jours après la soirée cinéma. Il devait me redire si on se voyait, mais pas de nouvelles. Finalement, le mardi matin, il me propose qu’on se voie le mercredi soir. Je lui confirme que c’est bon, et lui demande comment il va et s’il a passé un bon week-end. Il répond sobrement « Ok cool ». Ça commence sérieusement à me démanger le museau, donc je lui demande, sur le ton de la plaisanterie, s’il fait exprès d’ignorer mes gentilles tentatives pour prendre de ses nouvelles, vil personnage qu’il est.
Il m’appelle quelques dizaine de minutes plus tard quand, devant son silence, j’étais convaincue que je venais de foutre en l’air ma relation. Je décroche avec appréhension, et réalise bien vite que Charles-Henri n’est pas Hector, et qu’il n’est pas en colère, qu’il ne crie pas, qu’au contraire il s’excuse et m’explique : « J’ai lâché mon téléphone sur le coin de mon lavabo, j’ai tout le bas de mon écran qui est mort. Je ne peux plus lire les fins de messages, et c’est un peu galère pour répondre ».
Nous convenons ensemble que les lavabos sont tous des salauds, et on papote joyeusement. Puis dans la conversation il me dit qu’il est sur la route, entre Charlhenriville et son internat (100km entre les deux, et moi au milieu) :
« Ben… Tu ne veux pas t’arrêter chez moi ? »
« Le risque c’est que je dorme chez toi »
« Evidemment ! C’est tout l’intérêt ! »
« Par contre il faudra me laisser 30 min d’internet parce que j’ai des choses à finir »
« Deal ! »
« Question cruciale avant que j’arrive : Est-ce que tu as des capotes ? »
« Oui ! » (Depuis la dernière fois, j’ai pris les devants).

Je raccroche avant qu’il arrive pour avoir le temps de faire le tour de chez moi : ranger mon vibro (Oui, bon ben Charles-Henri m’a beaucoup manqué), planquer mes culottes sales (entre temps j’ai eu mes règles et ça a été peu ou prou l’apocalypse pour elles et moi), ranger un peu et remettre un jean plutôt que mon pantalon de pyjama troué, taché et informe (mais que j'aime d'amour). 
Lorsqu’il arrive, 20 min plus tard, il me soulève avant même de poser son sac, je noue mes jambes autour de sa taille et on s’embrasse passionnément. Le manque est balayé, plus rien n’a d’importance que sa présence. Il porte un jean qui ne le met pas du tout en valeur, et un tee-shirt blanc informe, qui a toutefois l’avantage de dévoiler ses clavicules, ce que je trouve diablement sexy. Il m’assoit sur mon comptoir de cuisine, il propose qu’on fasse l’amour maintenant, et qu’il termine son travail après. Je refuse, je préfère qu’il travaille tout de suite et qu’ensuite on ne se consacre plus que l’un à l’autre. Il me demande s’il peut travailler sur mon ordinateur, évidement il ouvre mon navigateur dédié au blog et évidement il tombe sur la boîte mail du blog en voulant ouvrir la sienne. Il s’étonne candidement : « Mais comment tu fais pour que ça soit si bien rangée ??? Il n’y a presque rien dans ta boite mail ! ». Moi je suis au bord de l’apoplexie, je n’ai absolument aucune envie qu’il se demande ce qu’est « Arrêtez de m’appeler Madame », sujet de tous mes mails. [Prise d’une peur terrible, j’ai vérifié le lendemain avec l’historique qu’il n’a pas suivi mes liens menant au blog dans ma barre de favoris : tout va bien, Charles-Henri n’a pas découvert ma double vie]

Il finit par se mettre à son boulot (enfin, « boulot » : l’organisation des prochaines beuveries chez les carabins, auxquelles j’essaie de ne pas trop penser), en fronçant les sourcils d’un air sérieux pendant qu’il prend des notes avec un stylo qui clignote vert et qui menace de rendre mon chat dingue et/ou épileptique. De mon côté, je vaque à mes occupations et je savoure ce paisible moment à deux, puis je vais lire sur mon lit en attendant qu’il termine.
Il me rejoint un quart d’heure plus tard, embrasse mes épaules, mon cou, ma nuque, enlève mes vêtements et me dit « Mets-toi sur le ventre, je veux te masser ».
Mon Dieu quelle idée grandiose et délicieuse ! J’ai l’impression d’avoir mal partout, et je fonds quasi instantanément sous ses mains. Quel bonheur.
Ensuite il se colle à moi, et ça devient très chaud. Il me caresse, m'embrasse, et je suis à la fois très alanguis, et très excitée. Je le guide pour qu'on fasse l'amour tendrement, car je le sens (trop) fiévreux pour la petite chose détendue et en transe que je suis devenue après son massage. Il met la capote « L » qu’il me reste, en disant « Je vais flotter dedans mais c’est pas grave », et je hausse un sourcil dubitatif – Arrête ton char Charles, tu ne flottes pas du tout dedans, c’est ta taille bordel, assume !
On fait l’amour, je sens des fourmillements dans le bas de mon dos, et je sais que je ne suis vraiment pas loin de l’orgasme. Je le regarde, je regarde son corps, ses épaules incroyablement larges, ses pectoraux puissants, sa stature solide, je regarde sa bouche charnue, ses cheveux bouclés, ses yeux qui se plissent parce qu’il a enlevé ses lunettes et qu’il est encore plus myope que moi, je regarde cet homme qui est avec moi, et j’ai ce petit vertige au creux de l’estomac : je le trouve beau  et, bon sang, je me demande encore ce qui s’est passé pour que ″mon ami Charles-Henri″ devienne ″Charles-Henri″. Il me dit « Je suis si bien quand je suis en toi », et je sens un nouveau frisson de plaisir me courir sous la peau.
Après l’amour, on se serre fort l’un contre l’autre, et je somnole, tout au bord de sombrer dans le sommeil. Sa voix me réveille :  
« Je suis content d’être là, je suis content de te voir ».
« Je… Toi aussi. … Tu… Tu m’as manqué ».
Il me serre très fort dans ses bras, et je me blottis de toutes mes forces contre lui.
Un peu plus tard, je profite de lui demander quelque chose qui me chiffonne depuis quelques temps : « Tu m’as demandé une fois si j’avais une idée derrière la tête en t’invitant. Et toi ? Est-ce que tu avais une idée derrière la tête ? 
« Pas la première fois qu’on s’est vu. Et puis après on s’est envoyé beaucoup de messages, tu répondais à chaque fois, je t’ai trouvé insistante, et j’ai commencé à me dire ″et si…″ ».
Je suis presque déçue par la réponse : Quoi ?! La chose extraordinaire que l’on vit n’existe que parce qu’on s’est écrit plus, parce qu’il s’est dit que j’écrivais trop pour être honnête ?! (Entre nous, je le prends mal : je suis une personne attentionnée et il m’a pris pour une allumeuse). Juste un malentendu, et on vit ces moments fabuleux ?!
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les choses prennent parfois une tournure très imprévue.

Au matin, le réveil sonne (trop) tôt. Charles-Henri extirpe sa tete qu’il a enfouie dans mes cheveux et grommelle « C’est pour moi ça ? Faut que je me lève ? »
« J’ai le regret de t’annoncer que oui »
Mais on ne peut pas s’empêcher de refaire l’amour, très vite.
Il a 15 min pour se laver, manger et partir, et pendant qu’il se douche, je lui prépare une assiette de pancakes (ah ! Il ne sera pas dit qu’il n’aura pas gouté à mes supers pancakes !) avec des fruits, du thé et du jus de fruits, et lorsqu’il arrive, douché, je lui tends son assiette en vérifiant l’heure « Tiens, tu as… 5 min ! ».
« Oui M’dame ! »
Il kiffe mes pancakes (il m’en reparlera le soir même, à mon plus grand plaisir), et part en retard. Il m'embrasse, me souhaite une bonne journée, et me dit « A ce soir ? » avec un plaisir non dissimulé.

Je remarque à ce moment-là que j’ai d’étranges taches sur les jambes. Je ne dis rien, j’attends qu’il parte, et prise d’un doute, je vais dans la chambre, et me regarde de plus près. Scène de carnage : j’ai du sang partout, j’ai ruiné ma literie, je vois dans la salle de bain qu’il a jeté la capote qui dégouline de sang.
Mes règles (fini depuis deux jours) font un revival.
Je déteste ça.
[Lorsque je lui en reparlerais après en m’excusant, il me demandera candidement : « Ah bon ? C’était pas la capote qui était rouge ? ». Mon Dieu. Et dire que cet homme est médecin]

Le lendemain soir, il rentre tard car il vit de multiples aventures : allers-retours à Charlhenriville pour l'organisation des soirées étudiantes + changement de portable (qu'il n'a finalement pas le temps de changer), retour à l'hôpital pour un pot de départ, puis il viens chez moi... Il m'appelle vers 20h30 : « J'ai une question cruciale : je viens avec ou sans bretelles ? »
Sorte de Private Joke liée au pot de départ (et surtout au médecin qui part en retraite, adepte toute sa vie durant de bretelles et d'une moustache à la Jean Ferrat - ouh, voilà qui ferait une somptueuse épitaphe !), voilà donc Charles-Henri qui déboule chez moi avec ses bretelles. J'adore.
Nous buvons une bouteille de vin, nous nous serrons l’un contre l’autre sur mon canapé, mon chat affalé sur nous deux. Nous sommes tous les deux épuisés, et nous mangeons vite avant d’aller nous coucher. Je mange très lentement par rapport à lui, et lorsqu’il propose qu’on mange le dessert, je n’ai pas encore fini. Il me dit « Qu’est-ce que tu dirais de finir tranquillement de manger pendant que je sers le dessert ? Assis toi, repose toi, et laisse-moi faire ». Je soupire de plaisir. J’ai fait une tarte tatin, et je le laisse la servir avec une boule de glace.
Puis il débarrasse, et va s’allonger sur mon lit pendant que je nourris le chat. Avant d’aller prendre ma petite douche du soir, je vais l’embrasser : il s’est allongé sur mon lit, avec son pantalon à bretelles et sa chemise à carreaux, et je le vois perdre son combat contre le sommeil. Il est touchant. Il tient tout de même à me déshabiller, son petit plaisir du soir. Il me fait promettre de le réveiller quand je me couche.
Je prends rapidement ma douche, et je vais le rejoindre. Comme je m’y attendais, il s’est effondré tout habillé et il dort. Je vais effectivement être obligée de le réveiller – je ne vois pas comment déshabiller moi-même ce géant. [Tiens, d’ailleurs il m’a avoué, sous mes demandes pressées, son poids et sa taille. Il fait donc 1m90 pour 105 kg. Le double de mon poids, donc. Ce qui me fait mourir de rire – et m’excite, car j’adore les colosses] Mais à peine me suis-je approché du lit qu’il me saute dessus et me caresse. L’un comme l’autre, nous sommes épuisés, notre précédente nuit a été trop courte, mais nous ne pouvons pas résister. Nos préliminaires sont courts, mais j’ai de toute façon soif de lui. Il m’assoit au bord du lit pour une très courte fellation, qu’il rompt rapidement pour m’allonger sur le lit puis m’installer sur lui. Nous faisons l’amour à la lueur bleutée de ma lampe d’ambiance. Malgré sa fatigue, il ne peut s’empêcher de vouloir tout contrôler – je le coince entre mes cuisses, et gronde « Mais bon sang tu vas me laisser faire un peu oui ?! ». Et je lui impose un rythme beaucoup plus lent et sensuel, en le regardant se tortiller sous moi en gémissant. A un moment il m’arrête « Attends, attends… Juste quelques secondes… Sinon encore deux coup de reins et c’est fini pour moi… ». Comme toujours, mes sensations sont extraordinaires mais je ne parviens toujours pas à jouir, et ça commence à me frustrer. En revanche je parviens sans mal à lui faire attendre l’orgasme, et nous nous endormons, moi sur lui, lui en moi.
Je me réveille plus tard, les jambes ankylosées. Quand je commence à bouger, il se réveille, et nous refaisons l’amour, encore endormis. Il m’allonge sur le ventre et me pénètre, je lui demande de me toucher mais je sens qu’il n’est pas au top de sa coordination – dommage, je n’étais pas loin ! Il jouit, s’écroule sur moi… Me demande « Mais au fait, quand a-t-on recommencé à faire l’amour… ?! »… Et on se rendort, moi dans ses bras, lui en moi.
On se réveille encore plus tard parce qu’on frissonne. On est hébété, il est toujours en moi, la capote est toujours là, on ne sait plus trop où on est. On retire la capote, j’essaie de ne pas penser que ce n’est peut-être pas terrible de faire ça, on se met sous la couette, et on se rendort l’un contre l’autre.
Et on passe une nuit douce et reposante.


Quand le réveil sonne, c’est comme toujours un déchirement, mais nous avons passé une super nuit. Je me lève avec lui, même si je commence plus tard – quoique ce matin, c’est un peu plus difficile. Il me dit doucement « Tu sais, ce n’est pas parce que j’ai un rythme de merde que tu es obligée de te l’imposer ». Mais j’aime beaucoup prendre mon petit déjeuner avec lui, et profiter de chaque instant. On se partage la fin de mon jus de fruits, et on convient qu’on se tient au courant pour les jours à venir. Lorsqu’il part, il prend ma main et y dépose un long baiser qui me fait frémir. 
Je referme ma porte en soupirant.

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