lundi 20 décembre 2021

La Première Fois


Je suis sur un petit nuage depuis la soirée des 3 ans (a.k.a le remake de La Boum sur du Queen, en 2021 en ayant la trentaine bien entamée).
Je suis partagée entre la sidération de ce début de... quelque chose (mais quoi ?), le doute que ça arrive pour de vrai (un truc bien ? A moi ? Vraiment ?!), et la crainte que ça tourne très rapidement en eau de boudin.
En bonus : la certitude que tout va foirer au bout de 4 mois, à l'image de mes histoires de ces 5 dernières années.
Mais Bémol : j'ai le sentiment irrationnel que cette fois, ça ne se passera pas comme ça.(Horreur ! Ai-je le droit de penser ça ?! C'est tellement prétentieux !! Et irrationnel !)

Sinon, dans l'immédiat, c'est bruyant dans ma tête, mais j'ai juste envie de le revoir.

On se retrouve pour aller boire un verre, on a follement envie l'un de l'autre, et puis il y a quelques manqués, encore : 
Un soir où, lorsqu'on rentre assez tôt chez lui avec (clairement) des idées en tête, on tombe sur ses colocs, en plein visionnage d'un film Bollywood, et hyper enthousiastes : « Coucou ! Venez ! Regardez, c'est trop beau ! Et le roi il porte un cache-cœur, ohlalaaa, trop beau je veux le même !!! »
Je m'aperçois au passage que, si Petit-Chien-Fou-Qui-Gambade est égal à lui même et (forcément) ultra foufou devant ce film (dont aucun de nous ne comprends les codes), l'autre coloc, appelons là Agnès parce que j'ai oublié son nom, est exactement comme lui. 
Incroyable : Comment ont-ils réussi à faire toute une maisonnée de gentils foufous ?!
Je suis proprement fascinée par leur enthousiasme, et leur capacité à vivre le film, s'exclamer, s'attendrir, s'indigner très fort, et pleurer pour les protagonistes. Je n'ai jamais vu autant de gens passionnés au même endroit, surtout pour un film où, entre chaque scène de massacre, il y a des intermèdes musicaux, des danses et des paillettes, des couleurs et des bijoux (Bollywood, donc)
Je passe une excellente soirée, et repart sagement, repoussant encore le moment où l'on pourra partager un vrai moment d'intimité.

Je le rejoindrai un dimanche soir pour une soirée film-plateau de fromage.
Câlins pendant le film, puis on discute, les yeux dans les yeux, couché sur le canapé.
Ça pourrait tout à fait déraper, sauf que soudain, la lumière s'allume, et Petit-Chiot-Fou-Qui-Gambade monte depuis l'étage inférieur. Il ne gambade pas du tout, d'ailleurs, c'est très inquiétant.
Il marmonne "Ah, merde, désolé", d'une voix enrouée. Il est en boxer, les yeux à peine entrouverts, la démarche hésitante, et Le Joueur d'Echecs m'apprendra qu'il gère depuis le matin une gueule de bois terrible, qu'il peine à faire passer. Il a vomit 4 ou 5 fois, n'a fait que dormir toute la journée, et n'a rien pu avaler. Il se rattrape néanmoins, tombant littéralement dans un paquet de chips, qu'on l'entend grignoter à grand bruit dans la cuisine.
Je murmure à l'oreille du Joueur d'Echecs : "Pssssst. Je crois qu'il y a une grosse Souris dans ta cuisine !"

Plus tard.

Les caresses se font plus intimes, et pour la première fois, me voilà à demi nue devant lui. Et quand je commence à intellectualiser le truc, je commence à paniquer sérieusement.
Comme les autres fois, il fait preuve d'une incroyable acuité : « Qu'est ce que je peux faire pour que tu sois plus à l'aise ? »
Moi : *réponse inintelligible*
« Est ce que tu préfères qu'on aille dans la chambre ? Ou justement surtout pas ? »
« C'est à dire que si on y va, au moins, on ne risque pas de tomber nez à nez avec une grosse Souris qui a une fringale ! »
Il rit doucement : « A mon avis, il n'y a aucun risque, il va repartir en coma éthylique ! »

Nous allons dans sa chambre, et si l'intimité du lieu est plaisante, je me sens plus gauche que jamais, comme si je vivais ma première fois. 

C'est extrêmement désagréable. 

Et en même temps, j'attends ce moment depuis des semaines, je le désire tellement que c'en est douloureux, je suis impatiente de le goûter, d'être contre lui, de partager cela avec lui.
On se retrouve bien vite en sous vêtements, je vois son regard surpris devant mon slip Jack (j'avais besoin de courage) (mais lui n'était pas prêt pour ça). Il a un corps très mince, et pourtant étonnamment musclé. 
Néanmoins, je suis plus stressée que jamais. Ses caresses sont très, très précises, mais il y a comme un mur entre moi, mon corps et mes sensations. C'est comme si je n'avais pas la pleine possession de mes moyens, comme si mon enveloppe charnelle ne m'appartenait pas vraiment, que les ressentis étaient loin, comme dans un rêve. 
Lui en revanche est très à l'aise, d'une sensualité franche et directe, il me regarde dans les yeux, me caresse où il faut, comme si le sexe était juste quelque chose qui coule de source, comme si tout était simple. Paradoxalement, ça m'intimide encore plus. 

La pièce est grande et blanche, le lit très simple, la table de chevet est à gauche, à droite il y a un placard, la fenêtre est face à la porte, une disposition similaire à la chambre d'Isaac, et je sens monter la panique, tout en me répétant dans ma tête « tout est différent. Ce n'est pas le même endroit, pas le même garçon, pas les mêmes intentions, ne fait pas un putain de transfert ! Arrête ! ». Mais je crève de trouille et je me sens complètement impuissante.

À un moment il s'écarte de moi, j'imagine pour me lécher, mais je me met à paniquer, je l'attrape par la main, le bras, je l'agrippe, je panique complètement, soudain j'ai peur qu'il s'éloigne de moi, devienne lointain, et fasse je ne sais quoi, tout seul, sans se laisser toucher, qu'il me fasse peur, qu'il me fasse mal, qu'il me traite comme un simple objet, comme une fille qu'on peut abuser, parce que c'est peut-être ce que je suis. 
Ma tête est vide, et je ne suis que terreur.
Je ne peux pas.
Il se colle à nouveau contre moi avec un petit rire « eh bien quoi ? ». Il m'observe, il ne dit rien de mon air bouleversé ni mes larmes aux yeux, et il me prend dans ses bras, et reste seulement contre moi.
Il murmure « Qu'est ce qui te ferait Plaisir ? ». J'aimerais lui dire « Reste contre moi, c'est juste ça, laisse moi te toucher, ne t'éloigne pas, laisse moi garder le contact avec toi, avec ta peau ». 
Mais si j'ouvre la bouche, j'éclate en sanglots.
Alors je ne dis rien 
Et je me déteste.

Je regarde autour de moi, je le regarde lui. Je ne peux pas m'empêcher de superposer les images. 
Alors, patiemment, je cherche les différences : Regarde, la fenêtre est plus petite. La lampe de chevet est verte. Il y a un bureau, et des livres de sciences. Le placard est complètement différent. Les draps ne sont pas de la même couleur.
Ça fonctionne à peu près.
Alors je me détend à nouveau, et recommence à le caresser.
Il se lève, va chercher une capote.
Je le regarde, nu, pour la première fois.
J'écarquille les yeux en le regardant enfiler le préservatif. 
Je suis à deux doigts de dire « Je ne suis vraiment pas certaine que j'ai le bon format, là ça passera jamais, qu'on soit clairs ! »
Point positif : j'oublie complètement, l'espace d'un instant, mes troubles précédents.
Je cherche un moyen de dire que j'ai pas la foi, soudain méga flippée par la taille ahurissante de sa bite. 
Et comme je ne trouve pas comment dire les choses, je me dis qu'on va le tenter doucement.
(Mais clairement, j'ai pas la foi du tout)

Il vient tout doucement, et là encore je m'apprête à dire "bon, si ça marche pas....", sauf que ça va très bien en fait, et même très très très très bien. Je gémis, mes ongles plantés dans son dos, et le corps parcouru de vagues de plaisir.
Il gémit lui aussi, puis lâche un peu abruptement : « Bon, j'espère que tu n'y prend pas goût, parce que ça ne va pas trainer ! »
Un petit cri de plaisir, et j'éclate de rire, puis, sur le même ton que lui: « Ouais, faut pas déconner, y'en a qui bosse, demain ! »
Il étouffe un fou rire, qui se perd dans ses gémissements, et se justifie « Non mais attend, ça fait littéralement trois heures qu'on se chauffe, moi je n'en peux plus ! »
On rit, nos corps frissonnant, et je pense soudain au mec de la salle de sport, amant excellent, homme dont l'odeur me rendait tout simplement folle, et avec qui nous avions des échanges drôles et tendres pendant l'amour, peut être ce que j'aimais le plus, en faisant l'amour avec lui, et qui faisaient de ces moments des moments vraiment intenses et inoubliables.

En effet, quelques secondes plus tard il grogne sa jouissance, et lâche un "eh ben voilà" un peu fatidique. 

Je suis contre lui, nos chaleurs se mélangent, il s'endort. Moment de calme et de sérénité après l'amour.
Mais je suis tout, sauf sereine.
Lui, il s'est assoupi doucement.
A nouveau, je cherche les différences pour me calmer : le volet est fermé, et la vue est de toute façon très différente. Il y a une chaise. Les interrupteurs ne sont pas au même endroit. Les oreillers sont différents. Son odeur est bien plus complexe. Il a de la barbe. Il est plus musclé. Tout est très différent !
Non 
Ça ne va pas 
Je ne peux pas rester là.
Moi qui aime tant les nuits à deux, les réveils en duo, les caresses pendant la nuit, l'intimité du sommeil partagé, et même si je sais que tout est différent : rien n'y fait, je ne pourrais pas dormir ici, je ne saurais pas y trouver la sérénité, et encore moins le sommeil. Je tremble de peur - et même pas pour la situation que je vis, seulement pour un souvenir fantôme.
Je me dégage de ses bras, bien sûr je le réveille, et je ne sais que dire. Là il se couche, mais la tête au pied du lit, à l'opposé du mur.
Ça me distrait un instant :
- Tu dors dans ce sens là ?!
- Ben .. qu'est ce que ça a d'étrange ?
Je reste muette. C'est vrai ça, pourquoi ça me paraît bizarre ?
- Parce que la table de chevet et la lampe sont près du mur, donc pas à côté de toi !
Et là soudain, j'ai une vraie grosse différence, qui fait vaciller ma spirale d'angoisse.
Malgré tout, je réfléchis encore quelques minutes, mais il est évident que j'ai besoin de sortir d'ici. Je veux rentrer chez moi, et être dans un environnement complètement safe pour moi.
Je me lève, je m'habille, je lui dit juste "je rentre", et je m'enfuis sans un mot d'explication. Je me sens hyper coupable, complètement nulle, stupide, folle, mais c'est la seule solution. Après un silence, il me dit simplement "sous prudente sur la route", sans mettre ni reproche, ni quoi que ce soit dans sa voix.
(Franchement, est-ce qu'il mérite une fille pétée comme moi ?)

Quelques jours plus tard, on se retrouve à nouveau. Il m'invite à entrer, mais précise « seulement si tu ne t'enfuie pas au milieu de la nuit... »
Cette fois j'essaie d'être un peu plus entreprenante, mais je reste gauche, et gênée. Qui est cette fille qui a pris ma place ?!
Il m'arrête, et dit « Avant ça.....» Puis très sérieusement : « Stop. Mademoiselle B. ... »
Je le regarde. 
« Tu n'as jamais été égoïste au lit ? »
Heu... Non. 
Cela semble le peiner. On reprend, mais quelque chose est passé, et puis je m'interroge : non, c'est vrai. D'une part, parce que mon plaisir vient en grande partie de celui de l'autre. Mais aussi, quand je commence à y réfléchir, parce que j'ai peur de ne pas en faire assez. D'avoir l'air paresseuse, ou étoile de mer. Je me sens obligée de rendre la pareille - ou de donner plus.
Je n'y avais jamais réfléchi
Ça me perturbe pas mal 
Il ne dit plus rien et me laisse faire. Mais je me dis qu'il serait judicieux qu'on en reparle - et, aussi, pourquoi pas, que j'essaie (surtout si c'est lui qui propose) de juste être égoïste, au moins une fois. 

Cette fois je me maîtrise lorsqu'il n'est pas tout contre moi, et je me répète "vous êtes en train de faire l'amour, il n'est pas en train de t'agresser". Je dompte ma crainte irrationnelle, et si, pour le coup, je n'ai absolument pas la tête à ce qu'on fait, le plus important, me semble t il, c'est surtout que je parviens à dépasser cette limite.
Il me lèche avec beaucoup d'application et de talent, appuie exactement où il faut, me titille en même temps avec ses doigts, bref, il prend les choses en main avec tellement de talent, qu'à nouveau je me sens gauche et empotée. 
Il se rallonge, et lèche profondément les doigts qu'il a utilisé pour me rendre folle. Je suis bouleversée par l'érotisme épicé de ce geste, qui m'enflamme aussitôt.
Je le chevauche et lui impose mon rythme, un rythme lent qui le fait frissonner, puis souffler 
« C'est amusant, cette lenteur... »
Il me titille du bout des doigts, et le plaisir monte... Je me crispe. Il rit « Tu luttes ! Arrête de lutter, laisse toi aller ! ».
Il n'a pas tort, je lutte malgré moi, mais finis par être emporté par un orgasme.
Nous continuons longtemps notre mouvement lent, jusqu'à ce que lui aussi commence à être emporté, et explose dans un long grognement de jouissance, entrecoupé d'un fou rire. 
Il a l'air heureux.

A nouveau l'apaisement d'après l'amour, de nouveau mon cerveau fait des liens qu'il ne faut pas, la peur monte, la colère aussi - contre moi même. Non, je ne peux pas partager cette intimité, je ne peux pas rester dans cette chambre a peu près similaire, pourtant justement ce sont ces moments tendres qui font la différence, mais impossible. Ça ne me semble avoir aucun sens, mais c'est plus fort que moi. Je me sens nulle et coupable, je m'habille en silence, il s'apprête à dire un truc, se ravise, ferme les yeux, reste de marbre lorsque je l'embrasse, et je comprends très bien que ça ne lui plaît pas. J'hésite à m'excuser, ça serait pire, alors je me tais, et je m'enfuis, honteuse. Une énorme partie de moi veut rester. Mais la petite partie qui panique est comme un rongeur qui court partout, et elle prend toute la place.

Est-ce que j'arriverai à surmonter ça ?

2 commentaires:

  1. Il a l'air d'avoir les qualités nécessaires pour te redonner confiance, c' est tout ce que je te-vous souhaite. Passe de jolies fêtes, petite conteuse délicate !

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    1. Bonnes fêtes à toi aussi ! J'espère que tu les passes en bonne compagnie, et avec ton petit garçon ♥️

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