mardi 14 août 2018

Je suis partie au Brésil retrouver un homme que je connaissais à peine (7/7) : La fin... ?


Au réveil, Miguel est tout câlin. Bruce Wayne est au milieu de nous, et ronronne tout ce qu'il sait. On se serre dans les bras, pendant que Simone est déjà en train de passer l'aspirateur et de faire le grand ménage. 
Il passe passionnément ses mains dans mes cheveux. Les boucles qu'il aime tant se lissent, et je crois que ça le fascine. Il ne laisse que de grandes mèches douces et brillantes, qu'il peigne avec ses doigts. 

On petit-déjeune d’œufs et de Tapioca, avec de l'avocat au miel, puis on va se balader à Brasília. 


On va voir le Congrès, et la place des trois pouvoirs. Miguel m'explique qu'elle s'appelle comme ça parce qu'il y a trois bâtiments de pouvoirs tout autour : judiciaire, exécutif et législatif.



 Et d'autres choses... Mais que l'on ne peut voir que de l'extérieur, car tout est fermé : en effet, il y a un match de foot, et c'est le Brésil qui joue ; alors visiblement, le monde arrête de tourner ! 
Pendant que Miguel marmonne « Shitting game... », nous voyons tout de même de très belles choses. Et puis c'est agréable de se balader dans une ville vide – de retour de notre escapade au milieu de la jungle, je ne suis pas sure d'être prête à supporter la foule. 
Miguel montre les cafés, bondés de monde : « Regarde, il est dix heures du matin, et ils sont tous là, à boire de la bière, tout ça parce qu'il y a un match ! C'est n'importe quoi ! » 
Je ris. Et je lui rappelle que je suis tout à fait d'accord avec lui. 


Il est tout excité, et j'ignore si c'est pour que je ne sois pas trop triste, ou si c'est parce qu'il se sent désormais très à l'aise avec moi.  
Sur la place des trois pouvoirs, il me dit qu'au moins, ce sport à la con lui permet de faire ça : d'un grand coup de pied, il jette sa tong en l'air. Elle part à une hauteur très impressionnante.  
Admirative, je m'étrangle de rire.  

Il tente de le refaire, mais rate son coup, et la tong part quelques dizaine de mètres plus loin – tout en montant assez haut. « Shit ! » Il court après, pendant que celle-ci redescend, et atterrit juste devant un couple de touriste qui ont la peur de leur vie. Je n'ai pas les mots pour m'excuser – et mon fou rire m'en empêche - pendant que Miguel agit comme si tout était normal. 


Ensuite, on va voir leur "Maison Blanche" : le palais de la Présidence.
Miguel est tellement peu informé des nouvelles, qu'il ne sait pas qu'ils ont un nouveau président depuis 2 ans. Je pensais être la seule à être complètement en décalage avec les actus, mais je vois qu'il me bat à plates coutures.
Il y a des autruches dans le parc - je trouve ça franchement désopilant.


Et celui-ci est délimité par un long bassin où nagent des poissons.


Miguel m'a glissé des pièces dans la main car il y avait, avant, un endroit où l'on pouvait les jeter pour faire un vœu.
Mais ce n'est plus possible.
Je lui rend les pièces.
« No wishes today... »

Pourtant, cette fois, j'aurais aimé en faire un.

Puis il m'emmène vers une sorte de centre-ville, nettement plus animé - et comme le match est fini, la ville reprend vie. 
Il m'achète des mangues, papayes et bananes déshydratées, pour le retour. 
Et un bol d'açaì avec un coulis de fruits de la passion.  


On rentre, et il est déjà 12h30. Il faudrait que l'on soit à l'aéroport dans moins d'une heure. 

Je commence à perdre mes moyens. 

Je boucle mes bagages en tremblant, et en essayant de ne pas coincer Bruce Wayne dans ma valise, puisqu'il trouve très drôle de se jeter dedans. 
Puis Miguel me serre fort contre lui. Je respire son odeur, en essayant de la mémoriser - mais je sais que je n'y arriverai pas. Mes yeux me brulent.  
Il me tend à regret une de mes pinces à cheveux avec une fleurs, que j'ai dû oublier quelque part. « You want to keep it ? », je demande devant son regard.  
« Yes ! », dit-il aussitôt en la posant sur son cœur. 
Je lui laisse. 
Tout en me disant que je ne comprends pas pourquoi il s'y est attaché, s'il ne s'est pas attaché à moi. 

J'ai juste le temps d'avaler mon bol d'açaì.  
Il est nerveux et fermé. 
Je crois que je ne suis pas mieux. 

Avant de partir, je serre Olide dans mes bras. On se baragouine qu'on est très heureuse de s'être rencontré. 
Mes yeux me picotent toujours – et Bruce Wayne s'accroche à mon pantalon. 

On part, direction l'aéroport. Miguel entrelace nos doigts. 

A un moment, il dit : «  Don't go away ! » 
Déjà au bord des larmes, je dis « Please, don't say that ! » 

Peut-être aurais-je plutôt dû lui demander sérieusement s'il voulait vraiment que je reste. 


A l'aéroport, il m'accompagne. Il dit que ça lui donne envie de voyager. Qu'il voyagera surement à la fin de l'année. Et aussi qu'il aimerait voir la France – le lac où je vais pique-niquer avec mes copines, et puis tout ce dont je lui ai parlé. 
Il me serre contre lui. Je n'arrive plus à retenir mes larmes.  
Je lui dis que c'est dur. 
Il est 13h30, mon avion part à 14h30, j'ignore si je passerais du temps à la douane. Je ne veux pas trop trainer – mais je n'arrive pas à m'arracher à son étreinte. 
C'est à son tour de me dire « It's hard ! » 
On s'embrasse, on se serre fort. Et mes larmes coulent, je n'arrive plus à les arrêter. 
Il dit qu'il aurait dû prendre une mèche de mes cheveux. Je suis touchée - mais perdue : pourquoi vouloir une mèche de mes cheveux, si nous ne faisons que passer du bon temps ? Pourquoi je ne comprends pas ? 
A 13h45, trop anxieuse à l'idée de louper l'avion, je lui dis que j'y vais. Il me dit que oui, il y a encore des formalités - que la douane va vérifier que je suis bien clean, et que je n'ai tué personne. Je lui dis que ça devrait aller pour cette fois. « Yes. You're too good to kill someone ! » dit-il. 
Vraiment ?  
Une part de moi est blessée. Non, ne dis pas ça toi non plus. « Tu es trop gentille ». Ça sonne comme Charles-Henri, ça sonne comme une insulte. Et je ne crois pas que ce soit vrai. 
On se serre une dernière fois, on s'embrasse. Je ferme les yeux, et goûte ses lèvres une dernière fois. J'ai l'impression de revivre notre premier baiser à NOLA, et j'essaie de graver toutes ces sensations dans ma mémoire. 

Et je pars. 

Je n'ai pas trop de souvenirs de la douane et de la montée dans l'avion. Je sais juste que je laissais couler mes larmes, et que je ne faisais attention à rien. 
Dans l'avion jusqu'à Fortaleza, j'ai pleuré. Et j'ai commencé à écrire. A côté de moi, un type regardait un match de foot sur son portable. Je ricanais intérieurement, imaginant ce que Miguel pourrait en dire. 

A Fortaleza, mon avion avait du retard. J'avais plus de 4h d'attente. Et pas un Réal pour m'acheter à manger.  
Mais Miguel avait blindé mon sac de barres de céréales, de sucres et de trucs indéfinissables. 

Je me suis connecté au Wifi de l'aéroport, mais je n'ai pas voulu lui écrire tout de suite – trop triste, trop perdue, trop instable, trop bouleversée. « J'ai besoin de prendre de la distance », me dis-je. Parce que je ne comprends pas du tout ce qui se passe, ni ce qu'il pense, ni ce que je ressens. 
Mais à peine suis-je connecté qu'il m'écrit : « How is Fortaleza ? » 

L'aéroport est moite, humide, malodorant. Je ne sais pas trop où aller. Il y a peu de sièges.  

Je continue de pleurer dans l'avion du retour. Et, épuisée - finalement, je n'ai jamais vraiment bien dormi pendant le séjour - je m'endors tant bien que mal.            

A mon retour en France, je suis toujours aussi perdue – et fatiguée. Le jet lag est moins pénible dans ce sens là - et je n'ai de toute façon jamais réussi à me caler à la luminosité du Brésil. 
Je retourne au boulot 4 jours plus tard. Mon chef est surpris de me voir « Mais ?! Tu es rentrée ? » Je crois qu'ils s'attendaient tous à ce que je dise "Fuck off ! Je refais ma vie au Brésil !" 
J'aurais pu en être capable. 
Il aurait juste suffit que Miguel me le demande.

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