mercredi 30 août 2017

Samedi : La soirée à l'Asso

J’attendais avec impatience cette soirée à l’Asso. Il s’agissait plus exactement de la pendaison de crémaillère de Président, et comme c’est un mec qui aime la démesure, il y avait une centaine d’invités et un orchestre de jazz. J’avais dit « Plus jamais ça » la dernière fois, mais cette fois il y avait plus de monde que je connaissais, et surtout, j’y allais avec Charles-Henri.


Nous avions prévu de covoiturer pour y aller il y a quelques semaines (lorsque nous n’étions que de simples amis). Charles-Henri devait venir me chercher à la sortie du boulot, et on partait : environ 1h de route, de quoi passer un peu de temps ensemble.
J’avais réfléchis, et je préférais qu’on reste discret pendant la soirée. D’une part parce que ça ne fait que quelques jours, et aussi pour éviter les regards et les interrogations. Plus officieusement, je craignais également que, comme ils sont tous « Santé Pu’ », ils connaissent son ex, comparent, et me trouvent forcément moins classe (une vulgaire prolétaire !). En un mot, je ne suis pas sûre de me sentir légitime.
Je voulais en parler à Charles-Henri dans la voiture, pour qu’on soit d’accord sur l’attitude à adopter, et puis je me suis dégonflée : il roulait tranquillement au son d’un jazz des années 40, élégamment habillé d’une chemise et d’un nœud papillon, son visage serein regardant droit devant lui d’un air satisfait, me jetant parfois un regard et me souriant, sa main posé sur ma cuisse. Et moi, avec une petite robe noire, me disant que nous pourrions tout aussi bien rouler en dehors du temps : plus rien n’existait en dehors de l’habitacle de la voiture. Je n’ai pas eu le courage  d’aborder une conversation sérieuse : j’aurais voulu faire durer ce moment parfait d’insouciance pendant une éternité. Comme l’éternité n’existe pas, j’ai préservé et savouré chaque secondes. Pas envie que ces lèvres qui m’hypnotisent se mettent à former des mots qui nous jetteraient dans le monde réel, surtout si celui-ci doit rompre l’illusion.
Et advienne que pourra.

Lorsque nous sommes arrivés, nous étions parmi les premiers car Charles-Henri devait monter le bar… Et accessoirement être le barman de la soirée (Président aime bien exploiter ses amis). Charles-Henri m’a juste volé un baiser entre deux portes, sans se poser de question quant aux regards qui auraient pu nous capter. Quelque part, ça me rassure : il n’est pas dans une optique de me cacher à tout prix. Parce que oui, je voulais rester discrète, mais je craignais en même temps d’être une personne à cacher absolument. Bref, je suis un paradoxe vivant – ou juste traumatisée par mes précédentes expériences.

Au final, j’ai passé une super soirée : j’ai discuté avec une fille très sympa, copine du Secrétaire de l’Asso, que je détestais parce qu’elle est absolument magnifique – d’ailleurs quand elle est arrivé, dans une superbe robe jaune qui la rendait divine, avec un collier de perles et des chaussures ultra élégante, il y a eu un petit flottement parmi les gens présent, un petit « waouw » sous-jacent. Charles-Henri lui a dit qu’elle était un véritable ravissement pour le regard – j’ai eu beau faire « gnagnagna » dans ma tête, il faut avouer que c’était vrai.
Une fois ma jalousie éteinte, nous avons sympathisé, nous sommes aperçus qu’on n'habitait pas loin l'une de l'autre et du coup, comme elle cherchait du monde pour nourrir ses chats pendant ses vacances, je me suis proposé avec plaisir. Nous nous verrons certainement avant pour mettre au point tout ça, et on tachera de manger ensemble.
Je me suis sentie une personne adulte, capable de passer outre mes préjugées et ma jalousie imbécile. J’étais fière de moi, et très Paix & Amour (J’en étais à mon 2e verre)

Ensuite j’ai retrouvé une fille de l’Asso que j’aime beaucoup, et on a pu discuter et prendre des nouvelles. Elle est drôle et très sympa, je l’apprécie vraiment beaucoup.

En cours de route, je suis tombée sur le Dragueur à 1 Dong, qui s’est précipité sur moi avec une voix enjôleuse « Hey, salut tôa ! Comme on se retrouve ! ».
Nom de Dieu !
Et arrive en même temps l’Infirmière Acariâtre,  qui me fait « Mais oui, on se connait ! ».
Au secours !
J’ai donc fait mon plus beau sourire « Oh mais oui ! … Tiens, mon verre est vide, je vais me resservir, allez, à plus tard ! ».
J’étais très fière de mon échappatoire (J'en étais à mon 3e verre)

Ensuite j’ai sympathisé avec deux mecs, M & M. L’un des deux était végétarien, nous nous sommes trouvés ensemble à faire une réserve de carottes crues et de brochettes de légumes pour avoir quelque chose à manger (Une vraie vie de chasseurs-cueilleur en plein XXIe siècle). Il m’a raconté que sa mère avait eu plus de mal à accepter son végétarisme que son homosexualité, ce qui nous a fait beaucoup rire. Ensuite on a parlé de plein de trucs, pendant très longtemps, et c’était super. Ils étaient mignons, et gentils, et drôles, ils remplissaient mon verre et me donnaient des brochettes aux légumes : je les aimais d’amour (j’en étais à mon 6e verre).

Au bout d’un moment, j’avais franchement mal aux pieds, et j’avais envie d’aller voir Charles-Henri, alors je les ai laissé, et j’ai été m’asseoir près du bar, dans un état de béatitude absolue. J’ai amené des choses à manger à Charles-Henri, parce que personne n’avait pensé à lui – et que pour ma part je m’étais visiblement transformé en maman-oiseau. Il m’a resservi un verre, ce qui n’était peut-être pas une bonne idée, mais ça partait d’un bon sentiment.
Je ressentais cette satisfaction grisante de savoir que personne ici ne soupçonnait ma relation avec Charles-Henri, cette impression que le « secret » était là, à fleurs de peau, mais indétectable. Et en même temps une envie folle de le dire, juste pour voir les visages changer d’expressions. La situation, finalement, m’amusait beaucoup.
Mes souvenirs suivants sont plus flous, mais je me souviens avoir blagouné avec l’un des deux jumeaux de la dernière fois, m’être retrouvé avec quasi tous les gens cools du soir près du bar, moment un poil gâché par le Dragueur à 1 Dong, qui a voulu s’incruster et me draguer (Charles-Henri me dira plus tard : « Ce mec est un tocard »). A un moment, je crois que je me suis mise à nourrir un peu tout le monde avec une fourchette et des pêches marinées au vin, extatique, me sentant comme une sorte de Mère Nature Bienveillante. Le pire dans tout ça, c’est que tout le monde acceptait ma becquée avec plaisir. (Comment se fait-il que les gens sobres suivent les délires des gens les plus bourrés ?! ‘Sont fous les gens !)

Vers 1h30 du matin, Charles Henri, qui avait 24h de garde le lendemain, me dit qu’il faudrait partir. Moi je suis emballée par à peu près tout ce que j’entends, donc je lui dis « ouiiiii ! ».
Et puis la partie la plus vile de mon cerveau pense « Chouette, on va se retrouver tous les deux, tout seuls, on va pouvoir faire des câlins !! »
Je ne sais plus combien de verres j’ai bu : Je suis Paix & Amour & Sexe.

M & M partent au même moment, et on se retrouve en se disant « On part – Nous aussi – On te cherchait pour te dire au revoire – Moi aussiiiiii ! ». Et je suis mega Paix & Amour, et je leur dis que j’ai passé une super soirée grâce à eux (et peut être que je les aime d’amour, mais je ne suis plus tout à fait sûre). Charles-Henri propose de les déposer, et je suis enchantée qu’on puisse faire ça. On discute dans la voiture, c’est génial.

Lorsqu’on les a déposé, Charles-Henri me demande si j’ai passé une bonne soirée, et je soupire, ravie : « Ouiiiiiii ».
Il pose sa main sur ma cuisse en riant, et me dis « Eh bien voilà, te voilà avec deux nouveaux amis gays ! ».
« Mais carrément ! Et en plus l’un deux est végétarien ! C’est trop cool ! J’avais pas encore, gay et végétarien ! Super combo ! »
On rit, on arrive dans son appart (donc pas son internat de médecine : son appart, dans la même ville que là où nous étions pour la soirée). C’est aussi une colloc, mais il n’y a personne ce soir et l’appart est à nous. On s’embrasse, on se caresse, il me retire très vite ma robe, et moi j’ai très envie de lui. Je pense à tout ceux qui sont encore à la soirée, je pense à la musique, la chaleur de la nuit et l’ambiance, me disant que personne ne soupçonne ce qui se passe ici ce soir, et que je n’échangerais ma place pour rien au monde. Il commence à descendre avec sa bouche, me regarde, me demande « Puis-je ? ». Et cette politesse incongrue me fait fondre. Je lui dis que j’aimerais prendre une douche avant, et il me demande « Est-ce que je peux la prendre avec toi s’il te plait ? ». Je suis évidement totalement pour, et, ravi, il m’attrape et me porte jusqu’à la salle de bain. Je ris qu’il fait vraiment n’importe quoi avec moi, et il acquiesce, me disant qu’il adore, je ne pèse rien… Mais que quand même, il admet que me prendre dans ses bras pour m’emmener dans la salle de bain, ça ne sert à rien.
On s’embrasse furieusement sous la douche, l’eau est chaude, je suis contre lui, j’adore. Je râle pour pouvoir le savonner, appréciant chaque seconde que je passe à frotter sa peau, pendant qu’il m’observe par-dessus son épaule. Je ne sais plus ce qu’il me dit, mais je lui réponds, très sérieusement, mes yeux droit dans les siens « Charles-Henri, tu es absolument canon ».
Il rigole « Et toi tu es bien bourrée »
Je m’énerve « Mais enfin, ça n’a rien à voir ! ». Du coup je me mets en tête de lui raconter cette histoire de fantasmes pendant les réunions de l’Asso, pour prouver que je murissais ma réflexion sur son physique depuis plus longtemps que ce soir : « Tu te souviens en réunion, quand Président m’a demandé ″Et toi Mademoiselle B., tu en penses quoi ?″ et qu’il y a eu un long silence paniqué ? Que j’ai fini par sortir un misérable ″Heuuuuu, je partage ton avis….″, parce qu’en réalité je n’avais aucune foutue idée de quoi on parlait ? Eh bien c’était parce que je me demandais comment tu faisais l’amour ». Il a eu l’air complètement saisi, et je me suis dit « Et voilà, je l’ai choqué. Quelle connerie, rappelle toi que les hommes sont des petits faons apeurés, merde ! »
Alors pour me rattraper, je l’embrasse à nouveau, et je lui dis « Et tu as des lèvres indécemment sexy ». Il est encore plus saisi, et me dit « On m’a jamais dit ça ! ». Je soupire « Les filles sont des connes, tu sais bien », et je me dis que je vais arrêter de dire des bêtises et juste l’embrasser, avant de me griller complètement.
On retourne au lit, et je garde un souvenir délicieux et onirique des moments qui suivent, de sa langue sur moi (première fois qu’il fait ça), et puis de sa façon de me faire l’amour. C’est clairement de mieux en mieux, petit à petit nous nous apprivoisons et nous adaptons à l’autre. J’aime ce sentiment d’évolution.
Lorsqu’on a fini, il est trempé de sueur. Il retourne vite fait prendre une douche, et lorsqu’il se lève, il me dit « Ouh, j’ai la tête qui tourne ! … Et ce n’est pas seulement dû à ta plastique avantageuse ! ». Sous la douche, je l’entends chanter « Tu me fais tourner la tête ». Je ris. Je me sens bien.
Nous discutons un peu. Je caresse son visage, il me dit qu’il s’est rasé, que c’est quand même mieux comme ça non ? Moi je lui dis que je le trouvais très sexy, avec sa barbe de 3 jours. Il s’exclame « Ah mais ça change tout alors ! ». Je lui demande bêtement pourquoi, et il me dit, sur le ton de l’évidence, que mon avis compte dans l’histoire. Je suis surprise. Ravie, mais désarçonnée. Je bredouille qu’il faut surtout qu’il soit à l’aise. Puis le sujet dérive, il me demande qu’elle est mon type de femmes (ou si j’en ai un), car il sait que je suis foncièrement bisexuel. Ensuite il me demande si mon type d’homme, c’est les petits chétifs, et je lui assure que non, bien au contraire. Je ne sais plus comment, on en arrive à parler d’Hector, il me demande pourquoi je suis resté avec. Je termine, m’endormant à moitié, en disant « De toute façon désormais pour moi c’est fini, j’en suis absolument convaincue. En plus te voilà qui a débaroulé dans ma vie en bouleversant tout… ». Et ma dernière pensée fut « Merde, penses ″Petit faon apeuré″ et tais-toi !! » avant de sombrer dans le sommeil.
Nous dormons étroitement enlacés.
Sur le matin je vais aux toilettes, et à mon retour il me serre fort contre lui pour me réchauffer. Nous nous agrippons, nous enlaçons nos doigts. J’ai envie d’y voir le signe que je ne suis pas en train d’idéaliser une aventure sans lendemain. J’espère ne pas me tromper.

Lorsqu’il faut se lever, on traine les pieds. Il me murmure « J’ai juste envie de te faire l’amour, encore… »
Je frissonne de plaisir.

Il va chercher un petit dèj, on prend 20 min pour manger, avant de repartir dans notre Verte et Sauvage Contrée, à 1h de là. Il me dépose à ma voiture, qui est resté sur le parking de mon boulot, et nous nous embrassons encore 5 bonnes minutes, comme deux adolescents qui n’arrivent pas à se quitter. Il me juche sur ses hanches, et je me dis qu’heureusement qu’il n’y a personne au bureau, parce que mes collègues qui adorent cancaner en feraient une crise cardiaque – il faut avouer que la position n’était pas très conventionnelle.
Mais il faut bien se séparer, il doit aller bosser, et il a encore 30 km de route pour aller à son travail. Nos bouches se quittent à regrets, je monte sur le trottoir pour lui voler un dernier baiser (rappelons qu’il fait 30 cm de plus que moi), je ris du fait que je ne pourrais jamais réussir à lui voler un baiser sans son consentement et il me rappelle ce que j’ai dit à propos de sa « bouche gourmande ». Ce n’est pas le terme que j’ai employé, mais celui-ci me plait aussi. Pendant la nuit aussi, il m’en a reparlé. Je crois que ma réflexion à fait mouche – il faudra maintenant que j’assume d’avoir confié ça a haute voix.

Il me demande poliment si j'accepterais qu’on se voit la semaine prochaine, avant qu’il parte en vacances. Je réponds très vite que oui, absolument, il faut qu’on en profite avant qu’il parte une semaine. Et que je rêve qu’on puisse avoir une grasse mat’ tous les deux. Il murmure qu’en effet, il aurait adoré me refaire l’amour encore une fois ce matin… Je ris qu’on ne fait que courir après l’heure pour ne pas être en retard au boulot. Il temporise « Bon, cela dit, ça fait seulement 3 fois qu’on dort ensemble… ».

Je reste interdite : ma foi, oui, c’est vrai. 3 fois. 5 jours. Trois fois rien. 
... Et pourtant tout mon monde semble s’être tourné vers lui.

2 commentaires:

  1. Mon chaton, il faut que tu arrêtes de penser que tu es "moins classe" que qui que ce soit, ou que tu es une "vulgaire" quoi que ce soit. Il n'est rien en toi qui ne soit digne, noble et distingué. Tu fais partie de ces personnes rares chez qui les diamants ne sont réellement que des accessoires.

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    1. Tu n'es qu'un vil flatteur, dont l'objectivité est inexistante.
      ... N'arrête jamais de m'aimer à ce point, mon cher, très cher ami, je ne sais pas ce que je ferais sans toi !

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