Le combat des mâles alpha, troisième partie

Deux semaines après la crise à propos de Mickaël, Julien m’a pété une pile a propos d’un collègue à qui j’écrivais.

- C’est qui ce mec ?

- C’est mon collègue Damien. On va au salon du tatouage demain ensemble. Je t'en ai déjà parlé.

- … C’est bizarre non ?

Je soupire :

- Pourquoi ça serait bizarre ?

Je sentais venir la crise.

- Tu sors avec un collègue ?

- Oui, et ça m’est déjà arrivé d’aller au resto ou au ciné avec des collègues, d’aller faire du saut à l’élastique, de manger chez eux ou eux chez moi, et figure toi-même que parfois à midi en salle de pause, on mange en tête à tête !

- C’est pas pareil.

- C’est exactement pareil

- Oui mais là je vois bien que tu es embêté

- Evidemment que je suis embêtée, je sais que ça va finir en crise, comme pour Mickaël ! 

- Non c’est pas pour ça que tu es embêté

- Il faut vraiment que tu arrêtes de faire ça.

- Vous parlez de quoi ?

- Du boulot, et de son chat. On s’envoie des photos de chatons, lui de celui qu’il vient d’adopter, moi des trois petits. [Parce que je me suis occupé de trois chatons que j’ai trouvé dans mon jardin, que j’ai soigné et à qui j’ai trouvé une famille]

D’ailleurs tiens, regarde, je te montre, il m’envoie des photos de son chat – tu verras qu’il ne m’envoie pas des photos de sa bite !

- Mais vous vous envoyez des messages mega longs ! C’est super ambiguë ! 

- Mais n’importe quoi ! On est des bavards, en quoi la longueur du message est un signe de quoi que ce soit ?!

- Et vous allez au salon du tatouage ensemble ? Mais il va forcément te regarder d’une autre manière… Se faire des films…Imaginer des trucs 

- Non mais tu déconnes là ?! Je suis tatoué, il est tatoué, il n’y a pas d’érotisme ou je ne sais quoi là-dedans ! 

- Mais pourquoi tu agis comme une conne ?!

Il voit mon regard, et ajoute : « … Alors que je sais que tu ne l’es pas ? »

J'ai pété une énorme pile, et il s’est ensuite répandu en excuse.

Mais pour moi, le mal était fait.

Le lendemain, il est venu avec nous au salon du tatouage.

C'est moi qui ai proposé.

Mais j'ai un peu regretté.

Il a tiré la tronche à Damien tout du long, et a été hyper désagréable.

De plus, le tatouage ne l’intéresse pas du tout. Il s’est ennuyé comme un rat mort – et il répétait « On a fait le tour là, non ? On y va ? »

Deux semaines plus tard, il est parti en vacances au Portugal, et en est revenu avec un tatouage.

Blême, je lui demande où il a fait ça.

« Oh, il y avait un concert, et un mec tatouait là, j’ai décidé de me faire tatouer ».

Je l’ai soupçonné de faire ça pour se rapprocher de moi, pour me plaire.

« Mais... C'était hygiénique ? Et tu as fait ça sur un coup de tête ? .... Tu regrettes ? »

« Non, pas du tout ! Je suis très content ! Il te plait ? »

Ça m’a terrifiée.