Je suis partie au Brésil retrouver un homme que je connaissais à peine (3/7) : Chapada Dos Veadeiros
Jeudi :
On sort prendre un
petit déjeuner.
Je suis
affamée.
Miguel nous dégote une sorte de snack un peu douteux – mais qui fait un gâteau de maïs
énoooorme et super bon.
J'avale mon gâteau encore tiède et un jus de mangue, puis je mange distraitement la moitié du sandwich
pain-œufs de Miguel.
« I don't know why,
but I'm starving this morning ! »
« It's a good sign
! »
« Ahahah, you think
?! »
Il retourne
m'acheter un sandwich pain-œufs, et se prend un banana-bread, dont je prends un bout également.
« Come on ! Go !
Eat, my little fat princess ! »
J'explose de rire,
et lui dit que je préférais quand il m'appelait "Little
orchid".
On discute, il ne
fait pas encore trop chaud, on est bien.
Je lui demande si
on peut retourner à une boutique qu'on a vu hier – j'avais vu des boucles
d'oreilles qui me plaisaient, et j'y pense encore aujourd'hui. Du coup je me dis que je les veux vraiment.
Il approuve cette
technique qui évite les achats compulsifs.
On retourne à la
boutique, mon bras autour de sa taille, son bras autour de mes épaules.
Mais elle est fermé.
Mais elle est fermé.
Je suis
déconfite.
On repars dans
notre petit chalet. Il me dit qu'il a besoin d'aller aux toilettes – je
comprends le message, et m'installe à l'extérieur, dans le hamac, au soleil.
Je ne tarde pas à somnoler paresseusement.
On remballe nos
affaires, on charge la voiture, et direction "Vae da Lua", La Vallée de la lune.
La randonnée est
payante.
Moins longue, elle
est toutefois en plein soleil. On prend plein de photos – de lui, de moi, de
nous. On rigole bien.
Le décors est
étonnant - je comprends mieux ce nom de "Vallée de la Lune", car ça a
en effet un côté très lunaire.
On se baigne, on se
pose au soleil, et on farniente.
Vers 15h, on décide
de repartir – je sens que je commence à brûler.
Il propose que l'on
retourne à São Jorge pour manger, et voir si la boutique qui
m'intéresse est ouverte.
Elle ne l'est
pas.
Chupacabras |
On retourne manger
au même endroit que les trois déjeuner précédent - le type m'a repéré, et
baragouine un anglais approximatif. Je le trouve adorable. Il a également
repéré que je prends à chaque fois un jus de fruits, sans sucre. Et à chaque
fois, j'en essaie un différent.
J'adore ce genre de
petites attentions.
Comme toujours, Miguel admire mon assiette pleine de couleurs.
Et moi je kiffe mon
repas.
Miguel demande
au type du restaurant s'il sait à quelle heure ouvrent les boutiques. Il dit
qu'il ne sait pas trop, c'est un peu quand ils ont envie, mais c'est souvent 16
ou 17h.
Alors Miguel m'emmène manger un bol d'Açaì. Je prends un petit, et lui un très
gros.
« Wow ! You take a
BIIIIIIG açaì ! »
« It's because I'm
a BIIIIIIG mother fucker »
Je ris.
Mais quelle est cette maison ?! |
Je vais aux
toilettes, et au retour, il m'attrape par les épaules, et me cache les yeux. «
Allons voir si la boutique est ouverte », dit-il.
Bien sûr, il avait
déjà été voir.
Et la boutique
ouvrait à 16h.
Enchantée, je me
rue sur la paire que j'ai vu la veille.
Puis en repartant,
je le remercie d'avoir attendue.
Cette fois, on
repart pour de vrai. Il est 16h passé.
Il prend un
auto-stoppeur en route, qui nous accompagne une petite demi-heure.
Je ne sais plus si
je le touche ou pas. Nous ne sommes plus aussi tactiles qu'au début, mais
d'autres choses se sont passées. Je ne sais plus quoi penser, ni comment
agir.
Une partie de moi
est en colère contre lui : comment peut-il être aussi complice avec moi, et
avoir mis cette distance entre nous avec ses quelques mots, il y a quelques
jours ?
Il chantonne.
C'est terrible, il chante vraiment faux.
Je trouve ça attendrissant.
Je ris.
Je l'aime.
Je l'aime.
Et puis à
mi-chemin, il me propose de prendre le volant.
J'accepte avec
plaisir.
Je suis d'une
humeur sombre. Je réalise que je repars le lendemain, et ça commence à me
peser. Je ne sais plus quoi penser, mais dans l'ensemble, j'ai le sentiment que
je me suis beaucoup attaché à Miguel – et que lui ne vit que des bons
moments, et "Let it be". Je lui en veux. Je m'en veux. On quitte
notre jungle, notre bulle, alors qu'on commençait à y être si bien. Je suis
triste.
Une pensée me
traverse : et si je flanquais un grand coup de volant, et que j'envoyais le 4x4
sous les roues du camion bleu qui arrive en face ?
Comme ça tu ne
pourrais pas me briser le cœur, Miguel.
Comme ça tout
serait plus simple pour moi.
Comme ça plus
personne ne pourrait plus jamais me faire de mal.
Je crois qu'un
jour, je pourrais le faire. Je ne suis qu'à quelques cœurs brisés
d'en être capable.
On arrive à
Brasilia vers 19h. Il fait nuit noire, et la circulation est terrible. En
ville, le code de la route est un peu différent. Je panique. J'aurais dû lui
rendre le volant.
Mais on arrive
jusqu'à chez sa mère sans encombres.
On dépose nos
affaires. On est très fatigués. Miguel sors plein de choses à manger, et nous fait une poêlé de légumes très sympa - mais à vrai dire, je n'ai pas très faim.
On s'installe dans
la salle à manger.
Olide rentre un peu
plus tard. Elle a fait des tonnes de courses. Miguel soupire : « Elle a
craqué pour une promo... Elle a acheté 7 shampoing. Mais la date limite est le
mois prochain ! »
Je ris, pendant
qu'Olide fait une petite grimace pour dire qu'elle ne peut pas s'en
empêcher.
On fait les comptes
des dépenses de Chapada, et Miguel me dit que je lui dois 50€. Si peu ?!
Mais c'est vrai qu'on mangeait pour 4 ou 5€, qu'on se logeait pour 20€ (donc
10€ chacun), et que j'ai acheté peu de choses.
Pour le principe
(et parce que ça me permettait de prendre de la distance), je lui laisse
100€.
Il est désarçonné.
Mais je
préfère.
Et puis on
s'installe dans la chambre d'ami où il y a le grand écran. Pour mon dernier
soir, on s'est gardé une bouteille de Gewurztraminer vendanges tardives que
j'ai apporté – une petite folie que je tenais absolument à lui faire
gouter.
On cherche un
concert ou des clips pour accompagner notre dégustation - mais on ne trouve pas
grand-chose, alors on passe de clips en clips. Le vin est délicieux - et il
découvre avec stupeur une saveur qu'il n'imaginait pas.
On discute
beaucoup. On est bien – et en même temps, on est tous les deux un peu abattu,
on sait que c'est notre dernière soirée. Parfois de longs silences
s'installent, et on soupire, allongés l'un contre l'autre.
Plus tard, nous
faisons l'amour. Il me déshabille, me caresse, me prend, et je me laisse
guider. Comme toujours, il m'amène jusqu'à l'orgasme. Ambitieux, il tente
de nous faire jouir ensemble - mais il m'a un peu trop titillé, et j'explose
quelques secondes avant lui.
L'amour est juste
parfait avec lui.
On reste étendus
l'un contre l'autre. Je suis toujours un peu triste.
Bruce Wayne est
resté sur le lit tout du long.
« You think cats
love to look people have sex ? », demande-t-il.
« I think cats
really don't care »
Je frissonne. Mon
corps se refroidit, et la clim' est fraiche.
« Are you cold ?
»
J'acquiesce.
Il prend la
télécommande de la clim, pendant que je me penche pour attraper mes vêtements. Il
m'arrête : « No, please, don't ! Don't put your clothes. I like your
body. You are beautiful »
Que puis-je
répondre ? Je suis émue et touchée, alors je reste nue, couchée contre lui. Sa
remarque me touche en plein cœur. Moi qui suis dévorée de boutons de
moustiques, d'égratignures, qui ai la fesse droite balafrée, mes poils qui
poussent anarchiquement, qui ai pris un peu de poids... Il me trouve
magnifique.
On finit par
s'endormir l'un contre l'autre. On se force à finir le vin, et on va se coucher
dans sa chambre « Little Chupacabra, et White Chupacabra », dit Miguel en
nous désignant, Bruce Wayne, qui s'est installé dans mes cheveux, et moi. Je
ris.
C'est notre
dernière nuit, et j'ai le cœur serré.
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