mardi 14 février 2017

Choisir entre "aimer" et "être aimé"

Jeudi, le mec-de-la-salle-de-sport était là avec une fille. Je ne sais pas qui elle était, je peux juste dire qu’ils se sont installés l’un près de l’autre, et qu'il riait aux éclats. J’imaginai son sourire 10 000 volts qui n’était plus pour moi, et je sentais mon cœur se briser en me disant que, avec moi, il ne riait pas devant tout le monde. Lui si discret, d’habitude…

Alors j’ai chargé ma barre de muscu plus lourde que d’habitude, j’ai chanté à tue-tête, et j’ai ravalé ma tristesse, en me souvenant de ce que je disais dans mon précédent article, c'est-à-dire qu'il ne m’apporte pas ce que je veux, et donc que ça n’en vaut pas la peine.
Mais quand même, je n'étais pas prête à gérer l'épreuve "une autre fille" si vite. Parfois l’enchaînement des événements est un peu impitoyable.
J’ai croisé son regard pendant le cours, j'ai articulé un salut. Il m’a sourit. Et puis j’ai eu l’impression qu’il cherchait mon regard le reste de la séance. Mais peut-être que c’est juste ce que j’aurai voulu. [Rappel toi qu'il n'est pas et n'a jamais été un petit ami pour toi]
Plusieurs fois, je regardais sa silhouette dans les miroirs, en cherchant en moi ce que ça me faisait, à quel point ça me rendait triste, à quel point je pouvais gérer. Et plusieurs fois j’ai surpris le regard de la fille en question qui ne me lâchait pas des yeux. Malaise.


Vendredi, je suis sortie avec mes amis, et Mister Perfect. On a beaucoup bu, et dansé. Mister Perfect était chaud. Mister Perfect n’a plus de copine depuis le début de l’année, et il est en manque. Et j’ai joué. J’ai pris ma revanche sur 6 mois à me traîner à ses pieds, folle amoureuse. J’ai caressé son corps, j’ai léché son torse, j’ai joué avec des glaçons sur sa peau. Je l’ai obligé à se mettre à genoux devant moi et je l’ai embrassé furieusement. Et je me suis regardé de loin, en me disant : « Il ne me fait plus aucun effet ». J’ai adoré le rendre fou ; j’ai clairement pris ma revanche. Et ça ne m’a rien procuré de plus que ce sentiment. Même pas une minuscule excitation.
En rentrant, on dormait chez des amis, je lui dis que s’il ne veut pas dormir sur le canapé, il peut dormir dans la chambre d’amis avec moi – de toute façon, on a passé 10 jours au Sénégal à dormir ensemble. Il m’avoue qu’il n’est pas sûr de ne pas me sauter dessus. Je hausse un sourcil et ne répond rien.
Il me dit aussi que c’est con, un mec. Que ça veut quand la fille ne veut plus. Je ne sais pas s’il parle de nous. Je m’en fiche.
Le lendemain, on discute de nos vies. Il me dit qu’il est surpris que le mec-de-la-salle ai encore cette importance pour moi. Lorsque je lui raconte la première fois où je l’ai revu, et ma panique, il est réprobateur : « Si j’avais été là, je t’aurais secoué ! ». 
« Non, si tu avais été là, j’aurais pleuré sur ton épaule et tu n’aurais pas su quoi faire ! ».
« Ça fait combien de temps que vous ne vous êtes pas vu ? »
« 2 mois, quasi jour pour jour. C'était le 13 décembre, la veille du départ à Dakar». Je me souviens, j'avais encore l'odeur de ses mains dans mes cheveux quand on était dans l'avion.
« Comment tu peux encore être à ce point à fond sur lui ?! »
« Ça ne s’explique pas, Mister Perfect. Il me fait cet effet de dingue, c'est tout »


Et puis j’ai vu Hector dimanche. 
Et ma tristesse à ce propos à balayé tout le reste. 
Il est la personne la plus importante actuellement pour moi, on s'écrit tous les jours, on se voit plusieurs fois par semaine. On a parlé, encore. On s’était disputé vendredi – toujours les mêmes disputes, sur les mêmes sujets. Cette fois, il a compris. Et nous sommes tristes tous les deux.
Je lui ai redis que je n’étais pas amoureuse et pas en train de tomber amoureuse. Que je pense que si je ne le suis pas maintenant, ça n'arrivera pas plus tard [Tout à fait entre nous, je doute de plus en plus de ce point. Mais je refuse de lui donner des raisons d'espérer qui pourraient le torturer]. Que j’aimais le voir, que j’aimais cette espèce de routine, cette "fausse" vie de couple que l’on a. Mais que je ne pense pas qu’on aura un réel avenir ensemble.
Lui se verrait un avenir avec moi. Il a envie d’aller plus loin, il se verrait construire quelque chose avec moi. Je lui plais. Beaucoup. Il aime mes qualités et mes défauts. D’ailleurs mes défauts lui plaisent. Et il pense que ça collerait. Et il aurait juste envie que moi j’ai envie.

Quelque chose s’est brisé pendant cette conversation. On devait rentrer chez moi ensemble, et passer la nuit tous les deux. Finalement il a préféré rester chez lui. Je suis rentrée seule chez moi.
J'ai reçu un message tard dans la soirée :
« D’un côté, je regrette de ne pas être venu chez toi ce soir » 
« Et c’est quel côté ? »
« Celui qui a envie de te voir et qui rêve que toi aussi »

Pendant le trajet, j’essayais d’analyser cette foutue situation frustrante qui me fait dire que la vie est mal faite, et qu’on est con, con, con et qu’on fait tout de travers. 
J’aimerai tellement avoir envie. J’aime la personne qu’il est. Même s’il n’est pas subtil. Même si son humour est souvent nul – mais c’est mignon de le voir rire de ses propres blagues. J’aime l’avenir qu’il imagine : « Si tu voulais un jour habiter ici, je pourrais te créer un atelier au dessus du garage ». «  Tu t’intéresse à plein de choses, tu m’ouvres des horizons insoupçonnés, j’ai envie de te suivre, de te laisser me faire découvrir des tas de choses, j’ai envie que tu bouleverse mon quotidien, que tu m’envahisses, que tu laisses traîner tes affaires chez moi et que tu emplisses mon espace de ta présence ».
Je me sens à l’aise avec lui. Avec le mec de la salle, je m’épilais de très près, je m’habillais sexy, je surveillais que mon corps soit parfait, je jouais la femme fatale. Ce n’est pas du tout ma nature, mais j’adorais ça, ce sentiment d’en faire des tonnes pour le séduire. En sachant très bien que c’est quelque chose que je ne saurais pas faire sur le long terme. Avec Hector, je n’ai pas cette "pression". Je ne me parfume pas, mon épilation laisse parfois à désirer, et je me fiche des sous-vêtements que je porte. J’aime le sentiment que ça n’influera sur rien, qu’on a une relation plus reposante que ça – et en même temps je trouve ça dommage, j’aimais cette envie de plaire que je ressentais avec le mec-de-la-salle. Cette envie que je n’ai jamais eu avec Hector – même si, après avoir vu sa réaction face à des sous-vêtements plus sexy, j'en joue un peu plus.
J’aime recevoir des messages de lui, j’aime aller le voir. J’aime savoir que je peux compter sur lui, j’aime ce qu’il pense de moi. Je me sens beaucoup plus sûre de moi, beaucoup plus épanouie depuis que je le connais. Je me sens belle, je me sens désirable, je me sens bien.
En même temps, j’ai l’impression d’être encore en « attente ». J’attends encore « le bon ». Celui qui me retournera le cœur, celui qui soufflera un ouragan dans ma vie comme l’a fait le mec-de-la-salle. Mais et si c’était un calcul stupide ? Si je courrais après une chimère ? Si c’était juste de l’orgueil ? Si ce n’était qu’une attitude purement masculine de « Je m’aperçois que je plais, alors je vais continuer à rencontrer encore et encore en attendant le Graal », sauf que le Graal n’existe pas, et qu’il y a plus de gens éternellement insatisfaits qu’autre chose ? Est-ce que ce n’est pas idiot d’attendre le digne remplaçant du mec-de-la-salle ? Est-ce que ça arrivera un jour ?

Lui pense que les sentiments viennent avec le temps. Moi je pense que l’on se sent prêt à tomber amoureux, ou potentiellement amoureux, qu’on sent immédiatement si ça arrivera –ou jamais. Que soit il y a ce terreau fertile dès le début, soit rien ne poussera. Même si je doute parfois de ça, même si finalement je suis la dernière personne a comprendre comment tout ça fonctionne.
Il pense que deux personnes qui ont un "socle" commun, qui s'entendent bien, qui ont à priori de quoi se plaire l'une-l'autre, ont de bonnes chances de se séduire l'une l'autre, et de tomber amoureuses. Pourtant je suis assez d'accord dans l'idée, moi le cœur d'artichaut, moi l'éternelle amoureuse. 
On s'est revu lundi soir, il a voulu savoir comment ça s’était passé avec le-mec-de-la-salle, et si j'étais amoureuse. Il ne voulait peut-être pas vraiment savoir : il a été triste tout le reste de la soirée, et j'ai surpris des larmes sur ses joues. Vers 11h, il me dit qu'il va peut-être repartir, qu'il est perdu, qu'il ne sait pas quoi faire. Je ne me sens pas le droit de le retenir. Je ne sais pas quoi lui dire. Je le laisse dans ma chambre, j'ai envie de pleurer, et je me demande si ce n'est pas ce qu'il fait de son côté. Mais que faire ? 
Finalement il reste, mais je sens qu'il est malheureux. Et je tais ce que j'aimerai lui dire, à savoir à quel point il me fait du bien, à quel point j'aime bien rêver tristement dans ses bras à une histoire que l'on n'aura pas. La seule chose qu'il me manque, c'est cette ivresse d'aimer à en crever. A choisir entre aimer, et être aimée, je choisis d'aimer : je ne veux pas me nourrir des sentiments de l'autre pour être rassurée.
J'ai peur de le perdre. En 2 jours, une distance s'est creusée. Je la déplore, mais je la comprends. Ça m'attriste beaucoup, mais je suis prête à disparaître de sa vie s’il me dit que c’est mieux pour lui. Même si ça me met face à ma solitude, face au mec-de-la-salle et sa potentielle copine, face au manque de la présence d'Hector. Peu importe, je gérerai, je refuse de le blesser, je refuse de jouer avec ses sentiments ou de profiter de lui. Je l’apprécie bien trop pour ça.

Aujourd'hui, pas un seul message de lui. 

1 commentaire:

  1. Mon chaton, tu sais que j'ai des nuages plein la tête et que je ne me repère plus aussi bien qu'avant dans ta vie romanesque, mais à la lecture de ce billet, je peux certifier, sans qu'aucune hésitation ne soit possible, que le mec de la salle de sport est un énorme connard. Quand on a été intime avec une personne, on n'exhibe pas sa dernière conquête sous son nez. Ou au moins on prévient. Ou on se montre discret. Ou ça fait partie d'un jeu malsain. Ou on est un énorme connard ("... ai-je dit deux fois. Faut-il donc que je trisse ?")
    Sérieusement, ma belle, quel besoin avait-il de ramener sa morue au seul endroit où il est sûr de te croiser ? Le manque d'empathie et la désinvolture m'ont toujours parus encore moins pardonnables que la cruauté. Je t'en conjure, ma douce, ne sois plus une petite sirène : ne marche plus sur des charbons ardents, fais entendre ta voix. Et ne danse pas aux noces de ta rivale.

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