mercredi 14 février 2018

Charles-Henri : Le mot de la fin

Nous sommes le 14 janvier. [oui, j'ai un mois de retard]
Une scène ordinaire : je suis au restaurant avec Sharon, qui me demande de lui raconter ce qu’il s’est passé, au juste, entre Charles-Henri et moi.

Sharon : Non parce que moi je n’ai rien compris, Teddy me dit, il y a plus de trois semaines : « Charles-Henri va venir manger à la maison avec sa copine », j’ai donc dit « Ah, chouette, Mademoiselle B. va venir ? ». Et Teddy de me dire « Non, ils ne sont plus ensembles ».
Moi : Quoi ?! Il a une copine ??


[J’ai expurgé volontairement mon texte des insultes, mais pour une plus grande fidélité à la réalité, il est possible d’ajouter « Le fils de pute », « l’immonde connard » et autre « le putain de menteur » de ci, de là]

Sharon, pâlissant : … Tu ne le savais pas ?! ...Il ne t'a pas dit qu'il t'avait quitté pour elle ?

J’entreprends de lui raconter l’histoire. Qu’il a parlé d’une autre fille, que selon lui ça a été un révélateur mais qu’il n’irait pas avec elle, etc etc.
Sharon, qui s’excuse sans cesse d’avoir gaffé (d’autant plus que je suis en train de pleurer au milieu du resto), tente de rattraper le truc : « C’est peut-être pas la même. Il l’a présenté à la soirée oenologie… »

Moi : La soirée oenologie... ?! La soirée oeno ???!!!! Oh l’immonde bâtard.


*Flashback* : Nous sommes lundi, Charles-Henri me dit « Vendredi je fais une soirée oeno ». Et moi : « Oh, ça a l’air super cool ! ». Et lui, sèchement : « C’est uniquement pour les internes en médecine ». (Ah, ouais, pardon quoi)
Mercredi, Charles-Henri me quitte.
Vendredi… Apparemment il présente sa nouvelle copine.

Sharon : Ca ne doit pas être ça… C’était une soirée… Oh je sais plus… Mi décembre….
Moi : Ouais. Le 8 décembre. Et il m’a quitté le 6.
Sharon : Non mais c’est pas possible, il n'a pas pu faire ça comme ça…
Moi : Sharon, il n’y a pas de soirées Oeno toutes les semaines tu sais…

Je suis effondrée. Je pleurs dans mon assiette, évidemment je n’ai plus faim alors que je n’ai pas touché à l’assiette. Le serveur arrive :
- Vous avez fini ?
Je suis dans un état pitoyable, je hoche vaguement la tête. Le serveur, sosie d’Adam Levine passé sous un tracteur, de demander poliment :
- Ca ne vous a pas plu ?
Mais… ? Mec, tu crois vraiment que je suis en train de chialer dans mon assiette parce que le burger vegan était une déception ????
Finalement le type me fait un doggy-bag (que je ne pourrais pas réchauffer, vu que j’ai, en tout et pour tout, qu'une plaque électrique branché à côté de mes chiottes en guise de cuisine)

Je raccompagne Sharon, elle insiste pour que je dorme chez elle et que je ne reparte pas, pas dans cet état, mais j’ai besoin d’être seule. Je reprend la route, je fais une crise au volant, je n’arrive plus à respirer et j’ai la tête qui tourne, et je me dis qu’il faudrait que je m’arrête.
Je me dis aussi que si je me souvenais du type de voiture de Charles-Henri, j’irais de ce pas me taper 70 bornes juste pour rayer ses portes, éclater ses retros, péter ses vitres. Ou carrément y mettre le feu. Je me dis que si j’appelle Président pour lui demander la marque de la voiture de Charles-Henri, et que le lendemain celle-ci est un tas de cendres, ça paraîtrait surement un peu louche. Je me dis qu’avant, j’aurais considéré que ce genre de pensées étaient indignes de moi. Aujourd’hui, envisager de brûler la voiture de Charles-Henri ne me donne pas l’impression d’être une personne inhumaine. Aujourd’hui je pleure au resto devant tout le monde, aujourd’hui les crises de panique sont mon quotidien, la douleur liée à l’air que je n’arrive pas à inspirer est omniprésente. Aujourd’hui j’oublie des tas de choses (de fermer à clef en partant de chez moi ou de fermer les fenêtres alors qu'il gèle), aujourd’hui les moindres gestes quotidien sont épuisants, aujourd’hui je perd même la notion du temps et 20 minutes m’en paraissent à peine 5, alors oui, aujourd’hui, je suis une personne cinglée qui serait capable, théoriquement, de faire quelque chose qui lui paraissait inimaginable il y a à peine quelques semaines.
Sauf qu’aujourd’hui, je suis surtout à deux doigts de tomber dans les pommes au volant de ma voiture au milieu de la foret, et ce serait déjà un grand exploit que j'arriver à rentrer jusqu’à chez moi.

Pour préciser un peu plus, Charles Henri, en réponse à mon mail d'après noël, m'avait envoyé un mail "d'explications", un mail au final totalement creux, où il n’y avait rien, si ce n’est qu’il tente de se justifier, il revient sur les raisons de la rupture. Là encore, c’est un grand flou artistique, il « ne sait pas pourquoi il a voulu si frénétiquement me quitter » [« frénétiquement » : sic. Je suis un putain de monstre apparemment], il « pense » que ça n’aurait pas marché entre nous, il « crois » que mes valeurs le dérangeront. Bref : du rien, aucun exemple, un vaste et complet enfumage. C’est d’ailleurs ce qui m’a énervée, parce que prétendre être sincère en disant du rien, c’est déjà pas terrible, mais si on assemble le puzzle, c’est pire : à aucun putain de moment il n’évoque cette autre fille. Cette fille avec qui il était déjà au moment où il écrivait ça, puisque lorsque j’ai demandé à Sharon quand « ils » avaient mangés chez elle, elle m’a dit « Bien trois semaines déjà… ».  Et donc il prétend être sincère, et il me ment ?! Encore ?! Son putain de mail condescendant où il prétend « ne pas savoir ce qui l’a poussé à me quitter », alors que ce fils de pute s’affiche devant nos amis avec une autre meuf ?! Et dans quel putain de monde il croit que je ne l’apprendrais pas ? Que je ne ferais pas les liens ?!
Et il voulait qu’on reste amis ??? Mais sérieusement, il voyait ça comment au juste ?! Il m'aurait dit quoi ??
A aucun putain de moment il ne s’est dit que le mieux serait d’être honnête et de dire « J’ai rencontré quelqu’un, j’ai eu un coup de foudre, je suis désolé » ? Plutôt que de me laisser croire que j'avais un problème, que j'étais inadapté, que je ne valais rien ???? 
C’est quoi le problème des mecs au juste ?! C'est quoi le problème des gens avec la vérité ??

Je suis rentrée tant bien que mal, j’ai mis très longtemps à réussir à sortir de ma voiture, j’avais très envie de l’appeler pour lui dire ce que j’en pensais, j’étais folle de rage, et ma respiration sifflait, et plus ça sifflait pendant que je n’arrivais pas à inspirer, avec cette brûlure dans la poitrine, plus je paniquais, et plus je paniquais et plus je sifflais et plus ça brûlait. J’ai fini par lui écrire un message, complètement sous le coup de la colère. Et puis j’ai supprimé la conversation, supprimé le numéro, et bloqué le contact. Je ne sais plus ce que j’ai dit. Je me souviens avoir dit que c’était un menteur. Que je lui souhaitais de vivre la  même chose. Et que je ne voulais plus jamais le voir.
Oui, lui qui m’a envoyé un dernier mail pour me dire qu’il « souffrait d’avoir blessé une fille d’une infini gentillesse » (mon cul, sale menteur. Et puis à quoi ça rimait, ce putain de dernier mail pour dire un truc pareil ?! Surtout vu les circonstances ???), eh bien qu’il sache que « la fille gentille » souhaite qu’il se retrouve à manquer d’air au volant de sa voiture, perdu, paniqué, terrorisé.  Parce que pour le vivre (trop) souvent ces temps-ci, je ne le souhaite à personne.
Sauf à lui.

Et je me disais, les larmes de rage et de douleur qui coulaient pendant que j'étouffais au volant de ma voiture, que c'était la dernière putain de fois que je me trouvais dans cet état pour ce putain de sale menteur de merde.



J'ai écrit ce texte juste après les événements que je relate. Aujourd'hui nous sommes le 13 février, et ça fait un mois.
Le lendemain de cette histoire, j'ai arrêté tous les médicaments que je prenais - de 8 par jour, je suis passé à zéro, avec cette certitude : je n'en ai plus besoin. Je ne prendrais plus rien, et je ne ferai plus de crises d'angoisse à cause de cette ordure.
Ça fait un mois, et je le confirme : je n'ai plus eu besoin de médicaments, et je n'ai plus fait de crises d'angoisse. 
Je ne dis pas que c'est facile. Je ne dis pas que je ne suis pas anxieuse à l'idée de le revoir aux prochaines animations de l'Association. Je suis toujours extrêmement en colère contre lui, le lâche qui m'a menti, mais surtout l’égoïste qui a préféré se taire (pour faire le mec cool) plutôt que me dire la vérité (pour me laisser aller mieux). Je considère qu'il m'a manqué de respect - et il a perdu le mien à jamais.

J'ai choisi de publier cet article le 14 février - oui, je suis devenu cynique. 

Pendant qu'il sera en train de jouer le Perfect Boy avec sa nouvelle copine, moi j'irais faire de la Boxe Thaï pour la "Saint Valentin". Ça ressemble à une blague ? Non, ça n'en est pas une : je me suis dit qu'il n'y aurait rien de mieux qu'aller taper sur des mecs pour la "fête des amoureux". 
=> Je crois que j'ai trouvé ma Best Saint Valentin Ever.
Oui, je suis devenu cynique ET ultra combative. 
Je crois que je vais bien mieux. Je vous raconterai. Bisous.

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