samedi 17 août 2019

Fou d'amour : La rupture (1ere tentative)


Après le dernier appel de Julien, je me disais, angoissée, que nous n'en étions (vraiment) pas au même point de notre réflexion. Et qu'il allait falloir que je sois la méchante de l'histoire. Il s'était passé plusieurs jours, pendant lesquels j'essayais de prévoir la conversation. Et, je l'avoue, je ne prenais pas l'initiative de l'appeler : une part de moi se satisfaisait de faire l'autruche, tout en sachant que ça ne pouvait pas - ça ne devait pas - durer. 

Toutefois, à bien y réfléchir, je me suis dit, un peu naïvement, qu'il se rendrait à mes arguments, et qu'il verrait que, d'une part, il m'avait tout de même fait vivre un calvaire, et que d'autre part, il n'était pas en état de partager sa vie avec qui que ce soit.

... C'était vraiment très très naïf de ma part.


Je ne pourrais pas retranscrire ici les 1h45 que nous avons passés au téléphone. Non seulement parce que c'est long, et qu'écrire cet article me fait revivre ce moment cauchemardesque, mais surtout parce que ça a été extrêmement laborieux, constitué de multiples retours en arrière, et de lui qui disait « Tu ne peux pas me dire ça, tu ne peux pas me dire ça ».

J'ai tout essayé : lui expliquer que je n'avais pas les épaules pour lui, lui expliquer que je ne pourrais pas avoir une relation "normale" avec lui, lui expliquer qu'il avait besoin de faire le point tout seul,... 
Il contrecarrait tout ce que je disais, et ajoutais « Mais je vais mieux, et ce qui est arrivé n'arrivera plus maintenant ! »
Et invariablement, je répondais : « Mais tu n'en sais rien, est-ce que tu avais prévu de perdre l'esprit, et d'aller marcher sur l'autoroute ?! Ce n'est pas une vague déprime, c'est grave, ce que tu as vécu, bordel ! »
« Mais non, maintenant je verrais les signes annonciateurs ! »
« Quels signes ? Est-ce que tu sais pourquoi tu as perdu pied comme ça ? »
« C'était le boulot ! »
« Tu ne crois pas plutôt que c'était le fait que notre relation se cassait la figure, que je t'ai demandé de partir pour le weekend, et que tu t'es dit que tu t'enterrais dans un job qui ne t'intéressait pas pour rien ?! Même ton père le dit : tu étais bizarre avant de commencer à bosser ! »
« Non, non, ce n'est pas toi, ce n'est pas nous, c'est le boulot »

Le boulot : où il a travaillé moins d'une journée, et sans voir aucun patient.
Est-ce qu'il me prend pour une chèvre, ou est-ce qu'il essaie de se persuader lui-même ?

Je lui explique que de toute façon, je ne saurais plus agir normalement avec lui. 
« Il faut qu'on se voit ! »
« Non, surtout pas », je réplique. Je crains que tout se complique si on se voit, je crains de ne plus être aussi intransigeante, et surtout, je crains qu'il ne place tout ses espoirs dans cette entrevue, et que si ça ne se passe pas comme il voudrait, il flanque sa voiture quelque part et perde les pédales. D'ailleurs je lui dis.
« Mais ça n'arrivera pas » dit-il [et on repart en boucle sur le paragraphe d'avant].
« Peu importe, puisque moi j'ai cette peur : tu vois bien que je ne peux plus agir normalement avec toi. C'est impossible ! J'aurais toujours peur de provoquer quelque chose de grave »
« Au contraire, tu m'apporte tellement... Tu ne te rends pas compte.... Tu es tellement..... Je suis..... »
Figée, je me demande s'il va me faire une déclaration, là, tout de suite, au pire moment possible. Et, sentant une sueur froide m'inonder le dos, je me dis « Non, non, non, surtout pas, pas ça... »
Finalement il dévie un peu, pour dire : « Tu me fais beaucoup de bien, tu es la personne la plus bienveillante que j'ai dans ma vie en ce moment ». Et puis, un peu agressivement : « Tu ne peux pas rayer tout ce qu'on a vécu ensemble ! Tout ce temps ! »
« Heu... Non mais je ne raye rien, et puis bon, on va se calmer, on parle d'un peu près deux mois... »
« Mais deux mois, c'est énorme !! »
Je ne peux pas m'empêcher de rire « Deux mois, c'est rien du tout ! C'est quoi dans une vie ?! Arrête ! On se connait à peine ! »
« Ce n'est pas vrai, on a vécu des trucs extraordinaires, pour moi c'est une période inoubliable ! »
Je ne veux pas le juger : je repense à Charles-Henry, qui a balayé nos 4 mois de relations d'un revers de la main sans entendre ma souffrance, et je refuse d'agir comme lui. Pour autant, nous n'avons pas non plus vécu sous un ciel sans nuages, et j'essaie de lui faire entendre :
« Je ne suis pas d'accord avec toi... En deux mois on a traversé des crises énormes, et des engueulades que je ne cautionne pas. Tout ça ne me convenait de toute façon pas, et pour moi ce n'est pas une relation qui fonctionne »
« Mais on peut corriger ça ! On peut s'améliorer ! C'est ça une relation ! »
« Sauf qu'il y a tous le reste !! On tourne en rond là ! On a une relation bancale, ta santé mentale fragile, mon moral qui est fragile aussi, nos fragilités à tous les deux... C'est trop ! On ne peut pas ! Moi, je ne peux pas ! »
« Tu ne peux pas me dire ça, tu ne peux pas »

A un moment, il me dit même « De toute façon, si tu coupes les ponts avec moi, j'irai beaucoup plus mal, et il y a des chances que je retourne à l'hôpital ! »
Je reste interdite.
« ... Je ne veux pas avoir l'air de faire du chantage... » me dit-il.
« Pourtant ça y ressemble », je répond froidement.
« Ce n'est pas ce que je voulais dire... »

Consciente que je vais devoir trouver une porte de sortie (et me sentant de plus en plus démunie et prise au piège), au bout d'une heure, je propose qu'on reste en contact, mais qu'on ne soit plus ensemble. 
« Ok, ça me parait moins pire », dit-il.

Et là ça raccroche.

J'essaie de rappeler, ça sonne dans le vide.

Je repense à la fois où je me suis fait quitter par Charles-Henri, et où j'avais raccroché, pour pouvoir hurler, et pleurer.
Je n'ai donc pas insisté.

Il rappelle moins d'une minute plus tard :
« Ça a coupé. Donc on disait, juste avant, qu'on se revoit, et qu'on reste ensemble ? »
Ça pourrait ressembler à un gag, si ce n'était pas aussi.... j'hésite entre "dramatique", "désespérant" et "terrifiant". Dans cet état "dradéfiant", je me sens à nouveau complètement démunie, et je commence à pleurer. « Non, je ne peux pas, je ne peux pas ! ». 
Je me sens dépassée, et prisonnière. Et j'ai cette petite interrogation qui me titille méchamment : « mais pourquoi ma vie a-t-elle si soudainement pris ce tour-là ?! »

Et de nouveau, pendant 45 min, nous avons la conversation que nous avions juste avant, à redire les mêmes choses, à n'être pas d'accord, et à ne pas en voir la fin. Et régulièrement, il me dit « Il faut qu'on se voit ».
Et moi (toujours) : « Non, il ne faut pas »

Très honnêtement, si au début j'avais un petit pincement au cœur à me demander si ça aurait pu quand même marcher, rompant sans être vraiment très sûre de moi, son insistance m'a tellement gonflé qu'au final je n'avais même plus envie d'avoir le moindre contact avec lui.

Je ne sais pas s'il l'a senti, ou ce qui s'est passé dans sa tête, mais à un moment, presque miraculeusement, il a juste dit « On continu à se parler et à s'envoyer des messages, on reste ami, et on ne se voit pas pour l'instant ? »
Soit ce que j'essayais de proposer depuis presque 1h.
Soulagée, je saute sur l'occasion : « Oui ! Voilà ! On fait comme ça ! »
Même si je n'ai vraiment plus du tout envie de lui parler.

Je finis par raccrocher, épuisée. 
Mais au moins c'est fait.

Plus tard, dans la soirée, je reçois un message : « Je sais qu'on arrivera à dépasser cette crise, et que notre couple n'en sera que plus fort ! »

A nouveau, j'ai des crampes d'estomac, et une très forte envie de pleurer.

6 commentaires:

  1. Bon, j'vais pas faire le malin, parce que je lui ressemble beaucoup en termes de passion. Enfin, si bien sûr on oublie son côté drama queen, le chantage, et son incroyable propension à oublier des trucs hyper importants dits y'a 30 secondes...

    Je suppose que ce n'est pas la seule tentative vu le titre... :(

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    1. Tu es plutôt insistant dans une rupture ?
      Parce que j'avoue que je suis désemparée à avoir dû l'écouter tenter de me convaincre de rester avec lui. Personnellement, je crois que s'il faut convaincre l'autre façon dissertation en 3 parties, c'est pas trop bon signe - et essayer d'obliger l'autre à rester, c'est encore pire ! Mais bon, peut-être qu'en fait j'étais pas mieux lorsque Charles-Henri m'a quitté.

      Mais enfin à ce point...
      Tu n'es pas à ce point, tout de même ?!

      Bah tu as vu comment ça s'est fini. Non, évidement, ça n'a pas été la seule tentative. (Et je ne sais pas comment on appelle cette incroyable propension à oublier les informations importantes - qui ne vont pas dans son sens - mais ça fait peur)

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    2. Ben je l'ai jamais été, insistant, jusqu'à Juliette. Enfin tu as sûrement lu les derniers trucs que j'ai écris, et je sais que j'ai abusé, mais j'ai pas pu faire autrement, parce que c'est quelque chose que je ressentais pour elle que j'ai jamais ressenti pour personne d'autre.

      A ce point, ben ça dépend de ce que tu entends par là. Pas au point de me foutre en l'air, ni de finir à l'hôpital psychiatrique. Pas au point de faire du chantage, ni de de dire "je t'aime ma puce" après 2h de "je te quitte, ça marchera pas".

      Je dirais que ça s'appelle le déni. Il en est à l'étape 2. ;)
      (pardon, c'est pas drôle)

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    3. Oui, tu as été insistant mais tu es lucide, et ça je trouve que c'est déjà pas si mal : tu lui as demandé de te bloquer et ça j'ai trouvé ça très très bien. Tu n'es pas capable de te bloquer tout seul, tu en es conscient, et tu as tout de même agi. Perso, je supprime les comptes (FB, Insta) de moi même... Mais parfois j'y retourne, et ça me brise le cœur (j'ai été encore il n'y a pas si longtemps voir l'instagram de Miguel. Je vais peut-être finir par désinstaller insta) (parfois je me dis que ma vie est remplie de fantomes d'hommes que j'ai aimé, et que je suis une ghostbuster)

      Bref.
      Tu vois, il y a largement pire que toi. Toi tu es plutôt sain, finalement.

      Bah écoute s'il en est vraiment à l'étape 2, c'est qu'il est en cours de travail de deuil, et finalement c'est rassurant ! ;p

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  2. Et bien, ça ne va pas être simple cette histoire.
    J'ai toujours dit, - et appliqué - l'adage "il vaut mieux couper que déchirer". Je ne dis pas que c'est simple, mais le garçon, il n'a pas l'air de comprendre facilement. Courage!

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    1. J'ai tendance à préférer les coupes nettes moi aussi. Je trouve que c'est plus facile pour tout le monde - surtout si les personnes ne se croisent pas dans la vraie vie : oublier quelqu'un est plus simple lorsqu'il n'est pas là.
      Mais là, c'était impossible, on tournait en rond, et je n'arrivais pas à lui faire entendre quoi que ce soit.
      Bref, non, ça ne va pas être simple...

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