Ce qu'il reste du Brésil |
Bon, ce n'était plus tout à fait pareil : plus autant de
tendresse, plus autant de petits surnoms. Mais un peu plus de "Private
joke". Et de « te souviens-tu... ? ».
Parfois, il m'appelait "Little Chupacabra".
Dans l'ensemble, je me demandais ce qu'il se passait, ce
qu'il ressentait. Et ça me bouffait.
Quid d'une suite ?
Quid d'un avenir entre nous ?
J'ai fini par aborder le sujet avec lui.
« Te souviens-tu avoir dit "J'étais effrayée
lorsque tu es arrivée, car tu semblais avoir beaucoup de sentiments" ? Que
voulais-tu dire ? »
« Je ne m'en souviens pas. Mais je pense que je
voulais dire que j'étais effrayé que ça se passe mal, ou vraiment moins bien
que ce qui s'est passé ; A la vue des photos, je réalise qu'on a passé un
moment merveilleux ensemble».
Et puis « Je rêve de te revoir. Alors je préfère ne
pas y penser ».
Mon cœur s’est emballé : « Moi aussi j'en rêve
! Alors parlons-en ! Cherchons des solutions ! ».
Et lui : « Justement, ce que je veux dire,
c'est que c'est un rêve, et qu'il faut arrêter, qu'il vaut mieux ne pas y
penser, ne rien faire ».
« Quoi ? Mais... Si on rêve de la même chose,
pourquoi ne rien faire ? »
« Parce que soit on va trouver des tas de raisons de
ne pas le faire, soit on va partir s'installer en Afrique pour ouvrir un
business de mangues ! »
Je me suis énervée : « C'est stupide, nous ne sommes
pas inconscients non plus ! Moi je pense que les rêves sont faits pour les gens
qui osent, et pas une excuse pour ne rien faire. Les rêves sont là pour qu’on
se sorte les doigts du cul. L'univers nous a mis sur le chemin l'un de l'autre,
c'est une chance ! »
Silence.
Et puis : « Hey. I think you're right. What do you
suggest for us ? »
J'ai suggéré qu'on se revoit. Qu'on planifie quelque
chose. Oui, je suis prête à retourner au Brésil. Oui, je suis prête à y
réfléchir pour de vrai, et à changer de vie s’il le faut.
Mais il s'est de nouveau refermé : « Je passe
un concours, je ne peux pas partir, pas voyager, j'ai besoin de faire quelque
chose pour avoir une vie ici ».
J'essaie d'être rassurante : « Oui, bien sûr, je ne
te demande pas de ne pas passer ton concours. Mais alors que veux-tu, toi, pour
nous ? »
Et re-silence.
Une semaine plus tard, je lui demande s'il est fâché.
Il répond que non, pas du tout. Qu'il ne sait juste pas
quoi répondre.
Je lui dit qu'il pouvait juste dire « Je ne sais pas »,
dans ce cas.
Je lui dis que je suis prête à revenir au Brésil. Mais il
ne trouve pas ça juste. Il dit qu'il pense venir, lui, en fin d'année.
Et puis silence de nouveau.
Un mois de silence, sans messages, sans nouvelles, rien.
Oh, il se connectait sur Messenger hein ! Il était actif. …Mais pas pour me contacter moi.
J'ai lutté pour ne pas le contacter. Je me demandais si c'était bien. Je me demandais si je devais le raisonner, le supplier, lui parler de mes sentiments. Lui demander pourquoi il a gardé des bouts de moi, pourquoi il m’a écrit à peine étais-je partie, si c’était pour devenir un fantôme quelques semaines plus tard. Fallait-il que je me batte ?
J'ai lutté pour ne pas le contacter. Je me demandais si c'était bien. Je me demandais si je devais le raisonner, le supplier, lui parler de mes sentiments. Lui demander pourquoi il a gardé des bouts de moi, pourquoi il m’a écrit à peine étais-je partie, si c’était pour devenir un fantôme quelques semaines plus tard. Fallait-il que je me batte ?
Mais j'étais épuisée.
J'en avais assez des silences, assez des hommes qui disent des choses et en font d'autres, assez des douches écossaises. Assez des histoires qui foirent, assez des espoirs décus, assez de ramasser les morceaux de mon âme que j'éparpillais partout.
J'ai mobilisé toute mon énergie à tenter de reprendre ma vie en main. Un mois à lutter contre les idées noires et le désespoir, un mois à me demander quelles étaient mes raisons de vivre - et ne pas trouver. Un mois à lutter contre la pulsion de tout arrêter, définitivement.
Ce n'est pas tant Miguel que le schéma "Tu rencontres/Tu planes/Tu y crois/Tu te fracasses".
Je me disais « En fait, je n'étais pas prête à revivre ça ».
J'en avais assez des silences, assez des hommes qui disent des choses et en font d'autres, assez des douches écossaises. Assez des histoires qui foirent, assez des espoirs décus, assez de ramasser les morceaux de mon âme que j'éparpillais partout.
J'ai mobilisé toute mon énergie à tenter de reprendre ma vie en main. Un mois à lutter contre les idées noires et le désespoir, un mois à me demander quelles étaient mes raisons de vivre - et ne pas trouver. Un mois à lutter contre la pulsion de tout arrêter, définitivement.
Ce n'est pas tant Miguel que le schéma "Tu rencontres/Tu planes/Tu y crois/Tu te fracasses".
Je me disais « En fait, je n'étais pas prête à revivre ça ».
Pas la force de le recontacter, et
de récolter un silence – ou pire, quelques mots gentils qui me feront espérer,
et puis de nouveau le silence, que je vivrais de nouveau comme une apocalypse.
S’il voulait m’écrire, il m’écrirait ; c’est basique, un
garçon.
Un mois de silence, où je n’ai pas eu la force de défaire ma valise. Comme si j’étais prête à repartir, n’attendant qu’un mot de lui.
Je ne me sens pas prête à admettre que ça n’arrivera pas.
J’ai retiré son bracelet. Le sentir à mon poignet, c’était
comme des menottes qui me blessaient, qui m’étouffaient avec mes propres
sentiments.
Je n’ai rien déballé, je n’ai jamais porté les boucles-d’oreilles.
Je me sens stupide.
Je me demande si quelques jours de plus au Brésil auraient pu faire la différence. La fin du séjour a été marqué par une complicité sereine – avec quelques jours de plus, ça aurait pu évoluer encore plus, non ?
Plus que jamais, je me sens trahis, déçue. J’ai cru qu’il
était comme moi, aussi fou et passionné, prêt à voir notre rencontre comme un
signe.
Pourtant, c’est lui qui disait « Let the universe
guide us ».
J’ai cru voir des signes. Cru que c’était trop beau pour
être anodin. Cru que j’avais rencontré le bon, celui qui allait changer ma vie,
celui qui serait le seul et l’unique dans mon cœur – il l’a été. Et il me
semble que personne ne peut lui arriver à la cheville aujourd’hui. Personne ne
m’offrira une vie aussi palpitante, autant de rêves, des baisers aussi doux,
des bras aussi forts, un corps aussi parfait, et des orgasmes aussi intenses.
Oui, je voulais des bébés barbus, tatoués et trilingues
avec Miguel.
Je pensais vivre une histoire exceptionnelle. Je pensais
que l’Univers me guidait – nous guidait.
Mais je dois me faire à l’idée qu’il n'y a pas d'Univers,
pas de grand schéma, pas de signes. Le destin n’existe pas, et on est seul,
perdu dans un monde trop grand, dans une vie qui n'a pas de sens, et qui n’aura
qu’un dénouement stupide, ou tragique, ou injuste : la fin de notre histoire
ne sera pas comme un roman bien écrit.
Du moins c'est ce que je me disais.
Et puis Copine#1 m'a engueulé. "Tu vas abandonner ?! Comme ça, sans rien faire ? Laisser le truc en suspend, sans aller voir le pourquoi du comment ? C'est hyper dommage, bon sang !".
Elle m'a asticoté un moment, pendant que nous randonnions quelque part dans le Parc National du Perche. Pour finir par "Enfin, tu fais comme tu veux", et qui sonnait comme "Je n'approuve pas du tout".
J'avoue, elle m'a convaincu.
Et puis 1 mois plus tard, je crois que j'avais déjà assez pleuré pour n'avoir plus de larmes à verser. J'étais assez en colère pour ne plus être attendrie par lui et assez blessée pour ne plus l'être encore.
J'ai décidé de lui réécrire.
Et surtout, j'ai décidé qu'en parallèle, j'allais reprendre ma vie en main, me trouver de nouveaux objectifs, de nouveaux rêves, que j'allais réaliser mes fantasmes et voir mon célibat comme une chance, et non plus comme une malédiction. Pour que ses messages ne soient plus qu'un petit plus dans ma vie, plutôt que les piliers de mon existence. Que s'il ne me répond pas, ça ne sera pas si grave.
J'ai regardé en moi-même pour voir si c'était faisable.
J'ai jugé que ça l'était.
Et j'ai envoyé un message à Miguel.
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