Copine#1 et son nouvel amant (qui est une personne que je
connais et que je côtoie parfois dans mon travail) ont décidé, entre deux ébats
passionnés dont ni le copain de l’une, ni la femme de l’autre ne soupçonnent
l’existence, d’essayer de me caser.
L’Amant a justement "un ami très proche", "une personne très
bien", qui s’est séparé il y a quelques temps déjà, et qui peine à retrouver
quelqu’un. « C’est incompréhensible, dit l’Amant, c’est une personne formidable,
et un homme fort drôle ! D’ailleurs, vous êtes fait pour vous entendre, lui et
toi, il aime le métal et il est tatoué, entre autres ».
Copine#1 s’est laissé convaincre, et m'a ensuite convaincue.
C’est ainsi qu’est né le projet de faire un vrai-faux
rendez-vous d’entremetteur (dit "Le Plan"), où nous devions nous croiser « par
hasard », et décider de passer le reste de la soirée tous les 4 ensemble
de façon impromptu.
Ça puait un peu le plan foireux, mais il s’est avéré que,
non seulement les choses se sont passés bien plus naturellement que ce que je
craignais, mais en plus le type en question n’avait pas été mis au courant des
détails du Plan – il ignorait donc quelle ignoble machination nous avions
ourdie dans son dos de metalleux-célibataire.
Le Plan devait se dérouler lors d’une soirée-jeux, où les
contacts seraient facilités. (J’ai admis que la manœuvre était ingénieuse).
J’avoue que, outre l’anxiété de découvrir le Prétendant, j’étais un peu
excité : ça avait l’air d’être un type bien, si ça se trouve ce serait un
coup de foudre, peut-être que ma vie allait changer dès ce soir, oh mon dieu
j’ai tellement envie de tomber amoureuse, d’être en couple, d’avoir une
relation, j’ai envie de tendresse et de câlins, et que quelqu’un me prenne dans
ses bras !
Sur les quelques détails physiques que l’Amant avait
lâché à Copine#1 (qui me les avait répété), j’ai imaginé un grand barbu, les
cheveux noirs, des bras solides aux biceps couverts de tatouages, un tee-shirt
élégant mais sobre (noir), un faux-air de Miguel (parce que Miguel est mon plus
bel homme du monde), une voix douce mais profonde, un rire sonore et entraînant, peut-être des fossettes, un cœur
d’artichaut-mais-fidèle-quand-il-aime, de la sensibilité et de l’humour. Bref, je tombais déjà amoureuse.
Nous avons rejoint l’Amant, n’avons même pas eu besoin de
prétendre tomber sur lui par hasard parce qu’on lui est effectivement tombé dessus
par hasard, et il a dit « Venez jouer avec nous ! Voilà, les filles, je
vous présente Prétendant ».
….
….
Après un silence, nous avons placardé un sourire de façade sur nos visages, et nous nous sommes présentées comme si nous n’avions jamais entendu parler de
cet homme.
Je me suis assise le plus loin possible, et j’ai
cherché dans ma mémoire ce qu’on m’avait dit de lui. Et soudain, je me
suis souvenu que l’Amant avait seulement dit « Il aime le métal et il est
tatoué ».
J’ai re-regardé Prétendant. Un garçon d’1m60, une
silhouette de crevette, des lunettes double-foyers, chauve
(« chauve ! » ai-je articulé, horrifiée, à Copine#1 qui opinait
du chef frénétiquement), une tentative de barbe (mais clairement le
pauvre garçon est glabre), un tee-shirt d’un quelconque groupe de métal et une
allure générale d’adolescent, pour un type qui approchait pourtant de la
quarantaine. Il sentait fort la bière bon marché, et multipliait les blagues
pas drôles.
A commencé une soirée longue, longue, longue…
Nous avons joués avec deux autres personnes à un jeux plutôt hasardeux, et à intervalle régulier, le type
disait « Ah oui, ça c’est les caprices de la chance ». Ou « Ah
oui, faut bien réfléchir, on ne maîtrise pas les dés ». Ou encore
« Faut vraiment bien que je réfléchisse… C’est presque du pari, vous
voyez ! ».
Quand enfin nous avons eu fini cette interminable partie,
nous avons été jouer à un autre jeu. Pour les connaisseurs, il s’agissait de
Marrakech. Un jeu sympathique, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard,
et qui est, comme le titre ne l’indique pas, un jeu où l’on pose des
tapis, et où on fait payer à ceux qui tombent sur nos cases un montant lié au
nombre de tapis adjacents.
Nous avons fait 3 putains de parties de ce jeu à la con.
Nous avons fait 3 putains de parties de ce jeu à la con.
J’avais une malchance terrible, et je perdais tout mon
fric à tous les coups, pendant que Prétendant ricanait :
« Viens, viens, donne dinar ! » avec un accent qui se voulait maghrébin, pendant que je grinçais entre mes dents :
« C’est raciste ».
« Viens, viens, donne dinar ! » avec un accent qui se voulait maghrébin, pendant que je grinçais entre mes dents :
« C’est raciste ».
Après la troisième partie, c’est-à-dire ma troisième
défaite lamentable et la cinquantaine de « Hihihihi, moi j’aime
dinars », pendant que je répétais, d'une voix polaire : « C’est raciste ».
Parfois il variait avec « Copine#1 gagne… Non mais c’est une femme vénale c’est tout, comme toutes les femmes ».
Et moi je grognais : « c’est sexiste ».
Parfois il variait avec « Copine#1 gagne… Non mais c’est une femme vénale c’est tout, comme toutes les femmes ».
Et moi je grognais : « c’est sexiste ».
Bref, dans l'ensemble, j’avais envie de prendre les tapis, les dés, le plateau, et même Prétendant (qui devait peser 50kg tout mouillé), et de tout jeter en l’air en hurlant « Crève, charogne ! ».
Copine#1 avait l’air navré, L’Amant me surveillait du
coin de l’œil, et lorsqu’il a dit « Allez, on joue à un autre
jeu ?! » avec tout l’entrain dont il était capable, je me suis dit
que ça n’allait pas être possible.
J’ai donc regardé ma montre – avant de me souvenir que je n’en avais pas.
J’ai demandé « Quelle heure est-il ? ».
Prétendant a regardé sa montre :
« 23h43 »
« ohlalaaaaaa » ai-je dit avec une absence totale de naturel, il est vraiment tard, je bosse demain, je suis crevée, non non moi je vais rentrer, non pas besoin de me ramener, continuez à jouer, passez une bonne soirée ! ».
Et je suis partie en courant.
Plus
Jamais
Ça.
Mouahahah. Pardon, c'est moche de rire du malheur des autres... :)
RépondreSupprimerJ'suis pas sûr que y'ai eu un rdv arrangé comme ça qui aie vraiment marché pour qui que ce soit.
Cela dit, c'est vrai que c'est incroyable comme notre imagination peut nous porter alors que les seules infos que t'avais étaient: Il aime le métal et il est tatoué.
Enfin je fais le malin, mais je suis un peu pareil, je me laisse bien trop vite porter par mon imagination débordante quelquefois. :(
Ahah, vas y moques toi :p
SupprimerCe que je n'ai pas dit, pour la défense de ce pauvre homme, c'est qu'après tout, étant le meilleur ami de l'Amant, celui-ci le regarde forcément avec les yeux de l'Amour (je classe l'amitié dans une sous-catégorie de l'amour). Je me mets 3 secondes à sa place : si j'essayais de parler de Copine#1 à un mec, je la sur-vendrais (et celui qui ne serait pas d'accord avec moi, ça se passerait très mal).
Bon, ben l'Amant à fait pareil, parce qu'il aime son ami.
... Et parce qu'il ne me connait pas tant que ça, car si ça avait été le cas, il ne m'aurait pas fait rencontrer un type du signe de la crevette.
Et puis comme tu dis, je me suis beaucoup trop laissé emporter par mon imagination.
Mais... Je ne sais pas.... Je me dis que les rendez-vous arrangés peuvent marcher quand même. Car ça arrive à tout le monde de dire "Tu t'entendrais super bien avec cette personne !". Bien sûr, faut connaitre les gens, mais ça pourrait marcher, après tout ?!
(Même si là, comme ça, je n'ai pas d'exemple(s) pour étayer mon propos :D)