mercredi 8 août 2018

Je suis partie au Brésil retrouver un homme que je connaissais à peine (6/7) : Le paradis pour tous



Jeudi : 

On sort prendre un petit déjeuner. 
Je suis affamée.  
Miguel nous dégote une sorte de snack un peu douteux – mais qui fait un gâteau de maïs énoooorme et super bon. 
J'avale mon gâteau encore tiède et un jus de mangue, puis je mange distraitement la moitié du sandwich pain-œufs de Miguel.  
« I don't know why, but I'm starving this morning ! » 
« It's a good sign ! » 
« Ahahah, you think ?! » 
Il retourne m'acheter un sandwich pain-œufs, et se prend un banana-bread, dont je prends un bout également. 
« Come on ! Go ! Eat, my little fat princess ! » 
J'explose de rire, et lui dit que je préférais quand il m'appelait "Little orchid". 


On discute, il ne fait pas encore trop chaud, on est bien. 
Je lui demande si on peut retourner à une boutique qu'on a vu hier – j'avais vu des boucles d'oreilles qui me plaisaient, et j'y pense encore aujourd'hui. Du coup je me dis que je les veux vraiment.  
Il approuve cette technique qui évite les achats compulsifs. 
On retourne à la boutique, mon bras autour de sa taille, son bras autour de mes épaules.
Mais elle est fermé. 
Je suis déconfite. 


On repars dans notre petit chalet. Il me dit qu'il a besoin d'aller aux toilettes – je comprends le message, et m'installe à l'extérieur, dans le hamac, au soleil.  
Je ne tarde pas à somnoler paresseusement.


On remballe nos affaires, on charge la voiture, et direction "Vae da Lua", La Vallée de la lune.  


La randonnée est payante. 
Moins longue, elle est toutefois en plein soleil. On prend plein de photos – de lui, de moi, de nous. On rigole bien. 



On suit les panneaux – il est écrit en rouge qu'il ne faut pas se baigner nus. On pouffe. 








Le décors est étonnant - je comprends mieux ce nom de "Vallée de la Lune", car ça a en effet un côté très lunaire. 



On se baigne, on se pose au soleil, et on farniente. 



Vers 15h, on décide de repartir – je sens que je commence à brûler. 



Il propose que l'on retourne à São Jorge pour manger, et voir si la boutique qui m'intéresse est ouverte. 

Elle ne l'est pas. 

Chupacabras
On retourne manger au même endroit que les trois déjeuner précédent - le type m'a repéré, et baragouine un anglais approximatif. Je le trouve adorable. Il a également repéré que je prends à chaque fois un jus de fruits, sans sucre. Et à chaque fois, j'en essaie un différent. 
J'adore ce genre de petites attentions. 

Comme toujours, Miguel admire mon assiette pleine de couleurs. 
Et moi je kiffe mon repas. 


Miguel demande au type du restaurant s'il sait à quelle heure ouvrent les boutiques. Il dit qu'il ne sait pas trop, c'est un peu quand ils ont envie, mais c'est souvent 16 ou 17h. 
Alors Miguel m'emmène manger un bol d'Açaì. Je prends un petit, et lui un très gros.  
« Wow ! You take a BIIIIIIG açaì ! » 
« It's because I'm a BIIIIIIG mother fucker » 
Je ris. 

Mais quelle est cette maison ?!
Je vais aux toilettes, et au retour, il m'attrape par les épaules, et me cache les yeux. « Allons voir si la boutique est ouverte », dit-il. 
Bien sûr, il avait déjà été voir. 
Et la boutique ouvrait à 16h. 
Enchantée, je me rue sur la paire que j'ai vu la veille. 
Puis en repartant, je le remercie d'avoir attendue. 


Cette fois, on repart pour de vrai. Il est 16h passé. 
Il prend un auto-stoppeur en route, qui nous accompagne une petite demi-heure.  


Je ne sais plus si je le touche ou pas. Nous ne sommes plus aussi tactiles qu'au début, mais d'autres choses se sont passées. Je ne sais plus quoi penser, ni comment agir.  
Une partie de moi est en colère contre lui : comment peut-il être aussi complice avec moi, et avoir mis cette distance entre nous avec ses quelques mots, il y a quelques jours ? 

Il chantonne.

C'est terrible, il chante vraiment faux.
Je trouve ça attendrissant.
Je ris.
Je l'aime.

Et puis à mi-chemin, il me propose de prendre le volant. 
J'accepte avec plaisir. 

Je suis d'une humeur sombre. Je réalise que je repars le lendemain, et ça commence à me peser. Je ne sais plus quoi penser, mais dans l'ensemble, j'ai le sentiment que je me suis beaucoup attaché à Miguel – et que lui ne vit que des bons moments, et "Let it be". Je lui en veux. Je m'en veux. On quitte notre jungle, notre bulle, alors qu'on commençait à y être si bien. Je suis triste. 

Une pensée me traverse : et si je flanquais un grand coup de volant, et que j'envoyais le 4x4 sous les roues du camion bleu qui arrive en face ? 
Comme ça tu ne pourrais pas me briser le cœur, Miguel
Comme ça tout serait plus simple pour moi. 
Comme ça plus personne ne pourrait plus jamais me faire de mal. 

Je crois qu'un jour, je pourrais le faire. Je ne suis qu'à quelques cœurs brisés d'en être capable. 

On arrive à Brasilia vers 19h. Il fait nuit noire, et la circulation est terrible. En ville, le code de la route est un peu différent. Je panique. J'aurais dû lui rendre le volant. 
Mais on arrive jusqu'à chez sa mère sans encombres.  

On dépose nos affaires. On est très fatigués. Miguel sors plein de choses à manger, et nous fait une poêlé de légumes très sympa - mais à vrai dire, je n'ai pas très faim.  
On s'installe dans la salle à manger. 
Olide rentre un peu plus tard. Elle a fait des tonnes de courses. Miguel soupire : « Elle a craqué pour une promo... Elle a acheté 7 shampoing. Mais la date limite est le mois prochain ! » 
Je ris, pendant qu'Olide fait une petite grimace pour dire qu'elle ne peut pas s'en empêcher. 

On fait les comptes des dépenses de Chapada, et Miguel me dit que je lui dois 50€. Si peu ?! Mais c'est vrai qu'on mangeait pour 4 ou 5€, qu'on se logeait pour 20€ (donc 10€ chacun), et que j'ai acheté peu de choses. 
Pour le principe (et parce que ça me permettait de prendre de la distance), je lui laisse 100€.  
Il est désarçonné.    
Mais je préfère. 

Et puis on s'installe dans la chambre d'ami où il y a le grand écran. Pour mon dernier soir, on s'est gardé une bouteille de Gewurztraminer vendanges tardives que j'ai apporté – une petite folie que je tenais absolument à lui faire gouter. 
On cherche un concert ou des clips pour accompagner notre dégustation - mais on ne trouve pas grand-chose, alors on passe de clips en clips. Le vin est délicieux - et il découvre avec stupeur une saveur qu'il n'imaginait pas. 
On discute beaucoup. On est bien – et en même temps, on est tous les deux un peu abattu, on sait que c'est notre dernière soirée. Parfois de longs silences s'installent, et on soupire, allongés l'un contre l'autre. 

Plus tard, nous faisons l'amour. Il me déshabille, me caresse, me prend, et je me laisse guider. Comme toujours, il m'amène jusqu'à l'orgasme. Ambitieux, il tente de nous faire jouir ensemble - mais il m'a un peu trop titillé, et j'explose quelques secondes avant lui.  
L'amour est juste parfait avec lui. 

On reste étendus l'un contre l'autre. Je suis toujours un peu triste. 
Bruce Wayne est resté sur le lit tout du long.  
« You think cats love to look people have sex ? », demande-t-il. 
« I think cats really don't care » 

Je frissonne. Mon corps se refroidit, et la clim' est fraiche. 
« Are you cold ? » 
J'acquiesce.  
Il prend la télécommande de la clim, pendant que je me penche pour attraper mes vêtements. Il m'arrête : « No, please, don't ! Don't put your clothes. I like your body. You are beautiful » 
Que puis-je répondre ? Je suis émue et touchée, alors je reste nue, couchée contre lui. Sa remarque me touche en plein cœur. Moi qui suis dévorée de boutons de moustiques, d'égratignures, qui ai la fesse droite balafrée, mes poils qui poussent anarchiquement, qui ai pris un peu de poids... Il me trouve magnifique. 

On finit par s'endormir l'un contre l'autre. On se force à finir le vin, et on va se coucher dans sa chambre « Little Chupacabra, et White Chupacabra », dit Miguel en nous désignant, Bruce Wayne, qui s'est installé dans mes cheveux, et moi. Je ris. 
C'est notre dernière nuit, et j'ai le cœur serré. 

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