mardi 7 novembre 2017

Se préparer à la distance, tout en avançant

A la suite de l’annonce de l’internat de Charles-Henri, j’ai voulu prendre de ses nouvelles le lendemain : Je m’inquiétais un peu de son état d’esprit car, pendant des semaines, il s’imaginait habiter dans la maison secondaire familiale (lui qui rêve d’en être le propriétaire), et il se retrouve expulsé à l’opposé, dans un obscur département rural et sans intérêt.
Ce soir-là, il était au restaurant avec sa tante (j’étais rassurée : il se changeait les idées) et je l’ai eu au téléphone le surlendemain. S’il m’a affirmé que tout allait bien et que c’était « un désagrément plutôt qu’une désillusion », j’ai senti à sa voix qu’il n’était pas au top moumoute.
Il m’a proposé qu’on se voie le soir ; j’avais prévu une soirée chez mes copines, mais on pouvait se voir après.
Nous nous sommes retrouvés chez moi vers minuit, et nous nous sommes couchés presque aussitôt.


Du coup je ne lui ai parlé du projet voiture que le lendemain, au petit-déjeuner. A vrai dire, je lui ai asséné deux grosses nouvelles au petit déjeuner :
- Cette histoire de voiture, qu’il a digéré en ouvrant grand les yeux et en disant « Mais c’est une grosse dépense quand même ».
(Bof, quand on voit ce qu’elle me coute en réparation, ça se discute).
- Et une question : « Je vais bientôt avoir mes règles, est-ce que je commence à prendre un contraceptif ou on attend ? Tu n’es pas obligé de me réponde maintenant »
Mais mon regard direct disait un peu le contraire.
J’ai senti que je lui en sortais beaucoup d’un coup, et il m’a répondu d’une petite voix « Oui, tu peux faire ça… ».
Par la suite, je me suis dit que j’avais peut-être frappé fort, même s’il n’est visiblement pas un flippé de l’engagement. J’ai décidé de ne plus aborder le sujet, et de ne pas trop lui écrire les prochains jours, pour qu’il ne se sente pas trop pris en otage.

Je l’ai toutefois eu au téléphone quelques jours plus tard, où il m’a dit sur le ton de la conversation : « Il faudra que je pense à faire des ordonnances pour les dépistages et pour ta contraception ».
J’ai lancé un faussement distrait : « Oh… oui » avant d’ajouter « Ne t’embêtes pas avec la contraception, j’ai toujours des ordonnances, j’en fais faire à chaque fois à ma gynéco, au cas où »
Et je jubilais qu’il en reparle de lui-même.

Et puis dimanche, j’allais voir un spectacle avec Copine#1 à Charlhenriville, et je devais ensuite retrouver Charles-Henri, qui revenait de Paris. Je me suis posée dans un café avec un livre en attendant qu’il soit l’heure, puis je l’ai rejoint à la gare.
Nous avons marchés jusqu’à chez lui, où, lorsqu’on est entré, on a vu de la lumière. Panique : Oh Mon Dieu ça y est, je vais rencontrer quelqu’un de la colloc !
Il s’agissait de son frère, qui a à peu près la même tête mais avec des traits très fins (alors que Charles-Henri a un visage très franc, avec beaucoup de personnalité), un air un peu intello et plutôt maigrichon (J’adore observer les différences entre les frangin/es). Il y avait également sa petite-amie. On se dit bonjour, et là, Charles-Henri dit « Faut que j’aille aux toilettes », et il me plante dans la cuisine avec ces deux inconnus.
Panique.
On papote laborieusement, je raconte le spectacle que je viens d’aller voir, histoire de meubler, pendant que je maudis Charles-Henri qui passe dix minutes aux chiottes.
Lorsqu’il sort, il s’insère dans la discussion et je souffle : ouf, je n’ai plus à chercher désespérément des sujets de conversation.
On prend une douche chez lui parce que chez moi, ma chaudière est en panne (j’ai passé la nuit précédente à éponger ma cuisine et à essayer de joindre le dépanneur 24/24h qui n’a jamais répondu). Là, j’apprends par la même occasion qu’il est propriétaire de cet appart, ce que j’ignorais. « Ouais après tout, on s’est dit avec mes parents que, quitte à avoir dix ans d’études, autant acheter l’appart ! ».
Ouiiiiii, alors boooooon, moi quand je faisais mes études j’avais 400€/mois pour payer mon loyer, mes factures, mes courses et mes études, alors acheter un appart, excuse-moi, mais ça n’aurait jamais été possible !!
Mais là encore, nous n’avons clairement pas les mêmes familles.

Ensuite nous allons chez moi, une heure de route qui passe très vite, on discute, je joue avec ses cheveux et je caresse sa nuque.
Là encore il m’achève en me disant « J’ai eu une idée pour la maison de mes parents. Dans ce qui sert d’étable, je mets une grande baie vitrée, je fais un jardin d’hiver et je mets un jacuzzi ! Bon, c’est de l’ordre de 30 000€ de travaux, mais c’est pas urgent, je mettrais de l’argent de côté, ça ne devrait pas prendre très longtemps [sic], et puis je ferais ça ! ».
Ouiiiiii, alors boooooon, moi pour le double, j’achète une maison et ça m’endette sur vingt ans…
Mais nous n’avons pas les mêmes moyens.

Chez moi, pendant que je prépare le repas, il revient vers moi, gêné « Est-ce que tu te souviens du prix de ton contraceptif ? »
« Hum… Il me semble que c’est une quarantaine d’euros pour 3 mois »
« Est-ce que ça t’embête si je paie la moitié ? Je n’aime pas l’idée de ne pas participer… »
Bouffée d’affection : J’adore que ça lui paraisse normal. Et en plus, je ne savais pas comment aborder le sujet, car je voulais justement lui demander s’il accepterait de payer avec moi. 

Nous allons nous coucher, après nous être chauffés dans la salle de bain. Je lui dis de faire attention car j’ai la poitrine douloureuse ces temps-ci. Tout en me disant que, dans le feu de l’action, il risque de zapper.
Eh bien pas du tout : Charles-Henri mérite le surnom de Perfect Boy que lui ont donnés mes copine, car il a été d’une douceur désarmante toute la nuit, même au paroxysme de son excitation.

Nous avons reparlés de son internat, et je me suis forcé à être confiante : « Ecoute, c’est une histoire d’organisation. On va y arriver. Il faudra juste qu’on soit hyper organisé. On en est complètement capable ! ».
Et j’en suis absolument persuadée.

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