C’est drôle comme le manque de l’autre grandit insidieusement tout au long
de la journée. On se lève le matin et ça va, et en fin d’après-midi on se dit
qu’on crève d’envie de le revoir.
Après le texto de Charles-Henri, je n’avais plus de nouvelles en sortant
du boulot. J’ai donc filé à la salle de sport en mode « Grosse-frustration-je-vais-courir-pour-oublier », avant de réaliser qu’il m’avait
envoyé 2 messages mais que mon portable ne me les avait pas notifiés.
Dans le 2e, il me proposait de dormir ensemble le soir,
« juste dormir hein », si je veux, si je suis dispo, et surtout que
je ne dois pas me sentir obligée. Sa façon de marcher sur des œufs me fait
glousser, je trouve ça adorable. Pendant la nuit déjà, il m’avait demandé, tout
timidement « On se verra quand même samedi …. ? ».
Comme il me manquait pathétiquement beaucoup, j’ai acceptée avec moults
joie et soulagement et j’ai enclenché le mode « Big up » à la salle
de sport : c’est sensiblement la même chose que le mode « Grosse
frustration », sauf qu’au lieu d’assassiner les gens du regard, je souris
à tout le monde parce que j’ai grave la banane. J’ai fait une séance de dingue,
à soulever 10kg en chantonnant et en me sentant divinement bien. Plus loin, le
mec-de-la-salle-de-sport suait et soufflait et je m’en foutais complet.
Rappelons que j’avais 1h de sommeil au compteur.
Je suis la preuve vivante que tout est dans la tête.
Cette fois, c’est moi qui allais chez lui. Mon trajet en voiture jusqu’à chez lui (30 km de chez moi, c’est bien, j’ai
des mecs de plus en plus loin alors que ma voiture me coûte une fortune en réparations) a
été une véritable torture : j’avais tellement hâte d’arriver que j’en
avais la nausée.
Enfin, quand je dis « Chez lui », c’est plus précisément
dans la colloc’ de son internat de médecine. Je n’ai jamais vécu de colloc,
mais je me suis sentie propulsé des années lumières en arrière quand j’ai vu
comme tout est « cheap » dans l’appart - exactement comme les apparts
dans lesquels je vivais à l’époque et que je suis tellement contente d’avoir
quitté. J’ai réalisé que Charles-Henri a beau avoir mon âge, il reste étudiant.
Et il vit le même enfer que le mien, mais en pire : il participe à la vie
de tout son immeuble. Sauf que, si moi je souffre des deux autres apparts de l’entrée,
lui c’est plutôt les 8 autres apparts autours. Et du coup à la réflexion,
entendre mon voisin se masturber tous les matins me semble moins terrible –
même si, le lendemain de ma nuit avec Charles-Henri, mon voisin s’est masturbé
3 fois de suite et que j’en ai déduis que c’est parce qu’il nous avait entendu. (Malaise)
Charles-Henri s’était donc enquillé une journée de 11h aux urgences après
notre nuit ensemble, et il a juste réussi à voler 20min sur un brancard pour
une micro-sieste.
Mais il voulait absolument me faire à manger.
Manque de chance, il a fait la confusion habituelle du commun des
mortels : il pensait que je mangeais du poisson. Non, les végétariens ne
mangent pas de poisson ! Donc il a fait du poisson : et il était dépité et penaud quand je lui ai expliqué. Il a lancé
un petit « Si je veux te revoir, j’ai intérêt à faire des efforts de ce
côté-là… ». Ma première pensée fut : « On se verra toujours à l’Asso
de toute façon » - mais quelque chose me dit que ce n’est pas ce qu’il
voulait dire.
On s’est fait un câlin dans l’entrée, et j’ai réalisé que lorsque je suis
debout, ma tête arrive au niveau de son cœur – son cœur, encore et toujours,
dont le son est aussi apaisant pour moi que le ronronnement de mon chat. J’ai
réalisé avec un petit décalage que, tiens, Charles-Henri, mon pote Charles-Henri,
le bras droit du Président de l’Asso, était soudainement devenu l’homme qui me
tenait dans ses bras. Que s’est-il passé en deux jours ?!
Evidemment, à 22h on est parti se coucher, morts de fatigue.
Evidemment, même morts de fatigue, on s’est sauté dessus. Il m’a soulevé et
plaqué contre le mur de sa chambre, j’ai enlevé ses lunettes, et nos vêtements
ont valsés partout. Il avait laissé la lumière, et mis un peu de musique. Je ne
pouvais pas quitter des yeux son visage, et ses lèvres indécemment sexy.
Nos ébats ne sont pas spécialement concluants pour moi : ses gestes
sont souvent emprunts d’une trop grande force, il ne me caresse pas vraiment
aux bons endroits, je dois le freiner plus qu’autre chose, et la pénétration
finit généralement très très vite. Et pourtant, ça doit être
intellectuel : je me sens bien, ça me convient. Je me dis qu’on va
apprendre à s’apprivoiser : moi, avec ce grand corps massif qui m’effraie
autant qu’il m’attire, et qui est étonnamment sensible selon les endroits. Et
lui avec moi.
J’ai cherché, par curiosité, à savoir à quoi ressemblait son
ex-copine ; merci Facebook, j’ai pu voir que c’était une fille grande et
(très) plantureuse. Je me suis bêtement demandé qu’est-ce qu’il fichait avec
une brindille comme moi (même si je tâte plusieurs fois par jour avec délice
mes muscles durement acquis à la salle) : il doit avoir l’impression de n’avoir
rien à caresser.
Nous nous sommes endormis l’un contre l’autre, nous caressant pendant la
nuit. Nous avons refait l’amour quelque part entre deux phases de sommeil –
j’en garde un souvenir très onirique. Lorsque les lumières de l’aube ont
filtrés à travers les volets, j’ai ouvert grand les yeux pour le regarder
dormir.
Et je me suis dit : « Oh non. Quand tu commences à te réveiller
pour regarder l’autre dormir, c’est pas bon signe ».
Lorsque le réveil a sonné, on était en train de se serrer très fort l’un l’autre,
encore un peu endormi mais avec clairement des intentions charnelles. Il s’est
levé en grognant, m’a dit qu’il avait juste envie de remettre le couvert, a regardé
l’heure, a réfléchit, puis s’est recouché : « il est 7h16. J’ai
encore le temps. Peut-être pas pour remettre le couvert, mais au moins pour
rester encore un peu contre toi ».
On est resté blottit l’un contre l’autre, avant qu’il ne doive partir. Il a
pris une douche, est venu s’habiller dans la chambre, a cherché ses lunettes 10
min parce qu’elles avaient valsées la veille dans le feu de l’action, m’a
refait un câlin, est parti, est revenu parce qu’il avait oublié de me laisser les
clefs, m’a re-refait un câlin, puis est parti pour de vrai. Je me suis
rendormi, la tête dans son oreiller. Il a une odeur subtile, quasi
indétectable, que je m’efforce de capter depuis deux jours.
Je me suis réveillée en panique à 8h44, mon réveil n’avait pas sonné parce
que mon portable s’était déchargé, et ma seule crainte était de tomber sur sa
colloc’ qui devait rentrer de garde – si elle rentrait, je n’avais plus de
raisons de passer à l’hôpital lui déposer ses clefs. Et de toute façon, je n’avais
pas envie de la rencontrer : si elle me demande qui je suis, je dis quoi ?
Quand j’ai demandé à Charles-Henri, il a haussé un sourcil « Tu t’appelles
Mademoiselle B. ». Ouais, ok, merci poussin, ça ne répond pas du tout à ma
question mais on fera avec.
Ou alors il est juste bien moins tordu que d’autres (le-mec-de-la-salle
pour ne pas le citer), et il ne se prend pas la tête en nuances : on passe
du temps ensemble, et qu’importe ce que le reste du monde en déduit.
Donc j’ai rangé vite fait mes affaires, pris une mini douche dans une salle
de bain misérable, comme je n’aurais pas pensé en revoir dans ma vie, et foncé
à l’hôpital, à 30 secondes de l’appart, pour lui rendre ses clefs. Et le voir.
Le voir en blouse. Et l’embrasser. Je n’osais pas (contexte professionnel
oblige), alors quand il s’est penché, j’ai dévoré sa bouche avec bonheur.
J’ai passé la journée a repenser à lui, et à me dire que c’est trop rapide,
que ça fait seulement deux jours mais que je suis clairement en train de
déraper. (Enfin, quoi, le regarder dormir ?!)
Je me dis pour me rassurer que ce n’est que le début, et que si tout venait
à s’arrêter, j’y arriverai. Après tout, je ne peux pas être tombée… Pas si vite….
Tout est forcément sous contrôle.... Non ?
Copine#1, ma conscience, de me dire « Bah, si ça s'arrête, ça fera forcément mal - autant que si tu te freine. Alors prends ce qu'il y a à prendre, lâche tout, et VIS. Tu réfléchiras plus tard, après tout ya rien de mieux que ces sensations du début »
Copine#1, ma conscience, de me dire « Bah, si ça s'arrête, ça fera forcément mal - autant que si tu te freine. Alors prends ce qu'il y a à prendre, lâche tout, et VIS. Tu réfléchiras plus tard, après tout ya rien de mieux que ces sensations du début »
Tellement en accord avec #copine1 : prends ce qu'il y a à prendre et ne te poses pas de question.
RépondreSupprimerSi tu te retiens, tu risques d'avoir des regrets et il n'y a rien de pire que les regrets ;)
Oulalalalala, j'adore cette histoire, j'adore cette rencontre, j'adore tes écrits.
Vivement la suite !
<3
SupprimerLove you Matka !