samedi 10 août 2019

Un coup de téléphone


Je venais de finir mon précédent article quelques dizaine de minutes plus tôt, je venais d'écrire : 
Et il n'y a rien, ni indices, ni clôture pour m'aider.Et s'il revient sonner chez moi ?Et s'il ne revient jamais ? Et si, et si, et si ?
Mon téléphone a sonné, c'était le numéro de téléphone du père de Julien. Il ne m'avait pas appelé depuis 4 jours, j'avais le sentiment qu'il laissait s'installer une distance. Et je crois que je comprenais cela. Je me suis dit que s'il appelait, c'était qu'il y avait du nouveau. J'ai décroché en chantonnant un "Allô bonjour !".

« Salut. C'est Julien »
« Oh »
Je ne m'y attendais pas - ou plus - et mille questions se bousculaient dans ma tête.

Le silence s'installe, malaisant, alors que je ne sais pas par où commencer.
Il brise le silence en premier : 
« Tu vas bien ? »
« Non mais ça on s'en fout.... Toi, comment tu vas ?! Tu es sorti ? »
« Ça a été une période compliquée. Ça n'a pas été très fort. Je suis sorti hier soir »

"Ça n'a pas été très fort" : c'est un doux euphémisme !

Je pensais que Monsieur Barbapapa me préviendrait lorsque son fils sortirait, je ne pensais pas être prise au dépourvue de cette façon.
Mes mains tremblent, je suis bouleversée de l'entendre, ma tête tourne à plein régime "Sa voix a l'air bien, il a l'air d'aller bien". Je n'arrive pas à me concentrer. Finalement, je lance une des mille questions que j'ai en tête : « Mais qu'est ce qui s'est passé ?! »


Il me résume les faits de façon très détachée. Je suis bouleversée par la distance qu'il met avec tout ça - comme si ça ne le concernait pas vraiment. 
« J'ai roulé, je ne sais pas trop où, et puis j'ai roulé dans la foret, et j'ai bloqué la voiture, alors je suis rentré à pieds, les gendarmes m'ont arrêté, et puis j'ai été conduit à l'hôpital, puis transféré à l'hôpital de mon département. Voilà »

Je suis au travail, je dois raccrocher, je n'ai pas le choix, même s'il y a encore mille choses que je veux demander.
Après des jours de réflexions, j'en suis arrivé à la conclusion que nous n'avons pas à rester ensemble, et même que ça serait bien mieux pour lui qu'on arrête maintenant, et qu'il ne s'occupe que de lui. Il a besoin de faire le point - et je crois que moi aussi.
Un peu naïvement, je pense qu'il en est lui aussi arrivé à cette conclusion, et qu'on ne peut pas être en relation, après tout ce qui s'est passé.

Lorsqu'il raccroche, il lance « Bisous ma puce ! »

Ah...
Bon...
Ben non, apparemment pour lui, rien n'a changé.

J'ai immédiatement des crampes qui me tordent l'estomac, et une douleur aiguë dans le bas du dos.
Ça va être à moi de faire le sale boulot.

4 commentaires:

  1. oh oui, bonne m*** et si je pouvais donner un conseil, fais le sage boulot (et pas le sale). Moi qui survole une situation plus ou moins similaire, j'aimerais que l'un des deux prenne une décision raisonnable (et je ne le nie pas, douloureuse). courage!

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    1. "Sage boulot". J'aime beaucoup !
      C'est vrai qu'il s'agit d'agir raisonnablement, j'ai presque envie de dire "avec maturité", même si ça fait mal, pour débloquer une situation inextricable.
      J'espère que ça va se débloquer de ton côté également. Tu as tout mon soutien et toute ma compassion !

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