lundi 20 août 2018

Intermède à l'Association [Ce qu'il reste de moi après le Brésil]

Après le Brésil, les jours se sont enchaînés. Le quotidien s'est remis en place, insupportable.
Miguel a continué de m'écrire. 
J’ai passé deux semaines épouvantables, perdue, à haïr ma vie, mon quotidien retrouvé. A pleurer au Supermarché en voyant les étiquettes « Mangues du Brésil ». A avoir le cœur qui bat à la mention de ce pays.
Chaque barbu croisé dans la rue me faisait sursauter : « Miguel ?! »

Le pire a été lors d’une réunion de l’Association.


Tout le monde était là, mais je ne me suis pas méfié. J'avais fait une réunion avec Charles-Henri avant de partir au Brésil, et ça avait été. Je me suis dit que j’avais remonté la pente.
Pourtant, j’avais passé les deux jours précédents à pleurer sur mon canapé en regardant mon plafond-qu’il-faudra-que-je-rénove, en me demandant quelles étaient mes raisons de vivre.
Ma conclusion de ce week-end avait été « J’aurais préféré que mon avion s’écrase et que ma vie prenne fin »
Mais pour une obscure raison, je me suis dit « Bien sûr, je peux aller à une réunion de l’Association, et être en face de mon ex, qui m’a brisé en petits morceaux ! ».



La première heure s’est bien passée.

Et puis j’ai commencé à me sentir pâlir, à me sentir sombrer. A me demander « Mais qu’est-ce que je fais là ? ».

Tout le monde s’enflammait pour les prochaines animations – et je me disais « Je voudrais juste être au Brésil. Je n’ai rien à faire là, rien à apporter ».

Angoisse.

« Mais qu’est-ce que je fais là, putain ? »

Le summum a été lorsque Charles-Henri a parlé d’emmener un invité dans sa maison familiale « LA maison familiale ». J’ai eu mal – tellement mal. Réminiscence de cette journée parfaite (Tiens, j’avais appelé cet article « 3 jours over the rainbow »), et rappel de tout ce qui était beau avec lui, et surtout tout ce qui était faux, ou du moins sans affects pour lui – alors que moi, j’y mettais tout mon cœur. Et j'ai refait la même à des milliers de kilomètres avec Miguel.
J’ai repensé à l’amour, que l’on avait fait sur le canapé.
Là où il a dû faire l'amour avec sa meuf actuelle.
Là où l'invité de l'Association s’assoira, sans se douter de rien.

Je perdais complètement pied.

« Qu’est-ce que je fais là, Qu’est-ce que je fais là, Qu’est-ce que je fais là... ? »



J’ai tenu 20 min, avant de commencer à pleurer. Comme ça, en pleine réunion.
Président m’a discrètement touché le genou.
Les autres ont fait comme s’ils ne voyaient rien.
La réunion a encore duré 1h30.
Et je me demandais ce que je faisais là, et pourquoi je m’infligeais ça. Et je me répétais « J’aurais préféré mourir, et ne jamais reprendre ma vie en cours »

A la fin de la réunion, j’étais désespérée, et morte de honte. Mademoiselle B., la super copine qui vient pour tirer la gueule et pour pleurer. Mademoiselle B., ta pote qui va toujours mal et qui pourrit les meilleures ambiances. Mademoiselle B., qui pleure devant tout le monde et qui se hait pour ça. Mademoiselle B., la femme qui se voulait forte – et c’est raté.

Les autres ont continués de faire semblant d’être enjoués – « Allez, on mange tous ensemble maintenant ! ». Les autres qui sont amis entre eux, qui ont des vies de ouf, des tas d’amis – tellement qu’ils sont obligés de dire les noms de famille pour préciser de qui ils parlent. Et une vie sentimentale. 
Ils construisent, eux.

Et puis Charles-Henri, qui m'a blessée, qui m'a jeté, qui m'a menti et manqué de respect, et qui est heureux, lui.
Et moi qui suis candide, qui donne mon cœur et offre ma confiance, et je me fais marcher dessus, et je suis malheureuse, moi.
Pourquoi ?!

Je me suis demandé une demi-seconde si je voulais rester pour le repas – la réponse était non, évidement. De toute façon, j’en étais incapable.
Lorsque j’ai dit que je ne restais pas, les masques sont tombés – Trésorier a eu l’air très très inquiet, et m’a parlé comme si j’allais tomber en morceaux. Charles-Henri a quitté la pièce. Les autres avaient l’air embêtés. Et moi, j’ai le sentiment que c’est juste ce que je provoque chez les autres – une grande gêne face à mes grands accès de désespoir.
Je suis parti sans embrasser quiconque, et le plus vite possible.

Evidemment, Président m’a suivi. Evidemment, j’ai dit « mais non, ça va… », et puis j’ai fondu en larmes dans son tee-shirt.

« C’est Charles-Henri ? » a-t-il demandé.
« Non, c’est… tout…. » ai-je hoqueté.

En vérité, c’est d’avoir pris l’avion avec mon cœur en bandoulière, et de m’être investie.

De n'avoir pas reparlé de ma venue, de sentiments, ou de futur avec Miguel.  

D'avoir passé un séjour merveilleux... Mais à la conclusion obscure : on ressent les mêmes choses ou pas ?
Je pense que non.

De tout donner, d'espérer comme une folle, de voler au dessus des nuages, au ras du soleil, heureuse comme jamais... Et de me casser la gueule.

Il fallait que je discute avec Miguel, et que je sois fixée.


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