mardi 14 novembre 2017

Pétage de Plombs

Week-end épouvantable, où j’ai eu une panne de chauffage alors qu’il gelait à l’extérieur.

Je cumule les week-ends oufissimes puisque le week-end précédent, j’épongeais jusqu’à minuit passé parce que ma chaudière fuyait et avait inondé ma cuisine. (Tout ça juste après l’entretien annuel de ma chaudière, merci beaucoup, on me rappelle à quoi sert ce truc qui me coute cent balles à chaque fois ?!)
J’ai donc passé mon week-end sous un plaid, à grelotter avec mon chat, et en listant mentalement tout ce que je devais faire, tout ce que je n’avais pas le temps de faire, et tout ce qui était en train de merdouiller.
Résultat : j’étais debout à l’aube sur mes deux jours de congés, moi qui les attendais avec impatience pour pouvoir dormir.

Charles-Henri, lorsque je lui ai raconté par texto tout ce qui me parasitait l’esprit, de me répondre : « Sympa la météo de ton cerveau ! ».

Et plus de nouvelles.

Merci chéri.


Et sinon, ça te dirais pas non plus qu’un putain de jour, on essaie de passer plus de 20h de suite ensemble ??? Ca fait plus de deux mois qu’on est ensemble, bordel, et le mieux qu’on ait fait, c’est 20h dans ta maison familiale.

J’ai donc fait la gueule toute la journée, sous mon plaid, dans mon appart glacial.

Le lendemain matin, je me lève de nouveau trop tôt, je liste mes soucis, j’entame mon petit déjeuner, et je reçois un appel de l’agence immobilière, qui me pourrit au téléphone :
- Je viens d’avoir le Notaire au téléphone, AUCUNES nouvelles de votre banque, la vente de la maison va être annulée, rien n’a été fait comme il faut, on n’est PAS DU TOUT dans les clous, la maison va être saisie, personne ne peut rien y faire, à moins que vous alliez TOUT DE SUITE à votre banque péter un câble, ET ENCORE, ça ne suffira sans doute pas !
Moi j’attendais que le dépanneur arrive pour mon chauffage, lorsque j’ai eu le malheur de le dire, l’agent a persiflé :
- C’est vous qui voyez vos PRIORITÉS, Mademoiselle B.

Effet domino : après 20 min à me faire pourrir, j’étais particulièrement énervée, j’ai jeté le reste de mon petit dèj, et j’ai été à la banque exiger de voir le Directeur de l’agence, pour le pourrir à mon tour.

J’ai donc rencontré le directeur de l’agence, qui ressemblait de façon très dérangeante au Caïd.

https://i.ytimg.com/vi/NaVEQNKQwq4/hqdefault.jpg

Etrangement, lorsqu’on arrive pour faire remarquer (avec des faits à l’appui) que la banque à fait de la grosse merde, on a droit au café et au meilleur fauteuil.


Et le Directeur a beau ressembler à un Super Vilain, il est soudain doux comme un agneau et prêt à tout pour arranger les choses.

(Mais je n’ai pour l’instant aucune certitude que ça suffira pour sauver l’achat).

Je suis donc parti faire du sport en sortant de l’agence, et passer ma frustration en soulevant de la fonte.

J’ai reçu un message de Charles-Henri, qui me disait qu’il a été voir notre ami médecin dont je garde les chats, qu'il va très mal, et qu'il a demandé à être hospitalisé en Psy. Il m’a donc re-dit « Il va très mal ».
Ce qu’on savait, puisqu’il est hospitalisé sur sa demande.
S’en est suivi une discussion qui n’a fait que m’énerver plus, où il m’a pris un peu de haut « De toute façon je te l’ai dit mais tu n’es sensé rien savoir »
 On peut se prévoir des sorties/resto/autres pour lui changer les idées sans que je prétende savoir quoi que ce soit
 J’ai discuté avec sa copine, qui m’a déjà parlé de son tempérament dépressif
 Si ça se trouve, je sais plus de trucs par elle que Charles-Henri croit en connaitre
Bref, j’ai fini par arrêter de parler avec Charles-Henri, parce que j’avais le sentiment qu’il me donnait une leçon, et ça m’énervait.
Merde Charles-Henri, je suis dépressive, j’ai des amis dépressifs, arrête de me parler comme à une môme qui ne comprend rien ! Garde ta vision médico-scientifique et écoute-moi !

Plus de nouvelles de Charles-Henri.

Et sinon il y a des week-ends, il y a des fériés, mais non, nous n’avons rien de prévu ensemble, merci.

Je me demande de plus en plus souvent ce qu’il y a finalement de différent entre Charles-Henri et le mec-de-la-salle-de-sport : on se voit ponctuellement et on ne passe pas spécialement beaucoup de temps ensemble.
Certes, il balance de jolies phrases « On est un couple », « Je suis content de te voir ». Mais plus ça va, et plus je me demande si ce n’est pas juste sa bonne éducation ; comme Mister Perfect, il sait quoi dire au bon moment pour embobiner les gens et paraitre sympathique.
Est-ce que c’est pour lui que j’ai repris un contraceptif et que j’ai de nouveau les hormones qui font nimp ? Et que le jour où j’arrêterai, je récupèrerai l’acné de mes 14 ans ? Est-ce que j’avais réellement envie de reprendre un contraceptif ? Je ne suis plus sûre du tout.

Et si je voulais être méchante, je dirais même « Je me demande de plus en plus souvent ce qu’il y a finalement de différent entre Charles-Henri et le mec-de-la-salle-de-sport », si ce n’est qu’au moins avec le-mec-de-la-salle, le sexe durait des heures.
Là, si Charles-Henri ne fait pas durer les préliminaires, la pénétration dure trente seconde. D’ailleurs même s’il y a des préliminaires, ça dure trente secondes. Et moins on se voit, plus il a envie, et moins ça dure longtemps.

Enfin, merde ! Ça fait deux mois ! Ça devrait avoir évolué dans le bon sens !
Pas… comme ça.

Et plus ça va, et plus je me demande quels sont ses véritables sentiments. Est-il au moins un peu attaché à moi ? Ou est-ce juste qu’un peu d’affection, comme on en a pour ses amis ? Est-ce que ça vaut le coup que je m’attache à lui ? Est-ce que ça vaut le coup que j'ai des attentes ? Est-ce que ça vaut le coup que je l'attende, d'ailleurs ?!
Et surtout, si je lui pose la question, comment être sûre qu’il est honnête ? 

Alors ouais, je suis peut-être un peu énervée, un chouilla overreact, peut-être que ma situation actuelle me tape sur le système et que je suis en train de tout re


→ A ce stade d'écriture, j'ai réalisé que j'étais furieusement en train de perdre les pédales et de m'enfoncer dans une spirale de colère complètement stérile. J'ai appelé mon ami Morgueil pour lui exposer tout ça et avoir des conseils.
Son conseil était « Masturbe-toi et bois, on dirait que tu manques dangereusement d'endorphine ».
Mais je n'avais pas le temps de faire ça.
Ce que je pouvais faire en revanche, c'était de prendre du recul. Et d'envoyer un message à Charles-Henri pour lui proposer qu’on se voit, plutôt qu'attendre que ça soit lui qui propose (quitte à ce qu'on en discute de vive voix et que je lui expose que j’ai l’impression d’avoir plus envie de le voir que l’inverse).
Il m’a appelé, m’a présenté son emploi du temps, et m’a proposé de venir le lendemain soir vers 17h chez moi, en reconfirmant de toute façon dans la journée.
J'étais encore ronchon, j'aurais voulu passer la journée avec lui, et pour couronner le tout, le lendemain vers 17h je n’avais aucune nouvelle, et je sombrais dans des abimes de désespoir et de « Il s’en fout de moi », et autres « Qu’est-ce que je fais si je n’ai aucune nouvelle du tout ?! Je fais la gueule ? Je pete un câble ? ».
Finalement il m’a appelé vers 18h en se répandant en excuses, me disant qu’il galérait un peu avec son déménagement, et qu’il démarrerait de Charlhenriville d’ici 20min – donc qu’il arriverait d’ici 1h20.
Moi je n’étais pas au top de ma forme, ce qu’il a senti, me disant « Tu as une petite voix – oh faut que j’arrête de te dire que tu as une petite voix »
« Bah, entre ça et les fois où tu me dis que je suis folle à lier… »
« Ah mais c’est pas pareil ! C’est très affectueux ! "Mais tu es folle à lier, ma belle !" »
(Et donc j’étais toute frétillante parce qu’il m’avait appelé « Ma belle »)

Lorsqu’il est arrivé, 1h20 plus tard, j’étais écrasée par une migraine qui s’était sournoisement installé – ce qui expliquait que j’étais patraque depuis un moment. (La reprise d’un contraceptif ne se fait pas sans heurts : j’ai des espèces de règles persistantes et un inconfort digne de PMS depuis deux semaines)
D'ailleurs je me demande avec le recul si cette rage incontrôlable n'est pas également lié… ? Parce qu’avec le recul, je suis incapable de comprendre comment j’ai pu tout remettre en question à ce point.

Histoire de pouvoir quand même faire quelque chose de ma soirée, j’ai pris un des médicaments superpuissants que m’avait prescrit mon médecin nul. Et on s’est allongé l’un contre l’autre sur mon canapé, en attendant que ça fasse effet. Nous chuchotions, pour qu’aucun son trop fort ne vienne vriller mes tempes, dans une semi-obscurité confortable. Il m’a raconté son brunch qui a duré des heures, je lui ai demandé ce qu’ils avaient mangés, et je lui ai avoué ne jamais avoir fait de brunch. Il m’a dit qu’il fallait absolument faire ça, « soit de façon crapuleuse, soit en amoureux, ou encore entre amis ». Je n’ai pas pu m’empêcher de frémir lorsqu’il a dit « en amoureux », excitée et heureuse, moi qui, quelque part, m’étais convaincue du contraire.
Et puis « Il faut que je te donne mon emploi du temps, que tu le compare avec le tiens, et que tu coches ! »
Une demi-heure plus tard, ma migraine était une pulsation lointaine que je pouvais plus facilement ignorer, et j’ai commencé à faire à manger. Charles-Henri m’a aidé, et nous nous sommes installés à table. Le repas a achevé d’éloigner ma migraine, et je me sentais mieux. Ce qu’il a remarqué « Ah, tu as meilleur mine ! Content de revoir ce beau sourire ! ».
Puis on s’est réinstallé sur le canapé, avant de décider (plutôt que de s’endormir là), de prendre notre douche et d’aller au lit. Il a voulu me déshabiller, mais moment gênant (et pas du tout glamour) où il tombe sur mes dessous tachés de sang, et qu’il s’arrête, indécis, dans un petit « Heu… » embarrassé. Je l’ai poussé hors de la salle de bain en riant « Ok, laisse je m’en occupe à partir de là ! ».
Lorsque nous nous sommes couchés, nous avons parlementés : Alors où en sont tes règles ? Ah, zut. Bon, que veux-tu faire ? Qu’est-ce qu’on fait ?
Nous en avons conclu que nous resterions « sage ».
Et puis il m’a chuchoté « Je peux te dire un secret ? J’aime vraiment beaucoup cette compréhension mutuelle et cette bienveillance entre nous. C’est super, et c’est agréable. Je ne sais pas si tu le ressens. Pour moi en tout cas, j’adore ».
J’ai commencé à répondre, surprise de cette déclaration, quelque chose comme « Heu, oui… Et moi je n’ai pas peur de te dire les choses… », tout en me disant que cette phrase n’avait de sens que pour moi, pile au moment où il m’a embrassé passionnément.
Nous nous sommes caressés et nous avons fini très frustrés, évidement. Moi, parce que je ne pouvais rien faire (et que ça sera sans doute le cas pendant un mois), et lui parce que je le touchais à peine qu’il jouissait entre mes doigts. Ronchon, il m’a serré contre lui en me disant qu’il était très sensible en ce moment, et que c’était juste insupportable qu’il ne soit pas capable de se retenir à ce point. « Je ne suis pas endurant-endurant comme garçon, mais enfin je peux quand même faire mieux que ça ! ».

Nous avons dormi l’un contre l’autre, et au matin, nous avons pris le temps de petit déjeuner ensemble avant que je parte au travail.
Il m’a proposé que nous passions le prochain week-end ensemble – mais manque de chance, moi je travaille. Du coup on va se débrouiller pour se voir en pointillé, du dimanche soir au mardi matin, où nous partirons chacun de notre côté : moi dans mes montagnes, à 1h de route, lui dans sa campagne paumé, à 1h de route à l’opposé.

Le début d’une nouvelle organisation (provisoire) de notre vie…
Mais ça va aller.
Du moins tant que je garde la tête sur les épaules et que je ne cède pas aux réflexions pessimistes et aux colères qui n'ont pas de fondements.

Note pour plus tard : En cas de crises, relire mes précédents articles, pour me souvenir à quel point Charles-Henri est bien, et que mes peurs ne sont bien souvent pas du tout rationnelles.

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