jeudi 10 octobre 2019

Pourquoi l'infidélité ?


Quand tu tapes "infidélité" sur Google, tu tombes même pas sur la définition, mais sur des pages psycho qui te disent que c'est la cause majeur des problèmes de couples. 
... Et des photos au goût douteux.

A la suite de ma nuit avec Isaac, qui m'a bouleversé de bien des façons, et après un débat très intéressante avec Tabi, je me suis beaucoup interrogé sur l'infidélité. 
L’INFIDÉLITÉ, ce gros mot, L’INFIDÉLITÉ, que j'ai vécu tant de fois, L’INFIDÉLITÉ ma hantise et ma blessure éternelle.

J'ai honni l'infidélité pendant des années, m'érigeant en mère courage, « Moi je ne tromperai JAMAIS », ma conscience pour moi, et mon jugement pour les Autres, tous les autres, ceux qui sont malhonnêtes.
(J'ai un côté très manichéen)

Aujourd'hui je me suis fait tromper une fois sur deux dans mes histoires, et je tiens le rôle de "l'autre femme" auprès d'un mec maqué.
Alors, si on en parlait ?


Ma première "vraie" relation, c'était il y a environ 4 ans, et ça duré 4 ans. Nous habitions ensemble, et nous étions un couple assez fusionnel.
Ce couple a volé en éclat lorsque j'ai découvert qu'il écrivait à une autre fille, que celle-ci lui envoyait des photos d'elle en corset-dentelle, et qu'ils parlaient de leur "relation", pour qualifier ce qu'ils partageaient.
J'ai voulu en parler avec lui, il a nié, puis il s'est répandu en excuse lorsque j'ai affiché ladite photo en corset-dentelle, puis une semaine plus tard il la revoyait... Alors j'ai mis fin à notre relation. Et à partir de là, il a dit à qui voulait l'entendre (et à moi aussi) que j'avais tout inventé et que j'étais folle.

Puis il y a eu le-mec-de-la-salle-de-sport, qui est arrivé du jour au lendemain, et sans prévenir, avec une autre fille à son bras à la salle de sport.
... Du coup j'ai compris qu'on ne se reverrait plus.

Parlons d'Hector, qui envoyait des textos "J'ai envie de t'éjaculer dans tous les trous".... ?
...En fait non, n'entrons pas dans les détails.

Charles-Henri, qui m'a quitté sur un prétexte bidon, avant que j'apprenne qu'il était avec quelqu'un depuis 10 jours (pendant qu'il était avec moi, donc).

Et de l'autre côté du miroir Isaac, avec qui j'ai couché alors qu'il est en couple depuis 12 ans, et où je suis "l'autre femme".
Bizarrement, je crois que c'est cet autre point de vue que me permet d'écrire cet article aujourd'hui.

La question que je n'ai pas envie de me poser, et qui est pourtant capitale, c'est : Pourquoi m'ont-ils trompés ?
Alors je pourrais dire : Parce que ce sont d'immondes salauds ! Des raclures de bidet ! (etc etc)

Mais en réalité, c'est plus complexe que ça. Et si je n'ai jamais voulu faire face à cette question, c'est parce que ça me mets face à mes propres failles.

Ma première relation, certes, nous étions un couple fusionnel, amoureux... Sauf que nous avions aussi plein de problèmes. Outre le fait que mon ex avait un gros, gros problème avec le sexe (il ne supportait pas que j'ai envie de lui, et nous ne faisions jamais l'amour), nous avions aussi des problèmes de fric, il était au chômage depuis des mois, ne touchait plus aucunes allocations, il avait développé une addiction aux jeux vidéos, avait pris 20kg, on ne partageait plus rien et on ne dormait quasi pas aux mêmes heures puisqu'il jouait à des MMO toute la nuit.
La vérité, c'est que je ne trouvais plus mon mec sexy. Je le trouvais pitoyable, je trouvais que c'était une loque, un boulet, et je n'en pouvais plus de devoir l'entretenir financièrement.
Et BIEN SUR qu'il le ressentait. Sauf qu'au lieu d'essayer de changer cette image, il a préféré fuir ses responsabilités, et chercher à émerveiller quelqu'un d'autre. Il a cherché auprès d'une autre l'affection que je ne lui donnais plus.
Il a fait un choix, il a cherché une solution. 
Je ne dis pas qu'il a choisi la meilleur solution, qu'on soit d'accord.
Mais je crois que je dois admettre un truc : notre relation était en train de se casser la gueule, elle était complètement gangrené, et je n'ai pas eu le courage de mettre les pieds dans le plat, et de dire frontalement : "Là c'est plus possible, soit tu fais un truc, soit on se sépare, parce que je n'en peux plus". J'attendais que quelque chose change, mais sans le dire. Et si on ne dit pas les choses, on peut reprocher aux autres de ne rien faire ?!
Au final, cette fille m'a donné une bonne raison de mettre fin à la relation. 
Et ça a été la meilleure chose qui me soit arrivé.

Le-mec-de-la-salle-de-sport, nous n'étions pas ensemble. Il a toujours affirmé ne rien vouloir entre nous, et cette fille n'était donc pas vraiment une tromperie. Je pourrais invoquer mes grands dieux, la réalité est là : il avait été clair dès le début.
Alors certes, la façon de faire était vraiment ignoble, d'autant plus que le deal, c'était « Le jour où tu rencontres quelqu'un, tu fais ça proprement ». 
On pourra donc lui reprocher la forme (mais pas le fond).

Hector, c'est un peu un mixe des deux : Je ne lui donnais pas ce qu'il voulait, puisque je refusais une relation avec lui, et que je n'avais pas de sentiments amoureux. On ne s'était pas vraiment promis fidélité (à quoi bon, vu que ce n'était qu'une aventure ?!). Pour autant, j'exigeais de lui une certaine forme d'exclusivité, notamment parce qu'on baisait sans capotes.
Là encore, je n'excuse pas les faits, mais je comprends la démarche : on a besoin de savoir qu'on plaît encore, lorsque quelqu'un nous rejette.

Charles-Henri, c'était plus simple encore (et finalement plus douloureux) : il n'a jamais été amoureux. Il a passé du bon temps, il a joué le rôle du petit ami parfait (sûrement sans malveillance), et lorsqu'il a rencontré une fille pour qui, en revanche, un embryon de sentiment s'est développé, il m'a quitté.
Ça n'excuse ni la façon de faire, ni les actes, et de mon point de vue (de fille qui commençait à tomber amoureuse), c'était égoïste et nonchalamment cruel.
Et pourtant, là encore, il y a une raison.
(Autre question que je suis incapable de me poser : "est-ce que j'aurais pu entendre, dans les 4 mois que notre relation a duré, qu'il n'avait aucun sentiment pour moi ?". On en reparle dans deux ans)

Je crois que c'est ça, qu'il faut retenir : la tromperie a une raison.
Et comprendre la raison, c'est hyper important. Ça fait avancer... Et je ne l'ai jamais fait, jusqu'à aujourd'hui.
Parce que ça m'oblige à me mettre face à des choses que j'ai pas envie de voir. Je suppose que c'est pour cette raison qu'en général, plutôt que de chercher à comprendre, on choisit de quitter l'autre ou de passer l'éponge - mais pas d'en parler.

Parlons maintenant d'Isaac.
En couple depuis 12 ans, il n'a jamais trompé sa nana, et puis du jour au lendemain, il me fantasme.
Nous n’avons pas directement parlé de ça - notamment parce que je trouve que ça serait un peu cavalier de ma part - mais indirectement, je relève deux choses :
Isaac a été attiré par moi, terriblement, et ça l'a dépassé. Ça ne s'explique absolument pas, et je ne l'explique pas plus. D'autant plus que j'ai croisé plusieurs fois sa compagne, et elle est juste magnifique. Un visage sublime, un corps de rêve, des courbes exactement où il faut... Elle est mille fois plus belle et désirable que moi.
Donc facteur 1 : une attirance qui ne s'explique pas, incontrôlable.
Et puis il y a cette histoire de vie sexuelle au ralenti, cette libido amoindri... Qui ne serait pas tant un problème si elle acceptait d'en parler. Mais elle refuse le dialogue à ce sujet, elle refuse d'en parler, et le sexe est du coup devenu tabou. Malgré les dialogues enflammés d'Isaac, parfois il baisse sa garde, et laisse paraître que ce refus de communication le blesse.
On a donc un facteur 2 : un problème dans le couple, qui est nié.

Autre question qui pique, mais qui me semble nécessaire, tant qu'à me mettre face à moi même :    Pourquoi j'ai choisi d'être l'autre femme ?

Il y a différentes raisons, que je pourrais citer dans l'ordre :
- J'ai été flatté de cette attention.
- J'ai été d'autant plus flatté que j'ai vu la compagne d'Isaac : plaisir purement narcissique (et un peu maso ?), de voir que je n'arrive pas à la cheville de sa nana - et pourtant, il me fantasme.
- Je crois que j'ai voulu jouer de ce potentiel de séduction inattendu.
- Puis j'ai appris à connaître Isaac, et il m'a vraiment plu
- Psychologie de base : en étant l'autre femme, j'essaie de comprendre, par un autre point de vue, ce que j'ai pu vivre lorsque j'étais la fille trompée. En essayant de comprendre, je cherche peut-être la voie du pardon. Ça me permet d'analyser, cliniquement.

Et entre nous, si je suis capable d'écrire froidement cet article aujourd'hui, c'est bien parce que quelque chose a dû bouger.

Au niveau de la culpabilité, moi qui me sens tout le temps coupable pour tout et n'importe quoi, j'ai décidé de lâcher prise. Ce n'est pas mon fardeau, moi je n'ai personne dans ma vie, et je ne trompe personne. Ce n'est pas à moi de culpabiliser pour l'autre.

Tabi m'a posé la question cruciale : Et si l'autre le découvre ? Si, un jour, la copine d'Isaac m'appelle, ou vient me voir, pour me dire "Je sais que tu as couché avec mon mec" ?
J'y ai déjà pensé.
Ça me parait nécessaire d'envisager cette possibilité, et si cela venait à se produire, je n'ai pas l'intention de mentir, ou de nier l'évidence - ce serait très irrespectueux.
Je crois que ça pourrait même être très bien, qu'on discute. Ça serait super, qu'elle puisse comprendre que son mec est en souffrance, dû à son refus de parler de leur sexualité. Qu'elle puisse l'entendre, et régler le problème entre eux.
La vraie question, c'est de savoir si elle serait capable d'entendre ce genre de choses : En vrai, qui est capable d'accepter de recevoir des conseils de la maîtresse de son mec ?! 
Il y a parfois des questions qu'on pose, mais dont on ne veut pas vraiment connaître la réponse.

Bref, cet article n'est pas une apologie de l'infidélité. Loin de là.
Je crois juste que c'est important de réaliser que ça signifie quelque chose. Après, il y a aussi d'autres cas de figures : il y a des personnes qui sont juste incapables d'avoir une seule personne dans leur vie, qui sont profondément polygame.
Est-ce que c'est mal ?
Je ne crois pas.
C'est juste une autre façon de vivre, qu'on ne va pas partager. Mais si les choses sont posées dès le début, c'est un choix à faire. Soit on accepte l'autre avec cette particularité, soit non. Si on ne l'accepte pas... Je crains que c'est ce qui mène à la tromperie.

Je pense aux libertins que j'ai rencontré sur Wyylde, qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas vivre avec un partenaire unique. Là on parle de sexualité, mais justement, leur sexualité est faite de cette façon - et la sexualité fait partie de la vie, et de la vie de couple.

Je pense à Copine#1, qui est polyamoureuse. Là il ne s'agit plus seulement de sexualité, mais d'amour : elle a actuellement son mec, que j'appelle fort originalement "le-mec-de-copine#1", et une autre relation, je l'appelle "l'Amant", mais il est en fait tout à fait officiel. Les deux hommes se sont même déjà rencontré et ont été boire un verre ensemble pour discuter. Elle est amoureuse des deux, sans distinction. Elle aime leurs qualités et leurs défauts, elle les trouve complémentaires, et n’imagine sa vie ni sans l'un si sans l'autre. Elle se fout du regard des gens, et n'hésite pas à s'afficher avec l'un et l'autre.
Son mec est un hypersexuel, il a besoin de relations sexuelles, juste sexuelles, avec d'autres filles. Ce qu'il assouvit, avec l'assentiment de Copine#1. Il a deux maîtresses régulières (que Copine#1 connaît de nom), et quelques coup d'un soir, notamment parmi ses groupies.
Son "Amant" est un homme marié, qui tente vainement de s'extraire de sa vie maritale et familiale dont il souffre affreusement ; lorsqu'il a voulu quitter sa compagne, il y a 15 ans, elle est tombé enceinte - alors il est resté. Il n'ont plus de vie sexuelle depuis des lustres (d'ailleurs il ne bande plus - y compris avec Copine#1), et il déteste sa vie, qu'il essaie pourtant de mener en bon mari et en bon père de famille - mais ses enfants sont son cauchemars. Il essaie depuis des mois de quitter sa femme, mais elle refuse, elle fait du chantage, elle le menace. Il a pris un appart, où il passe la moitié de la semaine. Il ne sait pas comment se sortir de ça.

Je pense que c'est le genre d'histoire que je ne pourrais pas raconter à mes grands parents - ni probablement à mes parents.
Pour autant, je trouve que ça fonctionne - bon, à part pour l'Amant, qui, à 45 ans, est un peu passé à côté de sa vie, et c'est terrifiant. Ce trio improbable, ça marche, et le polyamour me semble clairement intelligent, et très moderne - il s'agit de se libérer du sentiment de possession, et d'absolu, bref, de l'ego, et de ne garder que l'amour désintéressé.
Entre vous et moi, je suis à mille lieu d'avoir assez confiance en moi pour imaginer être capable de ça.
Mais je sais que par exemple ma cousine et son mari sont polyamoureux.
Et idem, ça marche.

Mais là on est dans ce qui est dit, assumé, discuté.
Si le-mec-de-Copine#1 s'était trouvé avec une fille qui n'acceptait pas cela, peut-être aurait-il arrêté de voir d'autres filles... Et ça lui aurait pesé. Il aurait été malheureux, et il aurait fini par la tromper - "tromper", parce que là ce n'était pas admis.
Copine#1 n'envisage pas sa vie en monogamie. Impossible pour elle. Personne ne pourra lui demander ça. Et si quelqu'un lui demandait, ça ne marcherait pas, et ça finirait dans le mensonge. Pourquoi ? Parce qu'au final cette personne attendrait d'elle qu'elle soit quelqu'un d'autre - et peut-on vraiment ne pas être nous même ?
Étonnamment, ses précédentes relations se sont toujours très bien passés : d'être honnête dès le début, ça semble vraiment marcher.

... Mais ça veut aussi dire assumer de sortir d'une norme sociale (hypocrite ?) basée sur le couple monogame qui s'échange des vœux de fidélités, et risquer le regard (pas toujours bienveillant) des autres.
Et j'admets qu'il faut être costaud pour ça (suffit de voir ce qu'on se prend dans la gueule en étant célibataire après trente ans...)

Conclusion ?

L’honnêteté, le dialogue, la discussion, l'acceptation. L'échange. 

Et se mettre face à ses failles.

Parce que, bon sang, ça a piqué sur le moment, mais en fait cet article était nécessaire et m'a fait le plus grand bien !

2 commentaires:

  1. Bon enfin, moi je trouve que WikiPédia fait bien le taf, encore et toujours.
    T'façon, c'était évident que t'allais tout mettre sur le dos des jeux-vidéos... ;)

    Et moi, je vous reçois bien évidemment du lundi au jeudi sur rdv et le vendredi sans rdv, de 8h00 à 17h00, pour faire votre psychanalyse.
    Je prends les chèques et les CB.
    (C'est une blague, hein, n'envoyez pas de mails. Enfin vous pouvez les envoyer, et je risque même de répondre, mais je me dédouane totalement des conséquences que ça pourrait avoir.)
    :D

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